chapitre 1
Des bruits lointains sortirent Felix de son sommeil, qui grogna en déplaçant son oreiller sur sa tête afin d'étouffer le son désagréable. Une légère secousse accompagnée d'un bruit de canon alerta une nouvelle fois le dormeur. Il se leva précipitamment de son lit et regarda par la fenêtre.
La nuit était tombée depuis des heures, et pourtant, un énorme bateau se rapprocha dangereusement du rivage, éclairé par les lumières provenant du port. Felix ouvrit sa fenêtre pour savoir ce qu'il se passait à l'extérieur. De nouveaux canons furent lancés avec un vacarme assourdissant, des cris de plus en plus nombreux parvinrent à ses oreilles. Son sang se glaça à l'entente de bruits de fer et d'autres hurlements, barbares comme il n'avait jamais entendu auparavant. Qui pouvait bien semer la terreur en cette nuit de pleine lune ?
Tous les sens en alerte, Felix s'habilla précipitamment et courut à la recherche de son père. Il dévala les escaliers quatre par quatre, plongés dans la pénombre. Il le retrouva finalement devant la porte d'entrée, aussi paniqué que lui.
- Papa ?
- Felix, va te cacher ! Des pirates arrivent.
- Des pirates ?
- Cours vite te cacher dans ta chambre !
Après plusieurs secondes de choc, Felix courut sans se retourner pour regagner sa cachette. Il y revint, toujours habillé dans son lit, la peur le paralysait, ses membres tremblaient violemment. Il entendait toujours des rires à en glacer le sang, et surtout, les cris de ceux qu'il connaissait depuis son enfance. Les canons avaient cessé, mais les hurlements continuaient de déchirer la nuit noire. Il ne pouvait pas laisser tous ces innocents périr injustement, laisser ses amis mourir un par un, sans un adieu. Il réussît à regarder par la fenêtre, des hommes aux vêtements sombres, pillaient tout ce qu'ils trouvaient, et tuaient ceux qui semblaient s'opposer à eux. Des gardes de l'île, commençaient à arriver sur le terrain et à défendre leurs terres et leurs citoyens, le combat fit rage, les coups de feu faisaient jaillir de la fumée, les épées et les bâillonnettes transpercèrent les corps. Felix n'avait jamais été frappé par une pareille horreur, in n'avait jamais vu de vrai pirate, ni de vraie bataille.
Quelques amis et lui adoraient écouter les doyens du village raconter des histoires à dormir debout sur ces êtres assoiffés de richesse et d'aventures, de créatures fantastiques et sanguinaires qui peuplaient ces océans. Certains des conteurs avaient déjà été sur des bateaux, des moussaillons sur des grands navires à la recherche de trésors à travers le monde entier. Felix aimait la façon dont ils contaient ces histoires, inventées ou non, peu importe. Ces légendes l'ont fait rêver depuis de nombreuses années, malgré sa panique incontrôlable. Depuis cette nuit, il se jura de les haïr du plus profond de son âme ces assassins sans loi, sans humanité.
Les cris et les bruits de fer insupportables se firent de plus en plus proches, comme si les pirates progressaient jusqu'à leur maison. Felix ouvrit grand les yeux, des sueurs froides coulaient sur son dos. Son père était l'une des personnes les plus fortunées de la ville, ils ne tarderaient pas à arriver. Malgré la peur qui lui déchirait les entrailles, le garçon bondit de son lit. Il essaya de rapidement réfléchir pour trouver une solution. Les pirates allaient les tuer, piller toutes leurs richesses et laisser le village à feu et à sang. Felix ne se laissa pas abattre, malgré la terreur qui le rongeait, il se dirigea discrètement vers la pièce de leur demeure où était réuni tout leur argent. Son père n'allait jamais être de son avis, il décida de mener seul cette aventure certainement sans retour. Il allait monter la garde et défendre ses richesses, même s'il n'a jamais touché à une arme de sa vie. Soit il mourrait comme tous les autres, soit il mourrait avec honneur.
Une fois avoir ouvert la porte secrète pour accéder à la salle, il entend un bruit assourdissant dans la maison. Les pirates avaient vite progressé dans le champ de bataille, ils étaient maintenant aux portes de son manoir. Il avança jusqu'au mur où se trouvaient toutes les armes de collection à son père, qu'ils allaient surement piller avec tout le reste. Il choisit une longue épée, quoique plutôt lourde. Il remercia mentalement son père et son mentor que la menuiserie ait musclé ses bras de gringalet, autrement il n'aurait pas pu tenir debout avec une arme. Il ne lui manquait plus que le courage à présent.
Felix entend un bruit assourdissant, tout près de lui. Les pirates avaient dû amener les coffres au trésor, il entendit également le son des pièces d'or tomber dedans, suivis de rires satisfaits, mais si haïssables aux oreilles du rouquin. Il devait le faire, ils devraient venir le chercher de toute façon. Il s'approcha à petit pas de ses ennemis, il les aperçut enfin. Une vingtaine de barbares hurlaient d'euphorie à la vue de ces montagnes dorées. Les coffres se remplissaient vite. Felix remarqua un pirate, détaché du décor, mis en avant. Des cheveux noirs de jais cachaient son front, un bandeau rouge sang autour de son crâne, le regard impassible. Malgré son jeune âge, environ le même que celui de Felix, il dégageait un sentiment de puissance et de supériorité. Felix trembla, mais il essaya malgré tout de se concentrer davantage. Le souffle haletant et irrégulier, il compta jusqu'à trois, puis il surgit de sa cachette, le sabre en évidence devant lui.
- Arrêtez !
Tout le monde le dévisageait à présent. Après plusieurs secondes qui semblaient une éternité pour le jeune homme, un concert d'éclats de rire retentît dans la chambre forte. Felix regretta amèrement cet élan de courage stupide. Le pirate que Felix avait remarqué leva la main, un silence pesant régnait maintenant. Felix attendit qu'il parle, sûrement pour donner le départ pour sa mise à mort immédiate. A sa surprise, le pirate s'avança lentement vers lui, armé d'un petit sourire moqueur, ce moment semblait durer des heures.
- Tu as vraiment cru qu'un gamin comme toi allait nous arrêter ?
D'un geste, il prit son arme de sa ceinture et désarma Felix en moins de deux. Le sabre vola et vint s'écraser lourdement au sol, le bruit métallique retentît alors dans toute la salle. Il retint sa respiration, redoutant la suite. Il remarqua alors que son interlocuteur était petit pour un homme aussi menaçant, il était de la même taille que lui. Mais ce détail ne fît pas rire Felix. Le pirate le regarda dans les yeux, il semblait réfléchir.
- Tu ferais un bon pirate, avec un bon entraînement. Tu as du courage, j'aime ça.
Sans donner le temps de réfléchir à Felix, il se retourna pour appeler deux de ses hommes, qui l'empoignèrent violemment les bras. Celui-ci hurla et se débattit de toutes ses forces, mais les hommes de main le tenaient d'une poigne de fer, un des deux lui hurla dessus et le menaça. Sans aucune issue, le jeune homme avança contre sa volonté, des larmes qu'il ne pouvait pas contrôler coulaient abondamment sur ses joues. En quelques minutes, toute sa vie avait basculé. Il avait perdu son père, tous ses amis, son cher village. Il ne savait même pas lesquels avaient survécu ou non. Il ne savait même pas si son père était encore en vie. Il ne pouvait même pas leur dire au revoir, il allait tout simplement disparaître. Felix redoutait l'horrible paysage qu'il allait découvrir à la sortie de son manoir. Il refusait que ces pirates inhumains le voient pleurer comme un faible. Il ne pouvait pas sécher ses larmes, alors il se força tant bien que mal de refouler celles qui allaient couler, et se retint de s'écrouler devant son destin funeste.
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