Chapitre huit.
Ici, on remonte le temps. Nous voilà cinq années en arrière ; et nul besoin de collier aux reflets dorés pour le faire. La magie se cache dans l'omniscience de l'auteure.
( MARIGOLD ✶ Devon. 1976 )
ㅡ Alors, Moineau. Tu as besoin d'aide ?
ㅡ Non... C'est juste un devoir de Potions, ça devrait aller.
Elspeth Mevant ne lève pas les yeux du parchemin déroulé devant elle. Sa plume gratte le papier depuis près d'une heure, Marigold l'entendait depuis sa chambre.
ㅡ Et toi, tu te lèves à peine ?
ㅡ C'est les vacances, c'est fait pour ça. T'es la seule à te réveiller aussi tôt pour travailler.
Voilà qu'Elspeth relève le menton ( cet affront, elle ne peut l'accepter! Elle baisse son heaume, se prépare à frapper ).
ㅡ Si tu t'étais levée plus tôt, tu saurais que Remus t'as envoyé une lettre. Son hibou est déjà reparti.
ㅡ Quoi ? Elie, pourquoi tu m'as pas réveillée ? Et où est la lettre ? ( Elspeth a gagné. C'est facile de battre sa sœur, vous savez ? ).
ㅡ Sur le canapé. Je l'ai lu. Je croyais que tu sortais pas avec lui ?
ㅡ Je sors pas avec lui. Et je me vengerai plus tard du fait que tu aies ouvert mon courrier sans ma permission. Où sont Papa et Maman ?
ㅡ Chez les Prewett, Elspeth apporte la réponse d'un air détaché. Elle a recommencé à travailler.
ㅡ Et Silas ?
ㅡ Chez les Prewett, aussi. Il voulait voir Fabian et Gideon.
Les jumeaux Prewett sont plus âgés que les enfants Mevant. Ils ont fini leur scolarité! Silas et Marigold, eux, ont déjà commencé leur sixième année ㅡ et Elspeth, sa première! ( Bien sûr, Marigold s'était doucement moquée. Moineau, tu seras moins joyeuse quand tu auras rencontré le Professeur Binns! Elspeth avait demandé pourquoi, Marigold avait répondu qu'il était mort. Silas avait ri ; et leurs parents avaient demandé aux aînés de cesser de se moquer de la petite Elspeth. Elle, elle pensait que c'était une blague ; ce n'en était pas une ).
En tout cas, si Silas voulait voir les Prewett, c'était son choix. Marigold finira par se glisser dans sa chambre et lui demander pourquoi.
ㅡ Si tu sors pas avec Remus, pourquoi t'as prévu de faire le mur pour le voir ce soir ?
ㅡ Elspeth, si tu dis quoi que ce soit à Papa et Maman...
ㅡ Je leur dirais rien si tu demandes à Sirius de cogner Shaz Fanelli à son prochain match de Quidditch. C'est le nouvel attrapeur de Serdaigle.
ㅡ Pourquoi veux-tu que Sirius cogne ce pauvre gamin ?
Elspeth hausse les épaules. Sûrement que répondre que le garçon l'a battue en duel devant leurs classes respectives n'est pas une réponse suffisante pour Marigold.
ㅡ C'est un con.
ㅡ Moineau, ton langage.
ㅡ Okay. C'est un abruti. Mais on s'en fiche, c'est pas le sujet. Si tu demandes à Sirius, je sais pas, de le faire tomber de son balai ? Ou de lui faire un peu peur, histoire de l'humilier... publiquement, tu vois ?
ㅡ Elspeth, tu es le monstre de la famille.
ㅡ Si l'ambition fait de moi un monstre... ( Les deux sœurs rient ). Remus il embrasse comment ?
ㅡ Elspeth!
ㅡ Quoi ? J'ai bien le droit de demander ? La dernière fois que je t'ai posé la question, j'ai découvert que tu sortais avec ta meilleure amie.
Et heureusement qu'Elspeth n'a qu'une parole. Voyez-vous, les dires de la petite sorcière sont un peu déformés ㅡ car Marigold n'avait pas simplement répondu à une question de sa sœur ; il avait fallu que celle-ci entre dans sa chambre sans toquer. De quoi pouvait-elle se douter ? Emmeline et Marigold étaient supposées travailler sur un devoir quelconque ( qui n'était qu'un prétexte, Elspeth l'avait compris en les voyant s'embrasser ).
Sûrement que ce secret pesait lourd dans la poitrine de son aînée, car quand elle était revenue plus tard ce même soir, avec assez de friandises dans les mains pour faire pâlir leurs parents, il n'avait pas fallu longtemps pour que trois longs mois de silence ne fassent surface dans des aveux humides de quelques larmes. Cette vérité-là, Elspeth avait juré de la garder pour elle ; leurs parents et Silas n'auraient pas compris s'ils avaient su. C'était incompréhensible d'ailleurs, parce qu'ils adoraient Emmeline ( mais Elspeth n'avait pas soulevé ce point-là, ce fameux soir. Elle avait juste écouté sa sœur ).
ㅡ Si tu embrassais Remus, tu me le dirais, pas vrai ?
ㅡ Je vais pas embrasser Remus. J'ai décidé d'arrêter de faire ce genre de choses avec mes meilleurs amis.
ㅡ Emmeline est restée ta meilleure amie même après que vous vous soyez séparées.
ㅡ Oui, c'est vrai. Mais je suis pas amoureuse de Remus.
ㅡ Ça c'est toi qui le dit. Lui, dans sa lettre, il dit qu'il a hâte de te voir. Il y a un sous-entendu, quand il dit qu'il veut profiter d'être avec toi avant la pleine lune ?
ㅡ Non. Il part observer les étoiles au Pays de Galles avec ses parents pendant quelques jours.
ㅡ Je savais pas qu'on voyait mieux les étoiles au Pays de Galles.
ㅡ Moineau, tais-toi et travaille. Sinon, j'irais voir le Professeur Slughorn à la rentrée et je lui dirais que t'as copié ton devoir sur Shaz Fanelli.
( MARIGOLD ✶ Devon. 1976 )
Il n'y a que la Lune presque pleine pour observer Marigold Mevant sortir par la fenêtre de sa chambre. Elspeth est dans son lit à garder le secret de sa sœur dans ses poings fermés ; la petite sorcière dors ㅡ comme le reste de sa famille. Personne ne remarquera son absence.
Le sol est solide et l'herbe humide de rosée ; Marigold tombe sur ses genoux et son jean bleu porte sûrement les traces vertes de sa chute. Il est encore tôt pour se faire réprimander! Elle les frotte alors, parce qu'elle a un peu mal. Maman ne verra l'ampleur des dégâts que demain ㅡ la nuit est encore longue ; quelle version de Marigold rentrera à l'aube se blottir dans ses draps sans se faire remarquer ?
ㅡ Tu es en retard. ( Les grillons arrêtent leur symphonie ).
ㅡ Mes parents ne voulaient pas se coucher, on dirait. Désolée. T'es là depuis longtemps ?
ㅡ Non, une dizaine de minutes, je crois. ( Peut-être un peu plus, Remus ne se souvient pas. En tout cas, il a eu assez de temps pour retrouver son souffle. Le Comté de Devon est tout arrondi de collines, et la maison des Pettigrew chez qui il dort est à un bon kilomètre d'ici ). On va au Saule, comme d'habitude ?
ㅡ Ça me va.
Il n'y a alors que la Lune presque pleine pour voir les deux adolescents s'éloigner de la maison des Mevant ; descendre la colline et rejoindre l'immense saule pleureur au pied duquel coule un ruisseau. La Lune les regarde et sourit quand leurs mains se frôlent ( elle leur laisse suffisamment d'intimité, n'éclaire pas leurs joues rougies. Ce secret-là appartient à la nuit ).
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