prologue
L'océan.
Felix contempla l'horizon d'un œil fasciné. Une multitude de reflets illuminaient les eaux claires du petit matin. Le soleil timide mais à découvert éblouissait la vue du jeune homme, qui souriait à cette vue imprenable du point le plus haut de la ville.
Depuis toujours, il était fasciné par l'océan, aussi merveilleux que dangereux. Aux beaux jours, il pouvait nous offrir des spectacles envoûtants, de fantastiques œuvres d'art en combinant les couleurs du ciel et celles de l'eau. Toutes ces nuances possibles et imaginables emportaient Felix dans un autre monde, rempli de voyages et de poésie. Les mauvais jours, favorables aux tempêtes et au brouillard, la mer appelait ses immenses vagues pour engloutir des navires entiers afin de rassasier sa faim monstrueuse.
De nature rêveur, le jeune Felix adorait dessiner ces paysages imaginaires qu'il rêvait de découvrir, quand il ne travaillait pas. Fils d'un riche gouverneur, il avait quand-même voulu s'intéresser à différents travaux manuels, son père s'est donc arrangé pour que le jeune puisse devenir apprenti du menuisier de l'île.
La fortune de son père pouvait lui offrir le privilège de ne pas travailler, de profiter du luxe de son manoir près du port. Mais Felix aimait bouger, échanger avec des clients de son mentor, pouvoir s'occuper et rendre service. Quand il aidait le menuisier dans ses nombreuses tâches, quelques pièces lui étaient versées. Certes ce n'était pas beaucoup, mais suffisant pour un enfant de quinze ans pour s'acheter quelques bricoles de temps en temps.
Son père n'était pas égoïste, il proposait quelques fois à son fils de lui acheter de beaux vêtements, de beaux jouets, ou d'autres choses qui pouvaient lui faire plaisir. Felix refusait presque à chaque fois, il préférait ressembler aux enfants de son âge, ni pauvres ni riches, qui vivaient une vie simple et savaient profiter de leurs journées avec les autres.
Tout le monde se connaissait dans le village, surtout le petit Felix, l'apprenti aux doigts de fée qui faisait des merveilles avec seulement quelques outils et des planches de bois. Tous les habitants étaient gentils avec lui, excepté peut-être quelques jaloux qui rêvaient d'être aussi aimés que lui. Le jeune adolescent menait une vie heureuse, enfin, presque.
Quand l'occasion se présentait, Felix passait devant le port de la ville pour emporter les planches de bois livrées par un navire. Il contemplait tous les jours le bateau, comme si il l'appelait, comme si l'océan lui-même lui hurlait de chevaucher les mers. Un jour, un matelot de la cargaison lui a proposé de monter à bord, après avoir vu le garçon si émerveillé. Celui-ci a refusé catégoriquement la proposition, puis il est retourné près de son maître, comme si rien ne s'était passé.
Il y pensait chaque jour, il aurait tellement aimé faire partie de cet univers mystérieux et plein d'aventures, chevauchant les vagues comme un cavalier sur son étalon. Malheureusement, de vieux souvenirs l'empêchaient de monter sur un bateau, il en avait bien trop peur.
Quand il avait besoin de souffler, de réfléchir, il montait sur le sommet le plus haut de la ville, sur lequel un spectacle grandiose s'offrait à lui, le phare. Une grande place toute en pierre entourait le bâtiment, Felix avait donc accès à tous les angles possibles pour admirer la mer. Un banc avait été installé devant la vue la plus magnifique. C'était sur ce banc qu'il s'était assis durant des heures et des heures. Il avait assisté à des centaines d'aubes, des centaines de couchers de soleil, des centaines de spectacles, plus que n'importe quel autre habitant dans sa vie.
Les autres l'appelaient aussi Le Rêveur, le Dessinateur de la Mer, au-delà de l'Apprenti Menuisier. Ses carnets de dessin étaient tous remplis de paysages de l'océan, du phare, du port. Sa passion, qui était paradoxalement sa plus grande peur, limitait ses rêves.
Voilà un triste destin, de rêver de dompter les océans, de voyager à travers le monde, et de devoir rester à la case départ, à continuer à rêver sans réussir à faire le premier pas.
Quelqu'un réussira-t-il à le changer ?
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