Chapitre 4 - Arc 1-
J'étais tétanisé par le froid sur le quais de ma petite ville de campagne. Mon portable quasiment déchargé j'envoyai un simple message à Chloé :
De moi
Ça a clashé... j'essaie de rentrer à mon appart mais y a plus de train. J'ai plus de batterie donc tqt si je réponds plus. Kiss...
Mes doigts étaient engourdis par le froid. J'enfouissais mes mains dans les poches de mon sweat et m'assis sur un banc en ramenant mes jambes contre moi, tentant en vain de garder un peu de chaleur dans mon corps. Un sourire sans joie se dessina sur mon visage gelé lorsque je songeai aux choses qui avaient changé, à ce chemin parcouru pour m'affirmer comme l'homme que j'étais depuis toujours. L'engourdissement se transforma progressivement en douleur. J'avais maintenant l'impression que mon corps était en phase de devenir bois. Lentement le froid s'empara du peu de conscience qu'il me restait.
Je perdis la notion du temps et sursautai lorsqu'une main empoigna mon épaule et me secoua vigoureusement.
- Julien ! Oh Julien ! Réveil toi bon sang !
Cette voix.... J'ouvris les yeux. Là, devant moi, avec le regard inquiet, se tenait Will. Me voyant reprendre conscience il me prit dans ses bras avant de retirer sa veste polaire pour la placer sur mes épaules.
- Viens dans ma voiture, tu es frigorifié mon dieu... depuis combien de temps es tu là bordel ? Tout en parlant il m'aidait à marcher en me frictionnant les épaules. Chloé m'a appelé en me disant que t'avais besoin d'aide...
Les seuls mots que je pus prononcer furent "désolé, tout est de ma faute" précédant ma chute dans un sommeil profond, accompagné par le chauffage et la respiration régulière de William.
Lorsque je rouvris les yeux la lumière des lampadaires m'aveugla. Lentement, en m'appuyant sur mon bras gauche je me redressai. Will était au volant de sa vieille Seat qui roulait seulement par le bon vouloir de Dieu.
Un virage me déséquilibra et je m'affaissai dans la banquette arrière. Je devais avoir lâché un juron car Will ricana avant d'actionner ce que j' identifia être un clignotant puis stoppa le moteur.
Je réussis enfin à m'asseoir, voyant briller les yeux de William dans le rétroviseur.
- Qu'es ce que tu es venu faire ici ?
- Je te l'ai dit .. Chloé m'a appelé. J'allais pas te laisser seul dehors.
- Chloé habitait beaucoup plus près..
- Elle n'a pas de voiture.
- Mais...
Je n'eus pas le temps de finir qu'il se contorsionna pour venir m'embrasser. J'étais choqué. J'en perdis mes mots.
- J'aime bien ta tête quand tu es choqué !
Il rit, d'un rire roque et virile mais qui me fit fondre.
- heu ... où on va ? demandais je pour cacher mon embarras.
- Chez moi ! Y a largement assez de place pour deux ! 15 m2, ça passe hein ?
Il n'habitait qu'à 5 minutes en voiture de chez moi... il aurait pu m'y déposer... Son appartement avait beau faire quasiment le double du mien il ne comportait qu'un lit, une cuisine et une salle de bain.. Je fus gêné quand il jeta mon sac sur le lit et qu'il s'empressa de ranger ses affaires au sol.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda-t-il devant mon air hagard.
- Heu.. je me demandais.. enfin... pour dormir...
- Ah ça ! Il explosa de rire. Soit tu accepte de faire collé serré avec moi. Il eut une étincelle dans les yeux. Ou sinon j'ai un matelas sous le lit et un duvet. Je te laisse volontiers le lit !
- Heu ...okay..
Je devais avoir l'air d'un gamin ne sachant pas où se mettre chez des invités pour ne pas gêner. Finalement je pris comme convenu le lit et William le matelas. On se coucha vite... j'étais épuisé et impatient de tirer un trait sur cette journée. Au moment où mon cerveau était partagé entre sommeil profond et partiel je sentis mon bras tomber, j'étais incapable de le retenir. Il frappa légèrement Will qui colla sa main dans la mienne et entra-lassa ses doigts entre les miens...
Avez vous déjà vécu ce genre de nuit où, sans vous en rendre compte vous changiez de positon ? Non ? Bah il m'arriva cela durant la nuit car au petit matin, lorsque j'ouvris les yeux, je n'étais plus dans mon lit mais aux cotés de Will, plaqué entre mon lit et son dos. C'est ridicule de tomber du lit à 18 ans merde... J'essayai de me redresser mais dès mon premier mouvement je sentis les muscles de Will se contracter... Rester immobile. Ne pas bouger. Quelle heure était il ? J'aperçus mon téléphone sur la table... si je tendais le bras... encore un peu... un peu... Je l'attrapai enfin !
De maman
Pardon je t'aime...
26 appels manqués
De maman
Tu es où ?
- Ne leur répond pas...
La voix endormie de Will me fit sursauter. Il eut un petit rictus en voyant que j'étais tombé dans son lit.
- Bien dormis, demanda t il les yeux plein de malice.
Je me dépêchai de rejoindre mon lit, les joues en feu.
- Heu... oui et toi ?
- Comme un bébé... Il s'étira. Chocolat chaud ? Désolé mais le café..beurk quoi.
Sa tête de dégoût était juste magistrale. Je ris en acceptant l'offre.
Pendant le petit déjeuner nous parlâmes de mes parents... de leur réaction.. Will m'écouta sans m'interrompre jusqu'au terme de mon récit. Puis il se confia à son tour.
- Tu sais, cet appart' ? Je le paye moi même. Non pas que mes parents soit mort... enfin pour moi c'est tout comme mais bon... Je travaille au Burger Club...si ça te branche un soir...
Il était comme moi... l'humour quand tous deviens dur à dire.
- Bref ! Tout ça pour te dire que mes parents m'ont jeté dehors pour le simple fait que je sois gay. En me laissant juste prendre mon sac et mes papiers. Je ne leur avais présenté personne, ni même dit en face... j'avais juste oublié d'effacer mon historique internet si tu vois ce que je veux dire. Il rit de nouveau. On est des déchets de cette société, le caillou dans sa chaussure. Après avoir été lâché par ma famille je me suis dit que j'allais en être fier et ne plus me cacher et peut être qu'un jour la société marchera pieds nus, sans chaussure. Désolé pour la métaphore pourrie...
Je le pris dans mes bras et le serra de toutes mes forces. Puis lui murmura :
- Le bisou que tu m'as donné dans la voiture... c'était une déclaration ?...
On aurait dit un gosse de 5 ans ...
- À moins que tu y sois opposé... oui. Mais je voulais quand même m'en excuser... Niveau demande de consentement tout ça... J'ai pas été au top. Désolé...
Cette fois je fis le premier pas et l'embrassai doucement.
Désormais, ensemble, nous seront les plus gros caillou de cette société.
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Et voici la fin de cette quatrième partie.
J'ai hésité à l'écrire de cette manière. La manière dont le temps s'écoule dans l'histoire est assez atypique, tantôt une semaine tantôt un jour, j'espère ne pas vous perdre ou vous faire penser que tous va trop vite.
N'hésitez pas à me le dire si c'était le cas !
Bref, la petite partie importante de ce passage c'est que Will n'est pas si safe que ça, même s'il s'en rend compte et s'en excuse le "mal" a été fait. Le consentement c'est la base des relations sociales, le respecter est primordial, se remettre en question l'est tout autant.
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