Jimin continuait de me rassurer, cet air inquiet constamment collé sur le visage. Je m'en voulais de l'inquiéter ainsi, mais ce n'était pas la première de mes préoccupations.

Je venais d'avoir un souvenir qui était loin d'être heureux. Je voyais pour la première fois ceux qui semblaient m'avoir élevé, mais leurs visages me restaient interdits...
Et ça m'angoissait réellement.

Au bout de quelques secondes, ma respiration se calma enfin, retrouvant un rythme plus ou moins normal.

- Dis à Yoongi de venir, murmurai-je à Jimin.

Le blond hocha la tête et s'avança vers la voiture avant d'appeler Yoongi à travers la vitre.
Ce dernier sorti de la voiture et se dirigea vers moi d'un pas pressé et préoccupé.
Il s'assit alors près de moi, prêt à écouter ce que j'avais à lui dire.

- Je me suis souvenue de la mort de mes parents, expliquai-je.

- Et ? Demande Yoongi, impatient de connaître la suite.

- Je ne peux plus douter de toi à présent Yoongi. Ma mère m'a appelée Millena.

Yoongi soupira longuement, l'air soulagé.
Il relève mon menton et m'oblige à le regarder dans les yeux. Ses yeux sont à la fois compatissants et avides de savoir.

- Évidemment Moon, je n'aurais pas fait tout ça pour me tromper de personne. Tes parents, tu as pu les voir une dernière fois ?

Je secouais négativement la tête, les larmes au bord des yeux. Je ramenais mes genoux à ma poitrine, me recroquevillant sur moi même.

- Non...non Yoongi ! Leurs visages...ils étaient noirs...je...je ne sais même pas à quoi ils ressemblaient...

Je commençais à trembler sous l'effet de la panique et Yoongi, étonnamment, décida de me prendre dans ses bras pour me calmer. Sa chaleur détendit mes muscles mais, au lieu de me dissuader de pleurer, elle m'y encourageait.

Je suppose que le sujet de la famille est particulier pour Yoongi.

Jimin, lui, ne pouvait certainement pas nous comprendre. Il nous regardait, assis, l'air ailleurs. Puis finalement, quand mes pleurs furent calmés, il prit la parole.

- Après tout, tu es bien Millena... Cette Millena dont la mort est mise à prix.

Je hochais faiblement la tête, incapable d'argumenter, quand Yoongi s'écarta doucement de moi. Jimin inspira un grand coup, ne parvenant pas à y croire.

- Et Yoongi est Atlan...putain, ça, je m'en serais jamais douté, ricanna t-il. Après tout, Jungkook était le seul à ne pas avoir perdu la tête parmis nous.

À l'entente de ce nom, Yoongi fronça les sourcils et se tourna vers Jimin.

- Non, Jungkook est devenu fou, c'est tout.

- Tu te trompe Yoongi, sourit tristement Jimin. Jungkook a toujours été le plus censé. Il a toujours fait ce qu'il fallait pour qu'on survive tous. Il n'arrêtait pas de dire que les enfants de la lune n'étaient pas malades.

- C'était simplement pour m'accuser d'en être un.

- Non. Il le pensait vraiment. Puisque personne ne le croyait, il s'est mit à croire que, pour nous sauver, il fallait dévoiler ton identité. Maintenant que j'y pense, il avait tout prévu. Il savait que tu finirais par être à la tête d'une résistance et, puisque convaincre les autres que tuer ne sert à rien n'a pas marché, il s'est mit à tuer tout le monde pour tenter de nous protéger.

- Alors c'est pire, il a tué tout en sachant qui nous étions. Comment peux tu encore le défendre !

- Ce n'est pas sa faute, c'est la notre. Pour ne pas l'avoir cru. Pour l'avoir rendu aussi cruel.

- T'es en train de me dire qu'il ferait tout ça pour vous ? Arrête de divaguer Jimin !

- Oui, parce qu'on est sa seule famille. Tu sais quoi Yoongi, Jungkook a toujours, toujours été comme ça. Et je l'ai connu à ses sept ans.

Yoongi soupira et ne répondit rien, avant de s'allonger sur la pelouse, écartant ses bras en fixant les nuages qui traversaient l'étendue bleue.

Je fis de même, et la vue qui s'offrait à moi me paraissait précieuse. J'avais tellement pris l'habitude de regarder le sol.

Je ne connaissais pas ce Jungkook et ne pouvais par conséquent pas intervenir ni prendre parti. Mais il y avait bien une chose que je pouvais dire, et qui s'appliquait aux deux.

- Peu importe comment tout cela a commencé, et comment ça va finir. Promettez moi une chose, une seule : ne tuez plus personne. Vous en avez déjà assez fait.

- Moon... tu veux dire que...?

- Il n'y a que les cons qui ne pardonnent pas, souriai-je. Mais Jimin, il va falloir que tu te fasse pardonner auprès des autres aussi. J'ai une idée pour ça. Si notre plan fonctionne, tu travailleras pour la paix à mes côtés.

- Et moi...hein ? Ricannai Yoongi, en ne quittant pas des yeux le plan céleste.

Yoongi s'en voulait d'être le leader qu'il détestait. Quel genre d'élu tuerait les siens ?

- Tu es déjà Atlan, gloussai-je. Ils comprendront. Si tu insiste, tu iras t'excuser sur la tombe de tes parents chaque semaine.

Yoongi sourit et ferma les yeux. Il pensait que tout ne serait pas si facile et je le savais. Mais c'était tout ce que je pouvais lui dire.

Je ne voulais pas fermer les yeux sur ce beau ciel bleu. J'avais à nouveau plein de questions sans réponses. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendais non plus.

- Et moi ? Et moi je fais comment ?

Une voix s'éleva non loin de nous, une voix qui m'était bien trop familière.
Je me redressa brusquement et fis face à cette grande silhouette qui me surplombait en contre jour.

- Namjoon..., murmurais-je pour moi même.

Yoongi se releva, méfiant quant au retour soudain de Namjoon. Namjoon lui sourit légèrement, remarquant bien sa prudence indiscrète.

- Comment t'as fait pour nous rattraper ? Crachait Yoongi.

- J'ai emprunté ça.

Il leva du sol une plaque blanche avec des roues. Ça ressemble à...

- Un skate ? Me moquais-je. Sérieusement ?

- Non, le nouveau prototype de l'OCO conçu pour faciliter la chasse, me corrigea Yoongi.

Namjoon hocha la tête et posa son empreinte pour faire léviter l'objet qui rentrait alors automatiquement les roues.

- Un flyboard !! S'exclama Jimin. C'est la première fois que j'en vois un !

- Tu t'es débarrassé des deux autres ? Reprend Yoongi, toujours aussi méfiant.

- J'ai fais ce que tu m'as dit, mais j'ai bien peur qu'ils se soient déjà aperçus que je les menais en bateau. Ils roulent sûrement à 130 kilomètres 24h/24 pour vous rattraper. Tu connais Jungkook...il ne lâchera rien.

- Je sais, soupira désespérément Yoongi. Bon, on a encore du chemin à faire, on reprend la route.

Yoongi entra dans la voiture sans attendre une quelconque réponse ou protestation, suivi de près par Jimin.
Namjoon allait lui aussi s'installer, mais je le retins en arrière.

- Namjoon attends, tu ne compte pas m'expliquer pourquoi tu as voulu me tuer ? M'indignai-je.

Il s'arrêta subitement, n'osant pas me faire face. Encore heureux, il ne semblait pas avoir oublié ce "petit détail".

- Je suis désolé Moon, je n'avais pas toute ma tête. Pour tout te dire, je suis schizo. Pas clair dans ma tête quoi.

J'ouvris grand les yeux face à cette révélation mais il ne m'offra pas d'autres explications avant de s'installer à l'avant de la voiture.

Je n'insiste pas et rejoins ma place, à côté d'un Jimin plein d'ondes positives.

[...]

Nous roulions depuis près de dix-sept heures sur la longue route linéaire. Quelques arbres fleurissants ornaient les bords de cette route, cassant la monotonie du paysage plat et tranquille.

Yoongi, Namjoon et Jimin se relayaient souvent mais rien n'y faisait, nous étions tous bien trop crevés.

J'allais demander à Yoongi de s'arrêter pour que l'on reprenne des forces, quand un grand panneau un peu abîmé fit son apparition.

"Welcome to Euphoria Town."

- Yoongi, tu as vu ?!

- De quoi ? Grogne t-il.

- Il y avait un panneau, nous allons arriver dans une ville ! Arrêtons nous !

- Ici...? Murmura Namjoon, sceptique.

Yoongi, Jimin et Yoongi s'échangèrent des regards discrets mais pourtant visibles, alors que je restais ignorante face à leurs comportements. En tout cas, cette idée n'avait l'air de réjouir aucun des trois.

- Oh mais, de toute façon on devrait plutôt éviter les villes, avec nos têtes mises à prix..., supposais-je.

- Non, on ne devrait pas avoir ce problème ici, me répondit Yoongi. Et puis, surtout, on est proche de la frontière d'Aurora.

- Juste pour être sûr, quel est le nom que tu as vu sur ce panneau ? Demande Namjoon.

- Hein ? Euh...je crois que c'était quelque chose comme...Euphoria ?

Jimin soupira alors que Namjoon fixait le sol de la voiture. Yoongi se contenta d'observer la route, sans dire un mot.

- Dites les gars, je suis un peu larguée là...

- Euphoria ne mérite pas son nom. Ou du moins elle ne le mérite plus... Il y a dix-sept ans, la ville s'est fait assaillir par des enfants de la lune. Enfin c'est ce qu'on croyait. En réalité, les citadins ont voulu les accueillir parmi eux de leur propre volonté. Mais cela a été considéré comme une collaboration avec l'ennemi, et l'OCO à donné l'ordre de tuer tout le monde. Voilà pourquoi la ville est déserte à ce jour.

- C'est monstrueux. L' OCO est même capable de tuer ses propres citoyens.

- À cette époque nous étions tous des gamins, mais quand nous avons rejoins l'organisation, ils ne s'en sont pas vanté. En fait, ils en avaient honte.

- Ça ne m'étonne pas...

- On va s'arrêter là, nous interrompu Yoongi, garant la voiture.

Je regarde par la vitre et aperçois un magasin qui semble complètement déserté. Pourrons nous y trouver des aliments non périmés...?

La voiture s'arrête enfin et nous posons finalement les pieds à terre, manquant de tomber avec les vertiges des heures passées dans l'étroit vestibule.

Et, dès que je posais le pied sur cette espace bétonné, une lourde atmosphère sembla m'étouffer. C'était terrifiant, le vide se fit oppressant. Dans cette ville où un génocide a eu lieu, l'air est lourd, le brouillard dense, les maisons vides, et le silence douloureux.

Dans ce silence s'exprimaient des milliers de cris.

- Allons trouver de quoi bouffer, s'exprima Yoongi, brisant ce silence solennel.

Nous hochons la tête et avalons notre salive, avant de nous diriger vers le magasin grand ouvert.

[...]

- Viens voir Moon ! On a trouvé un super coin ! S'exclama Jimin, le sourire aux lèvres.

Je le suis de près, intriguée, quittant le rayon des boîtes de conserve pour traverser les nombreux rayons du supermarché.

Quelques mètres plus loin, nous arrivons dans un espace assez spécial. En découvrant cet endroit, je restais figée, émerveillée par ce qui se trouvait devant moi.

- Ta-Dam ! Surprise !

Jimin avança et se laissa tomber sur un lit. Oui, un lit. Après avoir passé plusieurs nuits pliée en quatre sur le siège d'une voiture, je peux vous dire que ça fait rêver.

Et il n'y avait pas qu'un lit, mais deux. Yoongi et Namjoon s'étaient assis sur le rebord des deux matelas. Ils avaient trouvé des matelas et des draps ainsi que des lampes et une table ronde pour constituer un salon improvisé.

- On s'est dit que ça te plairait..., s'expliqua Namjoon.

Je ne pu m'empêcher de sourire en constatant tous les efforts qu'ils y avaient mit.

- Merci les gars...

Je m'avance vers l'un des lits et m'y allonge, fermant presque automatiquement les yeux. Je n'ai pas faim, je préfère largement dormir.

Juste avant de sombrer dans le sommeil, j'aperçois le sourire chaleureux de Namjoon, qui faisait apparaître ses fossettes, celui qui m'avait trop manqué.

[...]

J'entends un corps s'agiter à mes côtés, alors que des voix masculines semblent s'élever au loin. Mais elles n'étaient pas celles de mes compagnons.

- Moon réveille toi, murmura Namjoon.

J'ouvre lentement les yeux sur la pièce sombre et le silence total. Je comprends que quelque chose ne va pas et sors de mon lit, avant de me positionner près de Namjoon.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- On n'est pas seuls.

J'ouvre grand les yeux et jette un œil à Yoongi et Jimin, toujours endormis. Il faut les réveiller. Je m'apprête à me lever, mais le sons des voix inconnues me cloue au sol.

"Tu es certain qu'ils sont là ?"

"La voiture de Yoongi est garée dehors, alors oui."

Les voix se rapprochait lentement, et avec elles résonnaient des bruits de pas. Namjoon me fit signe de me taire alors que les voix s'approchaient de notre emplacement.

Je secoue vivement Yoongi et ce dernier ouvre l'œil, déjà près à bondir quand il entends ces bruits de pas. Il se lève tout de même doucement, observant les alentours malgré la noirceur du magasin.

- Dommage pour vous, je suis derrière.