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TROIS - Famille


A mi-chemin entre la librairie et la maison de mes parents, je me détendis sur le banc qui longeait la rivière, dans un petit kiosque au charme discret. Je fouillai mon sac, voulant profiter du calme pour lire un peu avant de rentrer. Le seul bémol de ce lieu résidait dans le fait qu'il était entouré par la route. Mais peu importe, quand je lisais, les sons autour de moi semblaient annihilés.

Je tournai quelques pages du vieil ouvrage et lus un passage ou deux. À l'intérieur, il y avait des sortes de recettes, dont une en particulier attira mon attention. Les mots écrits à l'encre dorée semblaient gravés sur le papier.

Voyageur, Ô voyageur,
Prenez un récipient pouvant contenir un corps humain,
Remplissez d'une eau sans brûlure ni froideur,
Versez donc du laurier émietté et les épines de pin,
Et les essences de roses chauffées et refroidies.
Remuez énergiquement, observez l'eau former moult tourbillons,
N'oubliez pas, après vous être complètement dévêtit, 
De vous recouvrir  toute votre chair de la divine concoction.
Pensez à Mondradian et ses sublimes contrées,
En plongeant dans ce bain d'essences, savourez ce mélange apaisant.
Détendez-vous jusqu'à sentir le sommeil vous amener,
Voyageur, Ô voyageur, dans la source de Mondradian.

Je me demandai un instant si « Mondradian » était un équivalent aux bras de Morphée et me questionnai sur cette recette étrange. De premier abord, je réfléchissai sur la signification de ce poème. Un récipient pouvant contenir un corps humain où on mettait des herbes aromatiques et de l'eau tiède ? Pour moi, ce ne pouvait être qu'une chose : un bon bain relaxant.

Ce livre paraissait très ancien et cette recette me semblait parfaite pour me détendre alors je m'étais imaginée à quel point ce pourrait me faire un bien fou, d'être immergée dans une eau aux odeurs agréablement fleuries. Laurier, épines de pin, essences de roses... mais il fallait aussi tout un tas d'ingrédients pour faire une sorte d'huile corporelle, dont les instructions étaient notées sur la page précédente attitrées de la mention « concoction bénie ».

Je pris la décision de l'essayer au plus tôt. Me levant pour rentrer, je déviai un peu de ma route pour rejoindre une herboristerie. C'était la seule de la ville, et manque de chance, elle était fermée entre onze et treize heures. J'irai acheter les plantes séchées en fin de journée, après l'examen de russe qui durait trois heures.

Je ne savais pas si j'allais tester l'huile corporelle, car ça avait l'air vraiment pénible à fabriquer. Mais la recette me fit penser immédiatement à une potion tout droit sortie d'Harry Potter, à ceci près que les ingrédients avaient l'air plus inoffensifs. Alors je me disai que je pourrai faire l'effort de la tester, cela pourrait être une révélation.

Je ne savais même pas si j'allais pouvoir trouver tous les ingrédients. Pour l'huile de coco, la sève de bouleau et l'huile de sésame, c'était facile, mais pour le reste, je sentais que ça va être coton ! Heureusement, je pouvais trouver la majorité de ce genre de produits alimentaires et naturels dans les supérettes spécialisées dans l'agriculture biologique et les produits sains. 

J'arrivai à mon immeuble de trois étages, encore perdue dans mes pensées. Montant les marches, je m'arrêtai devant la première porte de la cage d'escaliers. Quand je l'ouvris, je pus sentir des effluves épicés, signe que c'est ma mère qui cuisinait.

— Je suis rentrée ! criai-je en retirant mes chaussures, déposant du même coup mon sac à l'entrée.

— 你吃了吗? demanda ma mère depuis la cuisine.

— 吃了你呢, répondis-je en souriant.

Visiblement, elle avait décidé de cuisiner un plat épicé chinois, vu la langue dans laquelle elle me parlait. Je trouvais cela amusant, en rentrant chez moi, de ne jamais savoir sur quel pied j'allais devoir danser. Tout à coup, sans m'y attendre, les pensées qui défilèrent dans ma tête furent en anglais. Je passais sans arrêt du français à l'espagnol dans mes réflexions, mais rarement en anglais puisque ce n'était pas une langue maternelle.

— Papá, criai-je, ¿estás ahí?

— Sí mi hija. Estoy en la sala de estar!

Je me rendis alors au salon, un grand sourire sur le visage. Mon père était là, des cernes sombres sous ses grands yeux bruns bordés de longs cils noirs. Je sautai sur le canapé à ses côtés et le serra dans mes bras avec force. Ses bras mates contrastaient avec les miens, d'une nuance plus claire. Si j'avais hérité de sa chevelure sombre, j'avais clairement la peau de ma mère, d'un beige presque orangé.

¿Aprobaste tu examen?

— Sí, fue demasiado fácil.

Ma mère arriva dans la pièce et posa un gros plat en céramique sur la table à manger qui se trouvait un peu à l'écart du salon. Elle nous fixa de ses yeux verts, les sourcils châtains froncés, sans dire un mot. Il fallait croire que son pouvoir fonctionna car mon père et moi-même nous levions dans la seconde pour venir nous installer à table. 

— Alors ma chérie, comment se sont passés tes cours ?

— Je n'ai plus cours, c'est ma période d'examens, déclarai-je en haussant un sourcil, l'air grave.

Elle n'avait pas encore oublié, si ? Il fallait dire qu'elle partait souvent à droite et à gauche, toujours trop occupée par son travail. Je ne pouvais pas me plaindre de ne pas être entendue, même moi j'avais du mal à comprendre en quoi consistait son travail. Je savais uniquement qu'elle était employée par Galeries Lafayette et s'occupait de l'import-export de l'entreprise, surtout dans les branches asiatiques. Ces deux dernières années, elle avait passé autant de temps en Chine qu'à la maison.

— Ah oui, c'est vrai. Tu as réussi ?

Mon père se retint de rire en me jetant des coups d'œil.

— Pourquoi ris-tu, Ruben ? s'énerva ma mère, piquée au vif.

— Désolé, c'est juste que je viens de lui poser la question. C'était apparemment facile, répondit-il à ma place.

— C'est à ma fille que je parle, pas à toi que je sache !

Mon père lui tira la langue et la réaction fut immédiate : ma mère se jeta sur lui toutes griffes dehors et lui agrippa les épaules avant de se pencher vers ses oreilles.

— Ruben Maximiliano Agustion Figueres !

Quand elle l'appellait par son nom complet, ce n'était jamais bon signe pour lui, mais il ria de plus belle en attrapant ses poignets avec délicatesse. Il se lèva et se retourna face à elle, la dominant de quelques petits centimètres, en déposant un baiser sur son front puis sur sa joue.

— La colère te va bien, Sylviane. Mais ton plat va refroidir. Tu veux vraiment m'obliger à te kidnapper pour t'enfermer dans notre chambre ?

Je roulai des yeux avant de soupirer. Et voilà, ils recommencaient, ils se croiaient en lune de miel ?

— Votre unique fille entend et voit tout, mais ne faites pas attention à elle, surtout !

— Je vais finir par demander le divorce, répondit ma mère de manière dramatique, tout en m'ignorant royalement.

— Mais chérie, on n'est même pas mariés !

— Tu n'as pas tort... pour une fois.

Elle déposa ses lèvres sur celles de son compagnon et je détournai brièvement le regard, pour éviter de voir mon père lui pincer les fesses avant qu'elle ne retourne s'asseoir. Je soupirai une fois encore et attrapa la cuillère du plat pour me servir. Il s'agissait de bœuf épicé, sauté aux légumes avec je ne savais pas combien d'épices. Rien que l'odeur faisait saliver, tant cela promettait d'arracher la bouche.

— Je sers le riz ! s'exclama mon père en emportant les trois bols dans la cuisine.

Il revint rapidement et déposa les contenants devant nos assiettes remplit de viande et de légumes englués dans la sauce piquante. Il servit un verre de thé froid à ma mère et celle-ci le couva du regard amoureusement.

Te quiero cariño, murmura-t-il.

— Je t'aime aussi, espèce d'idiot.

Elle se retint de rire et je pouvais presque deviner qu'ils se faisaient du pied sous la table, comme deux adolescents. Ils souriaient en se regardant et attaquaient le plat dans une synchronisation parfaite. Ils se chamaillaient comme des gamins, à croire que je n'existai pas.

— Tu ne manges pas, Liselotte ? demanda ma mère, l'air soucieux.

Je la regardai avec étonnement et retrouvai le sourire. Je cherchai mes couverts à tâtons avant de voir mon père piocher quelque chose dans mon assiette.

— Fais "ah", fit mon père en me tendant mes baguettes, où il a coincé un bout de poivron vert.

Il me faisait tellement rire que j'eus du mal à attraper le morceau. La sauce me brûla immédiatement les lèvres et la langue, si bien que je me jetai sur mon verre de thé glacé. Je fus aussitôt imitée par mes parents, avant que nous éclations tous de rire.

— J'ai peut-être mis un peu trop de piment, plaida coupable ma mère.

— Mais non, promis-je en souriant. C'est vraiment parfait, comme ça.

Je saisis ma cuillère pour prendre du riz et déposa du bœuf épicé sur le dessus à l'aide de mes baguettes. Ma langue et ma gorge semblaient chauffer, mes narines brûlaient également. Je mâchai en encourageant mes parents du regard, qui se calquèrent immédiatement sur mes actions. C'était plutôt rare que nous puissions tous manger ensemble et ce repas en famille était tout à fait ce dont j'avais besoin.

Nous ne parlions pas beaucoup, se contentant de finir nos bols et nos assiettes, en vidant tout le thé glacé. Après le repas, je débarrassai la table avec mon père et nous faisions la vaisselle, laissant ma mère choisir un programme à la télévision. 

Il me restai encore une petite heure avant mon prochain examen alors je m'installai à côté de ma mère, qui plaça aussitôt son bras sur mes épaules. Je lui tendis un esquimau, moyen de survie essentiel à la chaleur de l'été. Nous commencions alors à dévorer nos glaces sans attendre.

Attendri devant le tableau que l'on devait former, mon espagnol de père vint nous gêner en embrassant nos deux fronts, avant de finalement s'asseoir à ma gauche. Son bras passa également derrière moi, il en profita pour placer sa main dans les cheveux de ma mère, qui gémit de bonheur. Il ne perdit pas de temps avant d'attraper la troisième et dernière glace sur la table basse. Avec une seule main, il peina à l'ouvrir et me fit tant pitié que je déchirai le plastique à sa place. Comme lui auparavant, je lui glissai dans la bouche en riant sous ses mimiques qui prouvèrent qu'il venait de se geler la langue. 

Les glaces furent trop vite finies et la fatigue se fit sentir à cause de nos estomacs remplis et de l'air chaud ambiant, accentué par notre proximité. Nous posions les bâtonnets de bois sur un sachet de glace et nous recroquevillant davantage l'un contre l'autre, nous profitions de notre complicité. Les deux têtes de mes parents étaient contre mes épaules, je me sentis à la fois en sécurité entre leurs bras mais également en trop, il fallait dire qu'ils m'écrasaient légèrement.

Quand l'heure défila et que je dus partir, je tentai de me lever avec délicatesse pour ne pas les gêner. Ils s'étaient tous les deux endormis et glissèrent lentement l'un vers l'autre, s'agrippant ensemble, encore pris dans leur sommeil brumeux. J'attrapa mon portable et actionna l'appareil photo. Ils étaient avachis dans des positions improbables quand je les capturai en image. Ce fut avec un grand sourire ému sur mes lèvres que je la mis en fond d'écran.

Je sortis de la pièce sur la pointe des pieds, de peur de les réveiller. Enfilant mes chaussures et soulève mon sac à dos, je réalisai qu'il pesait étrangement lourd au bout de mon bras. Soudain, mes achats me revinrent et j'ouvris la fermeture pour attraper les livres, que je posai sur le meuble à chaussures.

Juste avant de sortir, je jetai un dernier coup d'oeil à la couverture en cuir vieilli du livre de recettes et je souris malicieusement. Je fermai la porte avec douceur pour ne pas réveiller mes parents, donna un tour de clef et descendis l'escalier. Je sautillai joyeusement, avec l'envie croissante de pouvoir prendre un bon bain en fin de journée !

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