Il y a peu, Petite_Renarde a organisé un concours d'écriture. J'ai choisi le thème qui consistait à raconter une histoire, dont le narrateur et personnage principal était un animal. Voici mon texte, n'hésitez pas à me dire s'il vous plaît. 

« Moi, Laïna, venais d'arriver dans la forêt d'Aguïa, observant le décor qui s'offrait à mes yeux. La particularité de cette forêt ? Elle était la seule dont les arbres vert clair étaient phosphorescents la nuit, dans le noir. Alors, une lumière bleu turquoise filtrait à travers les feuilles et branchages. Mais pour l'instant, en pleine heure de l'après-midi, il n'y avait pas grand chose à admirer si ce n'était le vert fougère parsemant les feuilles ou les aiguilles des arbres. Mais je n'avais pas fait tout ce chemin pour rien. Comme cette forêt était extraordinaire, j'avais trouvé tout naturel de venir ici pour exploiter mes compétences, et aussi chercher l'objet de ma quête. Mes capacités étaient assez... particulières. J'avais en effet le pouvoir de me métamorphoser en n'importe quel animal. Ce que je préférais, c'était me transformer en l'animal que je portais dans mon cœur. Enfin, en vérité, j'avais quatre animaux très chers à mes yeux. Mais aujourd'hui, je savais précisément en quoi mes talents allaient me transformer. M'avançant en plein milieu de la clairière située à l'intérieur de la forêt, je me plaçai sur la base d'une souche, posée pile au centre de la clairière. Humant les parfums qui s'échappaient des différentes fleurs, je fermai les yeux, et tournoyai sur moi-même. Je me mis à muer, mon corps se déformant à vue d'œil de plus en plus vite, et ma peau se couvrit de poils oranges. De fines moustaches vinrent compléter mon visage complètement métamorphosé, et des oreilles pointues se dressèrent sur ma tête. Enfin, une longue queue rayée se forma sur mon nouveau corps, et la métamorphose fut complète. J'étais désormais devenue un tigre ! Rugissant, je me mis en route, savourant le plaisir éprouvé à être ce félin si puissant.

Cela faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas métamorphosée, enfin, métamorphosée vraiment car les quelques piteuses fois où je m'étais transformée en mulot ou en belette, j'avais surtout senti la fatigue et l'épuisement plus qu'autre chose. Normalement, j'étais censée être presque toute l'année dans le corps d'un animal, malheureusement, mon histoire était beaucoup plus complexe que ça.

À ma naissance, j'étais une fille normale, comme les autres. À l'âge de cinq ans, je m'aperçus que j'avais un don, celui de comprendre et de me faire comprendre par les animaux. Je passais la plupart de mon temps libre dehors, avec eux. Je m'entendais particulièrement bien avec les reptiles, et les serpents étaient ceux que j'aimais le plus. Mais un jour, au cours d'une violente dispute entre deux crotales, l'un d'eux me mordit le bras par inadvertance. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, le venin n'eut pas l'effet attendu dans mes veines. En effet, je me retrouvai avec le pouvoir de me métamorphoser en n'importe quel animal qui soit. Mais ce don était à double tranchant car l'année de mes vingt ans, je resterais emprisonnée à jamais dans le corps d'un serpent, plus précisément le terrible Mamba Noir. La seule façon de contrer cette malédiction était de trouver et décapiter le Roi Mamba. Mais la grosse difficulté était que le Roi Mamba Noir avait disparu de la circulation le lendemain du jour où j'avais été mordue. Sans doute craignait-il pour sa vie, mais dans ces conditions, c'était un lâche et un trouillard. Ce dont j'avais plus peur, c'était que le Roi des Mambas Noirs avait élaboré un plan pour que je tombe dans ses filets. Il faut rappeler que j'en savais très peu sur mon don/malédiction et c'est pour cette raison que je m'étais entraînée très dur avec les animaux, notamment les ours, tigres et lions, car je n'avais qu'une idée en tête : tuer ce Roi Mamba de malheur ! Âgée d'à peine seize ans, j'avais déjà fouillé de fond en comble les lieux les plus hostiles et les moins accueillants de la planète, frôlant la mort à plusieurs reprises. Des pestilentiels marécages des îles du Pacifique aux déserts torrides insoupçonnés, en passant par les chaînes de montagne glaciales, et les falaises rocheuses tombant à pic dans l'océan sans limite ; j'avais presque tout exploré, ne me restant que les jungles et forêts monumentales dont je ratissais chaque fourrée. Aujourd'hui, j'avais décidé de partir de la clairière centrale pour progresser en spirale et ainsi, ne louper aucun détail. Je m'engageai sur un chemin sinueux et me mis à tout flairer, écartant les obstacles avec mes pattes musclées et déchirant les lianes et feuilles m'obstruant le passage. Je progressais vite, et inspectais minutieusement chaque bosquet d'arbre. Soudain, au détour d'un chemin, un cercle de menhirs surgit. Prudemment, je m'approchai et frôlai une des pierres avec mes griffes. Un peu de poussière de pierre tomba et dévoila des inscriptions étranges, avec des caractères inconnus de nos langues. Ne sachant que faire, le tigre majestueux que j'étais inspecta les douze pierres sans déceler quelque indice, bien que l'air soit chargé de mystère. D'un pas hésitant, je me décidai à entrer à l'intérieur du cercle et alors, les douze mégalithes se mirent à trembler, semblant se dilater, puis crépitèrent et une lumière bleu argent s'éleva, reliant chaque pierre en plusieurs endroits. Avant même de comprendre ce qui m'arrivait, je me retrouvai prisonnière du cercle et ne put plus sortir, sous peine de toucher les lumières électriques et de me faire électrocuter, ou pire. Je le savais, et cela me mettait en rage. Soudain, j'eus une idée. Pourquoi ne pas me transformer en aigle royal, me permettant ainsi de m'échapper par la voie des airs, ou alors, me métamorphoser en taupe, pour pouvoir creuser une galerie souterraine qui me ferait sortir de cette prison sous terre ? Malheureusement, je me rendis bien vite compte que la cage absorbait toute mon énergie et m'empêchait de me re-métamorphoser en un autre animal ou tout simplement de reprendre mon apparence humanoïde. J'étais piégée sous cette forme féline. Alors que je commençais à prendre conscience de l'ampleur du danger dans lequel je me trouvais, n'ayant jusque-là jamais été dans une position aussi défavorable, j'aperçus une ombre onduler et s'approcher à grande vitesse de moi. Quand la silhouette arriva à ma hauteur, mais à l'extérieur du cercle de pierres, je pus décerner la forme serpentine de cette dernière et je vis se dresser devant mes yeux le Roi Mamba Noir que l'on avait porté disparu il y a de ça neuf ans. J'eus un véritable choc en voyant à quel point il avait maigri et en percevant l'étincelle de cruauté et de méchanceté qui dansait dans ses yeux. Un rire glacial s'échappa de sa gorge rauque et il commença à parler :

« Te voilà enffffin ! Après toutes ccces années, tu m'as retrouvé et moi ausssi ! Te voilà maintenant prise au piège ! Mon génie n'a pas de limite, n'est-ccce pas ? Tu peux asssissster à ma toute dernière invention... »

Un autre rire machiavélique s'échappa de ses lèvres.

« Vous êtes vil et cruel ! » m'exclamai-je.

Le reptile se contenta de me regarder avec dégoût, signifiant ainsi sa supériorité.

Pendant ce temps, je n'étais pas restée inactive. J'avais inspecté avec discrétion la solidité des différents rochers qui me maintenaient prisonnière. J'en avais conclu que je devais amener le Mamba Noir à côté du mégalithe le plus fragile.

Feignant d'être apeurée, je me déplaçai vers la gauche, de façon à me retrouver dos au mamba. Comme prévu, ce dernier me suivit et contourna les pierres pour se retrouver de nouveau devant moi. Profitant d'un moment d'indifférence de la part du serpent, je reculai de manière à prendre de l'élan, et bondit sur le menhir fragilisé par le temps. Mes lourdes pattes le percutèrent de plein fouet et le choc fut si violent que la pierre se fendit en deux. Sa partie haute bascula vers l'extérieur et écrasa le bout de la queue du reptile. Je sautai par-dessus la partie basse du mégalithe et me retrouvai face à mon ennemi juré. Nous nous affrontâmes du regard, puis nous décidâmes de nous battre. Le Mamba Noir, rendu fou de colère car la pierre avait écrasé et coupé le bout de sa queue, fonça en rampant sur moi. Esquivant l'attaque, je me jetai sur mon adversaire, mais le loupa de peu. Nous repositionnant, les deux combattants que nous étions reprirent leur souffle et se jaugèrent, avant de continuer leur duel. Le reptile m'esquivait et essayait de me mordre sur les côtés, tandis que je bondissais et distribuais des coups de griffes à qui mieux mieux. Soudain, je fis une feinte parfaitement maîtrisée et j'atteignis la tête du serpent. Ce dernier gémit sous le choc et tenta de mordre mon bras, se démenant pour échapper à ma prise. Mais j'avais un coup d'avance. Le tenant fermement, j'appuyai sur l'arrière de sa tête, jusqu'à le faire lâcher prise. S'avouant vaincu, il stoppa tout effort et se laissa retomber au sol, vidé de toute son énergie. Relâchant légèrement la pression, je soumis mon prisonnier à un interrogatoire.

« Dis en moi plus sur ma malédiction. »

Comme il ne répondait pas, j'appuyai de nouveau sur la partie située entre sa tête et son corps, jusqu'à ce qu'il réponde.

« Qu'est-cccce que tu veux sssavoir ?

- Si quand je t'aurais tué, je pourrais encore me transformer en animal.

- Tu devras boire l'eau de la cassscade de ccccette forêt, à la minute de tes vingt ans pour pouvoir de nouveau te métamorpppphoser en animal. Mais tu ne pourras plus jamais te transsssffformer en sssserpent à partir du moment où tu me décapiteras...

- Très bien, c'est tout ce que je voulais savoir. »

Soulagée, je relachai légèrement la pression que j'effectuais sur la nuque du mamba, et ce traître en profita pour se faufiler hors de mon emprise. Il était en train de s'enfuir à vive allure, connue pour sa vitesse incroyable, quand je me souvins qu'il suffisait que je lui barre la route pour le ré-emprisonner. Je me mis à bondir et à courir en essayant de le rattraper, puis, le voyant grimper à un arbre, je cognai l'arbre en question jusqu'à le déraciner, et je pus rattraper le Roi Mamba, à moitié K.O. Déçue par son comportement lâche, je le décapitai d'un coup de griffe, en finissant avec ce cauchemar. Triomphante, je poussai un rugissement victorieux. » 

~Fin~