Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Les blues du détective

Holmes se laissa tomber en soupirant sur la banquette du train. Heureusement, il était le seul occupant de la cabine. Pris d'une idée subite, il se releva et sortit un carton de son sac de voyage, qu'il accrocha sur la porte, côté couloir. « Réservé ». Au moins, il aurait la paix.

La paix...

Encore fallait-il que ses idées noires cessent de le tourmenter, tirant chacune de ses pensées vers les rivages sombres et gluants du crime.

Le contrôleur donna le signal du départ.

Lentement, le train secoua sa carcasse. Quelques jets de vapeurs tranchèrent le ciel d'été. L'appareil se mit en branle, accompagné du grognement familier des roues heurtant les rails.

Holmes posa son front sur la vitre froide.

Son regard se perdit dans le paysage sans surprise, que la vitesse diluait en un même amas de couleurs, ternes malgré le temps clément.

Machinalement, il calcula la vitesse du train, prenant pour repère le temps parcouru entre deux poteaux télégraphique. 55,5 miles.

Mais la satisfaction de ce petit calcul mental s'estompa bien vite, corrompue par l'humeur décidément mélancolique et lasse du détective.

Son esprit n'était pas là. Il traînait sur les docs, vêtu en marin. Il résolvait la disparition du teckel de la reine. Il éclairait l'énigme du meurtre de Lady Catleena. Il arpentait une fumerie d'opium, dans l'espoir de faire tomber un trafiquant de chair blanche. Il enquêtait sur le crime de l'écorcheur de Withchapel. Il se penchait sur un enfant mort, au coin d'une rue.

Toute cette noirceur lui collait à la peau, à la voix, au regard, si bien que le monde entier se teintait de sang, de saleté, d'avidité et de désirs corrompus.

L'image de sa seringue brilla un instant dans son esprit. Image fugace, qui laissa derrière elle une traînée incandescente. Il ne parvenait pas à comprendre où il avait pu trouver la volonté de la laisser derrière lui, à Baker Street. Ni pourquoi il avait fait une telle absurdité. Certes, Watson désapprouvait, et il détestait voir sur son visage cette expression de tristesse teinté de culpabilité que son vice faisait toujours surgir. Mais il aurait bien trouvé un moyen de le lui cacher.

Et puis, Watson lui devait bien ça, après l'avoir quasiment obligé - par un chantage des plus répréhensibles - à prendre quelques jours de vacances en Cornouailles, dans un chalet isolé loué exprès. Des « vacances ». Comme si Sherlock Holmes avait besoin de vacances. Il sentait déjà son esprit s'embourber, condamné à l'inaction.

Il n'aurait pas dû monter dans le train. Il avait réussi à trouver une excuse plausible pour traîner deux jours de plus à Londres, il aurait bien pu en trouver une pour ne pas s'y rendre du tout !

Hélas, il était trop tard maintenant...

~

Enfin, il était arrivé. Ce voyage avait été un des plus interminables de son existence. Finalement, il aurait peut-être dû laisser quelqu'un entrer dans la cabine, pour se distraire un peu au jeu des déductions. Mais il aurait dû faire la conversation. Il avait horreur de ça.

Pas de Watson à la gare. Ah, oui, c'est vrai, dans son énervement, il avait omit de lui envoyer l'horaire de son arrivé... Et avec toute la mauvaise foi du monde, il ne pouvait pas attendre de son ami qu'il l'attende toute la journée, seul, dans une gare déserte. Surtout au vu des soupçons qu'il devait nourrir quant à l'arriver du détective. Eh bien, s'il s'attendait à ce qu'il ne vienne pas, il allait être déçu !

Le détective consulta rapidement un plan de la région. D'après les indications de Watson, la maison était à peu près à deux heures de marches. Une heure et demie, s'il se dépêchait. Ce qu'il résolut de faire. Il n'était pas du tout d'humeur à contempler le paysage.

Il hésita à repartir par le premier train. Rentrer à Baker Street. Retrouver sa seringue.

Seule la pensée d'un docteur Watson particulièrement en colère lui fit abandonner son sombre projet.

Le chemin était étroit, difficilement praticable, avec son gros sac de voyage. Il fit un détour involontaire, qui acheva de parfaire son humeur noire.

À la position du soleil, il estima qu'il devait être aux alentours de seize heures lorsqu'il arriva enfin en vue de la maison.

Un petit cottage de carte postale. Typique de Watson.

Il grommela quelque chose pouvant s'apparentait à « ridicule » et poussa la porte d'entrée, non verrouillé. C'est à croire que ma compagnie ne lui a pas apprit qu'il y avait des personnes malhonnêtes sur terre, songea-t-il avec exaspération. Habituellement, ce trait de personnalité l'attendrissait. Mais à l'instant, tout ce dont il avait envie, c'était de se tasser dans un coin sombre et laisser son esprit retourner dans les ruelles glauques de Londres, à la poursuite du crime.

Ses chaussures lui faisaient mal aux pieds. Il les retira, ainsi que ses chaussettes. Et sa veste. Il fallait bien qu'être isolé ait des avantages.

Bon, où était Watson ? Non que ça ait une grande importance. Il avait envie d'être seul, de toute façon. Mais s'il ne le prévenait pas qu'il était arrivé, le docteur allait s'inquiéter, et il allait devant un tas de complications. Parfois, il lui semblait que tout était plus simple lorsqu'il habitait seul. Il pouvait déprimer tranquillement.

Un mot était posé sur la table, la graphie affectueuse de Watson ayant tracé, sur l'envers, le mot « Sherlock ».

Je suis dans le jardin, derrière la maison. L.Y

Holmes ne sourit même pas en voyant la signature. « L.Y ». Un petit code qu'ils avaient mis au point, au fils de leur correspondance. Ils ne pouvaient pas s'écrire des mots d'amour, bien sûr. Alors ils se contentaient d'initiales. L.Y. « Love You ».

Il avait l'intention de jeter le mot sur la table, mais sa main agit d'elle-même et le rangea dans sa poche. Cet acte de sentimentalité acheva de le déprimer. S'il ajoutait le ridicule à l'ennuie, il était fichu.

Allait-il se rendre dans le jardin, où tirer les rideaux et se laisser tomber dans le canapé ?

Bien que la seconde option soit la plus attrayante, il décida de se débarrasser tout de suite de la première corvée.

Il ouvrit la porte arrière de la maison et fit quelque pas dehors, pieds nus dans l'herbe tendre.

Au moins devait-il admettre que c'était un endroit magnifique. Une prairie d'herbe verte, piqueté de pâquerettes et de pissenlits ondoyant sous la caresse du vent. Quelques arbres paresseux, dont un pommier aux branches lourdes de fruit.

Il fit quelques pas, hésitant à appeler son ami à voix haute.

Son regard traîna tout autour de lui...

Et il se figea de tout son être.

Watson était allongé dans l'herbe. Il avait étalé sous lui une large couverture et reposait sur le dos, une main ouverte dans les brins verts, l'autre sur la poitrine, posée sur un livre délaissé. Il dormait.

Holmes regarda, fasciné, la poitrine du docteur se soulever lentement, au rythme de la brise. Sa silhouette tant de fois détaillée. La lumière sur son visage doux, au repos. Son visage si familier, et si plein d'amour, même en plein sommeil.

Un rayon de soleil se posa sur le cœur de Holmes. Sa chaleur fit fondre toutes ses idées noires, comme une bougie allumée chasse la cire. Le monde n'était pas sombre. C'était un endroit magnifique, chargé de promesses. Peuplé par l'être le plus formidable qui n'ait jamais existé. Et cet être était à lui. Sherlock Holmes.

Il s'agenouilla à côté de Watson, et, avec une douceur infinie, replaça sur son front une mèche folle. Il saisit du livre ouvert en prenant garde à ne pas éveiller le dormeur, marqua la page d'un brin d'herbe, et le posa un peu plus loin.

Puis il s'allongea à côté de son cher ami - il y avait juste la place sur la couverture, ce qui n'était sûrement pas un hasard - et glissa une main autour de sa taille.

Il enfouit sa tête dans le creux de son cou et inspira à plein poumon, pour s'imprégner de son odeur familière. Watson bougea dans son sommeil. Sa main libre se referma autour de Holmes. Il se tourna sur le côté et le serra contre lui.

Ses paupières papillonnèrent.

S'apercevant que le détective était réellement dans ses bras, Watson sourit et déposa un baiser sur le haut de sa tête. Holmes sentit son cœur trépigner de joie, bercé d'une douce chaleur.

-Vous en avez mis du temps, murmura le docteur, encore ensommeillé.

-Je suis désolé, Watson, répondit le détective. Vous me pardonnez ?

-Bien sûr. Toujours.

-Rendormez-vous, chuchota Holmes en déposant deux baisers sur ses paupières closes.

-Vous serez encore là quand je me réveillerai ?

-Bien sûr. Toujours.

Watson sourit et replongea dans ses rêves.

Holmes contempla longuement son visage, si proche du sien. Puis il finit par sombrer à son tour dans un sommeil léger, à l'abri du monde, dans les bras de son cher - si cher ! - Watson.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro