Je me suis réveillé tôt.
Enfin, encore plus que d'habitude...
Je suis stressé mais je n'y peux rien, ma foi...
Je frotte mon visage de mes mains chaudes dont la température vient du dessous de notre duvet. Mes paupières sont encore ensommeillées et je les sens se refermer mais je me force à me redresser dans mon lit.

Je me remémore alors l'endroit où je me trouve et avec qui.
Dans l'hôtel des Brivel et avec Amaryllis. Ma tendre petite amie...Si sereine quand elle dort.
Je lui tapote gentiment l'épaule pour la réveiller. Elle émerge alors du monde du sommeil avec peine, comme toujours. Si je suis quelqu'un de matinal, elle, est vraiment du soir ! Elle peut veiller longtemps alors que moi, je m'écroule facilement le soir. Surtout depuis ces épuisants entraînements lupins...Mais je remarque qu'avec le temps, l'expérience et la pratique, je suis de moins en moins fatigué en sortant d'une séance avec mon père et mon corps est moins éprouvé. Je crois que mon corps se forge plutôt bien en fait...

Je m'extirpe de mes draps et, me déshabillant de suite, je me douche immédiatement et de manière assez rapide. L'eau chaude ruissèle sur mon corps et j'aime la sensation d'écoulement sur ma peau sensible.
Quand je retourne dans la chambre, Amaryllis a refermé ses yeux et semble dormir à nouveau...Je commence à tirer une tête désappointée...Cette petite humaine !
Je m'assieds au bord du lit et me penche sur elle. Elle a l'air si sereine mais nous avons un horaire assez strict à respecter. Je prends donc une profonde inspiration et me mets à chatouiller ses flancs.

Elle se réveille alors soudainement, en s'exclamant :
-Alexis !
Elle se redresse dans son lit et se retrouve aloes nez à nez avec moi, qui lui souris à la fois tendre et sadique.
-Bonjour, Amaryllis ! Comment vas-tu ?
-Bien...grogne-t-elle entre ses dents.

Finalement, elle se lève, va dans la salle de bains et se démêle les cheveux. Je l'entends au bruit de sa brosse sur ses cheveux un peu emmêlés par la friction produite entre eux et son oreiller la nuit.
Noua descendons déjeuner, quelque chose d'assez conséquent d'un point de vue nutritionel mais léger en ce qui concerne la masse et la quantité. Nous ne devons pas être trop lourds quand on fait des missions pareilles...
Je mange quelques tartines et un bol de pâtes imposé par mon grand-père pour avoir de l'énergie en réserve, Amaryllis mange des œufs brouillés et du pain blanc.
Mes cousins croquent pour la plupart des croissants au beurre bien gras et des tranches de viande séchées qui garnissent le buffet à foison.
Normal, quand on sait que le patron de cet hôtel en est un et que ce dernier sait qu'il en accueille sous son toit. Mon grand-père, lui, ne mange qu'une salade de fruits du buffet et quelques tartines. Il ne suit même pas son propre conseil de manger des pâtes ! Alors qu'on ne mange pas de pâtes le matin !
Quoique, en sachant qu'Heiling a déjà réchauffé un reste de lasagnes de la veille pour son petit déjeuner et mange des nouilles asiatiques instantanées pour son goûter, je ne sais plus trop ce qui est le plus surprenant de deux situations...Mais comme aime dire Amaryllis, cette fille n'est pas bizarre, elle est juste Heiling !
Et c'est vrai...

Une fois que nous avons terminé de manger, nous vérifions tous les préparatifs et nous nous en allons pour nous rendre dans la résidence principale des Minuit.
D'après les informations officielles, Fabrizia devrait y être en ce moment avec au moins sa fille.
Quand nous arrivons, nous nous séparons. Amaryllis et moi suivons le même schéma que d'habitude. Enfin, je ne parle pas du fait que c'est une habitude d'entrer par effraction chez les gens, mais du fait que nous sommes déjà passés par ici pour nous enfuir avec Gary et Amaryllis y est même passée quatre fois, quand elle avait dû venir avec nous mais de manière pas très officielle...Il y a Loki avec nous.
En somme, une entrée par effraction...
Si mon grand-père a décidé de mettre Loki avec Amaryllis et moi, c'est parce que je sais assez bien comment il est car nous avons fait une bonne partie de notre enfance ensemble, avec sa sœur Maria également. Il a reçu la consigne de m'obéir sans rechigner ni contester par caprice personnel si je lui donne un ou plusieurs ordres.

Les autres groupes sont ainsi composés. Mon père, le plus diplomate de sa fratrie de trois, et son père, c'est-à-dire mon grand-père et notre alpha, iront sonner de manière officielle vers Fabrizia. Ils sonneront et si tout se passe bien, ce sera soit elle soit sa fille Anna soit Jeffrey qui viendra leur ouvrir. Ils tenteront de gagner du temps avec de la discussion pour nous.
Ensuite, il y a le groupe de Georges, Maria et mon oncle Eric. Maria a été désignée comme cheffe car elle est la plus lucide et la plus réfléchie d'eux trois. Ils passeront pas une fenêtre du premier étage, m'ayant pas trop de peine avec l'escalade libre, une discipline sportive passablement dangereuse. Mais nous, nous sommes des lycanthropes donc la séurité leur passe parfois un peu au-dessus de la tête...
Le dernier groupe contient mon oncle Valentino, Maurice et Greg. Ce sera à Greg de donner des instructions. Il n'est peut-être pas une tête mais il est moins instincif et impulsif que mon oncle et plus âgé et donc plus expérimenté que Maurice qui a moins de quinze ans contre Greg qui en a vingt. Eux interviendront quand tout commencera à bouger dans la maison. Par conséquent, ils restent cachés dans d'épais buissons alors que mon père et mon grand-père se dirigent vers la sonnette.

Nous avons tous sur nous un dispositif de micro et d'enregistreur pour nous permettre de communiquer tous ensemnle une fois la mission commencée.
Je me demande combien a coûté ce matériel mais je me dis que les Primus, la meute alpha des autres meutes, doit être assez bien lotie...
Nous entendons donc mon grand-père sonner...

Quand la lourde porte s'ouvre et grince sous sa masse importante, Anaryllis et moi profitons pour vite ouvrir la fenêtre qui mène au sous-sol et nous y introduire, glissant telles des anguilles. Nous refermons soigneuement la vitre. Je sais que de leur côté, le groupe de Maria doit avoir, conformément au plan inital, fait la même chose avec le début de la grimpe avec une corde au bout de laquelle se trouvait un crochet, pour un minimum de sécurité. Il serait idiot de rater notre ultime mission là-dessus...
Nous entendons alors dans nos oreillettes la discussion entre mon grand-père et le portier qui semble être bel et bien Jeffrey. Il est tellement souvent là que je dirais bien qu'il est serviteur ici et non pas membre de leur famille...Cessons d'être mauvaise langue !

-Bienvenue, messieurs Primus. Pouvons-nous faire quelque chose pour vous ?
-Je crois bien, oui, dit mon grand-père avec un ton à la fois dure et froid. Laissez-nous voir Fabrizia Minuit votre alphabet sa fille Anna Minuit.
-Bien. Venez, mais restez dans l'entrée, je vais la chercher pour vous.
-Non ! dit mom grand-père, ferme et irrévocable. Vous pourriez vous confier l'un à l'autre avant de revenir ici. Appelez-la ou alors nous vous accompagnons.
-Bien...
On entend ensuite dans le micro des pas réguliers sur une surface régulière, probablement les escaliers principaux.

Nous, nous reprenons notre mission. L'entrée en scène était plus ou moins réussie !
Dans cette cave, il n'y a personne, pas un chat ni un loup...Sauf Loki et moi, bien sûr.
Amaryllis retrouve alors dans cette sombre pièce sale, mal entretenue et exigue la machine où le nom d'Anna est effectivement gravé.
Anna Mitror.
Qu'est-ce que cela peut donc bien signifier ?
Amaryllus effleure le métal rouillé avec ses doigts où les lettres sont gravées puis soupire. Elle nous fait signe que nous pouvons y aller.

Nous sortons de la pièce après avoir inspecté depuis la porte entrouverte le couloir pour vérifier et s'assurer que nous étions bien seuls.
J'ouvre la marche, Loki la ferme, Amaryllis me suivant nous relie. C'est elle qu'il faut le plus protéger, c'est pour cela qu'elle est au milieu, une humaine entre deux lycanthropes.
Nous entendons alors dans le micro Maria nous prévenir qu'elle et son équipe sont arrivés dans le bureau de Fabrizia. Par souci de discrétion, ils ne tireront pas le rideau qui offre la vue sur le laboratoire secret et ils nous attendront là-bas, cachés.
On entend ensuite mon père parler discrètement et dire qu'ils sont en ce moment avec Fabrizia et Anna, qu'ils ont trouvéesn amenés par Jeffrey.
Nous devons donc commencer la deuxième version de notre plan. Dans la première, Anna devait se promener dans la maison et le travail de notre groupe était de la trouver et de lui parler pour la convaincre de se rallier à notre cause, grâce en partie à Amaryllis, qui a été la première d'entre nous à recevoir un signal d'alarme de sa part.
Nous allons donc rejoindre le groupe de Maria et son groupe en haut, dans le bureau de Fabrizia. Les pourparlers inutiles et futiles, juste en tant que distraction, entre l'alpha des Minuit et le nôtre, celui des Primus, se déroulent dans la même pièce que la dernière fois. J'entends dans mon oreillette le discours que tiennent mon grand-père et Fabrizia, qui est assez calme mais complètement inintéressant.

Il nous faut juste gagner du temps...
Comme Fabrizia, selon nos suppositions et hypothèses, a essayé d'en gagner en faisant se promener mon grand-père l'alpha à gauche et à droite à travers l'Europe à cause des funérailles des différentes victimes de leur meurtre immonde.
Et nous pensons avoir deviné pourquoi. Grâce à la lucidité de Xavier. Il est timide et discret, mais brillant !
Quand nous lui avions conté notre aventure en Allemagne et la transformation de Pierre en robots combiné à ce qu'Amaryllis avait vu lors de notre première venue ici, par effraction ou non selon la personne concernée, Xavier a imaginé que la meute des Minuit, ou juste Fabrizia, a la volonté de renverser les Minuit. Pourquoi, pour quoi et pour quelle raison, nous n'en savons rien, mais c'est un fait assez avéré...
Elle aurait donc voulu du temps pour finir de préparer quelque chose. Une attaque, une armée de loups-garous artificiels, ou une de robots...
Pierre avait dit lors de notre dernier affrontement que les Minuit et Fabrizia avaient clairement progressé en ce qui concernait la technologie et Xavier pense donc que cela annonce presque explicitement une prochaine attaque soudaine sur les Primus et potentiellement leurs fidèles.

Nous n'en savons que trop rien et c'est en prévision de cette prochaine potentielle attaque que nous sommes là, ici et maintenant.
Pour essayer de l'empêcher...
Mieux vaut prévenir que guérir...

Nous arrivons enfin au même étage puis dans la même pièce que le groupe de Maria, Eric et Georges.
Ils nous sourient quand on arrive. Amaryllis sur un signe de tête va regarder à travers le rideau qui cache la fenêtre qui donne sur le laboratoire tenu secret. Elle écarquille ses yeux en même temps qu'elle fronce ses sourcils.
-Quoi ? lui chuchotais-je.
Elle referme le rideau par discrétion.
-Il y a beaucoup plus de capsules contenant des corps modifiés dans le laboratoire...Je crains que l'hypothèse de l'armée se vérifie...Il y a quelques scientifiques, il va falloir être discrets...
-Ou les tuer, ajoute Georges avec un sourire à la fois triste et sinistre.
Nous tirons un autre rideau qui cache une porte de bois lourde. Nous l'ouvrons et commençons alors en silence à descendre les escaliers en colimaçon qui se présentent à nous. Le fameux accès secret pour se rendre dans ce laboratoire depuis le bureau de l'alpha Fabrizia.

Pendant la descente, Maria se demande alors à voix haute :
-Mais pourquoi Fabrizia a une telle haine envers notre meute ? Si elle voulait simplement renverser le pouvoir, je comprendrais encore, vu que les Primus règnent depuis des siècles et que les loups-garous sont vite jaloux et tentent d'être dominants, mais elle semble nous vouer une haine sans bornes, bien particulière...Mais pour quelle obscure raison ?
Les autres haussent les épaules, ne sachant que répondre à cette réflexion dite tout haut.

Amaryllis et moi nous regardons dans le blanc des yeux.
Nous...
Nous savons.
Ou plutôt...
Nous avons deviné...