Comme chaque jour depuis quelques temps, Mordred va à la bibliothèque de l'école d'Eklimur pour dévorer des livres entiers.

La plupart sont écrit en elfique, et étrangement Mordred les comprends. Quand-il pense aux heures passé à apprendre ses verbes irréguliers en anglais, il n'imagine pas comment il peut traduire aussi facilement un langage aussi éloigné de sa langue natale.

Les grandes villes sont dotées d'un sort de traduction pour faciliter les échanges commerciaux et les réunions diplomatiques, mais pour l'écrit, rien de tel n'existe.

Mordred alors le nez dans un livre entend son nom. Il relève le nez de son bouquin et aperçoit la dernière personne qu'il veut voir en ce moment : le chat.

Ce dernier était calme et posé sur la table.

- Que veux-tu ? demande Mordred avec une certaine colère dans la voix.

- Ce que je veux ? Te monter la vérité.

- Quelle vérité ?

- Concernant ta naissance, les personnes qui t'ont élevées ne sont pas tes parents biologiques.

- C'est faux ! dit-il en haussant la voix.

Soudain tous les regards se tournent vers Mordred le dévisageant.

- J'en ai assez de toi ! Je vais voir Welbus ! annonce Mordred.

Il s'entoure alors d'un cocon de lumière bleu et disparaît.

Pour réapparaître dans une ruelle sombre éclairée par quelques lampadaires.

- Où m'avez-vous emmené ?

- Où n'est pas vraiment la question que tu devrais te poser Mordred. C'est plutôt quand ?

Mordred analyse son environnement et reconnaît bien sûr l'endroit : c'est la rue de sa maison... enfin de son ancienne maison pense-t-il.

Il remarque un panier d'osier qui lévite dans la rue et se dépose sur le seuil d'une des maisons.

Mordred d'approche et remarque une personne ouvrir la porte de l'intérieur apercevant le panier devant lui. Cette personne Mordred le connait bien, c'est son père.

- Qu'il y avait-il dans ce panier ? demande-t-il

Soudain il se téléporte dans la maison et assiste à une scène auquel il n'aurait pas dû assister :

- Je ne pense pas qu'il ait de parents qui soient prêt pour l'élever, il est si jeune, il a dû être abandonné ...

- D'accord mais si l'on veut l'adopter, il faudrait tout d'abord lui trouver un nom:

- Mordred, cet enfant s'appellera Mordred.

Mordred est sous le choc, il ne peut pas y croire, ce n'est pas possible pour lui :

- Vous me mentez ? Vous m'avez manipulé ? Tout ça n'est qu'une vision que vous m'imposez n'est-ce pas ?

- Non Mordred, ce c'est vraiment passé.

- Je ne vous crois pas, pourquoi le devrais-je après tout ?

- Tu n'as aucune raison de me croire Mordred, mais tu peux la croire elle.

Le temps s'arrête, et le miroir qui orne l'entrée commence à se brouiller avant d'afficher le visage de sa mère :

- Bonjour Mordred, sourit-elle, si tu vois ce message aujourd'hui c'est que bien des choses ont changés. Je sais que tu doutes de la réalité de ce message, mais laisse-moi te dire que si pour toi je suis héroïne, tu es un héros toi aussi. Et pas seulement le miens, tu vas l'être pour des milliers de gens. Je sais ce que tu ressens en ce moment, et j'en suis tellement désolée. J'aimerais être là, te dire que tout vas bien aller, t'encourager, mais je ne peux pas. Au moment où tu m'écoutes, je dois être heureuse, ton père aussi, un autre toi t'auras remplacé et nous vivrons heureux. Mais toi aussi tu dois être heureux. Tu as un avenir merveilleux devant toi, magnifique et magique, au sens propre et au sens figuré. Je sais aussi que tu ne seras pas seul, que d'autres personnes d'accompagneront dans cette tâche, et j'espère qu'ils t'apporteront toute l'aide nécessaire, celle que je ne peux te donner. Sois fort, sois brave, je suis tellement fière de toi Mordred. Je ne t'ai peut-être pas donné la vie, mais je suis contente d'avoir pu partager ta vie pendant treize années et tu en as plein d'autres devant toi, alors ne les gâche pas et fonce. Je t'aime mon héros.

Le visage de sa mère se dissipe.

Mordred se retourne, les yeux pleins de larmes et demande :

- Si ma mère ne m'a pas donné la vie, de qui je suis né ?

- Tu veux vraiment le savoir ? C'est un lourd secret qui une fois partagé n'est pas facile à supporter. Une fois que tu le sauras tu ne pourras échapper à ton destin.

Mordred prend une profonde inspiration et annonce :

- Je veux le savoir.

- Bien si tel est ton désir.

Mordred se retrouve seul dans un néant total quand soudain

Un être rayonnant d'une intense lumière apparaît devant lui. Tout d'un coup son corps s'illumine d'un bleu électrique et s'enflamme !

- Au nom du temps, j'abandonne tous mes pouvoirs, je me sacrifie, disparaît dans l'oubli et désigne mon héritier : Mordred Bellombre le nouveau maître du temps !

L'être explose d'un coup, et libère une onde de choc d'une grande énergie.

C'est ensuite le vide total pendant quelques instants. Mais au bout d'un certain temps une minuscule bille de lumière bleue apparaît.

La petite bille devient une sphère de la grosseur d'un pouce et grandit jusqu'à devenir aussi grand que Mordred. Ce dernier s'approche et constate l'existence d'un petit bébé. Mordred comprend alors que c'est lui. Il fait face à son lui du passé.

Mordred pose sa main sur le cocon de lumière bleue et découvre tout ce que ressent le nourrisson : la faim, la soif, le manque d'amour... mais aussi une grande énergie dans son cœur. Les yeux du bébé se tournent vers Mordred. Yeux dans les yeux, ils se regardent un instant tout disparaît.

Mordred revient à lui dans la bibliothèque.

- C'était qui ? demande Mordred au chat devant lui.

- C'était ton créateur, le maître du temps, et tu es son fils.

- Ce qui veut dire que...

- ... tu es un maître du temps aussi Mordred.

- Et vous ?

- Comment ça ?

- Qui êtes-vous ? Vous êtes un maître du temps aussi ?

- Je ne suis pas un maître du temps Mordred, je suis le maître du temps.

- Qu'est-ce que cela veut dire ?

- Cela signifie Mordred que je suis ton créateur.

***

Perdu dans le temps et l'espace l'âme et l'esprit de l'ancien maître du temps parcourt l'immensité de l'Univers pour arriver à un endroit très spécial.

Un immense voile violet déchire l'espace-temps et en face neuf êtres de lumières gardent la porte. Ces gardiens sont les protecteurs du voile, unique accès à l'autre monde. Le Créateur a autrefois envoyé Anthel en dehors de l'univers et ce choc a créé une fissure dans la structure même de l'espace-temps.

Le maître du temps sait qu'en accomplissant ce qu'il envisage, cela affaiblira le voile, mais il n'as pas le choix.

Il se dirige vers l'un des neuf gardiens et pénètre dans son esprit. C'est un grand combat mental dans lequel il s'engage. L'esprit du gardien résiste de toutes ces forces à l'envahisseur mais le maître du temps remporte la bataille et prend possession du gardien.

Il ressent le lien qui l'attache au voile. Il sent son énergie vitale venir de là. Mais il doit le rompre. Il n'a que quelques instants pour retrouver une autre source d'énergie. Mais c'est suffisant.

Il se détache du voile et dirige toute son attention pour le retrouver. Une âme, un esprit, un corps : sa création, il doit la retrouver. Il sent ses forces le quitter, et la magie du gardien s'épuiser. Mais il n'a pas dit son dernier mot, il doit trouver Mordred ! Il se concentre intensément et discerne dans l'immensité du cosmos un point. Un tout petit point minuscule, mais c'est cela qu'il recherche. Il se lie à ce petit être et regagne de l'énergie. Ses yeux redeviennent bleus, et sa magie lui revient. Il est redevenu un maître du temps.