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Psychose

Cela faisait bien quelques heures à présent qu'il tournait en rond dans son laboratoire, envoyant valser à grands coups de pied les éprouvettes qui avaient le malheur de se retrouver sur son chemin. Toutes se cassaient sous la force de ses coups, certaines répandant un contenu hautement corrosif sur le sol à en faire hurler de terreur le moindre scientifique qui mettrait les pieds dans la pièce en cet instant précis. Mais Mairù Claro, dans l'état où il était, n'avait guère d'intérêt dans le respect des règles de sécurité d'un laboratoire.

Des mois. Des mois qu'il attendait d'avoir enfin les griffes sur cette maudite chouette, cette petite arriviste de Nru qui lui avait volé une des seules choses le rattachant à sa santé mentale. Et aujourd'hui, après ces mois passés dans une comédie vomitive, la seule pensée qui lui avait permis de tenir son rôle de gentil mouton bien sage allait enfin se concrétiser. Au prix d'une trahison, sans doute, mais qu'étaient ce genre de considérations lorsqu'on mettait ses sentiments dans la balance ? Il se contenterait de filer doux ensuite, et personne ne se douterait de son implication dans le « drame » tout proche. Tellement proche... Cela valait bien un peu d'impatience, n'est-ce pas ?

Mais le temps passait et la porte ne s'ouvrait toujours pas. Désir lui avait pourtant dit d'attendre ici, qu'elle allait arriver avec son colis, mais elle ne venait toujours pas. Préparait-elle un quelconque coup fourré ? Il espérait que non, il serait dommage qu'il soit réduit à faire le sale boulot lui-même. Certes, ce serait plus sûr, mais le chemin ensuite serait beaucoup, beaucoup plus ardu.

La patience n'avait jamais été le fort de Mairù. Alors, pour passer le temps, il se contraignit à se calmer, et à imaginer ce qu'il se passerait une fois que ce maudit piaf serait enfin éjecté de l'équation. Ça le détendit un peu. Et la pensée des sourires d'Asura l'empêcha, de justesse, de sortir de son laboratoire pour aller faire exploser lui-même la chouette.

Bien lui en prit. La porte s'ouvrit au moment même où il eut cette pensée, révélant derrière Désir, soutenant sur son épaule sa proie du jour, l'aînée des Blackheart, ligotée et bâillonnée, les yeux fuyant en tous sens. Pas un son ne s'échappait du tissu qui recouvrait sa bouche, ce qui arracha un léger sourire au prédateur dans le laboratoire : Il avait probablement été enchanté pour ne pas attirer l'attention, ce qui l'arrangeait drôlement. Le bruit n'était pas une variable acceptable dans la formule amoureusement préparée de sa vengeance.

Un léger soupir s'échappa de ses lèvres, alors que Désir jetait la chouette au sol sans prendre la moindre précaution.

« – T'en as mis le temps ! »

La déesse eut un fin sourire d'excuse, teinté d'un amusement étrange, avant de remuer du bout du pied la petite chose à terre, qui avait cessé de bouger à l'entente de la voix de Mairù.

« – Navrée, navrée. Réussir un escamotage sous les yeux et les oreilles de Kage Blackheart et de Baku Claro n'a rien de simple, comme tu dois t'en douter. Mais le gobelin a pris sa place. Même Asura n'a rien remarqué. »

Le léger sourire qui s'était dessiné sur les lèvres de Mairù se tordit en quelque chose de bien plus extatique. Il pouvait presque sentir l'euphorie s'emparer de ce qu'il lui restait de corps à la vue de la proie étalée au sol, immobile, incapable même de geindre, essayant, autant que possible, d'éviter son regard. Entièrement à sa merci.

Il eut tout juste un signe de remerciement à l'adresse de Désir avant de ramasser sur le sol son futur objet d'expériences. Oh, comme il allait s'amuser, avec celle-là ! Ce serait bien différent des années où il avait été forcé de travailler sur son frère. Cette fois, la seule issue serait la mort. Et s'il pouvait découvrir un antidote à ces traîtresses de phéromones... Ce ne serait qu'un bonus, n'est-ce pas ?

« – Essaie de ne pas te faire trop remarquer, Mairù, fit la déesse en remarquant son sourire. Il te reste encore trois autres cibles.

– Oh, je ne comptais pas oublier, très chère. Bon courage pour attraper le vieux schnoque, au fait... »

Aux mots « vieux schnoque », Nru se débattit de toute la maigre puissance de son corps sur l'épaule de son geôlier, lui donnant des coups avec les membres qu'elle parvenait à bouger. Mairù pouvait sentir sa magie bouillonner frénétiquement à l'intérieur de son petit corps, cherchant à s'échapper de toutes les façons. Mais même si elle arrivait à se dégager, qu'est-ce qu'elle pourrait faire ? Il était tellement plus puissant qu'elle. Ce ne serait pour lui qu'un sympathique jeu du chat et de l'oiseau. Elle ne pourrait que rallonger son supplice.

Désir haussa les épaules, avant de saluer Mairù d'un signe de tête, et de disparaître aussitôt, ne laissant dans le laboratoire que le scientifique et son cobaye du jour. Le sourire de ce dernier s'élargit. Enfin seuls.

Il se dirigea vers le fond de son labo d'un pas traînant, regardant autour de lui quels produits pourraient s'avérer intéressants pour, au choix, stocker des phéromones, fabriquer un éventuel antidote, ou alors, prolonger son plaisir. Il avait tout le temps du monde, bien tranquille sur son territoire, alors que tous les siens avaient élu domicile au palais sur ordre de Lina. Ah, Lina. Se doutait-elle qu'elle venait de lui donner quartier libre pour jouer avec sa bien-aimée grande sœur ? Il supposait que non, mais cela lui facilitait la tâche.

Un petit cri traversa le bâillon, atteignant les oreilles de Mairù. Ce dernier grommela. S'il avait été doté d'une protection magique, cette dernière devait s'effacer sous les assauts répétés de Nru, et cela ne l'arrangeait pas plus que ça. Alors, il claqua des doigts. Une violente onde de magie s'échappa du bras qui maintenait la chouette sur son épaule, visant les nerfs de cette dernière afin de l'étourdir légèrement, juste le temps qu'il rejoigne la partie stérilisée de son laboratoire. Celle qui lui servait pour les expériences sur cobayes vivants. Un soupir s'échappa de ses lèvres alors que le corps de Nru se relâchait sur son épaule, et il marmonna, satisfait :

« – Autant j'adore entendre des cris, autant là je préfère être discret, chérie. Bon. Et si on allait voir cette fameuse histoire de phéromones, rien que tous les deux ? »

Nru n'avait sans doute pas tout capté de sa phrase, mais la raideur de son corps ne passa pas inaperçue à Mairù. Elle tenta même de bouger un peu, affrontant de toute sa maigre puissance l'étourdissement imposé par le maître de la magie. Mais rien n'y fit. Il la tenait toujours aussi solidement en arrivant devant la porte du carré stérilisé, et se permit même de rire en relâchant sa prise pour actionner la poignée.

« Ça ne sert à rien de se débattre, ma pauvre. Tu étais fichue depuis le jour où je suis revenu au palais. »

La chouette se mit à gronder, avant de contracter tous ses muscles dans une vaine tentative d'utiliser sa magie. Un soupir s'échappa des lèvres de Mairù. Elle allait réellement tout tenter ? C'était inutile. Il la dépassait de loin en termes de puissance, et n'allait certainement pas la laisser filer aussi facilement. Pas après ces mois de torture. Pas après ces années d'attente gâchée, tout ça parce que cette coureuse de remparts avait eu l'audace, l'égoïsme d'utiliser ses phéromones pour manipuler sa bien-aimée, son Asura, et de profiter de son absence pour la lui voler. Pas comme ça. Elle allait passer sur sa table d'opération, et lui allait prendre bien son temps pour lui faire ressentir toute la douleur qu'il avait éprouvé.

La porte du carré stérilisé s'ouvrit sur une immense cloche de verre opaque, dont pas un son, ni même une émanation de magie ne se dégageait. Ce n'était pas là il y a quelques mois, et il savait pertinemment qui était l'expéditeur de cet aménagement ma foi plutôt bienvenu. Il n'empêchait que Désir allait l'entendre, lorsqu'il serait ressorti de là. La première règle à respecter lorsqu'on voulait gagner les faveurs d'un scientifique, c'était de ne surtout pas aménager son laboratoire sans sa permission et sa supervision. Il grogna.

« – J'ai horreur qu'on réaménage mon laboratoire... Enfin bon. Alors Nru, viens un peu me montrer ces fameuses phéromones. Je suis très curieux en la matière, tu sais ? »

Est-ce que Nru avait enfin compris le mot « phéromones » ? Ou alors était-ce le rire qui avait accompagné cette phrase, un rire teinté d'euphorie et de haine, un rire qui exprimait bien la joie sauvage que Mairù éprouvait en ce moment, à avoir sa proie entre ses mains ? En tout cas, elle avait cessé de bouger, et c'était tout juste si Mairù pouvait sentir ses tremblements sur son épaule. Ce dernier profita de son immobilité pour rentrer dans la cloche de verre, fermer la porte derrière lui et poser son fardeau sur une table de contention, qui trônait au centre de la zone insonorisée, avant de lui attacher solidement les mains. Une simple pression sur un bouton permit de tordre l'appareil de contention, plaçant Nru en position assise, les bras écartés, incapable de se défendre, au niveau des yeux de Mairù.

Elle était toute pâle, Nru, plus pâle que la mort même en cet instant où elle allait la rejoindre. C'était sa fille, se souvient le scientifique alors qu'il farfouillait dans son stock d'outils. Mais cette fois, la Mort en personne ne pourrait intervenir. Lui aussi avait l'appui d'une déesse, et la capacité nécessaire pour réduire en bouillie sa proie avant même que le prédateur ne le prive de la vie. Douce vengeance... Et quelle joie de se dire que même la Mort n'aurait voix au chapitre. Personne ne se doutait qu'il était là, avec Nru. Personne ne saurait à quel point elle souffrirait aujourd'hui, juste rétribution pour sa propre souffrance.

Elle était toujours bâillonnée, Nru, et seuls ses yeux d'un violet intense, la couleur fétiche de la Mort, parvenait à faire passer les émotions qu'elle éprouvait en ce moment même. Peur, haine, dégoût, qu'en savait-il d'autre ? Il était habitué. Tant de fois avait-il vu ces mêmes émotions dans les yeux des gens qui le regardaient, tous reculant à sa simple vue, depuis son enfance. Des émotions qui l'avaient maintes fois privé de son bonheur, et aujourd'hui elles se reflétaient dans les yeux de celle qui lui avait pris la seule et unique personne à l'avoir un jour regardé autrement. Asura... Ses sourires n'appartenaient qu'à lui, ses regards amoureux étaient siens, et ceux de personne d'autre. Elle l'avait rendu heureux avant de réduire en morceaux son simulacre de bonheur, tout ça pour les beaux yeux de cette connasse de chouette, qui l'avait manipulée à sa guise pour son propre égoïsme.

Son regard était de plus en plus haineux, à Nru, alors qu'il se rapprochait d'elle, scalpels et examinateurs de magie à la main, prêt à commencer sa première mission d'importance. Trouver un antidote à ces phéromones. N'y avait-il pas de pire méthode que d'imposer son amour aux autres ? Elle devait bien s'en douter, n'est-ce pas, Nru, que ce qu'elle avait fait était méprisable ? N'était-il pas de son devoir d'inverser la tendance ?

Elle se débattait encore sous ses yeux, ses lèvres formaient divers mots derrière le bâillon qu'elle tentait avec tant de mal de s'arracher. Mais tout cela restait inutile. Elle ne ressortirait de là que dénuée de toute vie, son âme rendue à l'Autre Lieu, peu importe qui elle tentait d'appeler avec autant de désespoir. Mairù crut même voir ses lèvres former le mot « Papa » lors d'un essai particulièrement violent pour se dégager des sangles. Il eut un rire. Alors ça c'était trop fort. Elle était désespérée au point d'appeler à l'aide l'homme le moins susceptible de lui en dispenser ? N'avait-elle pas tiré de leçons de l'histoire de sa propre vie ?

« Ce n'est pas « papa » qui viendra te sauver aujourd'hui, tu sais. Tu devrais le savoir, non ? Papa n'est pas très sympa. Papa n'a jamais été très sympa. Il te laisse pourrir dans ta fange en regardant de loin d'autres femmes, il pense que t'oublier te fera disparaître. C'est ce que font tous les papas, pas vrai ? »

Il n'arrivait plus à savoir s'il parlait de Kage ou de son propre père, les deux se mélangeaient dans sa tête pour vriller ses nerfs déjà bien malmenés de leurs regards pleins de jugement. Kage Blackheart, Gabriel Claro, tous les mêmes au final, tous des pères indignes qui n'avaient su éprouver de l'amour, qui l'avaient laissé devenir ce qu'il était. Un mal de crâne le reprit alors qu'il tentait de démêler son esprit et il se laissa aller contre l'appareil de contention, les deux mains à plat sur la table, entouré de ses outils. Kage Blackheart. Gabriel Claro. Tous les mêmes. Tous les mêmes. Ils n'étaient rien. Il était mort. Il allait mourir. Ils n'étaient rien du tout. Juste poussière sur son chemin, poussière qu'il avait balayée, poussière qu'il allait balayer.

Lorsqu'il se serait occupé de Nru.

Il ne remarqua le trouble de sa vision que lorsque celle-ci s'éclaircit, et qu'il prit de nouveau conscience de la chouette attachée devant lui, immobile. Ses flux de magie restaient inutiles, malgré une activité frénétique, pourtant l'air autour d'elle transpirait la peur et la haine, comme s'il en était chargé. Même lui pouvait le ressentir ; Une simple bouffée lui provoquait un frisson jusque dans ses nerfs, et s'il avait eu un cœur, il en était sûr, il battrait à toute allure à la mesure de la frayeur qui imprégnait l'air. Alors c'était ça ces fameuses phéromones ? Malgré la peur, il eut un fin sourire, qui s'élargit de plus en plus en voyant les yeux écarquillés de sa proie sur la table. Fascinant... Mais rien de plus qu'une perturbation dans son esprit déjà trop secoué. Cela ne le détournerait pas de son objectif. Quelle que soit la quantité de peur, la quantité de haine qu'elle mettrait dans ses artifices, la sienne serait toujours plus forte. Elle l'aiderait à ne pas céder.

Le sourire se mua en rire, un rire qui résonnait sur les parois de verre de la cloche insonorisée. Un rire teinté de toute la folie qui s'agitait dans son cerveau.

« On est coopérative ? Alors ça c'est trop gentil ! Alors ma belle, fais-moi voir d'où tu m'émets tout ça... »

Il laissa sa main se poser sur sa peau, retournant un bras, palpant une joue, testant une zone à l'intérieur du cou, stimulant parfois à l'aide de minuscules ondes de choc pour analyser les changements. Mais rien, rien du tout. Sur la peau, comme ça, il ne parvenait pas à détecter de glandes particulières. Est-ce qu'elle les émettait magiquement, alors, une simple conversion de par ses cellules, avant de les faire sortir par les pores de sa peau ? Non, impossible. Sa magie avait beau remuer dans tous les sens dans ses vaisseaux sanguins, il ne détectait aucune conversion. Alors les glandes étaient peut-être plus en profondeur ?

Eh bien, il n'y avait qu'une seule manière de vérifier, après tout...

Le bruit du gant qu'il enfilait sur sa main gauche claqua dans l'espace réduit, arrachant un gémissement étouffé à Nru. Mais cette petite manifestation de terreur n'était rien à côté de l'écarquillement monstre de ses paupières alors qu'il rapprochait de sa peau un scalpel, cherchant un endroit où planter la lame. D'où les phéromones étaient-elles émises avec le plus de force ? Du cou ? Mais même s c'était le cas, il ne pourrait entailler là. Le moindre faux mouvement risquait d'ouvrir son artère carotide, et le sang qui jaillirait mettrait instantanément et irrémédiablement fin à la vie de sa proie. Et c'était trop tôt. Hors de question qu'elle ne meure pendant ses premières expériences. Il avait tant de projets pour elle...

Non, il valait mieux ouvrir l'épaule, ce serait assez proche et plus sécuritaire. Moins de vaisseaux sanguins passaient par là, et il pourrait sans doute approcher les ganglions. Qui sait, ça venait peut-être de là ?

Sans aucun doute, Nru voulait hurler. Hurler sa douleur, ou sa terreur, ou sa haine, voire les deux en même temps. Mais le bâillon l'empêchait d'émettre plus que de petits gémissements quelque peu pathétiques, et Mairù eut donc tout le loisir d'entendre la lame du scalpel fendre la peau, puis la chair, se frayant un chemin parmi les tissus avec un bruit de déchirure tellement jouissif à ses oreilles. Le sang se mit à perler, violet sur la peau pâle de Nru, mais pas suffisamment pour qu'il s'inquiète d'avoir percé une artère importante. L'odeur de la chair fraîche lui monta bientôt aux narines, et il sentait ses nerfs pulser à la simple sensation de l'hémoglobine gouttant sur sa main droite, tombant sur le sol dans un doux bruit de liquide. Ce serait le moment idéal pour la déchiqueter, la réduire en bouillie, mettre fin en apothéose à sa vie d'inutile... Mais plus tard, le moment viendrait. Pour le moment, il fallait achever l'expérience.

Il se mordit la lèvre, cherchant à se distraire du sang qui gouttait sur sa peau, et un peu de fumée s'échappa de la marque de ses dents, le ramenant au moment présent. Ses doigts se glissèrent sous le carré de peau qu'il avait découpé, et il le retira de la clavicule avec une délicatesse toute particulière, retenant de toute la force de son esprit son envie sauvage de l'arracher. Le temps viendrait plus tard, oui, plus tard. Pour le moment, il admirait ce qui se présentait sous ses yeux. Il ne pouvait détecter la moindre glande, mais la seule vue de la chair violacée et des vaisseaux sanguins charriant un liquide bien différent du rouge qu'il connaissait était déjà matière à réflexion. Fascinant, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui pouvait bien provoquer cette couleur violette ? Est-ce que l'hémoglobine des enfants de Mort avait quelque chose de différent ? Est-ce que c'était la magie qui colorait ce sang de cette couleur si particulière ? Il aurait tellement eu matière à expérimenter, si la mort de Nru n'était pas sa première priorité. Pour l'heure, il devait trouver les phéromones. Il serait libre ensuite, de lui détacher un carré de sa chair, ou un muscle ou deux, pour des expériences venant ensuite.

Comme si elle avait senti ses desseins, Nru se débattit encore plus. Ou peut-être était-ce la douleur ? Il ne savait pas, il n'avait jamais été de ce côté du scalpel. Il n'avait même pas de corps. Tous ces muscles, ces os, cette chair, ces vaisseaux sanguins, tout ça avait disparu depuis tellement longtemps au profit de l'essence de magie. Il n'était plus qu'un sac de peau. Un sac de peau et de colère. Qui avait encore les yeux nécessaires pour voir que le bâillon commençait à glisser. Il soupira, avant de le remettre en place, laissant sa main s'attarder sur sa joue par pure fantaisie.

« Ne crois pas que je ne te vois pas, Nru. On est loin d'en avoir fini, tous les deux... Tu auras toute l'occasion de crier plus tard... »

Le grondement qui s'échappa de la gorge de la chouette avait sans doute pour but de lui faire peur, mais il ne réussit qu'à lui arracher un rire, alors qu'il enroulait la chair autour de son doigt. Rien à faire, il ne sentait aucune glande. Du moins rien qui ne se différencie des glandes habituelles des voyageurs. Est-ce que l'une d'entre elle recelait une fonction supplémentaire ? Les sudoripares, peut-être. C'était le plus logique, vu qu'elle n'avait aucune zone d'émission particulière. Est-ce qu'il devrait entailler plus loin ? Si seulement il avait une idée du mode d'émission de ces saloperies de phéromones... C'était bien le moment où il aurait besoin des rapports médicaux de Baku, tiens. Mais ce dernier se méfierait s'il venait fouiller maintenant.... Non, c'était trop tard, il devrait trouver lui-même.

Il laissa son scalpel sur la table avant de dérouler la portion de chair autour de son doigt et de se décaler pour réfléchir. Où est-ce qu'il n'avait pas pensé à regarder.... Dans la moelle osseuse ? Oui, peut-être que ça venait de là, avant d'être charrié par son sang comme la magie... Non, ça devrait être visible à ces yeux, vu qu'il s'agissait d'un caractère magique. Surtout vu la quantité de peur qui imprégnait l'atmosphère. Et une manifestation magique invisible à ses yeux ? Inconcevable....

Le scalpel ripa sur la peau pâle de la chouette, alors que cette dernière se tordait le dos, dans une vaine tentative de quitter l'appareil de contention. Mairù grommela. Qu'elle essaie donc de s'échapper, il n'avait pas eu de course-poursuite depuis l'armée clichée, un peu de sport le détendrait sûrement. Ce n'était pas ça qui l'énervait. Non, ce qui l'énervait, c'était l'entaille sur le cou que son mouvement avait causé. Elle perlait du sang. Une blessure inutile, alors qu'il n'avait même pas trouvé la source de ces maudites phéromones. Avait-on jamais vu cobaye plus rechignant ? Même Baku avait fini par se laisser faire... Enfin, avec lui, il avait plutôt tendance à le plonger dans l'inconscience dès qu'il pouvait. Là, Nru pouvait bien rester éveillée. Elle pouvait bien souffrir. Cela ne ferait que le mettre plus en joie.

Il soupira, et se remit à chercher, enroulant la peau sur son doigt, creusant dans les nerfs, examinant jusqu'aux poils. L'os de l'épaule de Nru n'était plus que ruine, le sang commençait à imprégner le sol. Mairù estimait qu'à ce rythme, il avait encore un quart d'heure avant que la perte d'hémoglobine ne plonge la chouette dans une inconscience définitive, et le manque de piste commençait sérieusement à le fatiguer. Ce n'était pas de la magie. Ce n'était pas une glande particulière. Alors comment ? Charriées par le sang ? Produites dans le cerveau ? Maintenant qu'il y pensait, ce serait une option plutôt logique. Le cerveau était le siège des émotions, et ces saloperies transmettaient l'amour. Mais s'il lui ouvrait le cerveau, elle mourrait aussitôt... Il n'était pas médecin. Il n'avait pas les compétences nécessaires pour déterminer les nodules qu'il pourrait toucher sans risque. Il risquait surtout de perdre sa jolie sujette d'expérience avec une erreur fatale de manipulation, comme ça, comme un idiot, mettant fin à tous les supplices qu'il avait prévu pour elle.

Le dilemme le rongeait sévèrement. Forer dans le cerveau et peut-être découvrir la glande responsable, mais tuer Nru sur-le-champ et presque sans douleur, ou mettre en œuvre ses petits projets et perdre définitivement toute chance de trouver un antidote ? Il devait bien y avoir un compromis... Le sang, peut-être. Lui prélever du sang, le mettre de côté, et l'observer. Le sang charriait forcément les phéromones. Ensuite, il n'aurait qu'à faire tout ce dont il rêvait de faire depuis des mois. En laissant le cerveau intact pour pouvoir l'examiner. Ce serait risqué ; si jamais quelqu'un venait à la confrérie et trouvait l'organe, il ne serait pas long à comprendre la source de ce gore inattendu. Mais de toute façon, il courait un risque depuis le début de cette opération. Et Nru sur sa table n'attendait que ses bons soins, pas vrai, Nru ?

Un léger rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il se dirigeait vers la table, pour récupérer une seringue de prélèvement sanguin. Un rire qui prit de l'ampleur au fur et à mesure que les opportunités se révélaient à son esprit, ouvrant à chaque fois une nouvelle zone de possibilités. Qu'est-ce qu'il pourrait bien lui faire ? La découper en morceaux, un sort de douleur amplifiée, la priver d'un sens, prélever ses organes directement in vivo ? C'est vrai qu'il avait tellement de choses à examiner sur Nru. Ou alors il pourrait céder à ses instincts et la réduire en bouillie... Hmmm.... Tant d'options intéressantes...

Son sourire se fit extatique, et il se tourna vers sa proie en détresse. Au même instant, un hurlement d'une puissance phénoménale lui parvint aux oreilles.

Et sa joie se changea en panique.

Le souffle du cri lui avait soulevé les cheveux, et craquelé le verre des parois de la cloche. Il ne faisait aucun doute qu'il avait traversé le sort de Désir, et vu la force qu'il avait ressentie, qu'au moins une personne l'avait entendu. Et le regard triomphant de Nru, sur la table, le bâillon relâché autour de son cou, ne faisait plus aucun doute sur la provenance de la perturbation.

Il jura, et se précipita sur la chouette pour lui remettre son bâillon en place, le poing serré sur les instruments avec une telle force que ses jointures fumaient. Mais il ne fallait pas avoir son cerveau pour deviner que c'était trop tard. Il avait été pris par surprise, il était maintenant impossible d'atténuer les ondes sonores de cette salope, cette gâcheuse de plan, cette ordure pourrissante... Ah ça oui, ça elle allait pourrir. Il n'avait pas eu le temps d'accomplir ne serait-ce qu'un de ses objectifs, mais il était hors de question qu'il ne la laisse s'échapper. Jamais. Plutôt mourir. Plutôt perdre tout ce qu'il avait gagné de bien au cours de ces trente-et-unes dernières années.

Il sentit tout juste le tremblement de sa main alors qu'il levait son scalpel, focalisé sur la gorge si fragile de Nru, secoué de spasmes, la bouche tordue en un rictus dévoilant des canines étonnamment pointues. Il pouvait sentir ses yeux piquer, des étincelles parcourir son corps, ses nerfs pulser. Son organisme entier, ou ce qu'il en restait, lui hurlait de tuer Nru maintenant, de la détruire au-delà de tout espoir de régénération. Qu'est-ce qu'elle en dirait, maintenant, de son hurlement tombé comme une plume sur la viande ?!? Hein, qu'est-ce qu'elle en dirait ?!?

Ses lèvres s'ouvrirent, et il laissa échapper en un grognement :

« -- T'as cru que je te laisserais m'échapper, j'me trompe ?!? »

Le pâlissement des joues de Nru était bien visible malgré la couleur déjà blafarde de sa peau, mais elle eut le culot de conserver son insupportable air provocateur sur le visage. Mairù aurait même pu croire la voir sourire derrière le bâillon. Trop, c'était trop. Sa main fusa, et le scalpel déchira la gorge, le torse, le visage, le corps entier de Nru dans une explosion de sang. Sang qui le recouvrit entièrement au bout de seulement quelques secondes, témoignant de l'impasse dans laquelle il venait de la projeter. Que lui importait, maintenant, qu'on le surprenne ! Elle était morte. Morte, morte, morte, morte, morte, partie à jamais, incapable de nuire, loin de lui, lui d'elle.

Ils pouvaient bien venir, maintenant, les témoins potentiels, les gêneurs, les bien-pensants. Il n'aurait aucune difficulté à les envoyer rejoindre la boule de plumes dans l'Autre Lieu, l'un après l'autre, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que lui et une mer de sang. Il n'aurait aucun mal à tous les tuer. Il était le plus fort. Plus rien d'autre ne comptait. Elle ne devait pas le découvrir. Asura ne devait pas voir ça. Non. Pas maintenant, pas maintenant, pas maintenant. Pas alors qu'il avait soif de sang, pas alors que son corps avait soif de réparation.

La porte s'ouvrit brusquement. Et Mairù sentit tout son corps se figer. Sa peau perdit toute couleur. Même ses nerfs cessèrent de pulser. Il ne pouvait voir que la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Il devinait plusieurs autres personnes derrière, la troupe d'élite du palais au complet peut-être, un soigneur, son frère sûrement, Kikol peut-être, et puis Shera. Ça, il y en avait du monde, derrière la porte. Mais ses yeux à lui étaient fixés sur la personne qui menait ce petit groupe, faux à la main, le visage de madone figé dans une expression mêlant horreur et dégoût absolu, les cheveux rouge sombre ébouriffés sans doute d'avoir tant couru. Les yeux bleus emplis d'une haine pure et d'un déni monstre, un regard chargé de souffrance, un regard insupportable de dégoût que plus que jamais, il sentait fixé sur lui.

Devant le carnage qu'il avait laissé derrière, le corps de Nru en bouillie, Asura prit une profonde inspiration et cracha d'une voix qui empestait le dégoût, qui charriait de toute sa puissance le mot « abomination » :

« -- Mairù... Bon sang, qu'est-ce que tu as fait ?!? »

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.......... Bon.

Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression d'avoir écrit mon meilleur chapitre depuis très très très longtemps.... Et c'est la crise de folie de Mairù. Je me pose de sérieuses questions là.

Enfin bref. Scène canon de Lysara cette fois, pour changer un peu. Scène du tome... Euh.... *compte sur ses doigts* La fin du quatre.

J'espère que vous détestez pas trop Mairù après ça. Promis, il se calme après.

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