Chapitre LXV : Les premiers prémices de la chute
Nous sommes en voyage.
Amaryllis dort sur mon épaule.
Nous ne sommes pourtant pas en voyage tranquille dans un endroit pittoresque.
Nous sommes dans la voiture, sur les sièges arrière.
Et nous nous dirigeons en France.
Chez les Minuit.
Je regarde par la fenêtre, accoudé au rebord en plastique noir.
Le paysage défile avec une vitesse hallucinante sous mes yeux au regard aiguisé. Je ne fixe rien de particulier, je regarde juste devant moi, en voyant les arbres et la nature verte filer sous mes pupilles. Les fines aiguilles de sapin sont visibles à mes yeux et les feuilles des autres arbres qui ne sont pas des conifères tombent lentement avant d'être emportées par les coups de vent violents que provoque le train à son passage.
Je soupire. En regardant à travers cette vitre transparente un peu sale sur les bords, je me sens serein et en sécurité. Pourtant, il n'y a aucune raison à cela. Simplement, là, avec Amaryllis qui somnole sur mon épaule, ma grande main sur sa taille, le regard porté vers l'extérieur défilant avec une vitesse certaine, je me sens détendu...
Je finis par regarder Amaryllis qui sourit dans son sommeil. Je l'embrasse sur le haut du crâne sur ses cheveux noirs et soyeux avant de me reprendre de passion pour le décor externe qui défile.
Je me sens partir...Le sommeil me gagne. Je finis par m'endormir aussi, trouvant le soutien nécessaire sur la tête d'Amaryllis...
Quand on arrive enfin en France, à notre destination finale, à l'hôtel, nous allons dans les chambres qui nous sont destinées.
Il y a trois chambres de trois. L'une sera pour mon grand-père, mon oncle Valentino et mon père. Ils dormiront tous dans la même pièce, ça promet...J'espère que l'hôtel a une bonne assurance et la connaissance qu'il accueille sous son toit des loups-garous, parfois impulsifs et capables de partir au quart de tour, parfois pour pas grand-chose voire rien. Dans la seconde chambre dormiront Maria et son frère cadet Loki, accompagnés de leur père Eric, un de mes oncles. Dans la chambre suivante seront donc placés Georges, Maurice et Greg.
Il reste encore une chambre de deux, réservée spécialement pour Amaryllis et moi. Si ma grand-mère était venue, il en aurait été de même avec mon grand-père, une sorte de privilège réservé aux couples alphas ou futurs couples alphas, mais il était également hors de question de faire dormir Amaryllis dans une chambre, entourée de deux autres loups-garous quasiment inconnus, affamés et en manque de fille. Ce serait bien trop dangereux pour elle, et je m'en voudrais de l'exposer à un tel risque. Surtour connaissant l'impulsivité et les bons sens précaires de mes oncles et cousins...
C'était donc moins dangereux de la faire dormir ici qu'avec deux lycanthropes enragés à ses côtés. Quoique, avec moi, elle n'est pas en sécurité non plus, dans un certain sens bien particulier...
Elle pose sa petite valise d'un beau bleu marine sur le sol et observe la chambre avec un œil aiguisé. Je ne vois pas vraiment ce qu'elle analyse, les chamres n'ont pas changé du jour au lendemain, mais peu importe...Je fermea porte derrière nous et met ma fine veste sur les crochets en métal présents dans cette sorte de petite entrée.
Amaryllis allait se baisser pour ouvrir sa valise quand je la plaque au mur avec mes deux mains et la regarde avec un sourire carnassier avant de lui dire avec une voix cruelle, sadique et suave, envoûtante à la fois :
-Tu n'ouvriras pas cette valise de suite...
Elle a un air surpris avant de me sourire aussi arrogamment que possible tout en articulant, provocatrice et aimante :
-Que risque donc bien de faire ce loup-garou fou amoureux de ma personne ?
-Ça ! dis-je sans hésiter.
Je passe mes mains derrière chaque côté de sa mâchoire et avance subitement la mienne pour prendre possession complètes de ses fines lèvres tendres et rosées.
Elle est surprise, je le sens à ses muscles soudainement tendus mais elle se relaxe très vite et se laisse porter dans ce baiser infini qui semble ne jamais se terminer, auquel elle se met bien vite à participer...
Je ne peux que m'en délecter...J'apprécie ne pas être seul, même si ma seconde nature de loup me pousse parfois à vouloir tout contrôler.
Après avoir terminé notre succulent baiser, je me retire et lui souris avec un air amusé.
Amaryllis me regarde du coin de l'œil avec un petit sourire, avant de finalement ouvrir sa valise et sortir des habits un peu plus élégants que ses habits de voyage, pour aller manger ce soir avec ma famille. Je décide de mettre moi aussi une chemise pour faire bonne impression, ainsi que pour être assorti avec ma petite amie question esthétisme.
Quand je la prends dans ma valise et que je retire mon haut pour me retrouver en débardeur blanc devant elle. Mais alors, je sens le regard aiguisé d'Amaryllis sur moi. Une sorte de louve affamée elle aussi, affamée d'un certain Alexis...Mais...Je crois que...C'est moi !
Amaryllis me saute dessus en m'étreignant, me faisant tomber dos sur le lit heureusement mou.
-Amaryllis ? demandais-je en essayant de la fixer de mes yeux devenus soudainement jaunes à cause de mon désir grandissant de l'avoir collée contre moi.
-Je peux te mettre ta chemise ? me demande-t-elle en relevant la tête, avec un regard effrayant de par son désir goulu.
Je souris sans piper mot et tends les bras pour toute réponse. Elle comprend et me manipule avec attention sans que j'oppose une quelconque résistance pour m'enfiler en tout premier les manches, qu'elle boutonne avec soin, avant de faire glisser les bords cousus sur mon torse recouvert de mon débardeur pour les attacher ensemble grâce aux boutons.
Une fois que nous sommes tous les deux habillés, je lui passe son tour de cou noir autour de ce dernier et l'accroche.
Nous descendons, rayonnants, dans la partie restaurant de l'hôtel. Nous avons une salle réservée et isolée, sous prétexte que nous sommes nombreux, mais en fait, nous devons juste nous montrer le plus discrets possibles.
Quand le patron de l'hôtel arrive, un homme grand aux cheveux blonds en bataille et à la barbe naissante, je me crispe et me tiens sur mes gardes. Sous la table, je serre la main d'Amaryllis dans la mienne. Des loups-garous ne sont pas facilement dissimulables à qui sait les repérer. Rien qu'Amaryllis en a su en déceler quelques-uns au gymnase, sans avoir mon odorat surdéveloppé de lycanthrope qui m'aide énormément là-dedans !
Et avouons qu'une troupe de loups-garous aussi nombreux que nous ne passe pas vraiment inaperçue...
Mais quand le patron s'incline devant mon grand-père, à ma droite, Amaryllis, à ma gauche, et moi, en faisant le salut pour l'alpha des Primus, je comprends qu'il est notre allié et non notre ennemi.
Il se présente :
-C'est un honneur de rencontrer enfin le futur couple alpha, j'en suis vraiment enchanté ! Je me nomme Maxime Brivel.
Son nom me dit quelque chose.
Si ! C'est l'alpha de la meute qui possède le territoire voisin à celui des Minuit ! Ils ne sont clairement pas alliés avec eux, vu qu'ils ne sont déjà pas d'accord sur leur territoire respectif. Nous sommes donc sur le territoire des Brivel, et normalement, nous ne devrions pas être attaqués.
Rien que cela me redonne un peu confiance. Mais cette nuit, je dormirai quand même sur une seule oreille au lieu de deux. Il faudrait aussi déjà que j'aie des lobes assez longs pour pouvoir dormir sur les deux en même temps...
Il reste un moment avec nous et discute avec mon grand-père alors que des serveurs nous apportent les plats. De la viande saignante et pour moi, bleue. J'aime beaucoup ce goût ! Amaryllis, elle, reçoit un carpaccio de bœuf parsemé de copeaux de parmesan et de roquette. J'envie un peu son plat. Pourquoi a-t-elle le droit à un autre plat que nous ? Je comprends la raison quand une des serveuses, que je repère en tant que louve-garou au vu de son odeur, parle de plat différent et qu'on comprend implicitement que cela aide les serveurs et serveuses au courant à savoir qui sont les loups-garous, l'alpha et son héritier, et un ou une potentielle humaine.
Je regarde furtivement dans l'assiette de mon grand-père pour voir son plat. En effet, il a une viande bleue comme moi. Une façon de différencier les alphas et futurs alphas...
Le repas se termine et nous rediscutons encore tous ensemble de nos divers plans et des dizaines de plans de secours que nous avons concoctés.
Amaryllis a tout retenu, elle est bien agent de renseignements...J'ai eu un peu de peine pour mémoriser tout cela, mais comme je reste constamment avec elle pendant la mission qui va suivre, donc ça me rassure.
Ça me rassure aussi parce que je vais pouvoir veiller sur elle moi-même. Et ne pas confier sa sécurité à un tiers et lui mettre la faute dessus après.
Après le dessert, une délicieuse tarte aux pommes faite maison avec une boule de glace à la vanille et une autre à la cannelle, nous allons dehors, dans l'obscurité du soir naissante.
Nous allons nous entraîner. On forme plusieurs groupes et finalement, Amaryllis se retrouve avec Maurice, Maria et moi. De leur côté, Georges, Loki et Greg se battent contre leur grand-père, pour le moment bras croisés sur le torse bombé. D'un autre côté se battent mes deux oncles et mon père qui sont de vraies furies au combat. Ils ont beaucoup d'expérience de vie alors ils n'ont pas besoin d'être spécialement supervisés.
Amaryllis attache son fourreau avec des lanières au manche de son épée.
Premièrement, cela la rend plus lourde et moins maniable. Quand elle retirera le fourreau, ce sera plus simple pour elle de la manipuler par la force des choses. Et deuxièmement, si elle laissant cette lame en argent dehors, nous serions tous les trois blessés avant de débuter la bataille finale s'approchant à grands pas de nous...On choisit des formes stratégiques.
Maurice prend sa forme bipède, qui est toujours très petite, il dépasse Amaryllis d'à peine deux centimètres. Maria, elle, opte pour sa forme quadrupède classique, tout comme moi. Je suis plus vif ainsi. Peu pratique au vu de mes vraies pattes de loup mais plus rapide et plus vif.
Nous définissons les équipes. Sans grande surprise, mes deux cousins contre ma petite amie et moi.
Nous commençons à nous battre parmi des grognements rauques et des touffes de poils arrachées...
Je salis le pelage de Maurice qui émet une plainte lupine presque mignonne de douleur et essaie de m'attaquer à son tour. Mais il ne s'est pas transformé depuis longtenps, un peu comme moi, il est plus petit et moins expérimenté, et il n'a pas suivi l'entraînement intensif destiné aux futurs alphas, particulièrement ceux qui se transforment bien plus tard que la moyenne...
Je lui donne un coup de patte postérieure dans le ventre avec force et il gicle à l'autre bout de la plaine entourée de grands arbres où nous sommes. Il émet un jappement de souffrance et grogne en me disant quand il se relève, d'une voix horriblement rauque comme si ses cordes vocales de lycanthrope muaient :
-Sois pas aussi violent !
-Un entraînement, quel que soit le domaine, ne sert pas à se sentir tranquille. Je ne vais pas te ménager, et surtout pas sous prétexte que nous sommes cousins.
-Bien dit ! me lance Maria qui a repris sa forme bipède depuis quelques secondes.
Elle a une voix assez fluette, pour une louve-garou sous sa forme bipède.
Quand j'assène un coup plus brutal que les autres à Maurice dans le sternum, on entend un fort bruit sourd, il suffoque puis se met à tousser.
Il reprend avec dureté sa forme humaine. C'est le pire cas de transformation possible pour les loups-garous, celles qui ne sont pas volontaires et dues à la fatigue ou à la faiblesse, voire les deux. Le contrecoup est plus puissant. Je vois les joues de Maurice ainsi que tout le reste de son visage sont bien rouges...On voit l'effort. Ses transformations doivent être aussi dures que les miennes au tout début.
Mais bizarrement, je me suis rapidement habitué. Un privilège de futur alpha ?
Maurice tousse et me dit qu'il abandonne. Je reprends ma forme humaine avec rapidité et l'aide à se relever dans un élan de charité incommensurable. Il me fait un signe de tête de guise de remerciement.
Nous regardons alors Maria et Amaryllis se battre avec fureur et vigueur mêlées.
C'est alors que Maurice me sort avec un ton très sérieux :
-Sincèrement, j'idéalisais les batailles entre deux filles plus calmes et plus ridicules...
Je ris. Des stérŕotypes venant d'un garçon de douze ans. Amusant...Je lui dis alors :
-C'est bien là la preuve qu'elles se battent bien !
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