Chapitre LXVI : Potentielle dernière nuit
J'ai Maria face à moi.
Elle a un visage sérieux.
Et la mâchoire serrée.
Je sens la tension dans tout mon corps et je sais qu'elle en a aussi.
-Tu es prévenue, me dit-elle, le visage peu éclairé à cause de la nuit qui tombe peu à peu sur nous. Je ne te ménagerai pas sous prétexte que tu es une faible humaine fragile !
-Je sais. Mais c'est parfait ! dis-je, la surprenant un peu. Les Minuit non plus ne vont pas me ménager parce que je suis humaine et non pas louve-garou !
Elle sourit de tous ses crocs. C'est la première fois que je la vois sous sa forme semi-lupine. Ses crocs aiguisés la rendent effrayante et ses iris jaunes la transforment en une créature magnifiquement surnaturelle. Tout comme Alexis.
Nous commençons alors à nous battre. Elle se change rapidement en louve bipède, une forme pour elle gracieuse, mais surtout, rapide et vive. Je pare ses coups avec difficulté. Elle est rapide et sûrement pas au niveau optimal de ses capacités de louve-garou...Malgré tout, elle n'a pas non plus l'air de se contenir énomément.
Ses griffes aiguisées sifflent dans l'air et je pare du mieux que je peux avec mon fourreau contenant mon épée. Il est plus lourd que ma lame très fine seule, mais ça entraîne ma rapidité, ma force et mes réflexes.
Je prends un coup de patte antérieure dans le ventre et suffoque quelques secondes avant de regarder à nouveau devant moi en tenant à une main mon membre meurtri mais Maria ne me laisse pas le temps de rependre plus que ça mon souffle et m'attaque dans le dos.
De ma main libre, je brandis mon fourreau pour parer sa patte qui fendait l'air avec une impressionnante rapidité pour m'atteindre.
-Aïe ! lâchais-je entre mes dents serrées.
D'une seule main, je n'ai pas assez de force et l'angle presque perpendiculaire entre ma main et le manche de mon épée commence à se réduire pour devenir un angle de plus en plus aigu...
Avec un mouvement que je n'ai jamais appris ni même vu nulle part, je remonte ma jambe et balance mon pied dans plusieurs sens à une certaine vitesse avant de me décider à frapper Maria. J'arrive un peu à lui taper dans le genou, elle perd alors l'équilibre et tombe.
Mais avant que j'aie le temps de brandir mon fourreau et de l'attaquer, elle a déjà sauté en arrière pour s'échapper et esquiver en un joli saut en cloche le potentiel coup que j'aurais pu lui asséner.
-Tu te bats relativement bien, pour une humaine !
Je souris à sa provocation et décide d'y répondre :
-Je te rappelle que j'ai appris les bases avec un loup-garou et un Minuit, qui plus est. Un être sans pitié ni compassion !
-Entraînement de l'enfer, j'imagine ? me dit-elle avec un rictus lupin avant de se ruer à nouveau sur moi.
-Exact ! dis-je en souriant aussi, en parant son coup de plein front avec mon fourreau en biais sur ma poitrine.
Je commence à perdre du terrain. Normal, je suis humaine et elle est une louve-garou, elle est par nature plus endurante et plus puissante.
Une astuce me vient alors en tête...Une astuce de fourbe et de mauvaise joueuse mais dans un vrai combat, il n'y a peesque que l'issue qui compte. Je pense à divers scénarios tout en continuant à me défendre, sous les yeux d'Alexis et Maurice qui ont apparemment fini de se battre avant nous, avant de me fixer.
Je prends un air très surpris et dit en regardant derrière Maria :
-Mais...Que ? Regarde ton frère, il se met tout nu !
-Quoi ?
Elle se retourne pour voir son frère.
Malheureusement pour elle, je lui tape un seul coup, vif et vigoureux, de mon dur fourreau dans la nuque et elle tombe au sol.
Elle n'est pas évanouie mais cela signifie qu'elle a perdu. Enfin, suite à ma petite tricherie...Sinon, elle aurait largement gagné. Nos natures nous séparent plus que ce que je le voudais...
Elle reprend sa forme humaine et se relève en prenant la main que je lui tends.
Un petit sourire flotte sur ses lèvres.
-Pas mal, ton truc ! me dit-elle avec un clin d'œil qui met bien en valeur ses yeux assez lourdement maquillés.
Je lui souris.
-C'est un coup un peu bas, tout de même. Peu digne de ce que j'aimerais faire.
-Mais c'est bien ! me dit-elle. Dans un vrai combat, tes ennemis ne vont pas se montrer tendres avec toi. Alors ne le sois pas avec eux, autorise-toi parfois à faire des coups vaches, ou tu finiras en charpie !
-Merci ! dis-je à Maria en souriant.
Nous nous dirigeons vers Alexis et Maurice qui nous attendent. En marchant, elle me demande :
-Pourquoi mon frère nu, au fait ?
Je ris.
-J'ai d'abord pensé à te dire qu'Akim était là...
Akim, c'est son cher et tendre petit copain. Elle sourit.
-Mais je me suis dit que c'était vraiment peu probable, surtout ici et maintenant. Du coup, comme je voyais Loki se battre dans mon champ de vision, ainsi il ne serait pas dans le tien, et que je cherchais un thème impactant, voire chocant, j'ai pris la nudité. Voilà...Je n'ai rien trouvé de mieux en devant aussi me concentrer sur tes coups.
-Je vois, me dit-elle. Chapeau !
-Maria ! Comment est-ce que tu as pu perdre ? se plaint Maurice quand nous arrivons à la hauteur du duo masculin.
-Une astuce assez pertinante d'Amaryllis ! dit-elle.
-Pertinante ? répète Alexis, abasourdi.
-Tu as entendu, c'est ça ? lui demande Maria avec un sourire en coin un peu crispé.
-Bien sûr ! Je suis aussi un lycanthrope, je vous signale !
-Je sais.
-Moi, je n'ai rien entendu...dit Maurice avec un ton déçu.
Maria lui répond alors à la façon d'une mère :
-Tu viens presque tout juste d'avoir ta première transformation. Ton corps humain comme ton corps de loup doivent encore se développer et cela arrivera au fil de ta croissance.
-Je vois, acquiesce Maurice.
Une pensée lui traverse alors l'esprit, ce que je vois à ses yeux écarquillés peu discrets.
-Mais Alexis...Pourquoi a-t-il tout eu d'un coup ?
C'est son cousin et non pas Maria qui lui répond :
-Je suppose que mon corps d'humain étant déjà entièrement ou presque développé lors de ma première transformation, mon corps de loup a tout de suite pris les plis. Regarde, ma forme de loup a tout de suite été plus grosse que celle de mon père ou encore de Grand-Papa. Je n'ai pas eu à croître sous ma forme de loup.
Je dis alors, espiègle :
-Imagine si tu n'as en réalité pas encore fini ta croissance sous ta forme de loup et que tu grandis encore plus ?
Alexis m'affiche une moue d'un dégoût moindre.
-Merci, mais mon loup est déjà assez gros comme ça. Je ne tiens pas à avoir la taille d'un éléphant sous cette forme...
Je ris.
Nous regardons alors les deux autres quatuor et trio se battre, en spectateurs.
Valentino, le plus instinctif des Primus, finit par faire poser le genou à terre de son frère cadet Eric puis celui de Renfir.
C'est drôle...Je n'éprouve plus aucune peine à les différencier alors que les loups-garous sous leur forme bipède se ressemblent tous beaucoup ! Ils ont tous un pelage dans des tons plus ou moins clairs de bruns ou de beige et physiquement, ils se ressemblent trait pour trait à la différence de la finesse un peu plus accentuée pour les louves-garous. Contrairement à leur loup classique, d'ailleurs, qui sont tous très différents, de leur morphologie à leur couleur de poils. À ce propos, à part Renfir, je ne connais aucun lycanthrope qui possède un loup noir. Et aucun autre entièrement blanc.
Je sors de mes pensées pour revenir au second et seul autre groupe, celui de Yegram. Ce dernier et Loki finissent par épuiser les frères Georges et Greg qui abandonnent une fois le dos à terre. Ils ont le souffle court et quand ils reprennent leur forme humaine dans la nuit tombante, je vois les gouttes de sueur perler de leur front dégagé à tous les deux. Bien que ceux de Yegram et son petit-fils Loki ne soient pas de secs déserts non plus.
La soirée se poursuivant, les étoiles commencent à renaître dans le ciel, comme toutes les nuits depuis des millénaires. J'observe la voûte céleste avec sérénité.
Je ne peux ni savoir ni prédire les événements de demain...
Personne ne le peut.
Mais il faut s'accrocher et croire en ses propres nobles valeurs !
Je sens le regard d'Alexis posé sur moi mais ne dis rien ni ne me retourne vers lui. Je ne saurais quoi lui dire en ce moment...
Ce moment qui nous paralyse tous malgré nous et inconsciemment tellement nous sommes appréhensifs de ce lendemain qui sera le nôtre.
Si nous étions amenés à tous mourir lors de cette ultime mission, plus périlleuse que n'importe laquelle avant celle-ci, j'ai laissé entre les mains d'une personne de confiance une lettre qui s'adresserait à mes parents si jamais je ne revenais pas vivante. Cette personne, c'est Mimosa. Une des deux personnes qui composent le duo dominant, le couple alpha.
Ce que je deviendrai si je reste avec Alexis.
Je soupire.
Cela n'est pas utile de ruminer des idées noires...Cela pourrait nous porter la poisse. Et voilà que je me mets à penser comme une fille supersticieuse...Il faut que je me ressaisisse ! Je dois me montrer forte ! Je dois être forte ! Aussi inébranlable qu'un mur de béton armé. Surtout avec ce qui nous attend demain.
J'espère que je pourrais, comme après notre première mission ici, brûler cette fichue lettre à mon retour à la maison !
Je finis par mettre toutes ces néfastes pensées de côté et me concentre sur la réalité.
Renfir et ses deux frères, surtout Eric, sont franchement assez amochés pour un bêye combat d'entraînement...Ils ont de petites entailles partout sur les bras, le cou et le visage, les seules zones de peau nue que je vois de leur corps, probablement des traces des attaques de griffes acérées de leur forme bipède.
C'est dangereux, un loup-garou...
Je dis ça mais je sors avec un des leurs depuis plusieurs mois, quand même...Il serait temps de remettre mes pendules à l'heure !
Nous faisons un bref crochet par la chambre de Yegram dans laquelle nous faisons un dernier résumé de notre attaque de demain.
Une attaque normalement infaillible.
Grâce à ses nombreux plans et alternatives secondaires voire tertiaires.
Ou presque infaillible...
J'avoue ne pas être très bonne en probabilités au gymnase, mais passons. En parlant de ça, je repense à tous nos amis. James bien sûr mais surtout ceux qui ne sont pas du tout au courant pour Alexis et en partie pour moi...Heiling, Samuelle, Tina, Nadejda, Lou...Je soupire tristement. Si nous venions à mourir et ne plus jamais revenir vers eux ? Je ne sais pas ce qu'ils diraient...
Quand nous quittons la chambre de Yegram, nous nous souhaitons tous une bonne nuit sans trop de mauvais rêves en ce qui concerne le lendemain, cela pourrait être de mauvais présages...
Nous avons à peine refermé la porte derrière nous qu'Alexis me plaque au mur et me regarde avec un air tout triste.
-Ça va, mon loup ? lui demandais-je.
-Je ne sais pas...Je ne veux tellement pas te perdre...Je veux être là pour te protéger ! Quitte à y laisser ma vie !
-Non ! dis-je avec vigueur dans la voix. Je veux que tu restes en vie ! Tout comme dans la mienne...
Il comprend et sourit avec amour.
-Toi, vraiment...
-Quoi ? demandais-je. Qu'ai-je d...
Il m'interrompt en plaquant avec tendresse et sensualité ses lèvres fines sur les miennes. Je me sens transportée par ce baiser brûlamt de passion et d'amour plus chauds encore que l'enfer lui-même...
Je me laisse porter par son intense baiser puis par ses bras forts jusqu'au lit, où il m'allonge avant de se détacher de mes lèvres et murmurer :
-Amaryllis...
Je vois son sérieux dans ses pupilles sombres se dilatant de plus en plus de bonheur, de joie, d'amour et de plaisir. Il me murmure :
-J'aimerais que...Enfin, si nous mourrons demain...Je ne dis pas que ce sera le cas ! Je ne voudrais surtout pas ! Jamais ! Mais si...Admettons...Disons que ça arrive...Si ça arrivait, je...C'est-à-dire que, enfin...J'aimerais que...
Devant sa gêne et son embarras à faire des phrases moins hachées, je pose ma main sur la sienne et l'encourage :
-Dis-moi tout...Dis-moi ce que tu désires.
Il me fixe de ses iris devenant jaunes en ce moment-même, autour de ses pupilles noires, si noires qu'elles ressemblent au vide de l'espace...
-Est-ce que je peux...Te faire mienne ?
Je comprends qu'il parle d'un lien charnel très puissant, une belle et magnifique union...Je souris.
-Oui...Je veux bien...
Je perds mon sourire quelques secondes.
-Moi aussi j'ai peur, très peur de ce qui pourrait nous arriver...Sache que je t'aime !
-Moi aussi je t'aime ! me susurre-t-il avant de reprendre ses brûlants baisers sur ma peau, mes joues et surtout mes lèvres. Je me sens si bien dans ses bras...Et je me sens tellement vivante ! Je me sens bien. Je me sens si bien...
Quand enfin Alexis me marque avec force et vigueur décuplées, je perds presque conscience, puis nous nous endormons, main dans la main.
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