Poisson d'Avril 2019
Hello! Voici le chapitre que j'ai posté le 1er avril sur les Amants de Baker Street ^^ je le deplace ici pour ne pas trop couper la narration dans l'autre histoire :3 Biz !
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La nuit était douce, paisible. Holmes était debout, accoudé à la fenêtre grande ouverte. Il pouvait sentir le parfum envoutant des fleurs de leur jardin, mêlé au sel de la mer, au loin, qui bruissait de murmures. Watson dormait dans le lit, derrière lui, sa respiration feutrée, régulière, se mêlant à celle des vagues. Peu importe le nombre d'année, qu'ils aient vingt ans, trente ou cinquante, le docteur s'endormait toujours avant le détective. C'était un fait scientifique, comme le soleil succédant à la nuit. Non que ça le dérange, bien sûr. Il adorait regarder Watson dormir.
Il allait rejoindre le tendre objet de ses pensées lorsque quelque chose attira son attention. Oui... il n'aurait su dire quoi, exactement, mais quelque chose n'allait pas.
Là ! Sur la plage ! Une lumière, extrêmement faible... Quelqu'un ? À cette heure-ci ? Il fronça les sourcils. Ce n'était peut-être rien... Mais c'était peut-être aussi un criminel multirécidiviste à tendance psychotique venu se venger. Dans son métier, on était jamais assez prudent.
Il patienta un instant, n'excluant pas l'hypothèse d'un reflet de la lune ou autre phénomène naturel... La lumière s'intensifia. Une lampe torche électrique, peut-être ? L'objet commençait à faire son apparition sur le marché – et il s'en était lui-même procuré, bien entendu. Ce n'est pas parce qu'il se faisait vieux qu'il n'avait pas le droit de « jouer avec les nouveaux gadgets », comme le disait si bien Watson...
La lumière bougea. Non, s'en était une autre ! Cette fois, il se retourna et secoua l'épaule du docteur, qui émit un grognement mécontent.
— Watson ! Murmura-t-il d'un ton d'urgence.
L'intéressé s'éveilla aussitôt, sa main cherchant le révolver qu'il gardait en permanence dans le tiroir de sa table de nuit. Les années à l'armée, puis près de Holmes, l'avaient habitué aux réveils en catastrophe.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-il en cherchant son arme à tâtons.
— Il y a des gens dans le jardin, souffla Holmes en posant un doigt sur ses lèvres.
Le visage de Watson se durcit, prêt à tout. Il hocha la tête. Holmes retint une furieuse envie de l'embrasser – ce n'était pas le moment !
Ils enfilèrent une robe de nuit en quatrième vitesse et la recouvrirent d'un pull. Puis ils descendirent lentement les escaliers qui menaient au rez-de-chaussé, l'oreille tendue, tous les sens aux aguets. Si quelqu'un avait cru qu'ils feraient des proies faciles – deux petits vieux dans une maison isolée – il allait vite déchanter.
Holmes ouvrit doucement la porte de derrière, prenant garde à ne pas la faire grincer. Lentement, précautionneusement, ils firent le tour du bâtiment, leurs pieds nus se perdant dans l'herbe haute. Il y avait plus de cinq lumières, à présents, se déplaçant sur la plage. Holmes fronça les sourcils, indécis. Qui que soit ces visiteurs, ils étaient plus nombreux qu'eux. Peut-être valait-il mieux se mettre à l'abri ? Mais Watson n'était pas de cet avis. Les années n'avaient pas émoussé ni son goût de l'aventure, ni celui du danger. Holmes sourit affectueusement en lui emboitant le pas. Son Watson ne changeait pas.
À quelques mètres de la plage, des voix commencèrent à se faire entendre, basses, précipités, visiblement paniquées. Holmes et Watson échangèrent un regard perplexe. Ils ne comprenaient pas un mot de ce qui était dit. Et pour le détective, qui parlait une dizaine de langue, c'était bien inhabituel !
Désormais dévorés de curiosité, ils s'allongèrent sur le ventre et se mirent à ramper, s'approchant sans bruit du bord de la falaise qui surplombait la plage.
Un spectacle impossible s'offrit à eux.
Un objet rond, large, plat, était posé sur l'eau. Des personnes échangeaient à voix basses sur le sable. Des silhouettes fines, sèches.
Vertes.
Watson lança à Holmes un regard stupéfait, cherchant la confirmation de ce que ces yeux lui présentaient. Le détective le lui rendit au centuple. Il y avait bien des personnages à la peau verte, aux grands yeux noirs, globuleux, et aux longs doigts un peu flasques, sur leur plage. Les lumières qui les avaient attirées sortaient directement d'un rond blanc dessinés sur leur poitrine.
Watson, terrorisé, se mit à trembler. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait rien. Comment pouvait-il combattre, ou ne serait-ce que comprendre, une chose aussi absurde ? Peut-être était-il en train de rêver ? Mais non, non, comment aurait-il sentit le souffle du vent sur son visage, l'herbe sous son menton, le morceau de falaise en train de se détacher sous son ventre...
Le morceau de falaise en train de se détacher sous mon ventre.
Il jeta un regard horrifié à Holmes avant de chuter en avant, la tête la première.
— Watson ! Hurla le détective en tendant une main pour le retenir.
Trop tard.
Impuissant, il vit la silhouette de son mari rebondir sur un rocher et rouler au pied des hommes verts, qui lancèrent des cris et reculèrent.
Holmes n'hésita pas. Quoi qu'il arrive, il savait où était sa place. Il sauta sur le chemin et couru rejoindre Watson, toujours inanimé, au pied des créatures qui échangeaient des mots à toute vitesse en effectuant de grands gestes.
— John ! Appela Holmes en s'agenouillant à côté de son mari. John !
Il prit sa tête pour la poser sur ses genoux, le cœur serré d'angoisse. Il respire. Dieu soit loué.
À cet instant, un immense vrombissement se fit entendre, écrasant tout bruit et toute pensée. Les créatures vertes lancèrent des cris de joie.
La soucoupe noire frémit, puis s'éleva dans les airs.
— Sherlock ? Murmura Watson en clignant des yeux, revenant petit à petit à lui.
Holmes s'accrocha désespérément à lui. Watson vit les êtres à leur côté et le rond sombre qui dissimulait les nuages. Avec un sursaut de frayeur, il s'accrocha à Holmes en retour, ses bras autour de son torse, son menton sur son épaule. Bien lui en prit.
Le détective lâcha un cri terrifié en sentant son poids s'effacer. Une lumière crue, aveuglante, emplie son champ de vision. Il ferma les yeux, serrant un peu plus fort Watson contre lui.
— Holmes ! Appela le docteur. Holmes ! Que se passe-t-il ? Au secours, quelqu'un !
Quelque chose les attirait vers le haut, une attraction insurmontable qui les arracha au sol pour les élever, lentement, surement, dans les airs.
— HOOOOLMES ! Hurla Watson alors qu'ils se rapprochaient de la soucoupe ténébreuse.
Il y eut un dernier flash. Puis, soudain, la force qui les retenait se coupa, laissant la gravité les écraser de nouveau. Ils heurtèrent une surface plane, lisse, dure.
— Nous sommes à l'intérieur, souffla le détective, sans lâcher Watson, en clignant des yeux pour chasser les éclats de lumière qui y persistaient.
— À l'intérieur de quoi ?! Hurla le docteur, à la limite de l'hystérie. De quoi ?!
— De toute évidence, mon cher, un véhicule volant. Je n'arrive pas à l'identifier, toutefois. Il me semble impensable qu'un gouvernement de cette planète ait pu développer une technologie aussi avancée sans... Oh...
— Quoi ?! Demanda Watson. Quoi ?!?
— Lorsqu'on a éliminé le possible, souffla Holmes, alors ce qui reste, aussi improbable soit-il... Watson, je crois que nous sommes dans le vaisseau de quelques entités extra-terrestres...
— QUOI ?!
À cet instant, un carré de lumière se dessina contre le mur. L'une des créatures verte entra. Elle ne paraissait pas foncièrement menaçante, mais comment savoir ? La porte se rouvrit de nouveau, et une deuxième créature entra.
— Hailectrodinutyl, râla la première, tu veux bien m'expliquer ce que c'est que ça ?
Holmes et Watson ne comprirent pas un mot de ce qu'il racontait. Ils virent le doigt se tendre vers eux et raffermirent leurs prises l'un sur l'autre. Watson regretta amèrement son revolver, perdu lors de sa chute.
— Des terriens, de toute évidence, mon cher Retroprojectheurariaire, répliqua l'autre d'une voix si excédée que même les deux terriens en saisirent le ton.
— J'ai vu ! s'énerva le premier. Je te demande pourquoi tu les as ramassés ! On ne peut pas garder tout ce qu'on trouve !
— Lâche-moi un peu, Réré ! Les autres ont paniqué et ils ont activé le rayon tracteur. Pour une fois qu'on a pas des vaches ! Ils sont mignons, non ? Regarde, ils sont collés l'un à l'autre...
L'alien fronça les sourcils.
— Vous croyez qu'ils discutent de notre sort ? Murmura Watson à l'oreille de Holmes.
L'intéressé lui répondit d'un regard impuissant.
— Maintenant que tu le dis, Hailé, ce n'est pas normal, les Terriens ne vivent pas collés...
— L'un est peut-être un parasite accroché à l'autre ? Attends, je vais essayer de les aider...
— Si tu veux, mais ne nous fait pas perdre notre temps ! Laimoulailesfryttes nous attends tous les deux ! Tu sais qu'il déteste qu'on s'arrête au milieu...
— Je sais, je sais... Attends...
Il fit trois gestes impérieux. Watson se sentit propulsé en arrière, avec tant de force qu'il en lâcha le détective.
— WATSON ! Hurla Holmes en se précipitant vers lui. LÂCHEZ-LE, FUMIERS !
Les deux extra-terrestres échangèrent un regard étonné.
— Oups.
— Oui, oups, railla l'autre. Tu ne vois pas qu'ils sont comme nous ? Je t'en ficherais, moi, des parasites... Allez, repose-les sur le sol et dit aux autres de démarrer les machines.
— À vos ordres, chef !
L'autre fit un bruit qui devait s'apparenter à un rire et sortit.
Ni Holmes ni Watson ne comprirent ce qui se passa ensuite. Lorsqu'ils rouvrirent les yeux, ils étaient allongés sur la plage, côte à côte, main dans la main.
— Sherlock ? Murmura John en clignant des yeux.
Il avait un de ces mal de tête...
— John ? Répondit le détective, perdu, en s'asseyant. Qu'est-ce qu'on fait ici ?
— Je... Je ne me souviens pas... Nous nous sommes endormis ?
Inquiet, Holmes regarda tout autour de lui.
Il ne vit pas l'ombre noir s'élever dans le ciel, ni le flash de lumière blanche qui précipita sa disparition.
— Rentrons, murmura Watson. Je suis frigorifié...
Ils coururent jusqu'à leur chambre et se glissèrent sous les couvertures. Le lendemain, ils n'avaient plus aucun souvenir de la nuit passée, si ce n'était des bribes de rêves étranges, à la limite de la mémoire...
Et ainsi se perdit pour toujours l'étrange histoire des Lumières Mystérieuses du Sussex.
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