Chapitre 23 : Retour case départ
Elem et Talis sont depuis des jours dans la bibliothèque, espérant trouver un indice sur la nature des pouvoirs de Talis et l'origine des voix qu'il entend.
Mais leur recherche est vaine et semble n'aboutir à aucune piste. Mais ils ne souhaitent pas abandonner et redoublent d'efforts.
Talis se dirige vers un rayon qu'il n'a pas encore exploré. Ces livres là en vue de leur couverture poussiéreuse datent d'un moment.
Il jette un coup d'œil à son ami endormi sur sa chaise devant un tas de livres. Les traits de son visage adoucis lui donnent un air angélique. Ses cheveux blancs tombent sur ses paupières alourdies par les heures de lectures, sa tête se reposant sur ses longues et fines mains elfiques. Talis connait par cœur le visage de l'elfe, mais cela lui procure à chaque fois une sensation de bien-être, comme la toute première fois.
Talis se reprend, et essaye d'avancer dans sa tâche. Il saisit un ouvrage et souffle un coup pour le dépoussiérer. Il l'ouvre et commence à lire.
Soudain il sent comme un courant d'air froid lui saisir les jambes.
Il relève sa tête du livre et s'aperçoit qu'il a changé de pièce. Il est alors plongé dans un noir total. Mais malgré tout il reconnaît cet endroit : l'odeur d'humidité le met sur la piste : il est dans la prison... encore...
Un rayon de lumière perce à travers une toute petite lucarne et éclaire faiblement la pièce.
- De retour ? demande une voix démoniaque.
Talis se retourne et remarque les barreaux de la prison, et un être : il était vraiment hideux. Sa peau était couverte de cicatrices, chauve avec des oreilles pointues mangées par le temps, il fixe Talis avec ses yeux rouges sang.
- Pourquoi suis-je encore là ? demande Talis inquiet
- Parce que je t'ai appelé... je veux que tu me libère.
- J'ai déjà dit non !
- Cette fois ci ce sera différent.
- Qu'est ce qui te fait croire que je vais accepter cette fois ci ?
- Parce que cette fois tu n'as pas le choix !
Il apparaît alors soudain devant les barreaux hors de sa prison. Talis hurle et lâche le livre et s'éloigne le plus possible de l'elfe noir.
Ce dernier au lieu de poursuivre Talis, préfère se pencher pour ramasser le livre.
- Alors comme ça on sait lire l'ancien elfique ? Je n'en connais qu'une petite poignée qui en est capable. Mais aujourd'hui presque tous sont morts. Tu es spécial Talis, pourquoi veux-tu encore l'ignorer ?
L'elfe réfléchit un instant, plisse le front et puis sourit :
- Tu as peur c'est ça ? Tu as peur d'accepter tes pouvoirs, mais par-dessus tout tu as peur de lui faire du mal.
Soudain Elem apparaît à genoux maintenu par les cheveux par l'elfe noir. Elem a les yeux fatigués, des larmes coulent sur ses joues toutes sales, et il lance un regard de détresse à Talis.
- Il n'est pas réel ? Tout cela n'est pas réel n'est-ce pas ? Tout ça n'est qu'une illusion ? demande ce dernier.
- Dit moi, est-ce que ça à l'air d'une illusion ?
Talis se voit submergé par un violent mal de tête, il commence à voir flou et respire mal.
- Arrêtez ! Je vous en supplie !
Soudain le mal disparaît et au bout de quelques instants il aperçoit l'elfe noir se diriger vers lui et lui saisir la gorge.
- Tant que tu seras enfermé ici, je pourrais te faire subir absolument tout ce que je veux. Tu as beaucoup de pouvoirs Talis mais tu ne sais en utiliser aucun ! Alors tant que tu ne voudras pas me libérer, je te maintiendrai ici et te ferai vivre un enfer.
Il relâche Talis qui est aussitôt remplit de la même horrible et persistante douleur.
- Je vais tellement te faire souffrir que tu seras obligé d'accepter le marché crois-moi !
- Pourquoi voulez-vous que ce soit moi ? Je ne peux pas vous libérer d'une telle prison. Et même si je le pouvais je ne vous ferai jamais sortir !
- Moi non, mais mon essence, mon âme et mon esprit, si tu le peux, seul toi le peut ! Mais il semblerait que tu sois retissant à me proposer tes services alors je vais t'obliger à me les donner.
D'un coup une table de torture apparaît. Talis est téléporté de force, torse nu sur la table il est solidement attaché les bras contre le corps.
La douleur reprend et arrache des cris à Talis mais il ne cède pas.
- Bien, si la douleur mentale ne suffit pas, peut-être que la physique te fera changer d'avis.
L'elfe fait apparaître une dague et entaille le torse de Talis. Ce dernier lutte de toutes ses forces pour ne pas se laisser abattre.
- Bien résisté, mais ne crois pas que tu tiendras tout ce temps. Tu céderas sois en certain, alors autant accepter maintenant n'est-ce pas ?
- Jamais, siffle Talis entre ces dents.
- Comme tu auras voulu !
Le tortionnaire caresse se sa lame le torse de Talis de haut en bas, vidant Talis de son fluide vital. La douleur cette fois est trop intense et lui arrache des cris.
Son front est couvert de sueur et son corps tremble.
- On continue ? demande l'elfe sans vraiment attendre de réponse en retour.
Il saisit les cheveux de Talis, l'oblige à tenir sa tête droite et entaille son front, descendant jusqu'à sa joue.
Talis regarde le plafond... enfin essaye. Car au lieu de cela, il ne remarque rien. Il n'y a pas de plafond. Soudain Talis comprend, sa première intuition était la bonne. Il est dans l'esprit de l'elfe, ce n'est pas réel même si tout en a l'air ce n'est pas réel, il n'est qu'esprit ici. Il ne peut être blessé physiquement. C'est l'elfe noir qui crée toute la douleur qu'il ressent.
- Je... je le sais murmure Talis.
- Que sais-tu ?
Talis se concentre intensément et imagine l'elfe à des mètres devant lui.
Son agresseur est soudainement propulsé à travers la salle. Il s'imagine ensuite libéré, et debout à côté de la table. Son vœu s'exauce.
- J'ai compris comment sortir d'ici !
Mais l'elfe noir ne peut se résoudre à abandonner sa proie et immobilise Talis.
- Tu penses vraiment me battre ? Dans mon esprit ? Je suis le roi ici ! Tu ne peux rien contre moi !
Talis se tient alors derrière l'elfe.
- Vraiment ?
Le jeune homme visualise l'elfe noir derrière les barreaux et ce dernier y apparaît !
- Je vais te tuer petit vaurien ! s'énerve l'elfe en frappant contre les barreaux
- Peut-être un jour.
Talis fait apparaître la dague de l'elfe dans ses mains et ajoute :
- Aujourd'hui c'est moi qui vais me tuer.
Il se plante l'arme en plein cœur et il entend un « non » avant de se réveiller dans sa chambre. Il voit une ombre devant lui, et sans réfléchir il lance ce qu'il trouve sous la main : la dague qu'il avait dans le rêve.
Mais elle s'arrête dans les airs avant de toucher sa cible. Cette dernière s'avance et les rayons de la lune se reflètent sur son visage permettant de révéler son identité à Talis :
- Elem ! Je suis désolé tu n'as rien ?! demande-t-il en se précipitant vers son ami.
- Ne t'inquiète pas Talis, par contre toi...
Il se dirige vers une glace et constate l'état de son corps : couvert de plaies ouvertes.
- On doit t'emmener à l'infirmerie maintenant ! annonce Elem.
Mais Talis ne bouge pas, il regarde ses blessures, le sang quand il n'est pas séché continue de couler. Pourquoi ne bouge-t-il ?
D'un coup ses yeux deviennent dorés et ses plaies se soignent.
- Incroyable... murmure Elem.
Toujours dans sa transe, les yeux dorés Talis se dirige vers la porte, l'ouvre et descend les escaliers.
- Attends ! Où vas-tu ?
Talis ne lui répond pas. Sa magie lui indique le chemin. Un chemin vers quoi ? Il ne le sait pas.
Il sort du château, les gardes tentent de l'intercepter mais Elem leur indique de ne rien faire. Il parcourt la ville, alors endormie et se dirige vers un endroit particulier : le cimetière.
Talis entre et se place dans l'allée principale. Il lève les bras vers le ciel et une lumière pourpre enveloppe ses mains.
Elem se demande bien ce que Talis est en train de faire.
Soudain la terre commence à bouger et les mains sortent du sol.
***
- Non !! hurle l'elfe noir
L'elfe fulmine de rage :
- Un jour tu me le payeras !
- Trop de colère...
- Qui oses entrer dans mon esprit ?!
- Moi.
Un chat se tient devant les barreaux.
- Qui es-tu ?
- Je suis celui qui va te libérer.
- Vraiment ? Seul Talis aurait pu ?
- Transférer ton essence dans le monde onirique pour t'enfuir de la prison. C'est vrai, seul Talis aurait pu mais moi je te propose de te libérer physiquement.
- Comment ?
- Tu verras, mais je veux que tu fasses quelque chose en retour.
- Quoi ?
- Je veux que tu tues les enfants de la prophétie, je veux que tu les tues tous les six !
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