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DEUX - Livres


Je retournai la fiche et parcourus d'abord la fiche des yeux où figurait une vingtaine de questions ouvertes. Je souris intérieurement, soulagée. Au moins, le contrôle n'allait pas être trop facile.

Au long, j'observai le dos de David, penché devant la table. Il écrivait déjà à toute vitesse sur les feuilles de brouillon rose bonbon qui trônaient à sa gauche. Tiens donc, je n'avais jamais réalisé qu'il était gaucher. La fébrilité de David m'en bouchait un coin. Je devrai peut-être lui avouer que si je réussissais si bien ce genre de tests écrits, c'était à cause d'une capacité que je ne pouvais contrôler ? Mais je ne saurai même pas comment m'en approcher de manière naturelle, puisque je ne le côtoyais pas vraiment.

Je m'interrogeai sur la méthode qui était la plus évidente mais je ne trouvais rien. Je n'avais jamais trop parler avec des garçons, ayant toujours ou presque zigzagué entre divers groupes féminins. Ce qui expliquait peut-être que je semblais si réservée face aux hommes tandis que je me montrais téméraire et extravertie avec les femmes.

Je chassai ce problème de ma tête en lisant finalement la première question. C'était parti !

***

J'étais anéantie. Il n'était pas encore dix heures et j'avais déjà rédigé tout mon brouillon. Je fixai les feuilles jaunes criardes d'un air coupable. Je recopiai les mots avec lenteur sur la copie d'examen car nous ne pouvions sortir qu'à partir de dix heures et demi. Mais mon poignet moulinait, traçant lettres et phrases, les unes après les autres. Je posai la mine du stylo, puis l'enlevai du papier. C'était le point final.

Il me restait encore plus d'un quart d'heure à tuer, donc je m'appliquai à souligner proprement chacune des questions. Puis j'effectuai une relecture, suivie d'une seconde.

Finalement, n'en pouvant plus de cette attente interminable, je m'allongeai sur la table, la tête tournée vers l'une des rares fenêtres qui n'était pas obstruée par un lourd rideau opaque. Il fallait dire que le sien s'était décroché, pendant misérablement. Depuis cette ouverture, je ne pouvais voir que le bâtiment d'en face et le bitume qui recouvrait tout le sol autour de l'université. Alors j'observai les gens passer, quand il y en avait.

Ma joue moite se colla contre le bois foncé de la table quand je tentai de la soulever. Il faisait une de ses chaleurs, je sentis aussi que mes cuisses semblaient scotchées sur mon assise. J'observai la montre posée à même la table, ouvrant les deux yeux avec surprise. Il était dix heures vingt-six, enfin !

Je commençai à rassembler ma copie d'examen et mes brouillons, en poussant mes stylos au bout de la table pour les récupérer avant de sortir. Sarah se mit à paniquer en me voyant ranger, pourtant elle devait savoir depuis le temps que je sortais presque toujours en avance !

Le pied de mon amie se mit bouger nerveusement, sa main gauche coincée sous son ventre et sa droite crispée sur son stylo. Je la voyais se mordre les lèvres mais je cessai de l'observer, de peur que l'on puisse croire que je lui donnais des conseils. Manquerait plus que les surveillants pensent que l'on trichait !

J'encourageai muettement Sarah, après tout le marketing international, c'était la matière où elle cartonnait le plus.

Dès que l'aiguille descendit tout en bas du cadran, je me levai. Je fus imitée par plusieurs personnes, qui n'étaient pas forcément les meilleurs étudiants. Probablement ceux qui n'appréciaient que moyennement ce cours. Des chuchotements commencèrent à s'élever, immédiatement interrompus par la voix aiguë d'une surveillante.

— Veuillez sortir dans le silence, je vous prie. Pensez aux étudiants qui n'ont pas encore fini.

Aïe, sa réplique devait piquer les « retardataires ». Je souris malgré moi en parvenant devant David. Il avait les cheveux ébouriffés à force de les tenir avec désespoir et ses yeux bruns me fixèrent d'un air énervé.

« Bonne chance » je mimai avec ma bouche, en lui lançant un clin d'œil. Ce faisant, j'étais probablement taquine en grande partie mais je lui souhaitai sincèrement qu'il réussisse, quoi qu'il ait pu en penser. Je déposai ma copie en présentant ma carte d'étudiante et ils vérifièrent rapidement ma convocation. Je pus alors signer mon nom sur la feuille de présence et sortis récupérer mes stylos et mon sac à dos en lançant un signe de la main à Sarah, qui me souriait nerveusement.

Enfin dehors, je m'étirai et me rendis à l'arrêt de bus une fois encore. Cette fois-ci, je ne me pressai pas le moins du monde : le prochain examen était à quatorze heures. J'avais un peu de temps libre avant l'heure du déjeuner, donc je pris la décision de m'arrêter sur le trajet, faisant un détour par les rues commerciales. Je me rendis à ma boutique préférée, méconnue de la grande majorité des habitants.

Pour y aller, je devais d'abord m'enfoncer jusque dans les ruelles piétonnes où presque personne ne mettait jamais les pieds, à moins de vouloir absolument se rendre dans une des boutiques qui survivaient encore là-bas.

Malheureusement, presque toutes les devantures étaient fermées, leur rideau de fer clos étant souvent couvert de graffitis hideux. Quoique, quelquefois de beaux et artistiques motifs surgissaient des murs pour former un graphisme digne d'être nommé street art.

Je bifurquai ensuite à gauche, dans une allée un peu plus ouverte et large. Ici, des voitures passaient, mais il s'agissait surtout de riverains venus déposer leurs véhicules dans les parkings souterrains, tout au bout de la rue.

De loin, je vis déjà une pancarte aux tons bordeaux, rouillée sur le dessus. Je pouvais y lire, si je m'approchai suffisamment, « Au fil des mots ». L'inscription était suivie d'un logo amusant représentant un livre ouvert où les phrases semblaient dégouliner en formant une sorte de ruban qui s'envolait.

La vieille librairie était bien ouverte, même si la lumière brillait faiblement à l'intérieur. J'ouvris la porte en poussant bien fort sur le cadran car son bois était un peu gonflé par la pluie qui était omniprésente dans la région. La clochette retentie vivement, agitée par le mouvement. À peine fus-je entrée que je fus envahie par l'odeur qui émanait du lieu. L'endroit sentait le vieux cuir et l'encre de chine mais il y avait un relent plus puissant encore, comme une légère odeur de moisissure, prouvant que la majorité des ouvrages étaient d'occasion, vieux comme le monde.

Des piles d'ouvrages posés sur de vieilles tables formaient d'immenses colonnes qui montaient jusqu'au plafond. Un rayon à l'entrée de la boutique proposais les livres les plus récents et les ouvrages de voyages. C'était avec eux que j'avais trouvé cet endroit et il ne me faisait jamais défaut. Je feuilletai les recueils avec intérêt, ayant hâte d'être au jour où je pourrais visiter tous ces pays.

Contournant plusieurs tables couvertes de tas de livres branlants, je me faufilai dans l'arrière-boutique. J'y trouvai comme prévu le libraire, qui paraissait aussi vieux que sa bicoque avec ses traits tirés et sa forte odeur d'eau de Cologne. Sa peau sombre contrastait vivement avec sa chemise blanche éclatante, encore plus visible quand il montrait ses dents en m'offrant un beau sourire. Je lui posai quelques questions, à propos d'un livre qu'il devait recevoir en début de semaine et l'homme finit par m'indiquer une étagère spécifique où s'alignaient des centaines de dictionnaires de toutes les langues.

— Mon p'tit, si tu trouves pas ton bonheur tu m'le diras. Je peux te faire commander d'autres dicos aussi.

— D'accord, merci beaucoup Franklin.

Le bonhomme sourit d'un air entendu et chaussa de nouveau ses lunettes, retournant à sa lecture d'un livre à la couverture abîmée. J'analysai alors le rayon et comparai les dictionnaires qui s'y alignaient pour finir par trouver celui que je voulais. Il s'agissait d'un dictionnaire de coréen, qui était à mon sens bien construit, illustré et expliqué. Il venait tout juste de sortir et j'étais heureuse de le trouver ici. Je préférai dépenser mon argent pour aider Franklin, plutôt que le prendre à la FNAC du centre commercial. Je le glissai sous mon coude et me dirigeai vers la littérature de jeunesse.

Le troisième tome de la trilogie que je lis actuellement venait de sortir, j'en attrapai aussitôt un exemplaire en observant les couvertures aux couleurs criardes qui composaient le rayon. Je choisis alors un autre livre, presque au hasard. Si l'histoire me paraissait plutôt agréable, je le pris surtout grâce à la douceur de sa couverture, car elle ressemblait un peu à une peau de pêche.

Je retournai vers le vieux libraire en jouant des coudes le long du petit corridor. Les rayonnages étaient si étroits que j'étais obligée de m'y déplacer à la manière d'un crabe. En me retournant, mon bras se cogna contre une colonne de livres trop instable en la faisant malencontreusement tomber. Une pluie d'ouvrages se déversa tout autour de moi dans un bruit de papier qui se froisse.

Franklin arriva en grognant, mi-irrité, mi-stressé tandis que je grimaçai de peur de me faire méchamment réprimander et virer à vie de la boutique. Mais devant la vision de l'étudiante que j'étais, accroupie au milieu des livres qui étaient éparpillés tout autour de moi, le vieux monsieur montrait une attitude non pas de colère mais de crainte.

— Oh pardon mon p'tit, c'est si mal rangé ! J'voudrai bien avoir plus de place pour que tout tienne dans les étagères, mais bon. C'est soit ça, soit j'peux pas accepter tous les livres qu'on m'donne. Et ça me f'rait trop d'peine de voir tout ses merveilleux livres jetés à la poubelle.

— Vous inquiétez pas, c'est ma faute. J'aurai dû faire plus attention.

— Mais non, mais non. Tiens, pour la peine, tu peux en prendre un d'ceux là. Tu viens souvent, tu es bien gentille. Si y'en a un qui t'plaît, j't'en fais cadeau !

Je m'apprêtai à refuser poliment quand je ramassai l'un des livres tombé à terre. Le titre presque effacé cachait son identité mais le cuir poli et les pages jaunies éveillèrent ma curiosité.

— Oh je... je ne veux pas... vous n'êtes pas obligé !

Je ramassai les autres livres et les reposai sur la table en les alignant du mieux que je le pouvais. J'avais encore le dernier livre en main, devenant incapable de le remettre en haut de la pile et de l'abandonner dans cet endroit. Les mots du libraire m'avaient fait un peu chavirer, j'avais tout à coup peur que tous ces ouvrages ne finissent leur vie avec Franklin sans qu'ils ne soient plus jamais lus. La main posée sur le vieil objet, je ressentis comme un besoin de le posséder, sans comprendre pourquoi. Le contact de la couverture, chaud et doux, acheva de me conquérir.

— En fait, je crois que je vais garder celui-là, fis-je, convaincue par mon choix.

Ce fut ainsi que le livre de Mondradian fut acquit par ma personne, exemplaire unique d'une particularité extraordinaire. Mais au moment où je le glissai dans mon sac quand je payai mes deux autres ouvrages, je l'ignorai encore.

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