Chapitre 14 : Roadtrip
Je me réveille doucement, le bruit du moteur vrombissant incitant mes paupières à s'ouvrir lentement.
Ma gorge était horriblement sèche et mes yeux gonflés par mes larmes de la veille.
Le soleil m'agresse brutalement, m'indiquant qu'on est au plein milieu de la journée.
Je me redresse avec difficulté, tentant de discerner les silhouettes à contre jour de mes deux compagnons de voyage.
- Ah, tu es réveillée ? Bonjour Moon, me salua Jimin.
Quel doux réveil. La voix de Jimin était parfaite à entendre le matin. Elle glissait dans mes oreilles tout doucement, me réveillant lentement.
- C'est pas trop tôt, rajouta Yoongi.
Mon merveilleux réveil mielleux s'effondra face au ton froid et sans âme de Yoongi.
- Quelle brute..., soupirai-je pour moi même.
- Pardon...?
- Mh ? Non rien.
Jimin gloussa dans son coin.
- Yoongi, tu sais vraiment pas t'y prendre avec les filles, expliqua t-il.
Sa remarque me fit légèrement sourire. Il ne fallait pas trop s'attendre à ce que Yoongi devienne délicat en compagnie de la gendre féminine, ce serait trop demander.
- Ok les gars, je vous suis pas du tout là, dit ce dernier, complètement paumé.
- Laisse, concluai-je avec un sourire.
En réalité, je voulais lui poser des tas de questions sur notre destination, sur Namjoon, sur Jungkook...mais ce réveil me paraissait bien trop précieux pour être gâché par mes préoccupations.
- Jimin, tu peux faire un truc pour moi ?
- Ô ma belle, vous le savez, que je vous accorderais même la plus grande des faveurs.
- Me filer à bouffer, riai-je face à sa prestation un peu trop théâtrale.
Je pu apercevoir une esquisse de sourire sur le visage de Yoongi, ce qui ne manqua pas de me rassurer.
Jimin roula des yeux et chercha dans la boite à gants pour en sortir des biscuit au chocolat et à l'orange.
Il me les tendis ainsi qu'une bouteille d'eau et je le remercia.
- On arrive dans combien de temps Yoongi ? Demandais-je en mâchant mon biscuit.
- Longtemps, on n'a même pas quitté Aurora.
- Aurora ? Répétai-je, incrédule.
- C'est le nom du pays, riait Jimin. La capitale, où on était, s'appelle Célestia et le pays des citadins Aurora. Au delà des frontières, l'accès est interdit pour nous. Les moonchilds y vivent et on doit garder le secret.
- Des frontières ? Comment ai-je pu ne jamais en entendre parler ? Je n'ai traversé aucune frontière avant d'arriver à Célestia...et, d'aussi loin que je me souvienne, les citadins ont toujours été présents là où j'étais.
Jimin fronça les sourcils, perdu lui aussi. Il commençait à douter des informations qui lui avaient été données. Mais Yoongi ne tarda pas à confirmer ses dires.
- Non, Jimin a raison. Il y a bien des frontières autour de l'Aurora. Pour ce qui est de ton cas Moon, tes parents ont du traverser la frontière avant que tu ne sois née ou quand tu étais encore bébé.
- Mais...pour quelle raison feraient-ils quelque chose d'aussi dangereux...?
- Pour te rapprocher de moi.
Un silence suivit sa phrase. Je restais sous le choc. Si mes parents sont morts, c'est à cause de cette foutue histoire de prophétie ?
Jimin ne disait rien, ne comprenant pas un mot des propos de Yoongi. Il se contentait d'écouter sagement.
Je me radossais contre mon siège, mais une douleur soudaine me prit au crâne et des dizaines d'images s'entremêlaient dans ma tête.
Je posais mes mains sur mes tempes pour atténuer ma douleur et garda les yeux fermés.
- Moon ? S'inquiéta Jimin.
"Ne fais pas de bruit ma chérie..."
Une femme me tient par la main et me tire très fort vers l'intérieur d'une grande maison.
Je ne voyais pas son visage, une sorte de gribouillage noir le couvrait.
"Dépêche toi ! Cache là !"
Hurlait un homme derrière nous, la voix suppliante.
Pourquoi avait-il l'air d'avoir besoin d'aide ? Pourquoi c'est comme si on devait impérativement fuir des poursuivants. Mais qui ?
Je ne voyais pas le visage de l'homme non plus. Il m'était censuré.
La femme se retourna vers lui et des larmes coulèrent de ses yeux comme si c'était la dernière fois qu'elle le voyait.
Pourtant, elle ne s'arrête pas et entra dans la grande demeure en pierre pour monter les escaliers, me tirant toujours plus fort.
Je ne comprenais pas et sa main me faisait mal au poignet.
"Maman ! Maman tu me fais mal !"
Maman ?
La femme semblant être ma mère ne me lâcha pas pour autant, mais s'arrêta quand nous étions arrivées dans une chambre.
Elle s'accroupit et me regarda droit dans les yeux, ses mains posées sur mes épaules.
"Je suis désolée de devoir de faire traverser tout ça ma chérie, tellement désolée."
"De quoi tu parles maman ? Où est papa ?"
"Millena regarde moi ! Surtout ne leur fais pas confiance, ne fais confiance à personne."
"Mamaaan !"
Elle finit par sourire paisiblement, cherchant à me calmer, avant de me reculer pour me cacher derrière un portant à vêtements.
"Ma chérie, tu ne dois pas faire de bruit, d'accord ? Peu importe quoi, ne fait aucun bruit. C'est comme...un grand roi du silence...et tu...tu vas fermer les yeux et te boucher les oreilles, ça fait partie du jeu aussi. Maman sera très fière de toi si tu gagnes."
Je hochais doucement la tête.
"Tu es prête ?"
"Oui maman."
"Un, deux, trois, le roi du silence commence." Murmura t-elle.
Une larme froide et brillante coula de son visage effacé, alors que la porte du placard se referma sur moi. Le noir m'engouffra.
Après, plus rien.
- MOON !! Hurla Jimin.
Je toussais violemment en ouvrant les yeux sur le siège avant. J'avais l'impression d'étouffer dans ce vestibule minuscule.
J'ouvris la portière pour respirer en urgence.
- Yoongi arrêtes la voiture !! Criais-je.
Il s'exécuta sans protester et je descendis de la voiture pour m'effondrer sur l'herbe humide à quelques mètres du véhicule, crachant mes poumons.
Jimin s'approcha et tapota gentillement mon dos.
- Moon...qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Je...
"Ne leur fait pas confiance."
Je me recula soudainement loin de Jimin, les yeux emplis de peur comme s'il était celui qui venait pour me tuer.
J'avais peur qu'il ouvre l'armoire, et qu'il me traîne dehors pour me jeter à côté des cadavres de mes parents assassinés.
Mais ce n'était que Jimin, Jimin et sa mine désolée, attristé qu'il puisse m'effrayer.
- Dé-désolé..., m'excusai-je maladroitement.
- C'est pas grave Moon, calme toi.
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