Je n'en crois pas mes oreilles...
Alexis veut aller tout seul sauver Gary des griffes nocives des Minuit ?
Quoique, j'ai beau le comprendre, je trouve malgré tout cette démarche suicidaire...
C'est, encore une fois sans mauvais jeu de mots, se jeter dans la gueule du loup...
Peut-être est-ce carrément le but premier des Minuit ? Faire bouger les Primus ou en tout cas Alexis ?
-Je ne te laisserai pas y aller seul ! dis-je.
-Je sais. Voilà pourquoi je veux te proposer de venir avec moi ! Le plus vite possible ! Vendredi soir, on part !
-Je...
Je me tais quelques secondes, déglutis et prends la peine de réfléchir quelques secondes.
-D'accord ! Je te laisse préparer le voyage mais je viens avec toi ! Je ne te laisserai pas aller tout seul là-bas !
Je sens qu'Alexis sourit à l'autre bout du fil.
-Je savais que je pouvais compter sur toi, mon amour !
J'écarquille des yeux surpris puis souris avec tendresse. Il m'appelle tellement rarement comme ça...Ce n'en est que plus précieux

Vendredi arrive trop vite, bien trop tôt...
Alexis a acheté des billets de train au rabais et nous partirons directement après les cours avec nos gros sacs de voyage...Pas si gros, pour ne pas s'encombrer de futilités.
Seul James est au courant de notre démarche, au cas où nous ne reviendrions pas vivants de cette expédition.
Je me sens très mal aussi de devoir mentir à mes parents, même pour une bonne cause comme sauver un innocent. Je leur ai dit que je dormais chez Alexis et imversément. Ce genre de mensonage pourrait nous coûter cher mais les Primus seraient probablement plus compréhensifs que mes parents là-dessus. Ils ne savent rien du monde des lycanthropes alors bon...

La fin de l'après-midi venu, nous courrons à la gare pour attraper notre train. Nous irons jusqu'à la prochaine grande gare pour changer de train et prendre un direct jusqu'au territoire des Minuit.
Je me sens un peu nerveuse. Nerveuse et stressée...
À cause de ça, je tortille sans cesse mes mains, triturant mes doigts dans tous les sens. Alexis sent bien avec ses sens de loup et le voit aussi. Il pose sa main tour à tour sur mes mains jointes et sur ma cuisse. Je lui en suis reconnaissante et lui souris. Il presse ma tête sur son épaule.
-Dors...On va devoir avoir toutes nos forces pour la suite.
Je souris et remarque qu'Alexis n'enlève pas sa main de mes cheveux. Il est tellement gentil. Je lui avoue :
-Je ne suis pas vraiment fatiguée, tu sais. Mais toi, je sais que tu l'es facilement. Si tu veux, tu peux dormir sur mon épaule.
Il me sourit. Il n'y a personne devant nous dans le train et tout en lâchant ma tête, il appuie la sienne sur mon épaule droite. Je soupire devant cette beauté jusqu'à ce que je le sente me mordiller la peau du cou et le tirer entre ses petits crocs naissants. Je ris.
-Alexis ! Tu me chatouilles !

Il se redresse et me fixe dans les yeux de ses prunelles devenues jaunes.
-Je sais que cela fait moins d'une semaine que je t'ai marquée et immunisée mais...
-Tu veux prendre toutes les précautions ? complétais-je en souriant.
-Disons que...Nous allons droit sur et dans le territoire hostile des Minuit. Il vaudrait mieux que tu sois parfaitement immunisée à tout. Je pense...Non ?
-Si, je suis d'accord, souris-je.
Il me touche la clavicule puis descend de quelques centimètres.
-Pour une fois, je peux te mordre ici ?
Il montre la zone vierge, entre la poitrine et les clavicule. Évidemment, il n'y a personne autour de nous. Sinon, il m'aurait bêtement mordu dans le cou ou au poignet. On dirait vraiment que le sujet principal de cette conversation est un vampire, mais non, on parle bel et bien de loup-garou.
-Mais oui ! Mords-moi où tu veux, andouille ! lui dis-je affectueusement.
-Fais attention, ton andouille va te mordre ! me fait-il avec un clin d'œil complice et amusé.

Il se penche vers moi et me mords la peau.
Comme à chaque fois, je sens ses crocs traverser mon épiderme après une légère résistance puis je sens sa salive emplie d'anticorps s'écouler en moi, en même temps que mon sang s'échappe de mon corps par ces petites blessures. Après qu'Alexis ait fini son travail d'immunisation sur moi, il se retire de peu avant de revenir vers mon buste et lécher mon sang écarlate qui perle sur ma peau lisse. Il me chatouille, ses coups de langue sont comme ceux des loups ou même des chats, rapides, furtifs, doux, trop mignons...
Je visualise presque Alexis sous sa forme lupine dans ma tête.
Il s'arrête. Je ne saigne plus et mes blessures sont presque cicatrisées grâce aux anticorps contenus dans mon sang et à la salive d'Alexis qui vient de lécher ma blessure. Je lui souris et l'embrasse sur ce qui est à ma hauteur, c'est-à-dire son front.
Il lève ses yeux redevenant verts vers moi et me sourit.

Notre voyage se poursuivit ainsi, la tête appuyée sur l'autre, tantôt la sienne sur mon épaule, puis ma tête sur la sienne.
Nous arrivons à la gare où nous devons descendre. Après ce périple plutôt long, il est bientôt l'heure de manger. Heureusement que nous ne devons pas nous mettre à parler une autre langue, je suis trop épuisée pour faire des efforts de traduction.
Alexis s'est vraiment bien débrouillé, malgré sa timidité avec les inconnus, même si je ne suis pas mieux pour dire ça, pour réserver une chambre de deux dans un hôtel pas trop cher, vu notre faible budget d'étudiants, et une table dans le restaurant du mêne hôtel.
J'ai la forte impression d'avoir fugué...C'est à moitié vrai. C'est une sorte de fugue mais ni amoureuse, même si je suis avec celui que j'aime, ni parce que ma vie avec mes parents ne me plaît pas. Au contraire, vivre sous leur toit avec eux, j'aime bien.

On nous montre notre chambre dans les tons orangés, peu spacieuse mais néanmoins chaleureuse, puis on nous laisse nous installer. Nous déposons nos affaires dans l'armoire prévue à cet effet puis je me couche sur le lit recouvert d'une épaisse couverture de laine qui gratte multicolore.
-Je suis lessivée...
-Fais attention, je vais te pendre sur le fil ! me dit Alexis, espiègle.
-Très drôle ! lui dis-je avec un grand sourire.
Je me redresse et il passe devant moi, en me donnant sur les lèvres un chaste baiser furtif.
-Viens, allons manger, me dit-il en me tendant la main. Nous avons une dure journée, demain !
-Oui...soupirais-je en prenant sa main qu'il tire pour me lever et me coller à lui dans une chaude étreinte rassurante.
Alexis perd lentement son sourire.
-Tu regrettes d'être venue ici avec moi ?
-Non ! dis-je, indignée. Bien sûr, je préférerais des vacances tranquilles avec toi, mais je ne regrette pas d'être venue là en ta présence.
Il retrouve son sourire qu'il m'adresse, en me serrant encore un peu plus fort contre lui.
-Tant mieux...souffle-t-il soulagé.
Après un silence, il ajoute :
-J'aurais dû venir ici tout seul pour tirer Gary d'affaire...
-Non ! Tu aurais pris trop de risques, à venir ici tout seul sur un territoire ennemi on ne peut plus hostile ! lui dis-je avec un air triste. Je suis contente que tu m'aies demandé à moi de venir avec toi !
-Tu aurais voulu que je demande à qui ? me charrie-t-il. À Nadejda ? Lou ? Tina ? Samuelle ? Non, mieux, Heiling ! Elle aurait déchiqueté du Minuit pour son repas de midi !
Je ris.
-Non, banane ! Mais par exemple, un membre de ta famille...
-Je ne suis pas sûr de leur faire confiance au point de leur demander de m'aider pour ce genre de choses. Quoique, si c'est pour une raison lupine, encore...Mais sinon, non. Pas pour le reste. À toi, je te fais confiance !
Je souris sincèrement à son doux et bel aveu. Il se détache de moi et me tire par la main.
-Descendons, allons manger.
Je suis Alexis sans piper mot mais tout sourire.

Nous arrivons dans le restaurant. On prend tous les deux une viande, bleue pour Alexis qui tente quelque chose de nouveau et saignante pour moi. Je commence à me demander si je n'ai pas des gènes enfouis de louve-garou aussi ! Mais s'il n'y avait que ça pour déceler un lycanthrope, la moitié de la popilation mondiale serait des loups-garous. Ça fait un peu beaucoup, selon les dires de Yegram et les rapports officiels que nous avons trouvé dans les archives, à la cave, lieu de tous les secrets les mieux gardés du monde des lycanthropes. En tout cas, à ma connaissance.
Avec le dessert que nous prenons en prime avec Alexis, une énorme coupe de boules de glaces aux parfums tous différents prévue pour les couples comme nous, nous avons dépensé le même budget qu'à peu près une dizaine de repas de midi au gymnase. Ma foi, nous sommes étudiants et le gymnase est quelque peu moins onéreux qu'un restaurant, même assez bon marché.
J'ai adoré partager ma coupe avec mon amour...C'était un peu stéréotypé mais tellement romantique...

Quand nous sommes remontés dans la chambre après nous être préparés pour la nuit, nous nous sommes retrouvés seuls et silencieux. Assise sur le bord du lit, j'avais les mains serrées l'une dans l'autre, tremblantes.
J'ai peur. Je sais que j'ai peur. Je n'ai pas spécialement peur de mourir ou de la mort. Mais j'ai une autre peur...Peur se tout perdre d'un seul coup...Alexis représente presque toute mon âme en ce moment. Si je venais à le perdre, que ferais-je ? Je ne le supporterais pas...Je sens de petites larmes me monter aux yeux en imaginant les pires des scénarios possibles...
-Ça va ? me demande Alexis, déjà couché sur le dos, la tête sur le volumineux coussin. Amaryllis ?
Je tourne ma tête vers lui, lentement.
-Oui, ça va...J'ai juste peur. Surtout peur de te perdre, toi...
Alexis a alors un air compatissant.
-Je comprends bien...Moi aussi, j'ai peur de te perdre. Surtout que, sans vouloir te vexer, tu es plus fragile que moi. Pas à cause de clichés ou quoi que ce soit, mais à cause de nos natures respectives...
-Je sais...murmurais-je, en baissant les yeux. Je sais...

Je bouge et m'approche alors de mon petit ami avec une lenteur telle qu'on la dirait calculée. Pourtant, ce n'est pas le cas.
Puis, avec un effet de surprise qu'on ne pouvait pas négliger ici, surtout pour Alexis, je passe une de mes petites mains sous son haut de pyjama et caresse son ventre avec une lenteur et une douceur complémentaires. Alexis lâche un petit souffle comme pour protester quand il sent mon geste, avant de me questionner :
-Amaryllis...Qu'est-ce que tu fais ? Tu...
Je le coupe en prenant ses lèvres en otage avec les miennes. Nous les bougeons en rythme jusqu'à ce que nous les séparions.
-Amaryllis...souffle Alexis entre deux respirations. Normalement, tu n'es pas aussi entreprenante...Que se passe-t-il ? Tu es sûre que tout va bien ?
-Oui, dis-je en baissant les yeux au niveau de son ventre aux muscles naissants. Juste que...J'ai peur...J'aimerais me rassurer...J'aimerais avoir un moment un peu mignon et intime avec toi...C'est tout...
-Je vois, murmure Alexis, en souriant, touché.

Il laisse alors retomber son corps dans les draps amples et blancs du lit.
-Je te laisse opérer, alors, me sourit-il. Fais de moi ce que tu veux...
Son sourire est à la fois sincère et un poil provocant. Je lui souris en retour, il est tellement gentil d'accepter mes petits caprices soudains.
Je remonte alors son haut et lui embrasse plusieurs fois le torse, nu, blanc et lisse sous mes yeux. Je passe mes mains partout, sur son torse comme sur ses jambes et l'ensemble de ses bras. Je l'embrasse plusieurs fois d'affilée, tantôt sur le ventre, tantôt dans le cou, tantôt sur les lèvres...
Alexis émet soudainement un petit gémissement qui ressemble un jappement de loup...Tellement mignon ! Je fonds sur place...

Une fois mon caprice terminé, nous décidons de dormir. Je suis dos à Alexis alors qu'il passe une de ses mains sur ma taille. Il s'endort vite, comme à son habitide, mais moi je reste encore un bon moment éveillée sans bouger.
De nouvelles larmes me montent aux yeux.
Peut-être venions-nous de passer notre dernier moment romantique ensemble...
Et cela me détruit de l'intérieur de penser cela...