Comme à chaque pleine lune, Delya, assise sur son rebord de fenêtre, la contemplait tout en tressant sa longue chevelure blonde. Nombre de légendes étaient lié au satellite naturel inhabitée et, la jeune femme rêvait d'en voir une se réaliser sous ses yeux. Pourquoi ne pas voir un humain se transformer en loup en bas de son bâtiment ? Ou un vampire sortir de sa cachette pour venir sucer le sang d'un pauvre innocent, trop éméché pour se souvenir de quoi que ce soit.

Son imagination débordante lui faisait voir une multitude de scénarios plausibles à ses yeux mais qui ne se réalisaient jamais. Elle ressortait toujours déçue de sa nuit blanche d'attente, bien que sentir l'air frais sur ses pommettes roses, balançant ses jambes dans le vide la faisait se sentir bien. Elle avait une impression de légèreté, flotter dans les airs alors que son corps était bel et bien assis sur une surface dure.

Dans l'intimité de la nuit noir, seulement éclairée par la lune ronde, Delya scrutait le ciel avec adoration . Voler, ne serait-ce pas génial ? Ne plus dépendre de la gravité de la Terre, pouvoir se déplacer à tout va à vol d'oiseau. C'était son rêve. Un rêve fou et inaccessible pour la petite humaine qu'elle était mais rien n'y faisait, c'était ancré en elle depuis toujours: La jeune femme voulait voler, elle y arriverait un jour et se l'était promis.

Restait à savoir comment y parvenir. Rien n'était moins sûr étant donné tout ce qu'il fallait faire pour être hôtesse de l'air alors pilote ? Mais là encore, elle ne serait pas satisfaite. Elle serait certes au commande, dans le ciel, mais elle ne profiterait pas du vent sur son visage, de la caresse des nuages lorsqu'elle passerait au travers ainsi que du soleil frappant sa peau pâle de tout son éclat. Non, ce qu'elle désirait vraiment, c'était d'avoir des ailes.

Alors que la lune commençait à décliner, la blonde pensait partir se coucher, ce soir encore, rien ne s'était passé. Les mains sur le rebord, elle plia un genoux afin d'enjamber de nouveau sa fenêtre, mais son instinct lui intima de se tourner une dernière fois. Pris d'un frisson d'exaltation, elle leva son visage pour contempler la belle ronde une dernière fois.

La bouche entrouverte par la surprise, les yeux s'écarquillant légèrement, elle vit une ombre chuter du ciel à pleine vitesse. Son cri se bloqua dans sa gorge tandis que la silhouette tomba avec fracas non loin de chez elle. La poussière s'était soulevée et voletait maintenant, prouvant que la blonde ne rêvait pas, quelqu'un était bien tombé. Ni une ni deux, elle attrapa son téléphone pour composer le numéro des urgences, puis dévala les escaliers pour sortir de son immeuble.

Un mort, voilà ce qu'elle pensait trouver. Qui pouvait survivre à une chute pareille ? Delya racontait ce qu'elle venait de voir au téléphone, elle arriva non sans être essoufflée, sur les lieux présumés. Préparée au choc de voir un corps désarticulé, elle retenait la bile coincé dans son œsophage pour donner l'adresse exacte aux pompiers. Malgré ça, la surprise lui fit lâcher son téléphone qui tomba au sol. Devant elle, ce n'était pas un cadavre démembré , mais un homme tentant de se relever sur ses jambes, en appuie sur ses mains. D'immense ailes d'un blanc immaculé parsemé de taches noires accrochées à son dos la laissa bouche bée.

Aucun scénario de son imagination ne l'avait préparé à ça. Aussi, elle bégaya quelques paroles, avançant d'un pas vers l'être surnaturel devant elle. Ce dernier, à l'entente de la voix cristalline leva sa tête et croisa les yeux bleu de la jeune femme. Magnifique, fut le seul mot qui apparut dans l'esprit de Delya. Des yeux d'ambre la fixait avec curiosité tandis qu'elle faisait courir son regard des cheveux bruns de l'ange, jusqu'à ses orteils nus.

Vêtu d'un simple bermuda beige, elle contempla son torse ni trop musclé, ni trop en chair, ses bras sec mais qui ne laissaient pas de doute quant à leur force ainsi que les plumes dépliées dans son dos. Aucun son ne sortait de ses lèvres tant elle était subjuguée. Cet être reflétait la perfection mais aussi la tentation suprême à ses yeux.

Quand les sirènes stridentes des secours parvinrent à leurs oreilles, ils arrêtèrent l'un l'autre leur contemplation. Si la créature leva le nez en direction du bruit par curiosité, la jeune femme, elle, paniqua a l'idée qu'on lui fasse du mal. Son imagination à nouveau en action, lui montrait déjà les fédéraux le disséquer pour comprendre ce qu'il était. Aussi, elle rompit la distance ainsi que le silence, osa poser ses mains sur ses bras, pour le supplier de s'envoler avant qu'il ne l'attrape pour lui faire du mal tout en le poussant. Bien qu'elle y mettait toutes ses forces, il ne bougeait pas d'un pouce.

« Je t'en pris écoute moi ! Tu n'es pas en sécurité, envole toi, retourne dans ton monde.

- Impossible d'y retourner, déclare-t-il d'une voix grave. Je n'y suis plus le bienvenue. »

Les voitures en vue, il attrapa Delya d'un bras autour de la taille, la colla à lui puis prit son envol pour rejoindre le ciel, loin des lumières rouge et bleu illuminant les rues. Accrochée à sa nuque de ses deux bras, la jeune femme comprit que son rêve était en train de se réaliser. Non seulement la pleine lune lui avait offert un miracle, mais à présent, elle volait, sans attirail, sans cockpits, sans machine, comme dans ses rêves les plus fous.

Le vent, la sensation de liberté, la légèreté de son corps dans ce ciel étoilé, c'était magnifique. Elle devait cela à l'ange qui l'a tenait fermement tandis qu'il grimpait verticalement pour finalement, se poser sur le toit d'un bâtiment. Les pieds au sol, elle recula légèrement pour parler mais sa gorge se noua. Les plumes blanches parsemées de tâches. Noircissaient à vue d'œil. Certaines, déjà de la couleur de l'ébène, tombaient au sol tristement.

« Qui êtes vous vraiment ? Un ange ?

- Je m'appelle Lucifer, ange déchu de ses droits divins. Enchanté, Lilith la tentatrice. »

Elle ne comprit pas sa phrase, tant le sourire carnassier et séducteur qu'il lui offrait la troublait. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle devait le protéger coûte que coûte. S'il avait perdu ses ailes, elle deviendrait les sienne d'une manière ou d'une autre. S'il était en danger, elle ferait tout pour lui porter secours. Ange ou déchu, cet être magnifique serait son destin.