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✤ MOONBOY



Jisung avait froid. Evidemment, en cette nuit avancée de décembre la température ambiante devait frôler le négatif. De plus, il pleuvait des cordes. 

Une minute, pleuvoir ?

Jisung ouvrit enfin les yeux, après ce qui lui avait semblé comme une longue nuit de sommeil, mais qui vraisemblablement, ne s'était pas terminée comme il l'avait imaginée. Il resta sans voix. A part le fait qu'il faisait nuit noire, qu'il était allongé sur la route avec du goudron à perte de vue et quelques maisons aux alentours, Il n'avait aucune idée de ce qu'il lui arrivait.

"Mais qu'est-ce que-"

Il plaqua sa main sur sa bouche. Une tonalité qu'il n'avait jamais entendue s'était échappée de ses lèvres. Sa façon de s'exprimer avait elle aussi changé ? Complètement désemparé, Jisung se leva et se mit sur le bas-côté. Il n'avait jamais expérimenté ce genre de...choses, auparavant. Il posa deux doigts sur sa gorge, et réitéra les sons qu'il avait fait plus tôt. Sa peau vibrait, comme si des cordes d'instrument logeaient au fond de sa gorge ; c'était plutôt curieux comme sensation, et très différent de ses habitudes. Soudain, un grésillement désagréable lui parvint aux oreilles. Il leva la tête, ses yeux tombèrent sur un gigantesque lampadaire donc la lumière jaunâtre éclairait la quasi-totalité de la rue, inconnue à ses yeux.Il ne comprenait pas. Quelques heures auparavant, il était allongé sur son lit, dans sa cabane, occupé à contempler sa guitare accrochée au mur en bois. 

Purée ma guitare.

Le sang de Jisung ne fit qu'un tour. Il ne savait pas pourquoi il était là ni comment il s'y était retrouvé mais sans sa guitare, il était perdu. Il se précipita, chercha dans tous les recoins, les buissons autour de lui, derrière les quelques arbres qui longeaient la route, mais rien. 

"Où est-ce qu'elle est passée...., il soupira, non sans une once de surprise à la fin de sa phrase ; il allait devoir s'y habituer. 

La route était déserte. Aucune trace de vie aux alentours, même la nature autour de lui semblait s'être tue exprès. C'était bien sa veine. Jisung marcha pendant quelques dizaines de minutes puis arriva finalement devant une grande maison, éclairée à toutes les fenêtres. De la musique se faisait entendre par l'une d'elles, grande ouverte. La maison avait l'air remplie de monde. En observant mieux, il put apercevoir le manche de sa guitare, qui dépassait de la fenêtre la plus haute. Jisung se sentit bondir de joie. Il devait la récupérer. Il inspecta les alentours, cherchant un moyen de s'introduire à l'intérieur sans passer par la porte d'entrée. Le jeune homme avait pour seul but de prendre son instrument, et de partir le plus vite possible de cet endroit. Puis il lui vint une idée. Un saule pleureur aux branches assez basses se trouvait presque à côté de la fenêtre. Il n'était pas le plus à l'aise en grimpe, mais ce n'était pas le moment d'être douillet. Ni une ni deux, le jeune homme se retrouva à monter sur les branches, non sans peine. Arrivé au plus proche de son point d'arrivée, il sauta, et atterrit maladroitement sur le parquet de la pièce. Il se retrouvait dans un grenier rempli de cartons, de bustes, de miroirs et de toiles d'araignées. Ses yeux balayèrent rapidement la pièce, puis tombèrent sur l'objet qu'il convoitait tant. Il pencha le bras pour l'attraper quand son pied se glissa sous l'un des cartons. Il trébucha dans un vacarme sans non. Mince...il grimaça. Des bruits de pas se firent immédiatement entendre, Jisung retint son souffle. 

- Qui est-là ? fit une voix mal-assurée. Le grisé fit du mieux qu'il put pour ne pas respirer trop fort et avec son pied mal calé, il n'était pas loin de se faire repérer. Constatant l'absence de réponse, la "voix" monta les escaliers et entra finalement dans la pièce. Jisung était très mal caché, il ne tarderait pas à se faire trouver. La voix venait d'un garçon aux cheveux roux, visiblement apeuré par le vacarme qu'avait produit Jisung. Il portait un joli masque violet, orné de strass. Jisung pensa que cela faisait un peu kitsch, mais la couleur allait étrangement bien avec ses cheveux. En dehors de la pièce résonnaient les basses des enceintes, contrastant avec le silence presque absolu qui régnait dans la pièce. Puis un cri retentit. Le jeune homme avait aperçu Jisung, allongé dans un coin de la pièce, tenant sa guitare dans les bras comme si elle allait s'envoler.

- Qu-qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fais dans mon grenier ?? Le roux semblait stupéfait, il ne savait pas comment réagir, ce qui était plutôt compréhensible. Ayant visiblement décidé d'être muet à nouveau, Jisung ne répondit que par un haussement de sourcils. 

- T'as perdu tes cordes vocales en montant ici ? retenta le roux, l'air irrité.

- J'ai....son vis-à-vis attendait sa réponse, néanmoins un peu méfiant, ...je cherchais ma guitare....Jisung grimaça intérieurement. Jamais il n'allait le croire.

Le roux baissa les yeux pour regarder l'objet. Aussi étrange que cela puisse paraître, son excuse était plausible puisque lui-même ne possédait aucun instrument. Il laissa échapper un soupir, et enleva enfin son masque, ne savant que faire face à cette situation. Pendant ce temps, Jisung n'ayant lui non plus aucune idée de ce qui allait suivre, en profita pour détailler minutieusement le roux.

Il avait donc des cheveux roux flamboyants, tellement pigmentés qu'ils lui rappelaient la couleur de sa guitare. Sous son masque, un visage mielleux ; des pommettes saillantes, des cils affreusement longs et une moue sur les lèvres. Malgré ses traits matures - il était sans-doute plus âgé que lui - son air bougon lui donnait un air enfantin, presque angélique, et Jisung mentirait si il disait qu'il n'était pas un régal pour les yeux. Par contre, il devait vraiment passer pour un fou à ses yeux actuellement. Devait-il engager une conversation ?

- Hm, comment tu t'appelles ? Il s'était introduit chez lui par effraction, tant qu'à faire, autant connaître son prénom. Le jeune homme parut surpris, il ne s'attendait sûrement pas à une tentative de sociabilisation de sa part. Il marqua une pause, puis reprit finalement la parole.

- Lee. C'est mon nom de famille, c'est tout c'que t'auras pour l'instant, monsieur...? Jisung sourit légèrement.

Ça me va, et Han du coup, il lui tendit sa main libre, toujours assis, enchanté ?

Le dit Lee sembla hésiter, il ne faisait que ça. Puis il attrapa sa main et l'aida à se lever.

- Ouais, "enchanté".

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Jisung ne vivait pas sur terre. Les moeurs de sa civilisation étaient presque toutes semblables à celles des Terriens. Ils mangeaient, dormaient, respiraient, travaillaient et étaient sous l'autorité de l'équivalent d'un président. Seule différence : ils ne parlaient pas. Les enfants de la Lune, le nom de leur peuple, naissaient sans cordes vocales, ils n'avaient donc aucune connaissance du concept de la "voix". Ils communiquaient par télépathie, à l'aide d'un système astucieux consistant à classer leurs pensées ; ainsi, ils déterminaient celles qu'ils dévoilaient à autrui. Jisung possédait cette aptitude, mais pas entièrement. Etant métisse d'un père venant de la Lune et d'une Terrienne, le jeune homme n'avait pas été doté du starter-pack d'un enfant de la Lune dit "normal". Il pouvait lire dans les pensées, mais il lui était très difficile de communiquer avec ses congénères, ce qui lui avait valu de nombreuses difficultés dans son enfance. Mais ce que Jisung ne savait apparemment pas jusqu'à ce jour, c'est qu'il avait des cordes vocales, lui. Il n'avait juste jamais eu l'occasion de les utiliser, puisque sa mère était morte lorsqu'il était très jeune. Peut-être que sa façon de parler était bizarre ? Qu'allait en penser le roux ?

Le concerné l'avait emmené dans sa propre chambre, afin de lui procurer un masque à lui aussi. Jisung n'avait aucune idée du pourquoi, mais le plus âgé était chez lui, il n'avait pas son mot à dire. C'est vrai qu'en y repensant, c'était assez étrange de porter un masque chez soi, mais Lee semblait avoir des invités.

- J'suis désolée au fait, j'suis rentré comme ça sans permission et en plus t'avais du monde chez toi...

Minho leva la tête, un masque bleu pailleté à la main. 

- Bah, t'inquiète pas, j'me faisais un peu chier au final.

Jisung fronça les sourcils. Il s'ennuyait à sa propre fête ?

- Vous fêtez quoi ? Un genre d'évènement traditionnel ici ? Jisung s'approcha pour saisir le masque que le plus âgé lui tendait.

Lee parut amusé et rit même un peu. 

- Nan, à vrai dire c'est pas moi qui ai choisis de tous les inviter, il sourit. 

- Comment ça ? C'est chez toi, c'est débile que quelqu'un choisisse à ta place...

- Y'a une raison derrière quand même, je suis pas aussi bizarre que ça, il reprit, mais tu poses beaucoup de questions pour un gars qui s'infiltre chez les gens sans scrupule

Jisung sentit ses joues prendre des couleurs devant son air amusé. C'est vrai qu'il était assez à l'aise vu la situation pourtant peu avantageuse pour lui. Sans-doute que l'aura de Lee y était pour quelque chose. Il était sympa avec lui, et lui tapait même la conversation, et puis...

Il avait ce visage doux qui inspirait tantôt un calme et une sérénité profonde, tantôt une tristesse inexpliquée, une monotonie reposante qui donnait envie de baisser les yeux quand on le regardait dans les siens. Ses cheveux roux contrastaient avec sa peau pâle, illuminée par la lumière de la Lune. La Lune....Jisung aurait rêvé d'y retourner vingt minutes plus tôt, mais il sentait que quelque chose le retenait ici. Se pourrait-il que ce soit....?

- Han ? 

Jisung sortit de sa bulle, pour reconnecter avec l'air Terrien.

- Oui pardon, on descend du coup ? 

- Je pense que oui, mon pote est encore en bas, il haussa les épaules, le regard vague. Jisung acquiesça. Puis il lui tendit son masque.

- J'suis vraiment obligé de le mettre ? Le grisé grimaça.

- Pour te fondre dans la masse, oui.

- Tu peux me le mettre, s'il te plaît ? Il tenta.

Le roux souffla du nez et prit les lanières. Tandis qu'il les accrochait derrière la tête du plus jeune, celui-ci ne se gêna pas pour le détailler. Et contrairement à ce que pouvait penser Jisung, cela ne passa pas inaperçu aux yeux du dit Lee.

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Les basses résonnaient jusqu'au coeur du roux. Cela faisait bien une demi-heure que l'autre grisé était là, et il avait déjà parlé au moins une fois avec tout le monde présent dans la maison. C'était assez drôle comme situation, si on lui en avait parlé une heure plus tôt, Minho n'y aurait jamais cru.

Lee Minho, lycéen dépassé par la vie. Voilà ce qu'il était. Aucune passion, aucun rêve. Seulement un ami proche et quelques connaissances lointaines formaient son entourage hors famille. Des notes moyennes, trois chats. La liste exhaustive de sa vie était très courte, Minho avait déjà essayé de l'agrandir en vain.

Alors quand Chan lui avait parlé d'organiser une fête chez lui et d'inviter les gens de sa classe, Minho n'avait pas réussi a refuser. Son meilleur ami se faisait du souci pour lui, mais il n'y avait pas lieu d'être n'est-ce pas ?

Finalement, cette soirée était la pire idée que Chan ait jamais eu. Pourtant lui avait l'air s'amuser avec son verre à la main, parlant à la fille dont le roux entendait parler 24h/24 depuis la rentrée. Ses doigts se serrèrent autour de son gobelet rouge et il grinça des dents.

J'suis juste un putain de coincé.

Pourquoi rien n'allait jamais avec lui ? Pourquoi chaque chose qu'il touchait du doigt s'effritait et finissait dans les abîmes de sa mémoire ? Il devait forcément avoir un problème, Minho ne voyait aucune autre raison. Il avait tout essayé, de lamentables échecs. Même voir une psychologue ne l'avait pas aidé.

(☘)

Minho haletait. L'air était soudainement devenu étouffant, comme si la musique avait pris bien trop d'ampleur en quelques minutes. Il desserra tant bien que mal l'encolure de son col roulé. Pas encore, pas maintenant. Le roux commençait à suffoquer. Il zieuta tous les coins de sa pièce dans l'espoir de trouver son meilleur ami, mais celui-ci avait dû partir avec sa dulcinée. N'y tenant plus, il sortit précipitamment de la pièce à vivre. Personne ne doit remarquer, il pensa, respirant lourdement, comme en quête d'air. Il ouvrit la porte vitrée et se précipita dehors. L'air froid le frappa au visage, et il sentit sa peau frissonner. Son corps glissa automatiquement contre le mur, et il s'assit lourdement sur le sol. Ses pensées et quelques larmes déferlaient sans-cesse, sans s'arrêter à l'intérieur de sa tête. Ses tempes semblaient vouloir recréer les vibrations des enceintes. Il fallait respirer, Inspire, Expire. Voilà, douce-

- Minho !!

Hein ? 

Encore haletant, le roux leva les yeux en direction de la voix familière qui l'avait interpellé.

- Han ? fit-il, surpris de voir le grisé essoufflé accourir vers lui. Lui et son petit air affolé, bizarrement ça lui faisait plaisir, à Minho.

- Oh j'ten prie, appelle-moi Jisung..., souffla le grisé, visiblement soulagé d'avoir retrouvé Minho.

Jisung.

Alors c'était ça, son prénom ? Il lui allait affreusement bien, pensa le roux, hébété de voir le jeune homme devant lui. 

Jisung s'accroupit et, sous les yeux écarquillés et tremblants de Minho, porta sa main à sa joue. Ses cheveux argentés brillaient sous la pleine Lune, les quelques mèches qui lui tombaient devant les yeux s'étaient visiblement collées à son front pendant sa course effrénée. Le grain de beauté sur sa clavicule droite, et ses yeux grands ouverts, inquiets de son propre état.

Tout ça, pour lui ? 

C'était ridicule, le roux n'était sûrement pas le premier à recevoir autant d'attention de sa part, et pourtant ça le rendait toute chose. De toute sa petite vie, jamais on ne n'en lui avait accordé autant, de l'attention. Les larmes au bord de son oeil menaçaient de couler à nouveau, et Jisung n'avait fait qu'effleurer sa joue. Encore une fois, Minho se trouvait pathétique.

Les pensées lourdes l'assaillant à nouveau, le roux baissa la tête.

- Ça va ? fit la voix douce et empreinte d'inquiétude du grisé.

Minho secoua la tête.

- Bof, il s'essaya un rire qui sonna plus faux que couleur de cheveux, j'viens de frôler la crise d'angoisse, ça pourrait toujours aller mieux, il essaya de regarder son vis-à-vis dans les yeux.

Mais le visage soucieux de Jisung lui ôta l'envie de plaisanter plus et il détourna le regard, incapable de le soutenir davantage.

- Dis Minho, l'interpellé frissonna à l'entente de son nom, t'es pas obligé de m'en parler, mais fais pas semblant que ça t'affecte pas, hm ? Toi aussi t'as le droit de pas aller bien, il lui dégagea une mèche de devant les yeux.

Minho ne répondit pas, la gorge nouée. Le grisé semblait deviner tous ses états d'âme, comme si...il lisait dans ses pensées. Ils restèrent comme ça, les yeux du plus âgé posés à des endroits plus-ou-moins aléatoires du jardin, et ceux du plus jeune occupés à détailler sa propre plastique, plus de temps que le jeune homme ne l'aurait voulu.

- Comment t'as su où j'étais ? fit finalement le roux dans un souffle, brisant l'absence presque réconfortante de diverses sonorités.

Jisung fit la moue.

- J't'ai cherché partout, il grommela, j'ai demandé à tout le monde, dans chaque pièce, si ils t'avaient vu partir. Puis j'ai aperçu ton pote, et j'suis allée lui demander, il continua, Il m'a dit qu'il n'en avait aucune idée mais que t'étais sûrement dehors en train de fumer. C'est comme ça que j'ai connu ton prénom, il sourit, puis effleura le lobe du plus âgé de ses doigts, puis l'avait directement retiré, comme si son corps se contrôlait à sa guise.

Minho frémit. Entendre son nom de la bouche du grisé lui avait semblé si naturel qu'il ne s'était même pas posé de questions lorsqu'il était parvenu à ses oreilles. Ces cinq lettres dans la bouche de Jisung, c'était comme du miel, une friandise pour les oreilles. Le jeune homme se surprenait à l'apprécier.

Puis le grisé gloussa, d'un rire clair et sonore. Jamais Minho n'aurait pensé être touché par un éclat de rire, et pourtant, celui du plus jeune paraissait pouvoir faire tomber toutes ses gardes. Il était comme ça Jisung, maintenant le roux le savait ; agréablement surprenant, réconfortant, et surtout très beau.

- Pourquoi tu rigoles, toi ? fit Minho, faussement agacé, ce qui tenta presque le grisé de repartir dans un éclat de rire.

- Quand t'es sérieux, t'as les sourcils tout froncés, ça te va bien, il sourit pour l'énième fois de toutes ses dents, c'est.....t'es mignon, il finit dans un souffle.

Ses mots s'envolèrent jusqu'aux oreilles de Minho, qui rougirent instantanément. Était-ce le froid ? Il n'en était plus très sûr. Ses zygomatiques s'étirèrent. Lui aussi avait envie de lui sourire, à ce petit bout d'homme qu'il ne connaissait que depuis quelques heures, comme ça sans aucune raison.

- Et sinon....le ton du grisé devint soudainement plus grave, comme si la phrase qu'il s'apprêtait à sortir lui brûlait la langue.

Intrigué, Minho l'invita à s'assoir avec lui et émit un son guttural, l'incitant à continuer.

Le visage de Jisung était devenu soucieux, contrastant avec sa plastique naturellement naïve.

- Tu..., il déglutit, rendant la scène encore plus coquace,...tu fumes ??

Minho écarquilla les yeux, et éclata de rire. Franchement cette fois, pas timidement, sans se cacher. Il n'avait pas ris de la sorte depuis longtemps.

- J'ai essayé deux fois, avec Chan, ça m'a dégoûté, il essuya les résidus secs de larmes au coin de ses yeux. Je sais pas où il est allé chercher ça, mais j'ai plus jamais touché une cigarette ou autre depuis, il continua, t'inquiète pas.

L'expression de son interlocuteur s'adoucit instantanément, soulagé. Il a l'air vachement impliqué dans mon bien-être, pensa Minho, presque attendri.

- Ouf, tu m'as fais peur....il se reprit brusquement, non pas que tu n'en aies pas le droit, hein !! Je suis juste pas sûr que ce soit une bonne idée que tu consommes ce genre de trucs dans ton cas...Enfin- Jisung bégaya, affolé à l'idée de dire quelque chose qui pourrait froisser le plus âgé.

C'était adorable, tout simplement car le roux n'en avait pas l'habitude. Jisung était rayonnant, il contaminait tout ce qui se trouvait autour de lui, même Minho qui se trouvait à des milliers de kilomètres de lui. Alors il porta sa main sur sa tête et caressa ses cheveux, qui brillaient comme si ils n'étaient faits que de milliers de fils d'argent.

- Merci, Jisung, il murmura, en espérant que l'émoi qui transparaissait dans sa voix ne soit que très peu remarquable. 

L'influence de Jisung sur Minho était telle que le roux avait presque oublié le mal-être dans lequel il était plongé quelques minutes auparavant. Ce garçon était sûrement la meilleure chose qui lui était arrivée depuis longtemps, et sans-doute la plus étrange. Si c'était ça l'effet Jisung, il ne voulait pas arrêter d'y goûter.

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Aucun des deux garçons n'avait eu envie de retourner à la fête après ça. Minho avait confié sa maison à Chan, qui lui avait assuré qu'il la retrouverait vide en parfait état lorsqu'il reviendrait au petit matin. Après s'être assuré que tout irait pour le mieux, Minho avait pris la main de Jisung et ils étaient partis de la maison. Ils s'étaient retrouvés à déambuler sur la route, riant et fanfaronnant comme deux gars ivres, sauf qu'il étaient complètement sobres, en tout cas, d'éthanol. Les deux jeunes hommes étaient inexplicablement heureux. Plus rien ne comptait, à part cette nuit dénuée de problèmes qui leur était offerte, où la seule priorité était de profiter de la présence de l'autre. Ils ne se connaissaient pas plus que ça, leur rencontre était le pur fruit du hasard, et pourtant c'est comme si elle était prédestinée. Ou peut-être qu'elle n'était pas si hasardeuse que ça finalement. Plus ils parlaient, plus Minho trouvait Jisung intrigant. Il s'émerveillait, riait aux éclats et semblait être l'insouciance même. Il courait avec sa guitare à la main, comme un enfant à qui on avait offert le monde entier, et qui ne désirait que le découvrir. C'était comme si il n'appartenait pas à ce monde.

Après un petit bout de temps, ils arrivèrent devant une épicerie. Les deux garçons se regardèrent ; Jisung n'avait pas mangé depuis ce qu'il lui semblait comme un siècle, et Minho n'avait rien mangé de toute la soirée, ils mourraient de faim. Heureusement, le plus âgé gardait toujours un peu de liquide dans sa poche. Il le fit savoir au plus jeune et ils entrèrent dans l'épicerie. 

- Minho !! C'est quoi ça ? dès qu'il était entré, Jisung s'était précipité vers le rayon le plus coloré, celui des sucreries. Il tenait dans sa main un paquet de bonbons à la marque très connue, qu'il semblait étrangement n'avoir jamais vue.

- Des Haribos, tu connais pas ? Minho demanda, amusé, alors qu'il regardait les produits du rayon d'à côté. Cela lui paraissait absurde que quelqu'un ne connaisse pas ces bonbons.

- Hm, je crois pas, poursuivit-il avec une moue, y'a pas ça chez moi.

Chez moi. Cela faisait plusieurs fois que Jisung faisait allusion à sa maison, mais qu'était-elle au juste ? Le roux trouvait ça de plus en plus bizarre. Le plus jeune semblait tout découvrir, était arrivé dans sa rue on ne sait comment et parlait parfaitement sa langue mais évoquait son lieu de vie comme si il s'agissait d'un endroit inconnu et retiré du monde. 

Minho paya leur collation, puis sortit s'asseoir sur la table devant l'enseigne. Pendant que Jisung se jetait sur les sucreries, le roux l'observait, soucieux. En fait, le plus jeune était un mystère, un mystère d'apparence calme et naïve mais qui semblait cacher des pensées plus profondes.

- Jisung ?

- Hm ? Le plus jeune leva la tête, la bouche pleine.

- Tu viens d'où, au juste ?

Pas le temps de faire des manières, le roux se devait d'être direct.

- Tu connais pas la marque Haribo, tu tiens à ta guitare plus que tout, et parfois tu sembles étonné des sons qui sortent de ta propre bouche....A moins que tu vives, je sais pas moi, quelque part dans l'espace, je vois pas d'où tu pourrais ven-

- La Lune.

Minho le regarda, béat.

Hein ? 

- Comment ça la Lune ? Je plaisante pas Jisung.

Le grisé haussa les épaules.

- Moi non plus.

Le roux était plus perdu que jamais. Si le plus jeune était en train de se moquer de lui, ce n'était pas drôle. 

- Tu veux des explications peut-être ?

- Bah, oui ce serait pas de refus, maugréa le concerné, dépassé par ce qu'il croyait être un énorme délire de la part du plus jeune. 

Le coeur du grisé battait à tout rompre. Une part de lui souhaitait plus que tout avouer son origine et son lieu de vie insolite au roux, mais une autre lui insufflait que jamais il ne le croirait, et que c'était bien trop gros comme explication. Pour lui c'était normal, mais si il lui disait, il était à peu près certain de passer pour un fou.

- En fait, on peut dire que j'suis métisse. Mon père vient de la Lune, ma mère est Terrienne. Je sais que ça peut te paraître fou, il soupira, mais pour moi c'est normal. J'avais jamais posé les pieds ici avant, j'ai toujours vécu sur la Lune. Tout ça, c'est...c'est tout nouveau pour moi, et..il leva les yeux, qui s'accrochèrent directement à ceux du roux, ...tu m'as aidé à ne pas me perdre et a été si gentil avec moi...

Minho était béat. Alors ce n'était pas une blague ? Jisung venait vraiment de...la Lune ? C'était tellement improbable, mais le roux sentait que le plus jeune ne mentait pas. Il sentait cette connexion particulière qui les liait, presque magique. Ce n'était peut-être pas si bizarre finalement.

- ...Admettons que tu viennes de la Lune, tu sais comment t'as atterri ici ? T'as des pouvoirs, un truc comme ça ? Minho croyait à peine ce qui sortait de sa propre bouche.

Jisung finit sa dernière bouchée, tandis que le roux n'avait pas encore touché à sa nourriture.

- Je n'en ai aucune idée, mais ça pourrait avoir un rapport avec mon père.

Le plus âgé fronça les sourcils.

- Ton père ?

Dans la nuit, en cet instant de révélations loufoques, seuls le bruit des cigales environnantes pouvaient se faire entendre hormis celui de leurs voix.

- Je te l'ai dit plus tôt, mes parents ne sont pas tous les deux Luniens. Ça peut paraître étrange, c'est vrai, comment ont-ils pû se rencontrer ? il continua, En fait, ma mère m'a expliqué un peu avant qu'elle décède ; leur situation ressemble drôlement à la notre. Ses yeux rencontrèrent ceux de son vis-à-vis.

- Cela voudrait dire que...c'est héréditaire ? 

- Peut-être, peut-être pas. De toute façon, le plus important ici c'est de savoir comme retourner chez moi, je suppose. Le grisé tourna la tête, l'air pensif.

Un grand silence retentit. Que Jisung rentre chez lui. À cette idée, le plus âgé frissonna, bien que la température soit plutôt élevée. Il ne voulait pas y penser, pas encore.

- Et sinon, pour tes pouvoirs ?

- Ah, oui

Jisung pointa du doigt la collation que Minho n'avait pas touchée, qui lui fit signe de le prendre.

- T'as p'têtre déjà dû le remarquer, mais c'est comme si on se connaissait depuis toujours toi et moi, il commença tout en ouvrant le plastique. C'est pas un hasard, je lis dans les pensées.

Minho fronça les sourcils, mais le plus jeune reprit la parole avant qu'il ne dise un mot.

- T'inquiète pas, je n'en fais pas grand usage. En fait il y'a plusieurs stades de la télépathie ; lire à la surface de l'esprit, entendre tes pensées et enfin, parler à la personne concernée par le biais de son propre cerveau. Nous n'en sommes qu'au premier, il sourit en croquant dans son onigiri. Le lien que je fais ici, c'est que les émotions que tu cherches sans-doute habituellement à cacher, je les vois plus que distinctement.

Voyant que le plus vieux restait perplexe, le grisé soupira, amusé.

- Quelque chose te tracasse ?

Minho le regarda d'un air neutre, faisant frémir le grisé. 

- Moi j'en ai pas des pouvoirs, et pourtant notre "connexion" ne marche pas que dans ton sens....

Le plus jeune sourit, attendri. Minho ne semblait pas comprendre son attachement pour le grisé, alors que lui le voyait depuis maintenant un petit bout de temps.

- Peut-être que tu m'aimes plus que tu n'le penses, Lee Minho. Lâcha-t-il, presque dans un souffle. Il était attendri, Minho était attendrissant. Si bien que Jisung commençait à se demander si, au final, rentrer chez lui était la seule solution.

De son côté, le roux l'observait, semblant réaliser ce qui se passait, ce qu'il ressentait et ce que cela impliquait. Il déglutit, presque angoissé. C'était trop, trop de choses à la fois ; l'arrivée de Jisung dans sa vie, comme une bruine soudaine, caressant ses sens d'une manière le touchant plus qu'il n'aurait voulu laisser paraître. Mais comment pouvait-il se cacher devant le plus jeune, c'était littéralement impossible.

Ses cheveux argentés, ses joues bombées, ses lippes en coeur, ses yeux brillants qui semblaient détailler chaque faille de son âme. Il était beau, Han Jisung. Et peut-être que cela lui coûtait, à Minho.

- Puisque visiblement c'est le jeu des questions, reprit Jisung, décidé à élucider leurs mystères, moi aussi je veux jouer. Pourquoi portiez-vous tous des masques, à ta fête ?

Minho sourit, un peu tristement et se leva.

- D'abord je dois t'emmener quelque part, j'te réponds en chemin.

- Pas d'problème, j'te suis. Le plus jeune se leva et accourra vers le roux.

- Jisung ta guitare ! fit le plus âgé, amusé de l'étourderie du plus jeune.

- Oh mince oui !! Jisung l'attrapa, posée sur le banc, et revint à ses côtés. Minho rit et le prit par la main, un geste qui lui parût des plus naturels sur le moment, et ils se mirent en route.


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La nuit était déjà bien avancée lorsqu'ils arrivèrent à destination ; Minho avait emmené le plus jeune un peu plus haut dans la ville, là où le meilleur panorama pouvait être observé, afin que Jisung puisse admirer la vue de nuit. Les lampadaires renvoyaient leur habituelle lumière jaunâtre, tandis que certaines fenêtres demeuraient grandes ouvertes. La nuit, la ville semblait se pavaner devant les passants en leur dévoilant ses tours de magie. C'est ce que Minho aimait se dire, lorsqu'il laissait perdre ses orbes dans l'ensemble coloré et lumineux qu'était la métropole. Ils devaient être assez loin de chez lui, mais cela importait peu à l'instant. L'air émerveillé de Jisung devant ce spectacle l'était bien plus. Ce petit bout d'homme venu de l'espace lui rendait la vie un peu plus douce, le temps d'une nuit.

Le grisé sembla remarquer son regard insistant puisqu'il tourna la tête pour le rejoindre. Minho et ses cheveux roux, aux reflets bleutés sous les lumières des divers néons de la ville. Ses yeux à travers lesquels il lisait si bien ne semblaient à présent ne refléter qu'une seule et unique pensée ; lui-même. Le plus petit se plût à penser qu'il était la meilleure vue du jeune homme. Il dégagea une mèche de cheveux de devant son beau visage, et prit la parole doucement.

- Tu veux m'en parler ?

Le plus grand sembla sortir soudainement de sa contemplation, et hocha la tête.

- Hm, oui. C'est pas grand chose, c'est juste....

- Pas "juste" Minho, tu peux t'exprimer librement, ne réduis pas tes sentiments devant moi, n'oublie pas. Le plus jeune lui sourit. Il avait un ton presque moralisateur, mais ça lui faisait du bien.

Minho le lui rendit. 

- Je m'aime pas, j'aime pas ce que je fais, peut-être même pas ce que je suis au fond. Depuis tout petit, j'me fais invisible pour échapper à tout et tout le monde. Quand je prenais un verre dans les mains, j'avais tellement peur de le casser que je reposais aussitôt les larmes aux yeux. Je sais pas d'où ça vient, j'ai toujours eu peur de tout briser. Il détourna le regard. Et c'est arrivé, de multiples fois. Mes amitiés, mes relations familiales, mes projets, mes capacités naissantes. J'ai tout enfoui avant qu'elle naissent, comme si j'étais sûr qu'elle s'éteindraient dans le futur. J'ai l'impression de n'être qu'une enveloppe de rien, une matière translucide sans contenu. 

Ses devirent humides, et quelques perles salées semblèrent vouloir s'échapper. Jisung les cueillit de son index, et glissa ses doigts dans ses paumes. Minho les prit immédiatement et baissa la tête, tandis que le coeur de Jisung se serra. Le plus âgé semblait déborder, de non-dits retenus depuis toujours qu'un élément imprévu avait déréglé. 

- Alors quand Chan m'a parlé d'organiser une fête, tu peux te douter que j'ai refusé d'emblée. Puis il a insisté, encore et encore. Je sais qu'il ne voulait que mon bien, il est mon seul ami. Ca lui faisait tant de peine que je ne vois jamais personne, que j'ai fini par accepter. Je l'ai laissé faire pour les invitations et la déco'. Je sais pas non plus faire ce genre de choses. Il rit, un rire empreint de joie hypocrite. La seule chose sur laquelle je suis intervenu, ce sont ces masques. Ma dernière protection, je pouvais pas les laisser voir mon visage non masqué en dehors des cours tu penses bien. Il rit encore. Mais je suppose que ça s'est mal passé, comme toujours.

Lorsqu'il releva la tête, Jisung pleurait. Il pleurait de larmes claires et sincères, versées sur son sort à lui. Encore une fois, Minho se sentait compris, pleuré. Ce n'était pas de la pitié, c'était de la pure compassion, venant d'un être naïf et immensément bon envers lui. Et alors celui qui pleurait pour lui l'entoura de ses bras, dans une douceur précipitée.

- T'es pas qu'une enveloppe vide Minho. Le plus jeune lâcha d'une voix presque désespérée. Tu contiens tellement de choses, je pourrais même pas toutes les citer. On se connait que depuis quelques heures, mais pour moi c'est comme toute une vie. T'es si généreux et attentionné, ça me fait mal au coeur. N'importe qui serait d'accord avec moi. La colle pour réparer les vases tu l'as Minho, et puis t'as même pas fait exprès de les briser. Tout le monde a le droit à l'erreur, on est pas parfaits. Même sur la Lune. Y'a plein de gens horribles partout, des personnes haïssables. Et le fait que tu te compares à eux, c'est....la chose la plus insensée que j'ai jamais entendue. Quand tu parles, j'ai l'impression d'écouter l'une de ces personnes qui s'approprient l'univers et qui en font leur force, tout ce que tu dis, tu le dis si bien. Tu mérites le monde entier, Minho. Toi, et seulement toi.

Les mains du plus âgé s'étaient serrées sur sa taille et ses larmes avaient coulé silencieusement au fur-et-à mesure qu'il déversait ses opinions sur lui. Jisung mentait, il était celui qui méritait le monde. 

- Dis pas de bêtises. Jisung se détacha légèrement, juste assez pour faire rencontrer leurs orbes.

- Oups, j'avais oublié ça. Minho gloussa en portant sa main sur ses cheveux argentés. Et le plus jeune le rejoignit. 

La situation était tout sauf risible, et pourtant le roux avait envie de rire. Il avait soudainement envie de se détacher des boulet qu'il avait au pieds. Il voulait se découvrir, se faire plaisir. Trouver enfin la lumière au bout du tunnel. Il voulait le faire, pour lui, mais surtout pour Jisung. Puis le plus pagé prit conscience que ce qu'ils vivaient était sans-doute éphémère. Jisung n'était pas fait pour rester sur Terre, et Minho avait maintenant des objectifs à atteindre, son monde entier à explorer. Ils étaient voués à la séparation, du moins physiquement. 

- Jisung, faut qu'on profite. Si je veux passer du temps avec toi, c'est maintenant. J'me sens si égoïste de t'avoir près de moi, mais j'veux pas que ça s'arrête.

Le grisé le regarda, puis sourit et porta le dos de sa main sur sa joue. Cette affection qu'ils se portaient, elle était intemporelle, et jamais l'univers ne leur enlèverait. Le plus âgé pencha la tête et ferma les yeux, profitant du contact. Faut qu'on profite.

Ji, chante pour moi s'il te plaît.

Jisung écarquilla les yeux. 

- Chanter ? Minho, je n'ai jamais chanté...je-

- Je m'en fiche, ta voix est si belle que cela ne peut pas rendre mal.

Les oreilles du plus jeune rosirent, et il fronça les sourcils.

- Arrête, ce sera inaudible.

- Sûrement pas.

Le roux lui sourit et le coeur de Jisung se retourna dans sa poitrine. Il grommela quelque chose d'incompréhensible et se retourna, puis attrapa sa guitare.

- Tu permets ? il demanda au plus agé.

- Avec plaisir.

Ils s'assirent tous les deux sur un banc derrière eux, et le grisé commença à accorder sa guitare. En le regardant de plus près, il n'avait pas bien l'air d'un Terrien. Ses cheveux argentés reflétaient la lueur de son habitat d'origine, et son aura dégageait quelque chose de magique, d'irréel.

Puis quelques notes retentirent. De simples accords rien de transcendant, mais Minho se sentait déjà flotter en les entendant.

Enfin vient une voix. Claire, et précise. Sa nouvelle voix, Jisung la modulait à la perfection. Minho frissonna, il n'avait pas eu tort en lui demandant cette faveur. A ses oreilles, la voix du grisé était l'hymne du paradis. 

Ils restèrent comme ça, la voix du plus jeune, et les yeux clos de Minho. Dans leurs têtes, il n'étaient plus sur Terre. Ils étaient partout, ensemble. Et rien qu'a l'idée les deux garçons étaient remplis d'une joie indescriptible.

Puis vint l'aurore. Jisung avait mal aux doigts et jugea bon de stopper leur voyage ici. Les deux se sourirent, puis regardèrent la vue, le plus beau coucher de soleil se déroulait devant leurs yeux, l'astre engloutissant toutes les lumières artificielles. Et à la lumière du jour, une autre lumière éclata soudainement dans la guitare de Jisung.

- Hm ? C'est quoi ? demanda le plus âgé en s'approchant. 

Le grisé fronça les sourcils. Depuis quand y'avait-il quelque chose dans son instrument ? Et comment ne l'avait-il pas remarqué ? Il plongea sa main dans la cavité, et ses doigts rencontrèrent l'objet recherché. Il en sortit un poignard, à la lame visiblement d'argent. La poignée était sertie de pierres bleues et grises, qui semblaient plus chères à l'unité que sa guitare. Puis quelques souvenirs lui revinrent.

- J'crois que c'est à ma mère...il fit, hébété. Qu'est-ce que ce truc faisait dans sa guitare ?

- Un poignard ? Pourquoi ta mère aurait-elle un poignard ?

Et Jisung recouvra la mémoire. Ce poignard, c'était celui que sa mère avait utilisé pour aller sur la Lune, un peu avant de mourir.

Et il comprit. 

Il comprit que ce poignard était le signe qu'il devait rentrer chez lui, à présent. Mais pourquoi maintenant ? Ne pouvait-il pas rester quelques jours de plus ? Une nuit c'était trop court. Mais si il ne repartait pas maintenant, il ne le ferait jamais. 

- Minho, le plus âgé le regarda, toujours confus, je crois que...c'est le moment.

Et le roux comprit lui aussi. Au même endroit où la joie et la paix régnaient quelques minutes plus tôt, un nuage les recouvrit. Jisung allait partir.

Alors dans un élan d'affliction, le roux le prit dans ses bras. Il le serra si fort qu'ils en eurent presque mal, mais pour rien au monde ils ne relâcheraient leur étreinte. Minho sentit des gouttes couler dans son cou. Le contact entre sa peau et les larmes du grisé, c'était la chose la plus triste à laquelle il avait plus assister. Et enfin ils se séparèrent.

- Comment est-ce que tu dois procéder ? 

Le plus jeune se reprit légèrement, des perles salées glissant toujours le long de ses joues.

- M-ma mère avait légèrement piqué son doigt je crois...

Minho fronça les sourcils. Hors de question que Jisung se blesse, d'une manière ou d'une autre. 

- T'as pas un autre moyen ?

Le plus jeune réfléchit un instant puis son visage s'éclaira. 

- Si ! Elle m'avait raconté ,un peu avant de partir, qu'il y'avait deux moyens. Celui-là, et...euh...

Minho hocha la tête d'un air intrigué que Jisung perde ses moyens aussi facilement. Que devait-il faire au juste ?

- Il faut qu'une de mes larmes tombe sur la pierre bleue au centre du poignard, en passant par un baiser.

Les joues du roux rosirent et il sentit les battements de son coeur s'accélérer.

- ...Tu veux dire que....?

Le plus jeune détourna le regard, les oreilles rouges.

- Hm.

Le roux mentirait si il n'avait pas très envie de l'embrasser, là maintenant. Il détailla son visage déformé par une moue gênée. Il était adorable. Et puis, c'était le protocole, non ?

Alors il s'approcha doucement de son vis-à-vis. Il posa sa main sur sa taille, et l'autre sur sa joue humide de ses pleurs. Jisung tourna la tête et le regarda, surpris. Ses grands yeux noisette le fixaient, intimidés. Puis le regard du plus âgé dériva sur ses lippes, et le grisé comprit.

Lorsque Minho posa ses lèvres sur celles du plus jeune, ce fut comme si il implosait. La nuit dernière, ils avaient appris à se connaître, pleuré, rit, couru, mangé, et ils étaient tombés amoureux. Minho était tombé amoureux de Jisung, et inversement. 

Et à cette pensée, une dernière larme coula le long de la pommette du plus jeune. Elle glissa le long de sa joue, et passa pile entre leurs lèvres liées. Puis elle tomba lentement sur la pierre sertie du poignard. 

En se séparant, les deux garçons se regardèrent dans les yeux. Ils étaient tristes, mais étrangement reposés. Leurs présences mutuelles les rassuraient. 

Puis la peau de Jisung devint plus pâle, jusqu'à petit-à-petit devenir transparente. Le roux l'observa, sans rien dire. De même pour le grisé. Ils n'avaient pas envie de gâcher ce moment, en le souillant par des paroles inutiles. Ce qu'ils voulaient se dire, ils l'avaient déjà dit auparavant. Cependant, le plus jeune brisa le silence, et sa voix que Minho aimait tant retentit, pour lui parler une dernière fois.

- A bientôt, Lee.

Il ne devint bientôt plus qu'une silhouette, puis disparut. Il n'était plus là. Plus devant Minho.

Mais le roux n'était pas triste. Ils se reverraient, il le savait.  Alors, dans sa tête, lui aussi prononça son ultime message.

Je t'aime, Han.

Et tandis qu'il se retournait pour partir, la preuve de leur idylle nocturne resta posée sur le banc, comme oubliée. Même si en réalité, ce n'était pas par hasard.

Elle resterait là, attendant leur retrouvailles, invisible aux yeux du monde.

La guitare du garçon de la Lune.


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6705 mots.

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