Chapitre VIII : Un désir de loup
C'est très plaisant de caresser la fourrure d'un loup...
C'est soyeux, tout doux mais on sent aussi que ces poils ont une origine sauvage, indomptée...
Les petites plaintes de plaisir que lâche un loup dans une situation plaisante à son goût sont aussi très mignonnes à entendre.
Depuis qu'Alexis m'a dévoilé sa seconde nature il y a plus de deux semaines, il me paraît beaucoup plus détendu et en paix avec lui-même, et moi, je suis heureuse d'être autant, disons, privilégiée.
Maintenant qu'il se sait plus ou moins maître de lui-même, Alexis ne refuse plus de me donner la main ou que je m'appuie sur lui quand on attendait l'arrivée des autres le matin au gymnase.
Depuis ce fameux matin, il a également beaucoup moins de filtre quand il me parle et j'apprécie pleinement cela.
C'est aussi cette même absence de filtre qui faisait dire certaines choses à Nadejda avec un air amusé et entendu à la fois, comme par exemple :
-Seriez-vous par hasard entrés tous les deux dans le monde et l'âge des adultes ?
Ou alors :
-L'atmosphère devait avoir une température vachement élevée, n'est-ce pas ?
À chaque fois, Alexis et moi lui répondions en chœur, parfaitement synchronisés :
-Non ! Arrête ça !
Cela fait beaucoup rire les autres. Tina et Heiling nous lançaient toujours des regards remplis de sous-entendus, comme Nadejda, mais on essayait de ne pas se montrer déstabilisés face à ces derniers.
En ce moment, James a enfin une ouverture avec sa fameuse Mélusine.
Elle est plutôt jolie et on voit qu'il a plutôt bon goût aussi bien pour les filles que pour les garçons.
Même si moi, de mon point de vue, je trouve mieux de privilégier la psychologie d'une personne et non pas sa seule apparence physique...
Aujourd'hui, James a eu le courage de nous annoncer qu'il allait déclarer ses sentiments à Mélusine.
On est tous avec lui, on le soutient comme un groupe d'amis le devrait. Il prend son courage à deux mains mais il aurait bien aimé le prendre à quatre ou six s'il possédait quelques bras en plus.
Alexis, quand James ne l'a pas dans son champ de vision, rigole tout seul. Il ignore s'il va se prendre un râteau ou non mais il n'attend que sadiquement ce moment fatidique.
Comme James est plutôt pas mal physiquement, bien taillé, intelligent et doué, populaire et sympathique, il ne devrait pas avoir trop de problème mais on ne sait jamais.
C'est d'ailleurs tous ces points qui caractérisent James qui insupportent Alexis, jaloux et coléreux. Et voilà pourquoi il serait plus ou moins satisfait que James se prenne un râteau, car cela lui apprendrait la dureté de la vie.
Malgré tout, mon tendre Alexis sait à quel point c'est dur d'avouer quelque chose de tel, comme ses sentiments, à quelqu'un. Après tout, nous l'avons vécu.
Il peut aussi se faire une idée quant au fait de se faire rejeter par la personne qu'on aime.
À la pause de midi, James termine très rapidement son repas, sous le stress de sa future déclaration. Une goutte de sueur perle sur son front et slalome entre ses quelques boutons d'acné.
C'est beau, l'adolescence...
Quand soudain, il se lève et se retourne avec vigueur.
Ça y est, il a pris tout son courage !
Il s'avance alors vers la table de Mélusine. Je vois à sa pomme d'Adam se mouvant une fois qu'il a dégluti.
Mélusine était en train d'attacher ses cheveux bouclés d'un brun doré quand James l'aborde avec un air un peu gêné, un peu timide.
Il est rare, de voir James, de nature plutôt sûr de lui et assuré, aussi rouge. Il ressemblerait presque à une pivoine en pleine floraison ou bien à une alarme incendie.
Quand je dis ça à Samuelle et Alexis, cette dernière me dit avec un sourire en coin :
-Flatteuse, ta comparaison !
Alexis, quant à lui, rit, tout simplement.
On entend quelques bribes de la discussion de James et Mélusine mais on ne saisit pas toujours le sens de leurs paroles. C'est quand on voit l'expression de notre ami s'illuminer qu'on sait qu'il a fait mouche, touchée en plein dans le mille que ce soit Mélusine ou la mouche.
Il revient vers nous tout sourire et, pendant qu'il se rassied, nous dit avec une satisfaction indissimulable :
-Nous sommes ensemble !
-On croyait avoir deviné, Don Juan ! lui lance Tina avec un petit sourire.
-Mais c'est qu'Apollon s'est tranformé en Cupidon ! dit Lou en lui faisant un clin d'œil. Bourreau des cœurs, va !
-Non, rétorque James. Cupidon, c'est Tina. C'esr elle qui incite et met les gens en couple !
On rigole tous.
Je vois qu'Alexis fait un peu la moue. Sous la table, je pose ma main sur son genou et je murmure sans même regarder dans sa direction mais avec un petit sourire :
-Ne sois ni fâché ni jaloux. Toi aussi, tu es en couple.
Je sais qu'il m'a entendue.
Avec ses sens de loup surdéveloppés par rapport aux capacités réduites des humains, il n'a aucune peine pour sentir tous mes petits tressaillements, savoir si j'arrive ou non grâce à mon odeur qu'il repère de très loin ou alors entendre tous mes murmures, aussi infimes soient-ils.
-Dis-moi, James, c'est pour quand ? sort Nadejda, le visage entre les main, avec un air très, voire trop, intéressé.
-Mais de quoi ? dit-il alors, naïvement, en fixant notre amie avec les joues légèrement rosées.
-Ne joue pas à l'innocent avec moi ! le nargue alors Nadejda en riant de bon cœur.
Lou et Samuelle se regardent avec pitié pour ce pauvre James et amusement mêlés. Heiling lâche alors tout en riant :
-Mais tu n'oublieras pas les amis, n'est-ce pas, James ?
Ce dernier hoche la tête pour nous confirmer que non, il ne nous oubliera pas.
On termine alors notre pause de midi tranquillement et avant de reprendre nos cours, on voit James aller saluer Mélusine et Lou faire un dernier message à son copain, loin d'elle.
La semaine est bientôt finie mais je ne peux m'empêcher de me sentir épuisée...
Dans deux jours, c'est les vacances d'octobre et nous sommes dans la dernière ligne droite avec un repos bien mérité.
Notre dernier cours d'histoire, avant ces deux semaines de vacances, commence et notre enseignant nous fait alors regarder un documentaire très intéressant qui passe au-dessus de beaucoup de sites archéologiques antiques.
Plus on avance ce documentaire, plus cela ressemble à des théories du complot mais les faits sont absolument fascinants. Et ce genre de théories complotistes doit vraiment plaire à Heiling, qui baigne là-dedans grâce à, ou à cause de, sa mère.
Dans le noir de notre salle de classe, je prends alors doucement la main d'Alexis dans la mienne. Nous sommes tout au fond, alors personne ne nous verra.
Il conteste alors ce que j'ai fait en bougeant la sienne et en entrelaçant nos doigts.
J'observe sa silhouette, dont seul le profil est illuminé par la projection du documentaire. Quand il s'aperçoit que je le fixe, il rit et me tapote la tête de sa main libre. Je souris discrètement, dans le noir.
Depuis que je sais qu'il a une sensibilité décuplée voire bien plus, j'ai beaucoup envie de l'embêter avec ça.
Je pose alors simplement ma main sur son dos. Il a alors un sursaut en même temps qu'un long frisson. Il me regarde alors en fronçant un sourcil, que je vois à peine illuminé grâce à la projection.
Je lui souris innocemment et chuchote :
-Qui aime bien châtie bien !
Je bouge ma main et chatouille légèrement son dos du bout de mes doigts. Je sens alors sa prise sur ma main se resserrer autour de la mienne, pour ne pas lâcher une exclamation ou un bruit quelconque.
Je devine que ça lui plaît. Sous sa forme de loup, je l'ai déjà caressé sur le dos et il apprécie beaucoup, alors pourquoi pas quand il est simplement humain ?
Il se penche alors vers moi.
-Arrête, s'il te plaît ! me murmure-t-il en me regardant.
Je vois alors ses yeux devenus jaunes, brillant dans le noir de la pièce, et ses pupilles légèrement agrandies.
Quand on titille un peu trop longtemps sa sensibilité, ses yeux jaunes de loup ressortent. Ça me plaît beaucoup.
Il pourrait presque faire peur, le visage à moitié éclairé et les deux yeux brillants d'un éclat quasiment surnaturel. Mais je le connais trop bien pour avoir réellement peur de lui sous cette forme que nous appellons entre nous semi-lupine, ou de demi-loup.
Sous cette forme, il n'a que quelques changements physiques et plutôt discrets.
Ses iris deviennent jaunes, comme lorsqu'il se transforme totalement en loup, et ses pupilles s'élargissent un peu, tout comme dans les yeux d'un vrai loup.
Ses dents s'allongent un peu, surtout ses canines qui deviennent tranchantes et pourraient alors faire très mal s'il décidait de mordre quelqu'un ou quelque chose avec toute sa force.
Et ses ongles sont le dernier signe qui montre sa forme semi-lupine. Ils s'allongent un peu et deviennent un peu plus acérés et pointus au bout, pour former une ébauche de griffes.
En revanche, ce qui m'a étonnée au début, c'est que sa pilosité ne bouge pas et n'augmente que quand il se transforme en loup ou en loup-garou, c'est-à-dire, pour le paraphraser, la forme d'un loup bipède moche. Celle que moi je qualifierais de classique dans le folklore et l'imaginaire collectif des gens.
-Heiling, ça t'a plu, le documentaire ? je demande à notre amie à la sortie de notre cours.
-J'ai adoré ! dit-elle avec un immense sourire. Je crois qu'ils auraient pu parler de l'existence des reptiliens que j'aurais trouvé ça tout aussi crédible !
Samuelle éclate d'un rire sonore :
-Ça, c'est notre Heiling tout craché !
Tina donne alors un gentil coup de coude à Heiling et lui dit avec un sourire complice :
-Ne montre pas ça à ta mère, parce qu'elle serait encore capable de trouver des théories pour les exclure ou au contraire, les inclure totalement !
Nadejda et Lou rient et déclarent alors avec amusement :
-Je suis sûre qu'on s'entendrait tous bien avec ta mère, Heiling ! Il faut vraiment que tu nous invites chez nous, une fois !
-Vous pouvez rêver ! je leur dis avec un sourire accompagné d'un soupir, tout en agitant la main. Quand elle recevra cette autorisation, ce sera la semaine des quatre jeudis !
-À ce point ? dit James, interloqué.
-À ce point ! confirme Tina en chœur avec moi, de qui elle est la meilleure amie depuis des années.
Il nous reste encore un cours de chimie avant de pouvoir rentrer chez nous.
Quand je sors du gymnase avec Alexis, après avoir salué tous nos amis, je retire alors ma veste. Il fait étonnament chaud pour le mois d'octobre et je profite donc de cette température agréable pour me promener sans couche d'habit supplémentaire.
Alexis, dans sa veste plutôt fine, me regarde faire. Lui a maintenant la même résistance qu'un loup, et même sans l'entierté de ses poils et de sa fourrure, il tient plutôt bien le froid. Par contre, en contrepartie, il a très vite chaud...
Quand on s'assied à l'arrêt de bus qui doit le ramener chez lui, on est seuls. On a fini plus tôt que tous les autres étudiants et c'est chouette !
C'est alors que je m'aperçois qu'Alexis me fixe avec un regard de chasseur...
Je regarde ses prunelles vertes en demandant :
-Qu'y a-t-il ?
Il a un sourire alors presque carnassier mais que j'assimile aussitôt et sans aucune hésitation à son caractère lupin et sadique mêlés.
-Tu t'es bien amusée, tout à l'heure, non ?
-Tout à l'heure ? je répète, avant de sourire d'une façon un peu diabolique.
J'ai soudainement compris où il veut en venir...
-Comme ça, tu dis ?
Le prenant par surprise, je touche alors de ma petite main son ventre, une des parties de son corps les plus sensibles devenues encore plus depuis sa transformation, et me mets à mouvoir ma main sur son pull.
Ce n'est même pas une caresse, comme celle que je lui ferais s'il était sous sa forme de loup, mais il ne peut s'empêcher de lâcher un petit gémissement canin sous l'effet de surprise, comme s'il était transformé.
Je m'arrête et je vois que malgré le très court laps de temps, sa forme de demi-loup a eu le temps de prendre le dessus. Il me sourit et je vois ses longues canines briller à la lumière du jour. Il me susurre :
-Tu t'amuses bien, avec ma sensibilité littéralement à fleur de peau, n'est-ce pas ?
Je lui réponds avec amusement :
-Oui, bien sûr ! Comment pourrais-je ne pas profiter ?
-Et moi donc ! me dit-il dans un doux murmure avant de plonger sa tête dans mon cou.
Il mordille ma peau. Avec ses longues dents, ça me ferait presque mal mais il prend bien garde à ne pas percer ma peau fragile d'humaine.
Il mordille pendant un bon moment mon cou. Il profite lui aussi, il vient de me le dire.
Et puis, si moi, je m'amuse quelques fois avec ça, lui aussi a ce droit temps en temps, ce n'est que justice. Sinon, ce serait inégal.
Quand, grâce à son ouïe devenue très fine, Alexis entend son bus arriver au loin, ses lèvres délaissent avec regret ma peau et mon cou pour s'emparer quelques secondes des miennes.
Il a repris son apparence totalement humaine. C'est mieux, pour se fondte dans un bus plein de monde...
Il se lève alors, me salue de la main et monte dans son bus.
Quand il tourne pour faire ce fameux angle, Alexis me mime alors l'envoi d'un baiser, que je lui rends, avant qu'il ne disparaisse derrière le bâtiment du bout de la rue.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro