Chapitre LXIII : Repas et repos
Nous sommes en vacances. Les vacances de printemps.
Ça fait du bien !
Je vais devoir bosser pour le gymnase la semaine prochaine mais cette première semaine, je vais la passer plus ou moins tranquillement sans trop faire d'efforts.
En ce qui concerne le scolaire, bien sûr. Un loup-garou ne se repose jamais...
Malheureusement...
Amaryllis et moi avons reçu un courrir lupin recommandé des Bargarmeau. Le facteur spécial des loups-garous, de toute confiance, nous l'a livré. Il s'agissait d'une lettre du père de Gary qui nous remerciait chaleureusement d'être allés le chercher si loin et à nos frais, et que pour cela, il nous envoyait aussi une grosse somme pour nous rembourser et nous remercier.
Cela nous avait fait chaud au cœur !
Et chaud au porte-monnaie aussi, un peu, bien sûr...
Mais rendre service à quelqu'un est quelque chose qu'il faut préserver dans les cultures, les coutumes et les mœurs de la société.
Nous nous verrons plus souvent avec Amaryllis, j'en suis heureux.
Elle qui est restée en contact avec Alexander Eberhardt en Allemagne m'a dit que pour lui, tout se passe bien et qu'il peut de jouer du violon, sa passion.
Il a d'ailleurs apparemment recommencé à se nourrir. Il mangeait de moins en moins à cause de cette interdiction de jouer, d'où son apparente maigreur, mais il mange mieux à présent. Comme cela fait quelques semaines déjà que nous nous sommes séparés, il a vite repris contact avec ma petite amie.
Pour une fois, nous passons la pause de midi seuls, Amaryllis et moi.
-Il a l'air drôlement intéressé par toi, tout de même...je dis en grognant.
Amaryllis me fait un gros câlin en me disant :
-C'est trop mignon, quand tu fais ton jaloux possessif !
-Je ne le fais pas, je le suis ! répliquais-je en croisant les bras.
Amaryllis me sourit avec tant de douceur et de complicité que toutes mes colères s'envolent d'un coup. Elle me prend un bras entre les siens, tout fins, et me dit avec lucidité :
-Je pense que personne ne lui avais témoigné de l'intérêt depuis longtemps, c'est pour cela qu'il a voulu se rapprocher de moi...
-En sachant que tu es déjà ma compagne...dis-je en faisant une paranthèse.
Amaryllis a un petit rire et ajoute avec tendresse :
-Mais tu sais bien que tu es le seul pour moi ! À mes yeux comme à mon cœur ! Et tant que nous serons ensemble, je te serai fidèle !
Je prends le visage d'Amaryllis entre mes deux mains au niveau de sa mâchoire pour la regarder bien en face yeux dans les yeux. Je lui souris tendrement en retour et lui dis avec tout mon amour :
-Tu sais bien que moi aussi !
Elle me sourit, comme une sorte de satisfaction, heureuse comme toujours. Cette fille est la joie de vivre incarnée. Surtout comparée à moi...
Nous terminons de manger tout en discutant quand Amaryllis reçoit un message. Elle regarde son écran et dit avec surprise :
-C'est Alexander...
Je fais la moue avant de lâcher en roulant des yeux :
-Que t'envoie encore cet empaffé ?
Elle rit.
-Alexis ! me dit-elle en prolongeant volontairement la dernière voyelle avec un sourire en coin complice. Tu es méchant avec lui !
Je souris. Elle plaisante, ce n'est pas un reproche, je le sais, même si je ne suis effectivement pas tendre avec Alexander...En même temps, il n'avait pas à me chercher en approchant de trop près Amaryllis ! Les loups-garous et les loups sont possessifs et facilement jaloux, et Alexander sait de quoi il s'agit, il en est un ! Je demande à nouveau :
-Alors ?
-C'est une photo...
-Vue ton que tu emploies, j'ai peur...Il n'est pas dans une position équivoque, choquante ou bien tout nu quand même ? questionnais-je avec une grande appréhension justifiée.
-Non, il est juste...Dans une pose de beau gosse complet !
Je réagis au quart de tour :
-Montre !
Alexander est devant son miroir, natel à la main pour se prendre en photo, torse nu avec pantalon et caleçon bas pour bien laisser balader les pensées dans tous les sens, un bras levé derrière la tête pour mettre en valeur tout un côté de son torse musclé. Je fais la moue tout en m'indignant :
-Il a pas honte de t'envoyer un truc pareil en sachant que tu es prise ?
Amaryllis me regarde, presque interloquée, et me dit :
-Apparemment non, vu que j'ai cette photo qu'il vient de m'envoyer ! Je vais juste lui dire que c'est bien et que son entraînement porte ses fruits.
-Sein Training trägt seine Fruchte...dis-je.
-Mais non, idiot ! rit Amaryllis. Ça, c'est une traduction littérale ! Ça ne se fait pas ! Ça ne veut rien dire !
Je ris avec elle. Pouvoir la faire rire et la voir sourire autant, cette expression de joie qu'elle ne montre qu'à moi, c'est si plaisant pour moi et adoucissant pour mon cœur...
-En tout cas, je ne voudrais pas avoir un commentaire de Nadejda si elle voyait cette photo !
-Pour ça ? me répond Amaryllis en me désignant la bordure visible du caleçon d'Alexander.
Je hausse les épaules avec un sourire fourbe et entendu sur le visage.
-Peut-être...dis-je en cultivant une part de mystère dans mes propos inutile.
Nous devons retourner en cours mais avant, Amaryllis passe à son casier et je profite de faire un saut aux toilettes individuelles qui sont juste à côté des casiers à cet étage.
Je ferme à clé, fais ce que j'ai à faire puis me lave les mains en regardant mon visage dans le miroir accroché au mur. Je serre les dents et après m'être séché les mains, je soulève mon haut pour regarder mon torse blanc, lisse, aux volumes naissants. Je suis bien d'accord que j'ai commencé mon entraînement lupin bien plus tard que n'importe quel autre lycanthrope mais certains autres loups-garous arrivent encore à me faire complexer avec leur corps sec et leur musculature très apparente sous leur peau.
Je grogne et remets mon haut en place. Peut-être ai-je un œil trop critique avec moi-même mais je peux probablement progresser avec cet état d'esprit.
Quand je sors, Amaryllis m'attendait avec son sac sur les épaules et un doux sourire aux lèvres. Je souris en retour et nous retournons en classe.
James nous a dit le lundi après le week-end où nous sommes allés en Allemagne qu'il avait été surpris de voir les Minuit dans Lunouvelles, non pas parce qu'il ne les savait pas coupables, mais parce qu'il ne pensait pas que des photos avaient réussi à être prises. Elles étaient moyennement bonnes à cause du fait qu'il faisait vraiment sombre cette nuit-là mais on peut bien distinguer les détails quand même. Surtout avec des yeux de loup...
-C'est les gènes d'agent de renseignements d'Amaryllis ou bien ? avait-il dit pour rire.
Mais nous avions confirmé ceci. C'était bien Amaryllis qui a pris les photos...On lui avait aussi raconté l'épisode de la violente morsure de Fabrizia à l'épaule d'Amaryllis. James avait alors compati, il avait bien intérêt surtout devant moi, et avait fait l'éloge des anticorps des Primus pour la meilleure régénération d'Amaryllis.
C'est agréable parfois d'avoir un ami loup-garou en qui on a une grande confiance, car on peut dire ce que normalement, nous ne pouvons pas révéler aux autres personnes, banales et étrangères aux lycanthropes. J'ai Anaryllis pour parler de tout cela mais c'est un peu différent. Elle est ma compagne, pour utiliser le terme lupin exacte, et elle vit tout cela presque exactement tout en même temps que moi, presque tout le temps. James, lui, n'a qu'un petit retour de ce que nous vivons et Amaryllis et moi pouvons lui parler sans aucun souci.
Nous finissons notre journée.
Nos petites habitudes reprennent, Amaryllis m'accompagne jusqu'à mon arrêt de bus.
Elle m'embrasse longuement et avec amour avant que mon bus n'arrive. Elle me sourit tendrement avant que je ne monte dans le véhicule. Rien au monde ne saurait remplacer ce magnifique sourire qu'elle n'adresse qu'à moi...Je l'aime. C'est une vérité irréfutable !
Pendant mon trajet, je reste immobile sur mon siège, pensif. Je n'écoute pas de musique, je ne m'occupe même pas avec mon natel. Je suis juste pensif, je me sens presque nostalgique, mais je ne sais pas pourquoi ni pour quelle raison...
Quand j'arrive chez moi, ma mère me salue et je monte dans ma chambre après avoir avalé un yogurt au citron. Je me couche sur mon lit, sans prendre la peine de retirer les draps, les bras derrière la tête. Je fixe le plafond, je ne sais pas quoi faire.
Je me tourne sur le côté. Des passages de moments passés me reviennent en tête par flashs. Amaryllis m'embrassant avec fougue, ses petites mains toutes douces qui courent sur mon torse nu frémissant à son contact...Je baisse les yeux et mon regard tombe après le bout de mes pieds. Je bouge les orteils, comme si je voulais m'assurer d'avoir toujours le contrôle de mon propre corps avant de me relever et de m'asseoir à mon bureau.
Je ne sais pas vraiment quoi faire vu que mon entraînement lupin avec mon père ne sera que demain. Je décide de travailler pour le gymnase, comme initialement prévu. J'apprends mes leçons avec une certaine monotonie. Je n'y prends pas de plaisir mais il faut bien. Je ne souhaite pas spécialement me reposer sur mes lauriers et mon futur rôle d'alpha et utiliser ceci comme une excuse pour ne rien faire de ma vie. Je voudrais même essayer de vivre avec un métier après mes études, avant de prendre la suite de mon grand-père, même si je ne sais pas encore tout à fait dans quelle direction professionnelle je veux aller...
Mon natel sonne.
Je le regarde et souris tout seul.
Amaryllis...
-Ça va ? m'écrit-elle.
Je pince ma bouche et commence à taper sur le clavier pour lui répondre :
-Oui, ça va, ça va...Je travaille. Et toi, ça va ?
Quelques secondes passent avant que je reçoive sa longue réponse :
-Moi j'ai fini. Je n'ai pas tout fait à la virgule près non plus mais bon...Je ne suis pas sûre pour les exercices d'anglais mais sinon, tout va bien. Et la psychologie, j'ai fini l'extrait très long qu'on devait lire.
Je ris doucement tout seul.
-Tu as mis si peu de temps pour écrire ça ?
-Oui...m'écrit-elle.
Je l'entends depuis ici tellement je la connais et sais quelle intonation elle utilise. Je lui réponds avec complicité :
-Rapide, ma petite humaine ! Moi, je suis en plein dans les exercices d'allemand...
-Je vois...Pas trop galère ?
-Non, non, ça va...j'écris en faisant la moue.
-Tu ne penses pas trop à Alexander ? me nargue-t-elle.
Je la vois d'ici avec son petit sourire en coin que je connais si bien et que j'affectionne, tellement cela témoigne de son amour et de sa complicité. Je grogne et lui écris :
-Ça suffit, petite humaine !
Elle rit. Je le sais. Même à distance. Elle rit !
On discute encore un moment, avant que je recommence à faire mes exercices. Je replonge alors dans ma nonchalance due à mes devoirs. Je ne suis pas vraiment sûr que je fais juste vu que je ne réfléchis pas vraiment, mais tant pis. Au moins, ils seront faits.
Après un bon moment, ma mère m'appelle pour que j'aille manger. Je me lève et la rejoint à table. Nous sommes seuls tous les deux. Depuis que mes parents se sont séparés, je ne mange plus vraiment, et peu souvent, de manière conviviale et en famille.
Quand je suis chez Amaryllis et qu'on mange en famille avec ses parents, j'ai l'impression d'une famille sans souci qui s'aime.
J'ai connu cela aussi, mais cela fait longtemps que je n'ai plus mangé en compagnie de mes deux parents, sauf une fois par an à chacun de mes anniversaires. J'envie un peu Amaryllis et sa belle vie de famille. Je connais beaucoup de couples séparés ou divorcés, mes parents et mes oncles en premier, mais dans mon entourage d'amis, il n'y a quasiment que des couples qui s'aiment, ensemble depuis des années...Amaryllis, Samuelle, James, Tina...Il n'y a que Heiling qui a des parents séparés et elle déteste son paternel par-dessus le marché. En prime, elle ne le qualifie même pas de géniteur, c'est tout dire !
Ruminant ma salade vinaigrée et mes pensées noires, je finis mon repas, salue ma mère et remonte dans ma chambre. Il est bientôt l'heure de me coucher.
Même en devenant un loup-garou censé être nocturne, je n'ai pas perdu mon habitude de me coucher tôt et de me lever tôt si je ne suis pas victime d'insomnie.
Étrangement, la pleine Lune ne me faut plus mal dormir. Peut-être parce que je me suis éveillé pleinement à ma nature de lycanthrope ? Je l'ignore, mais en tout cas, je sais que j'aime les nuits de pleine Lune car mon métoblisme se transforme et souvent, je ne me réveiller pas. Cela m'évite de faire des bêtises ou de ne pas supporter me savoir conscient mais incapable de correctement contrôler mes actions corporelles.
Je me couche en pyjama dans mes draps fins adaptés au printemps qui réchauffe de plus en plus nos nuits et nos journées.
Je souhaite une bonne nuit à ma petite amie par message, elle me retourne les bons vœux pour passer une bonne nuit.
Quand je ferme les yeux, je vois à travers la vitre de ma chambre la pleine Lune briller dans le ciel obscur parsemé ici et là de lointaines étoiles lumineuses.
J'espère que cette nuit, je ne me réveillerai pas...Tant que ma crise de lycanthropie et de tramsformation forcée ne sera pas passée...
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