Chapitre 1
« .... Ils avaient trouvé l'amour en trouple. Les trois garçons n'avaient plus qu'à vivre de leur passion. Les amoureux s'endormirent, épuisés, conscients de tout le temps qu'il leur resterait à passer ensemble à tester toutes les expériences sexuelles qu'ils pourraient imaginer. Ils formaient un tout !
Fin »
Haaaammmm ! Trop bien cette fin !
Je viens de terminer une romance gay érotique, nouveauté cette fois-ci, il s'agit d'un 'threesome' croustillant et chaud, qui devrait cartonner. Il marchera toujours mieux que mes traités d'histoire.
J'ai bien fait de m'installer ici, dans la campagne américaine. L'inspiration jaillis à profusion !
Je m'étire les bras tendus, en admirant les murs décorés de motifs floraux délicats du salon. J'y ai pris mes quartiers, en installant un bureau de bois en plein centre, face à la rotonde en baie vitrée.
Ici on est vraiment au cœur de la nature. L'intérieur est aussi douillet que l'extérieur est âpre. Ce que j'aime le plus dans le salon au Bow Windows, ce sont les bancs avec des coussins molletonnés qui l'agrémentent ou je peux m'étendre avec mon ordi ou mon téléphone, quand je cherche des idées.
J'ai hâte de voir ce que cela donnera cet été, je suis arrivé en septembre et je découvre la rudesse de l'hiver dans le middle West américain.
Je suis venu en connaissance de cause et je savais que la région était soumise à des hivers froids, mais le savoir est différent de le vivre. Pour l'instant, le petit français que je suis, ne regrette pas sa décision. Je baille, conscient de ne rien avoir du profil local. En réalité j'ai agi sur un coup de tête, ce qui n'est pas dans mes habitudes.
Ayant terminé mon roman, des réflexes se mettent en place puisque j'auto édite tous mes romans. Je prépare rapidement, grâce à mes logiciels de photomontage, la couverture du livre. Ce sera une photo d'un superbe male torse nu, aux abdominaux dessinés, le truc bien cliché et racoleur censé attiré tous les lecteurs. J'annonce la marchandise, puis il me faut moins de dix minutes pour déposer le nouveau volume sur la plateforme d'autoédition.
J'admire l'ouvrage quelques instants, et mes pensées dévient vers mon intendant sexy. Il doit avoir le même genre de corps parfait, enfin je suppose.
Hammm !
Je me lève de mon bureau pour aller dans la cuisine boire un verre et me dégourdir les jambes, tout groggy. J'étais inspiré et je n'ai pas bougé de la matinée. Normalement, je fais des pauses et un peu de tapis de course ou des promenades.
Il faut que je fasse plus de sport, sinon je vais devenir tout flagada et j'ai déjà des douleurs lombaires qui ne vont pas s'arranger. Je me flagelle en marmonnant car avec l'air glacial extérieur je deviens de plus en plus fainéant. Heureusement je n'ai pas de problème de poids.
Est-ce que je reprends l'écriture de mon traité concernant le roi Charles 9 ?
Après les scènes de cul que je viens de faire naitre sur mon clavier, je ne suis plus très motivé pour bosser sérieusement.
Historien spécialisé dans l'époque médiévale, je ponds régulièrement des ouvrages documentés. C'est classe dans les discussions des salons parisiens, mais ça ne gagne pas des masses.
Un soir de cafard, par dépit, j'ai écrit un court recueil érotique homosexuel. Il n'était pas question d'utiliser mon nom, Jérome Damberville, j'ai une réputation d'écrivain respectable à maintenir, alors j'ai cherché un pseudo. Je n'ai pas été cherché loin, il m'a suffi de regarder autour de moi. Une statue de marbre représentant un ange trônait sur la cheminée et le mot carmen, charme en latin, était brodé dans une tapisserie médiévale décorant le mur : Ange Charmeville était né.
Le livre s'est retrouvé en top des ventes en quelques jours et j'ai gagné davantage en un mois pour un truc pondu en deux heures que tous mes pavés historiques représentant des centaines d'heure de travail.
Henri mon mari, n'a jamais su ! je n'ai jamais osé lui avouer mon petit secret inavouable. Alors je me suis imposé la règle à laquelle j'essaye de ne pas déroger, je travaille sérieusement en écrivant cinq mille signes par jour et je dispose du temps restant pour me détendre, cela peut être des balades, du sport ou écrire des romances érotiques. Aujourd'hui, j'ai donné un coup de canif dans mon contrat moral, mais j'étais motivé à terminer le récit qui devrait plaire à mes lecteurs et j'ai hâte de lire leurs réactions.
Le ciel est d'un bleu azur, j'ai besoin de bouger et il faut que j'aille en courses aussi.
La météo annonce le premier blizzard dans quelques heures, moi j'ai l'impression que cela fait un mois que nous subissons blizzard sur blizzard, il n'arrête pas de neiger et le froid est polaire. Je ne vois pas ce que leur foutu blizzard changera !
Ici j'ai appris à conduire sur les routes enneigées.
J'enfile une laine polaire grise sur mon pull à col roulé, j'ai un jeans étroit. J'arrange d'un coup de main, mes cheveux châtains et admire ma bouille mince, mignonne. J'ai même posé dans le journal de mon mari comme mannequin. Quand je vois mon contremaitre me regarder, agacé, j'en doute parfois.
Ma doudoune est d'une des meilleures marques canadiennes pour lutter contre le grand froid. Malgré tout, quand j'ouvre la porte, l'air congelé me coupe la respiration en s'insinuant dans mes poumons. Les températures sont perpétuellement négatives et la nature semble attendre, frémissante.
Je vais aller rapidement au mall et si je suis courageux j'irais faire une balade ensuite sur le ranch. Il y a de nombreux endroits que je n'ai pas été admirer encore.
Je commence une liste mentalement de ce qu'il me faut : des légumes, des fruits en priorité. Ecrire c'est bien, mais ça ne nourrit pas son homme. J'ai envie de manger du poisson. J'en ai assez de la viande de bœuf qui envahit mon congélateur. Je ferais aussi un peu de pâtisserie, je verrais.
J'admire les écuries dans laquelle se trouvent une vingtaine de chevaux et deux cents têtes de bétails. A perte de vue ce sont des prairies et des cultures céréalières sur des centaines d'hectares, des chiffres qui donnent le tournis. La ferme s'auto-suffit pour le fourrage des bêtes. Une vingtaine de bungalows ont été construit dans le domaine pour accueillir des vacanciers, cependant l'activité n'a pas connu un grand succès.
Le ranch Harper, de la famille du même nom, a été mis en faillite l'an dernier et saisit par les banques avant d'être revendu. Le propriétaire est en prison pour dette, les lois du pays sont sévères.
Sans être sûr que ce soit bien raisonnable, je l'ai acheté et ensuite j'ai accepté qu'un des fils soit mon contremaitre, Jay Harper.
Je me dirige vers les camionnettes de la propriété, les quatre véhicules beiges avec la mention du ranch et un logo usé sont garés dans un garage ouvert, la porte volet qui permet de les fermer est à moitié rabattu, ce qui est une nouveauté.
Les ouvriers travaillent dans l'écurie, ils réparent un truc quelconque et Jay vient déjà à ma rencontre.
─ Patron ?
Il a un accent du middle West a coupé au couteau. Je hoche la tête, d'un bref salut.
Je ne m'y ferais jamais à ce titre immérité. Généralement, quand il me parle, c'est pour me faire sentir que je suis con et que je me débrouille comme un manche. Trois ouvriers et le contremaitre vivent au ranch avec moi, mes employés que je loge. Ils s'occupent de tout, sans me consulter.
Je suis chez moi, sur ma propriété et ce sont mes voitures.
─ Je vais en course, je n'ai plus grand-chose pour moi, il te faut quelque chose ?
Mon portable émet une notification bruyante, un coup d'œil rapide me permet de découvrir que j'ai déjà un premier avis favorable avec cinq étoiles sur le site pour mon nouveau bouquin. Je souris tout content à la lecture des compliments. J'ai bien faire de le terminer aujourd'hui.
Je relève la tête, Jay me fixe ... fâché.
─ Tu m'as entendu ?
─ Pardon, j'ai été distrait, je dois te prendre quelque chose ?
─ Patron, il y a une tempête de neige qui arrive, il ne faut pas sortir ! On barricade tout.
Je grimace.
─ Aaaaaahhhhhh !
Ce long cri que je marmonne, permet de masquer ma gêne. Je viens de comprendre qu'ils clouent des planches sur les fenêtres des écuries pour tout calfeutrer. Ils ne rigolent pas avec la sécurité des animaux. Mine de rien, cela abime les boiseries et c'est moche, il faudrait prévoir des volets comme pour les maisons. Bon je disgresse encore. J'espère que mon contremaitre n'a pas capté, que je viens seulement de comprendre ce qu'ils faisaient.
─ J'en ai pour une heure maxi à aller au Mall et les camionnettes ont des pneus neiges. La tempête arrive dans la nuit, non ?
Ils en ont parlé au journal hier soir. Je regarde la neige qui recouvre tout, je dirais que ce ne sera pas pire que d'habitude !
─ Je t'accompagne dans ce cas ! rétorque mon beau gosse.
─ Non pas la p...
Il est déjà monté dans le véhicule, le moteur est allumé, en faisant un signe de tête à ces gars. Genre, je suis obligé de m'occuper... du débile, continuez ce que nous faisions.
Ils sont tous mes salariés, c'est moi qui verse les salaires, c'est moi le patron, mais dans les faits, on ne dirait pas.
─ Bon je n'aurai pas à stresser pour la conduite dans la neige, cependant l'idée de passer vingt minutes avec lui dans le mince habitable et autant au retour m'ennuie. Mon self contrôle va être mis à rude épreuve. Pas question de passer pour un idiot en changeant d'avis, ce n'est pas l'envie qui m'en manque.
Résigné, je m'installe sur le siège passager, mes yeux se posent sur sa cuisse musclée qui tend son jeans. Je me rengorge, m'efforçant de détourner le regard.
Il m'a plu tout de suite à ma descente d'avion, emportant tout sur son passage. Je me suis heurté à sa beauté masculine. Jay l'ignore, mais il est mon fantasme personnifié. Il est la raison secrète pour laquelle j'ai acheté ce ranch, pas lui personnellement, mais toutes mes lectures débiles sur les beaux cow-boy torrides et gay, bien-sûr.
Lui ne doit pas l'être, cependant ! Il est beau, glacial et pro. Tout ce que je dis, toutes mes actions, le font soupirer.
Je ne dois pas oublier que je suis l'étranger qui a racheté le ranch de sa famille.
Le shérif Monroe est venu me rencontrer peu de temps après mon arrivée. Lui aussi est le cliché ambulant de sa profession, comme dans les films. Il était serré dans son uniforme brun du comté sur son ventre distendu, avait les lunettes de soleil aviateur, les santiags.
Il m'a engueulé de m'être mis en danger pour avoir embauché Jay. J'ai eu le droit à un sermon ou il m'a expliqué que mon contremaitre était dangereux et qu'il risquait de me tuer. Il a averti Jay devant moi, que s'il m'arrivait quelque chose, il serait le premier suspect. Ensuite il a craché sur les bottes de mon cow-boy, alors que je ne savais plus où me mettre. J'ai eu l'impression de me retrouver au milieu d'un duel du far-West. J'y étais, d'ailleurs, pour de vrai.
La menace était sérieuse quand même ! Son père et son frère sont en prison non seulement pour dettes, mais également pour coups et blessures, car ils ont agressé un huissier. Jay, lui, a une injonction de se présenter au poste de police du comté toutes les semaines.
Le shérif m'a lâché glacial qu'il a déjà tué quelqu'un.
C'était déjà trop tard, j'étais déjà fasciné par lui, incapable de le virer, de toute façon je n'ai jamais viré personne. Alors j'ai promis au shérif de faire attention.
J'admire Jay conduire, ses mains larges, sexy effleurent le volant. Il décide de tout, sans jamais me consulter et se contente de me donner les factures à payer.
Je ne sais pas à quoi il occupe ses loisirs, je me demande s'il a une petite amie.
Je suis curieux, mais mes interrogations restent sans réponse.
L'arme accroché à sa hanche et la carabine qu'il a pris en plus d'un gros sac à dos me dissuade de dire une bêtise. Pour m'éviter de le mater, je me connecte sur la plateforme de publication des livres pour contrôler les ventes de mes romans.
J'ai écrit dix livres historiques documentés. J'ai même obtenu un prix prestigieux pour l'un d'entre eux et mes travaux ont contribué à éclairer des pans importants de notre passé. Des critiques littéraires ont parlé de découvertes majeures. Je prétends que mes revenus proviennent de ces livres, c'est un beau mensonge. Je les ai mis à 14 euros 99 en français et à treize dollars sur le marché américain, en plus je me suis paluché les traductions. Ils n'ont pas eu une seule lecture au cours du dernier mois.
Un dérapage me fait lâcher mon appareil. Je sursaute, relevant le nezpour constater que la camionnette est sortie de la route, droit dans un champ.
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