Chapitre XXIII : Une nouvelle conséquente
Un long hurlement déchire l'air.
Preuve d'une lycanthropie certaine et confirmée...
-Je n'ai pas eu le temps d'aller voir Rick !
James se plaint, en hurlant, de ne pas avoir son petit ami chéri parfait et je suis de plus en plus agacé par les jérémiades qu'il nous fait pendant ce grnre de crises. Nadejda a un regard interrogateur mais amusé et Samuelle et Heiling plutôt dubitatif.
Bon, le pessimisme incarné que je suis va essayer de faire comme Amaryllis et de voir le bon côté des choses, James n'a pas changé ni d'attitude ni de comportement alors qu'il vient de me dire ce qu'il est et qu'il sait avec certitude qui je suis. Je soupire et roule des yeux avant de les lever au ciel. Je vois sur la chaise à côté de la mienne Amaryllis en train de me fixer avec un petit sourire. Je lui souris en retour et pose discrètement ma main sur sa cuisse, sous la table. J'en ai envie, c'est tout. Elle me sourit. Ce sourire est comme un trésor pour moi. Je n'ai aucune envie de le perdre et encore moins de le partager.
Le cours reprend. Cette pause de seulement vingt minutes m'a paru durer six heures tellement il s'est passé de choses. Avec ce petit cachottier de James, par exemple...
À la fin de la journée, j'ai le cerveau en surchauffe quand Amaryllis me raccompagne comme tous les soirs à mon arrêt de bus. Elle voit bien que je suis épuisé, presque au bout du rouleau. Pire, ce soir, je vais chez mon père et j'aurai encore le droit à, ou plutôt l'obligation de faire, un long entraînement avec lui, toujours plus intensif que le précédent...Assis sur le banc en attendant mon bus et tout en regardant droit devant moi, fixant le béton gris et ennuyant du sol, je murmure alors :
-Amaryllis...Rassure-moi...S'il te plaît...
Ma petite amie tourne ses yeux perçants vers moi, un peu étonnée de cette demande peu commune. Elle sourit. Rien que cette petite chose réchauffe déjà mon cœur...Elle me prend alors dans ses bras, dans un câlin long, doux et chaud. Elle ne bouge plus, exception faite de sa poitrine qui se soulève et s'abaisse quand elle respire. Je me blottis alors contre elle, comme un louveteau se sentant menacé et allant chercher réconfort et sécurité vers une louve un peu plus âgée. Je sens son souffle frais arriver sur mes joues et je ferme alors mes paupières. J'écoute alors ses paroles tellement gentilles que n'importe qui se retrouverait ébranlé :
-Alexis, tu es un garçon rempli de qualités, même si tu ne le remarques pas. Si tu ne vois jamais ce que tu vaux, je serai là pour le faire à ta place et te le dire, comme une interprète. Je serai là, à tes côtés, avec toi, toujours. Les moments difficiles, je les surmonterai à tes côtés. Les instants heureux, je les passerai avec toi. De tout temps, je serai là. Tu n'auras qu'à me le demander.
Je souris à ces mots bienveillants et si affectueux. Je sens mes yeux devenir humides. Sans doute la fatigue accumulée depuis ces derniers jours qui refait surface. Je ris alors d'un coup comme un idiot. Je sais qu'Amaryllis me regarde avec un air étonné, je le sens. Je redresse le tête pour qu'elle puisse me voir yeux dans les yeux puis je murmure alors quelques mots :
-J'ai les yeux mouillés...J'ai pensé à la fatigue. Puis j'ai ri en me disant que c'était de la mauvaise foi pure et dure. En réalité, je suppose que c'est simplement tes mots, si doux et si gentils, qui m'ont affecté plus que ce que je voulais le montrer...
Je souris encore plus pour lui afficher ma joie et lui dis :
-J'ai de la chance de t'avoir, Amaryllis !
Elle me sourit en retour. Au creux de ses bras, c'est comme si elle me berçait, je me sens bien. Au chaud, en sécurité, alors que pouvais-je bien craindre du monde, des gens ?
Mon bus arrive. Je l'entends de loin, maintenant. Je me lève, suivi par Amaryllis qui va s'en aller après que je sois monté dans le véhicule. On ne voit pas encore le bus mais moi, je l'entends avec mon ouïe fine de lycanthrope. Alors, avant de le voir apparaître au tournant de la rue, par surprise, je saisis Amaryllis par les épaules et l'embrasse.
Un baiser doux, désireux, calme et long...Je la sens se détendre peu à peu dans mes bras. J'aimerais rester dans cette posture des mois et des mois, voire des années...Je sens ma poitrine se gonfler de désir et de cette sensation qui fait de moins un lycanthrope.
J'ai encore envie de la mordre...Foutue nature de loup ! Je me détache alors de ses lèvres lentement puis les mordille avec un petit sourire.
Mon bus arrive. Je la quitte à contrecœur en lui offrant un baiser, court et chaste.
Quand j'arrive chez moi, épuisé avant même d'avoir fait quoi que ce soit, je vois mon père assis sur une chaise dans la cuisine. Je sais parfaitement ce qui m'attends dans quelques minutes...
-Alex, te voilà !
-Bonjour, Papa...dis-je avec un ton entre la neutralité et la nonchalance.
-Après ton entraînement habituel, nous irons chez tes grands-parents, m'annonce-t-il. Il y a quelque chose qui nous attend.
-Je vois...D'accord...
J'opine du chef en même temps mais c'est à peine si j'ai compris ce qu'il vient de me dire. Ne voit-il donc pas que je suis au bord de la mort avec tout ça ? J'étais entièrement humain jusqu'à il y a quelques mois, aussi bien physiquement que mentalement ! Seule Amaryllis me permet de tenir le coup face à tout ça. C'est la seule qui n'a nullement changé de comportement vis-à-vis de moi, même en sachant tout.
Après que je me sois tué à la tâche à l'entraînement avec mon père, je vais me doucher avant de partir chez mes grands-parents. Qu'ont-ils donc à me montrer ?
Je me déshabille dans ma chambre avant d'aller dans la salle de bains. Je dépose mes habits sales dans le panier de linge sale et mon pantalon toujours avec ma ceinture dessus sur ma chaise de bureau.
Je suis devant le miroir. Dedans, je me vois avec un œil nouveau. Mes jambes plutôt poilues ne me gênent plus. Comme elles ne dérangent pas Amaryllis, elles n'ont pas à me gêner moi non plus. Je vois mon torse toujours d'un blanc laiteux avec quelques grains de beauté disséminés à quelques endroits, contrastant avec la blancheur de ma peau. Je suis de plus en plus fort grâce à mes entraînements de loup-garou avec mon père et comme je muscle mon corps de loup grâce à eux, mon corps humain aussi est de plus en plus sculpté. Amaryllis avait bien remarqué la faible différence entre mes pectoraux avant et maintenant. Je mincis un peu, aussi. Je n'étais pas gros non plus, je ne l'ai jamais été, mais simple constat. J'aurais presque envie de dire que c'est le miracle de l'entraînement lupin, s'il ne me fatiguait pas autant !
Quand je passe sous la douche et que je sens l'eau ruisseler sur mon corps, j'ai l'impression de me retrouver à nouveau dans les bras d'Amaryllis...Avec sa chaleur et sa douceur...C'est comme si elle était près de moi pour quelques instants. Je me savonne puis me rince rapidement avant de sortir de la douche, mon linge autour de mon corps. Je frotte mes cheveux courts de ma main pour qu'ils sèchent plus vite puis je sèche le reste de mon corps avec le tissu autour de ma taille. Je m'habille avec des habits propres puis je rejoins mon père.
On va chez mes grands-parents. Quand on entre, je sens l'atmosphère s'alourdir d'un seul coup. C'est apparemment quelque chose de bien sérieux, voire très sérieux.
On s'assied à table. Tous mes cousins et oncles sont présents. Ma tante par alliance se tient un peu en retrait, veillant sur ses deux filles, Théa et Léna, avec attention. Je n'ai plus d'autre tante. Mon autre oncle a divorcé...Alors que les loups-garous sont censés être possessifs ! Je n'accepterais jamais de laisser Amaryllis à qui que ce soit. Elle est à moi comme je suis à elle !
Mon grand-père se lève alors et, après avoir toussé une ou deux fois, prend la parole :
-Si vous êtes tous ici en ce moment, c'est pour que nous vous annoncions quelque chose, Valentino et moi.
Mon oncle se lève. C'est le père de tous mes cousins et cousines, à l'exception faite de Maria et Loki. Il n'a pas l'air très, disons, concerné par ce qui est en train de se passer. Mon grand-père a l'air bien plus sérieux et formel que mon oncle Valentino. Il prend alors la parole avec un ton assez détaché :
-Je vous annonce que Maurice a effectué lui aussi sa première transformation !
Tout le monde applaudit. Mes cousins, particulièrement Georges, Greg et Loki ont le sourire aux lèvres, fiers de leur petit frère ou cousin. Je me force à légèrement applaudir. Je ne suis pas enthousiaste à l'idée que Maurice ait eu sa première transformation quelques mois à peine après moi, mais bon, ne soyons pas jaloux...Bien que je sois le péché de l'envie sous sa forme humaine ! Ou lupine, je ne sais pas...
Ma grand-mère et mon père sont très enthousiastes, je ne vois pas trop pourquoi mais je ne fais qu'observer mon entourage. Maria demande alors avec un grand sourire :
-Maurice, transforme-toi devant nous ! Montre-nous ton loup !
Mon cousin rougit alors et se tourne.
-Pourquoi je devrais ?
-Vas-y, ne fais pas ton timide ! lui dit son frère Georges. À part Papa, personne n'a encore vu ton loup, on aimerait aussi savoir à quoi le dernier Primus masculin ressemble sous sa forme de loup !
Maurice boude.
-Non !
Pendant encore une dizaine de minutes, ce conflit continue et se poursuivra encore longtemps si personne n'intervient. Mon père s'est mêlé à cette discussion et l'anime trois fois plus que s'il était resté silencieux. Je soupire et sens alors un regard sur moi. Mon grand-père qui me sourit. Ses pupilles sont jaunes. Je comprends ce qu'il veut me transmettre comme message à travers ce sourire amusé.
Je déglutis pour préparer ma voix et pose ma joue sur le dos de ma main, avec une certaine noblesse dans le geste. Je prononce alors avec une voix forte et claire, qui me surprend moi-même :
-Maurice !
Tout le monde se tait d'un seul coup et se tourne vers moi. Je m'efforce de ne pas perdre la face et garde mon air de noble sadique sur le visage. Cette expression glace la plupart de mes interlocuteurs, dont ma propre famille, peu habitués à ce genre de choses ou alors simplement apeurés à cause de la nouveauté qu'ils voyaient. Mais la seule personne qui m'ait dit que j'étais aussi diabolique et machiavélique que sublime et magnifique avec cette tête, c'est Amaryllis. Est-elle juste bizarre ou a-t-elle des goûts singuliers ? Sûrement un peu des deux...
Toute ma famille, et surtout Maurice, me fixe avec un air à la fois étonné et surpris et à la fois interrogateur. Je fais mon meilleur sourire de sadique, celui de psychopathe qu'Amaryllis aime tant, oui, elle est vraiment spéciale, et je dis avec une voix claire :
-Tu rechignes même si c'est un ordre de ton alpha ?
Maurice écarquille les yeux et me dévisage comme si je venais de parler le martien de manière parfaitement correcte et courante. Il se reprend, toutefois pas assez vite pour que je ne puisse pas graver cette vision de lui si troublé dans ma mémoire à long terme, et fronce les sourcils, visiblement de plus en plus coléreux.
-Tu n'es pas encore alpha ! C'est Grand-Papa qui l'est ! Arrête de te croire supérieur à moi !
-Il t'est supérieur...lui souffle alors Loki à l'oreille. À moi aussi, d'ailleurs.
Mon grand-père intervient avec calme et sagesse :
-Alexis est mon héritier. Il est sûr, certain que ce sera lui qui prendra la tête des Primus. Il a parfaitement le droit de déjà faire valoir son autorité.
Maurice se renfrogne et fait une moue que je trouverais probablement adorable s'il n'était pas aussi détestable avec moi en temps normal. Je souris encore plus.
-Vas-y...dis-je, avec le même air sadique qui a l'air de beaucoup déplaire à Maurice dans cette situation où il est clairement désavantagé.
Il se transforme. Comme moi au début et comme tout loup-garou à ses premiers pas dans le domaine, il se métamorphose lentement. Son corps rétrécit et sa peau se couvre de poils bruns et ternes. Il apparaît alors devant nous. Il est vraiment petit...Même pour son âge. Par rapport à la moyenne classique des loups-garous de son âge, il est vraiment petit. Quelle ironie, n'est-ce pas ? Surtout quand on sait que moi, j'ai un loup particulièrement grand par rapport à ceux des autres lycanthropes adultes.
Je verrais presque Maurice rougir de honte sous son pelage de loup. Il est d'un brun terne avec quelques teintes de gris, avec un peu de blanc sur les pattes. Sa fourrure est bien fournie et a l'air plutôt douce, mais ce n'est pas là-dessus que les autres personnes, surtout des loups-garous, vont s'arrêter. Le détail qui frappe vraiment, c'est sa taille vraiment ridiculement petite. Je compends le fait qu'il ne voulait pas se transformer devant nous...J'espère, d'un point de vue purement objectif, qu'il va encore un peu grandir. Au moins quelques centimètres...
Je suis sûr que mon loup aurait l'air d'un géant, même un titan, à côté du sien.
Je le fixe avec un regard toujours aussi sadique qui le met mal à l'aise. Il reprend alors sa forme humaine pendant que sa peau fume sous l'effort physique et l'énergie que lui a demandé cette métamorphose. Il me regarde avec un air à la fois haineux et à la fois gêné. C'est très comique à voir et peu commun ! Je lui dis avec la même expression :
-Louveteau, va !
Il a l'air de vouloir m'étriper. Ce que j'ai voulu faire pendant ses douze ans d'existence. Ce n'est que justice.
Georges s'approche alors de moi, avec un air un peu gêné. Il n'y a pas de mot pour décrire son expression, entre l'infériorité et le fait d'être un peu penaud, mais il semble bien que, cette fois, il ne veuille pas me chercher des noises. Quand il est vers moi, il pose une main sur mon épaule. Il a presque une tête de plus que moi mais il ne m'est plus supérieur. Aussi cocasse que paradoxal, n'est-ce pas ?
-Alexis...Je tiens à te dire...
Je m'attends à tout. Au meilleur comme au pire.
-Je ne voulais pas vraiment l'admettre mais maintenant, j'en suis sûr. Sadique, implacable et inflexible comme tu es, tu feras vraiment un bon alpha !
Je souris à ce compliment inattendu. Je sens, grâce à mes sens de loup, sa sincérité.
-Merci, Georges.
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