Chapitre douze.
( extrait d'une lettre ✶. )
Tu dois comprendre que les circonstances ne jouent pas en faveur de ta famille, et certains hauts placés du Ministère seraient ravis de te voir en prison pour les crimes de ton frère. Un Mevant ou un autre, pour eux il n'y a pas de différence. Tu as été aperçue à Gardenstown, ton nom est cité dans un rapport subsidiaire. Il a également été cité lors du dernier conseil du Magenmagot, tu as de la chance que Dumbledore en soit le président-sorcier. Il a balayé la question de ton existence d'un revers de la main.
Tu dois cesser de prendre des risques inutiles.
Il te faut comprendre qu'aujourd'hui, il n'est plus simplement question d'un camp qui se bat contre l'autre. Tu es seule au milieu d'une guerre qui ne t'as jamais concernée, et le Ministère actuel n'est plus de ton côté. Tu dois te faire discrète, ne compter que sur toi-même. Silas savait ce qu'il faisait ; il avait foi. Fais-en de même, même si vous n'aviez pas le même Dieu.
Reste vigilante,
Ne fait pas de choix inconsidérés.
T.
( Marigold ✶ Gardenstown. )
Y avait-il une meilleure façon de faire ça ? Marigold n'y avait pas réfléchi. Elle prendrait peut-être le temps de se remettre en question, plus tard ; peut-être au cours d'une nuit bercée d'insomnie. Peut-être jamais. ( Toujours est-il que ses mains se mouvaient, muées d'une volonté qui n'était pas la sienne. Remus était devant elle ).
ㅡ Tu as pu trouver quelque chose ?
ㅡ Pas encore. Toi ?
ㅡ Non. ( Remus n'était pas heureux . Les choses se passeraient-elles un jour comme il le voudrait ? )
Ils avaient fracturé la porte d'entrée pour satisfaire Remus. Ils avaient entrepris de violé l'intimité de Camille pour satisfaire Remus ( que les Morts leur pardonne, ils faisaient ça pour laver l'honneur des vivants ).
ㅡ Abbie Murrie, ça te dis pas quelque chose ?
ㅡ Abbie, je sais pas, mais Murrie, c'est le nom des voisins. Avec le rouge-gorge peint sur la boite aux lettres. Pourquoi ?
ㅡ Il y a un panier dans la cuisine, avec de la nourriture et une carte. Ils demandent des nouvelles d'Eugénie Fenton. ( Remus porte un sourire. Premier rayon de soleil de la journée ).
ㅡ C'était la couverture de Camille, Marigold explique.
ㅡ C'était pas ta vieille voisine quasiment aveugle, celle qui nous terrifiait ?
ㅡ Si. C'est moi qui ait proposé ce nom à Maugrey pour elle.
Remus rit et Marigold se dit alors qu'elle ne faisait rien de mal. Aucune remise en question ne pointerait le bout de son nez ( et si c'était le cas, elle ne la remarquerait pas. Deux fossettes se sont créées sur les joues creusées de Remus ; Soleil étire ses rayons derrière les nuages ). Il porte sa joie sur son visage, le sorcier, et voilà que Marigold s'inquiète : que resterait-t-il s'ils devaient enterrer la tendresse de leur adolescence ? Si le cadavre de la nostalgie venait à apparaître sur le trottoir sale d'une rue mal famée, qu'il n'y avait plus rien à sauver de l'innocence ㅡ comment survivraient-ils dans une nuit où la lune refuse de se lever ? ( Soleil récupère ses rayons ; une brise froide secoue les carreaux. Le mauvais temps revient, Remus n'y peut rien ).
ㅡ Tu as su ce qu'elle était devenue ?
ㅡ Qui ça ? Marigold ne comprend pas. De quoi parlaient-ils ?
ㅡ Eugénie Fenton. Tu as eu des nouvelles d'elle avant le départ de tes parents ?
ㅡ Elle est décédée il y a quelques temps, pendant notre septième année à Poudlard. ( C'était quand, déjà ? Les années se confondent dans l'horreur, alors Marigold perd la mémoire ). Mes parents m'ont dit que c'était la vieillesse... Je suis plus très sûre de ça, aujourd'hui.
ㅡ Il vaut parfois mieux ne pas savoir. C'est un joli mensonge, si c'en est un. ( C'est vrai, Remus a raison ; alors à quoi bon continuer d'en parler ? )
( Marigold ✶ Londres. )
L'honneur des vivants peut-il être lavé ? Marigold en avait été persuadée. Quelques heures à Gardenstown avaient semé le doute ; et les pousses l'avaient suivie jusque chez elle ( serait-ce le début de la tant attendue remise en question ? La nuit n'est pourtant pas tombée, aucune insomnie ne s'est dissimulée sous son lit ).
ㅡ Qu'est-ce que Peter faisait à Gardenstown ?
ㅡ Pas la moindre idée.
( Remus ✶ Londres. )
Avait-il jamais été question d'honneur, ou tout cela ne concerne-t-il seulement que le devoir ? Le devoir, l'ambition ; et le pouvoir à la clé. Tout cela n'est qu'un jeu terrible pour le pouvoir. Et Marigold est là, à traîner dans la cuisine défraîchie en attendant que l'eau du thé soit chaude. Remus est affalé sur un canapé qui n'était ni à lui, ni à son amie. Il ne rit plus, allongé sur les coussins abîmés, alors le mauvais temps revient et Marigold va mal.
ㅡ Je pense rendre visite à Peter. Pour lui poser la question.
ㅡ C'est une bonne idée selon toi ?
ㅡ Peter devait avoir une bonne raison pour aller voir Camille. Il risquait de révéler leurs identités à tous les deux.
ㅡ Si c'est comme ça qu'ils ont retrouvé Camille, ils ont peut-être déjà eu Peter.
ㅡ Raison de plus pour y aller.
ㅡ Raison de plus pour te méfier. Kingsley nous a mis en garde, pendant que tu étais au Pays de Galles, un membre de l'Ordre serait aussi au service de Tu-Sais-Qui. Et...
ㅡ Tu penses que c'est Peter ? Remus demande et Marigold regrette. Sa phrase meurt dans le creux de sa gorge au moment où il lui coupe la parole, la culpabilité vient prendre sa place ( c'est un dialogue bien morbide que voilà ).
ㅡ Je n'accuse pas Peter, je dis simplement qu'on ne sait pas qui peu représenter un potentiel danger.
ㅡ Toi et moi, on nous reproche d'être ces espions. Ils t'ont écartés de l'Ordre pour de bon, et on m'a envoyé dans un autre pays au cas où. Je ne vais pas traiter Peter de la même façon sur la base infondée d'une inquiétude.
ㅡ Mon inquiétude n'est pas infondée.
ㅡ Peter n'est pas une menace. Je ne le marginaliserai pas pour le bien d'une rumeur.
L'eau est assez chaude, la bouilloire crie sur le feu. Ses sifflets sont trop longtemps passés inaperçus, elle veut se faire entendre.
ㅡ Je n'ai toujours pas oublié la vision du corps de mon frère. Peut-être que lui aussi n'était qu'une rumeur pour vous ? Vous ne l'avez pas vu sur le trottoir, vous ne l'aimiez pas comme moi, alors qu'est-il de plus pour vous qu'un bruit de couloir ?
Il y a toujours des accidents dans le salon de Marigold. Des débordements sur les murs, des drames inexpliqués. La sorcière se tourne pour servir le thé. Quand elle fait de nouveau face au canapé, Remus a transplané.
( extrait d'une lettre ✶. )
Crois-tu que je pourrais t'y retrouver ? Je ne veux pas te déranger, mais j'espère te voir. Il y a des choses dont je voudrais te parler, il n'y a qu'avec toi que je peux en discuter.
J'espère que tout va bien pour toi. Je te promet de faire attention.
Marigold.
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