Chapitre 26 :

Cette nuit là, pour la première fois depuis longtemps. Il avait dormi d'un sommeil si profond et si reposant, qu'au petit matin Livaï eut l'étrange sensation de marcher au ralentit. Sa tête brune et soucieuse depuis ce qui lui semblait être des lustres, lui parût à ce moment là beaucoup plus légère. Cette reposante sensation , il la devait au simple fait qu'il avait enfin communiqué son mal être totale auprès de quelqu'un, à savoir Carla.  Sans en éprouver pour autant trop de remord. Même si il y en eut.

Et lui qui n'avait jamais dit oui à Hansi ou même à Eren, lorsque ces derniers lui conseillaient d'aller voir un psychologue, avait fini par accepter l'idée quant à son tour Carla lui en fit conseille. Oui, peut-être qu'en effet parler à un professionnel, l'aiderait à reprendre du poile de la bête, et à chasser cette peau dépressive qui prenait de plus en plus place sur ses épaules. Pourtant ce qui était sûr, c'est que se confier ne serait pas une chose facile à faire pour lui.

Mais l'heure pour le moment, n'était pas aux songes et aux multiples pensées mélancolique. Elle n'était pas non plus tournée sur son passé loin d'être joyeux. L'heure n'était pas non plus, à la tristesse et à la morosité.  Elle était tourné vers des objectifs beaucoup plus simple et agréable en soit, telle que de profiter tout simplement d'un week-end à la campagne, et de s'y amuser.

L'après-midi avait débuté depuis un bon bout de temps déjà. Et le ciel envahie d'épais nuages aux divers teintes grises, semblait ne vouloir laisser aucune chance au soleil de montrer ne serait-ce qu'un bout de ses rayons. La neige était tombé durant une grande partie de la nuit, si ce n'est en sa totalité, et avait laissé dans la cour de la ferme couche de neige plutôt dense, qui allait jusqu'aux mollets pour certains, et aux genoux pour d'autres.

La neige ! Jeux des enfants et des grands. Là dans ce vaste espace libre de presque tout, hors-mit bien entendu de la végétation, le moins enclin à se laisser aller à un tel amusement, ressemblait malgré sa courte taille, à un défis à lui tout seul. Ce mini colosse loin d'être en argile, avait su mettre de côté toute ses réticences habituelles, pour oser jouer comme un môme. Il était emmitouflé comme tous les autres dans son manteau, son écharpe et ses gants. Attentif, Livaï scrutait de son regard bleue digne d'un aigle, la vaste horizon blanc à la recherche d'un ennemi du moment, et dont il avait su à deux ou trois occasions déjà, se débarrasser en le jetant dans une congère.

Mais cet "ennemi", osait-il par plaisanterie le nommer ainsi, avait su échapper à son regard durant un laps de temps, où il avait détourné les yeux pour regarder autre chose. A présent Livaï parcourait la cour du regard en observant chaque recoin. Comme si d'ici ou bien de là peut-être, Eren pouvait sortir tel un diable de sa boite.

Bientôt pourtant son attention fut attiré par autre chose, quand il vit Armin courir du mieux qu'il pouvait, comme si la mort était à ses trousses. Pas vraiment beaucoup plus grand que lui, Livaï observait le blondinet lever les jambes assez haut, afin d'avancer dans la poudreuse. A sa poursuite se trouvait un homme beaucoup trop grand, pensa comme toujours Livaï, et qui riait tel un démon sorti tout droit des enfers.

Curieux il croisa les bras, et observa les deux autres se poursuivre.

Une grosse boule de neige passa à quelques centimètre du crâne blond. Là, Livaï put voir que Jean avait gardé dans l'un de ses bras, quelques munitions. Le propriétaire de la tignasse doré, s'arrêta brusquement dans sa course puis s'accroupit comme si il cherchait ainsi à se mettre en boule. Jean surpris et prit dans son élan, freina soudainement mais bien trop tard. Il glissa sur un petit mètre, afin d'éviter de tomber sur Armin. A la suite de cela, Jean perdit l'équilibre et s'étala de tout son long dans la neige qui marqua bientôt la trace de son long corps.

Dans un regard digne d'un spectateur observant une pièce de théâtre comique, Livaï se mit à rire en voyant la scène.

- Raah la vache !! S'exclama l'homme à la haute taille, tout en se redressant piteusement.

- Tu t'es pas fait mal ? S'inquiéta malgré tout Armin en s'approchant près de celui-ci. Paisiblement il s'était accroupi, et ses mains gantées étaient posées sur ses propres genoux.

Aussitôt, Jean releva la tête ou sa peau bouillante avait fait fondre la neige qui était dessus, puis ceintura le blondinet qui fut plaqué au sol, dans un petit cri surpris. La bataille loin d'être terminée, continuait dans des rires et des provocations amusantes et drôles.

- Tricheur, s'écria presque Armin qui donnait l'impression de se tortiller comme un ver. Attend tu vas voir...

La bataille reprenait de plus belle de ce côté là.

- Bon ! Fit Livaï en décroisant les bras, puis en observant à nouveau les alentours. Où est-il ?

Se tournant sur lui même, il chercha l'angle par lequel son jeune amant comptait l'attaquer. Enfin si on pouvait dire cela ainsi. Mais à peine fit-il cela, qu'il baissa les yeux et vit que son adorable fiancé s'était posté près de lui accroupit dans la neige. Vraisemblablement il attendait  le bon moment pour " l'attaquer. Dans le sciage d'Eren on pouvait voir des traces de pas et de mains sur le sol froid, et qui indiquaient qu'il avait dû évoluer à demi accroupis pour ne pas se faire voir.

- Mais..Eut à peine le temps de dire Livaï, qui s'étonnait franchement de la simple idée que Eren, ait pu être discret et silencieux.

Sa phrase pourtant n'eut pas le loisir de trouver sa fin. Dans un geste presque hâtif Eren l'avait saisi par la taille, un peu comme le ferait un rugbyman, et l'avait plaqué au sol. Une première dont le jeune homme s'étonna lui même. Dans leurs chutes, la neige vola un peu en tout sens avant de leurs retomber dessus.

- Ouais ! J'ai mis le petit Hercule de la famille au sol ! S'exclama tel un sale gamin Eren, toujours à genoux dans la neige, tout en levant les bras en direction du ciel. Je suis trop balèze en faite.

- Hey là ! Tu t'emballes carrément, le contredit immédiatement Livaï qui enroula ses jambes autour de la taille du jeune homme et qu'il serra assez pour calmer la vantardise de ce dernier.

Ne lui laissant pas une seule chance de répliquer, ou même de se défaire de sa tenaille de fer, il le fit basculer au sol, et s'installa sur lui comme si il était un coussin parfaitement confortable.

- Tu disais ? Questionna le brun, en l'observa avec un petit air arrogant et fière à la fois.

- M'en fou, s'écria Eren. J'ai quand même un peu gagné et..

Sa phrase n'eut pas de fin elle non plus, car une énorme boule de neige s'écrasa sur son visage, et trempa à demi sa longue chevelure mal attachée. Très vite après cela, Eren sentit le poids de Livaï se détacher de sa personne, tandis qu'une flopée de provocation passaient les lèvres de ce dernier.

- Alors là, tu vas voir. Cette fois-ci je ne vais plus me retenir, déclara Eren en le pointant du doigts, tandis que l'autre main prenant place sur sa hanche. Ça ne sera pas la peine de me supplier.

- Oh mon dieu, j'ai peur, répliqua d'une voix neutre Livaï. Je suis saisie par la peur. Regarde, ma main tremble, se moqua t-il d'avantage en tendant une main qui n'était pas du tout saisie par le moindre tremblement.

Bientôt, une boule de neige se dirigea en direction de son visage du plus petit du couple et s'y écrasa. Le tout avait été accompagné d'un rire chargé de défi et de moquerie plus qu'exagéré.

- Ah ah ah, ricana peu après le photographe. Tu sais que t'es mignon quand tu essaies de courir dans la neige malgré tes petites papates. Trop chou....Aaaah ! Cria t-il en voyant Livaï accélérer le pas. Je déconnais....je déconnais..

A son tour Eren tenta de courir dans la poudreuse, ce qui pour sa taille tout comme Jean par ailleurs, était beaucoup plus facile. Mais il avait oublié à quel point son fiancé était agile et souple, et en quelques pas pressés doublé d'un bon, il fut plaqué au sol. Jean et Armin qui avaient arrêté la bataille pour commencer à faire un bonhomme de neige, avaient été pris d'un terrible fou rire irrépressible en voyant la scène.

- Merde, j'ai de la neige dans les narines ! Se plaignit Eren en tournant un peu la tête au visage rougie par le froid, et même un peu morveux. Ce qui fit grimacer son compagnon. M'en fiche, j'ai quand même gagné...Je t'ai mis au sol une fois. J'ai gagné.

-..

- Quoi ?

- J'ai rêvé, ou tu t'es moqué de moi, parce que j'ai du mal à courir dans la neige à cause de ma taille ? Hum.

- Moi ? J'ai fais ça ? Tenta de dire d'une voix innocente Eren. Jamaiiiiis, je ne ferai ça ! JA-MAIS !!!

-Tss...tu va voir !!

A travers la fenêtre de la maison, les parents d'Eren observaient l'épique bataille. Dans leurs dos, le gros sapin que Grisha avait été acheter la matin même, brillait des décorations et des illuminations qui avaient été installé un peu plus tôt ce jour-là. Sur la table venait d'être posé, une grande assiette de cookies encore chauds.

- Pourquoi Eren s'obstine t-il encore et encore ? Questionna le père de famille les mains croisées dans le dos, tout en mouvant lentement la tête de droite à gauche. Il n'aura jamais le dessus....Ah bah tiens regarde ! Encore au sol ! Notre fils va finir en petit morceau, ria t-il. Et Livaï est tout de même monstrueusement fort..C'est fout ça.

- Il n'y a plus obtus que notre fils mon chéri, sourit Carla soulagée de voir Livaï s'amuser un peu.

L'après-midi poursuivi son cour et continua de s'égrainer, jusqu'à ce que les premiers abandons arrivent chez les deux plus petits en taille du groupe de joueur. Debout devant l'entrée, Armin et Livaï avait pris soin de retirer immédiatement leurs chaussures ainsi que leurs manteaux, afin de ne pas mettre de l'eau partout. Les joues et le bout du nez rougies, le visage en sueur car ils avaient couru dans tout les sens depuis des heures, un souffle fatigué passa leurs lèvres dans une synchronisation parfaite.

- J'ai préparé du chocolat chaud, vous en voulez tous les deux proposa Carla, qui était entrain de servir trois tasses de l'agréable breuvage.

Acceptant, les deux nouveaux venus prirent place autour de la table, tandis que Grisha qui pivotait sur sa chaise, s'étonnait de voir que Eren et Jean continuaient de s'opposer l'un à l'autre à l'extérieur.

- Quelle énergie, commenta t-il avant de prendre un cookie. Tant-pis pour eux, et tant mieux pour nous..

 Après s'être courut l'un après l'autre, et s'être "chamaillé " comme des sales gamins. Les deux anciens "ennemies" prirent une pause bien mérité, en allant s'asseoir sur le banc de pierre, où la neige fut rapidement chassées d'un revers de main.  Un silence léger dura un certain temps, sans doute afin de leurs laisser le temps, de reprendre leurs souffles après tant d'agitation.

- C'est gentil à ta mère de m'avoir invité pour Noël, intervient en premier Jean les coudes appuyés sur ses genoux, les main pendantes dans le vide. T'es sûr que je ne vais pas déranger ? J'veux dire tout ça se fait au dernier moment, et...

- Oooh t'en fait pas ! Répondit en toute détente Eren en balayant vaguement de la main l'air devant lui. Quand ma mère a compris que tu passerais Noël seul à cause de ...enfin de la dispute avec tes parents, elle n'a pas pu se faire à l'idée de te laisser ainsi. Elle est comme ça ma mère. Et je sais que mon oncle Louis sera tout à fait d'accord avec elle ! Alors t'en fait pas avec ça sérieux. Et puis comme ça, tu passeras ton premier Noël avec Armin, c'est pas cool ça ?

- Si bien sûr ! Admit Jean en hochant lentement la tête.  Mais toi aussi, ça sera ton premier Noël avec Livaï.

- Ouais, et en plus c'est son anniversaire le 25. Il croit toujours que je suis en galère d'idée, mais je lui ai déjà acheter ses cadeaux. Je les ai planqué dans la chambre d'Armin, car il ne fouinera pas là-bas. Et toi t'en ai où dans tes achats ?

- Franchement ? Avec le boulot de dingue que j'ai en  ce moment. J'ai pas eu le temps d'acheter quoi que ce soit. J'suis en galère, il va falloir que je vois absolument ça, cette semaine, expliqua Jean avant de reprendre rapidement... je profiterai d'une pause déjeuner....Heureusement je sais déjà ce que je veux lui offrir.

N'ajoutant rien de plus Eren se mit à sourire. Il était heureux et même soulagé de voir combien au final, Jean avait décidé de s'investir dans cette relation qu'il débutait avec son meilleur ami. Sans chercher à se provoquer pour une fois, ce qui était relativement étonnant de leur part, les deux jeunes hommes discutèrent durant un bon bout de temps, avant de sentir que le froid prenait un peu trop d'intensité sur eux.

Se décidant enfin à bouger lorsque le jour commença à décliner, un frisson commun courut le long de leurs dos, en les faisant presque trembler des pieds à la tête. En quelques pas, ils arrivèrent devant la porte d'entrée où ils claquèrent leurs pieds au sol, afin de détacher la neige de leurs chaussures. Une fois à l'intérieur de la maison, une agréable chaleur vient à les saluer telles une douce caresse sur leurs joues. Peu après leurs manteaux furent pendu, et leurs chaussures retirées.

Dans le salon en plus de l'agréable feu de cheminer, et du sapin illuminé qui donnait une douce et agréable ambiance. Armin, son grand-père et Grisha avaient débuté un jeu de société, ou ingéniosité et intelligence étaient requis. S'approchant d'eux, Jean essaya dans un premier temps de comprendre les règles, et afficha vite sur son long visage un air des plus perplexe.

 A coté du groupe de joueur, Carla et Livaï discutaient avec beaucoup moins de gêne que la veille pour l'un des deux. Sur la table devant eux d'eux se trouvait une pile de pub divers. L'un deux, sembla être comme étudié à la loupe, car il représentait les produits d'une marque de bijouterie, qui proposait des réductions à des prix record. Relativement épais pour une simple pub, l'un et l'autre pointait du doigts ceci et cela, puis commentait avec sérieux la possible qualité du produit, ainsi que l'esthétisme. De temps à autre la mère de famille s'extasiait sur un bijoux qui lui avait tapé dans l'œil, avant de fixer son mari qui lorsqu'elle faisait cela se mettait à rire.

- Tu essais de me dire quelque chose, ma chère et tendre ? Plaisantait alors le médecin.

- Moi ? Absolument pas, se drapait-elle alors dans une espèce de petite dignité excessive.

De son coté Livaï qui  voyait son jeune amant, s'approcher de la cheminé en tendant les mains, lui fit signe de s'approcher en un petit mouvement de main preste.

- Viens voir deux secondes s'il te plaît, lui demanda t-il.

Toujours un peu curieux Eren s'approcha de sa mère et de son fiancé, puis parvient à glisser une chaise entre eux deux, ou il s'installa en poussant un souffle qui donnait l'impression qu'il était épuisé comme jamais.

- C'est une bijouterie dans laquelle ils font une sorte de déstockage, car elle va bientôt fermer, expliqua de but en blanc Livaï en tapotant son index sur la publicité. Les prix sont beaucoup plus abordable que ce qu'on a vu jusqu'ici. On devrait aller y jeter un œil, qu'en penses-tu ?

- Si on peut payer moins cher, je suis pas contre, sourit avec malice le jeune homme avant de s'accouder à la table, et d'appuyer sa joue dans le creux de sa main. 

- Il y a de très jolie chose, intervient à son tour Carla en tournant les pages, puis en montrant du doigts quelques exemplaires qui avaient été entouré en rouge.

- Ouais, j'vois ça, ne put qu'admettre Eren. Hum il y a pas mal de modèle qui me plaise aussi perso...Celui-ci là ! Franchement, il est simple et cool ! En or, comme on voulait et avec juste quelques détails pour faire un peu original sans que ce soit excessif.

- Lequel ? A celui-ci, marmonna vaguement Livaï en observant l'exemple désigna par le bout du doigts de son fiancé. Ouais moi aussi j'aime bien. Je trouve que ça correspond assez à ce qu'on voulait.. mais regarde..Reprit-il en tournant une ou deux autres page....là, celui-ci est pas mal non ?

- Oh ouais..En faite là, y a trop de truc cool, d'un coup...

- Vous devriez y aller le plus rapidement possible, suggéra Armin. On est en période de fête, et en plus ils font des prix imbattables. Tout risque de partir très vite.

- Oh mon dieu, mais c'est vrai, s'exclama Eren avec exagération car il posa ses deux mains sur ses joues et prit un excessif air plein de panique.

- C'est sûr que ça serait un peu con, de passer à côté d'une telle occasion, admit Livaï en tapotant le crâne d'Eren, qui faisait l'idiot sur sa chaise en se balançant dans tout les sens, toute en répétant "oh non, oh non."

- Et c'est où ce magasin ? Demanda Jean, qui observait grand-père jouer avec une certaine ingéniosité.

- Hé hé, fit celui-ci avec fierté. Vous l'avez pas vu venir hein ?

- Ah ça non, admit Grisha tandis qu'Armin niait de la tête.

- C'est hum, voyons, souffla Carla en tentant de lire l'adresse de la boutique écrite en bas de page et en tout petit. Ah la la, ils pensent pas aux gens qui ont la vu qui baisse ou quoi ? Bougonna t-elle avant de donner l'adresse avec quelques petites hésitations dans la voix.

- Ce n'est pas loin de là ou tu bosses non ? Réalisa Armin en jetant un regard à Jean.

- Non, c'est à peine à quelques rues...

- On pourrait peut-être y aller demain ? Proposa enfin Livaï, enfin si on ne rentre pas trop tard, ajouta t-il en fixant un peu tout le monde. C'est ouvert au moins le lundi ?

- Hum....fit la mère de famille en plissant à nouveau les yeux sur la publicité..on dirait que oui ! Tiens vérifie toi, proposa t-elle en collant l'épaisse publicité dans les mains de son fils. C'est écrit trop petit.

- Voyons,...ouais c'est ouvert le lundi ! Murmura Eren qui eut, beaucoup moins de mal à lire les lettres écrites en tout petit caractère. Alors qu'est-ce qu'on fait ? Si on rentre un peu plus tôt demain ? Ça ne vous dérange pas ? Questionna t-il d'un air désolé.

- Allons Eren, c'est pas comme si on allait pas se revoir avant longtemps, Ria Grisha. Je te rappel que le Week-end prochain c'est Noël..on sera tous chez ton oncle.

- On y va demain alors ? Répéta une fois de plus Livaï le regard braqué sur son fiancé qui répondit par un hochement de tête positif. Ok, on y va demain alors. Il faudra juste croiser les doigts, en espérant qu'on ait se qu'on veut.

Disant cela, tout le monde plus ou moins avaient lever les mains et croisé les doigts, comme pour lier le geste à la parole. Une fois la décision prise, les conversations reprirent de plus belle, et transforma la maison de campagne en une sorte de ruche bourdonnante. On parla du mariage certes, mais aussi du futur Week-end de Noël, et de tout un tas de chose festive qui pour l'esprit soucieux de Livaï était agréable à écouter.

Même si cette petite pointe de tristesse qui ne le quittait que rarement restait collé à sa peau, le fait de passer un moment paisible et agréable sans en ressentir des remords, apporta à son cœur soucieux un soulagement des plus reposant. Parfois on pouvait le voir silencieux, mais pas chagrin et mortifier comme la veille. Son regard ne restait pas comme soudé au sol, et se posait normalement sur la personne avec il discutait.

La nuit se passa avec comme toujours, les mêmes difficulté pour s'endormir. Sans doute aurait-il préféré, s'effondrer de sommeil comme la veille, mais la chose ne se reproduisit pas. Il fit donc le deuil rapide de ce constat, et attendit que l'endormissement vienne le saisir au milieu de ses pensées multiples. Eren comme toujours dormait comme un souche, et laissait passer entre ses lèvres, des petits ronflements plutôt discrets.

Mais enfin la détente arriva à saisir ses nerfs et ses muscles. Ses yeux se fermèrent pour lui accorder un repos toujours aussi mérité. La nuit s'écoula froide et silencieuse au milieux de cette campagne déserte. Dans ses songes un rêve lui vient. Il n'était pour une fois emprunt d'aucune horreur, d'aucun souvenir violent ou malheureux. Il entendait une voix calme et féminine chanter un petit air, qu'il fredonnait parfois.

- Maman...Murmura Livaï dans son sommeil.

Eren l'avait souvent entendu faire cela, mais n'avait jamais osé lui en faire la remarque de peur de le blesser d'une quelconque manière. La mélodie toute simple se poursuivi, tandis qu'une main douce se poser sur son crâne d'enfant.

"Comme tu es adorable mon petit amour..."

Cette voix. Les années avaient beau passer, il s'en souvenait toujours avec la même perfection.

- Maman..

" Tu es courageux Livaï, tout ira bien. "

- Maman..

Ses mots répétés cent fois au moins depuis des semaines et des semaines, parvinrent à s'infiltrer dans le cerveau d'Eren qui se réveilla. Clignant ses yeux lourds de sommeil, il entendit encore une fois Livaï toujours aussi parfaitement endormi appeler sa maman.

" Je t'aime mon petit garçon chéri."

- Maman..

Baillant bien malgré lui, Eren se tourna sur le côté. Entendre son fiancer appeler ainsi sa défunte mère dans son sommeil lui brisait le cœur. A travers la demi pénombre, il parvenait à voir la silhouette assoupi de l'homme qu'il avait toujours aimé. Doucement et avec précaution il attira son cher et tendre contre lui. Immédiatement, le jeune homme sentit son beau brun se lover contre son corps, et marmonner des paroles beaucoup plus difficile à comprendre, car elles étaient lâché dans un souffle bas, et à peine articulé.

Eren resta ainsi encore un peu réveillé, mais très vite il arriva à s'endormir à nouveau.

Au petit matin, un soleil un peu plus franc arriva à percer la couche nuageuse qui avait pris possession du ciel depuis bien des jours. Un bâillement difficile à contenir raisonna dans la confortable chambre située sous les combles de la ferme. Très vite, il fut suivi par une sorte de geignement de confort, lorsque le corps encore engourdit de sommeil s'étira pour se réveiller tout à fait. Une fois cela fait Livaï resta encore un peu allongé, tout en observant son jeune fiancé contre lequel il s'était réveillé, et qui bavait copieusement sur son oreiller, tout en ronflant.

- Bah mon vieux...commenta t-il simplement.

Sachant qu'aucune possibilité de se rendormir ne viendrait à cette heure, Livaï après avoir observé l'heure affichée au réveil, décida de se lever. Arrivant à s'extraire du lit sans faire le moindre bruit, il parvient à la suite de cela à s'habiller tout aussi discrètement. Dans un silence presque parfait, il descendit les marches tout en grimaçant à l'occasion des que l'une d'entre elles se mettaient à grincer avec un peu trop de force. Une fois en bas, il vit le soleil tenter de s'infiltrer à travers les vitres de la porte d'entrée. Brièvement, il observa ça, puis passa une main un peu molle dans ses cheveux noir en bazar sur son crâne. D'un pas tranquille il traversa la grande salle puis, arriva dans la cuisine, où bien évidement Carla était déjà présente, mais aussi  Grisha.

- Bonjour, les salua t-il en réprimant une autre envie de bailler, tandis que le couple le saluait à leur tour.

- Bien dormi ? Demanda la mère de famille en servant une tasse de café à Livaï, puis en poussant devant lui dans un geste machinale de la main, la brioche qui était à peine entamée.

- Je n'ai pas à me plaindre, reconnu l'homme au cheveux noir. Pas de rêve, rien. Juste du repos. Et franchement ça fait du bien.

Il y eut alors quelques petites minutes ou tous les trois discutèrent de tout et de rien. Puis enfin Grisha prit la parole, tout en jetant parfois des petits coup d'œil à son épouse. A faire cela, il semblait lui dire, " arrête moi si j'vais trop loin."  L'avait-elle compris ? Sans doute que oui, mais à l'évidence Carla ne jugea pas utile pour le moment d'intervenir.

- Écoute, dit-il en se tournant en direction de Livaï qui buvait son café en tenant sa tasse par le dessus. Comme il l'avait toujours fait. Je connais pas mal de collègue psychiatre, je peux si tu veux, prendre rendez-vous pour toi ?

- Hum et bien, murmura Livaï en reposant sa tasse devant lui.

 Vaguement, il releva ses yeux éternellement cernés, puis croisa le regarde de Carla. Là, le souvenir de sa promesse qui lui avait faite, lui revient en mémoire. Il lui avait dit qu'il ferait tout pour aller mieux, et refusait en un sens de la décevoir et refusant à nouveau toutes aides. Brièvement ses lèvres se pincèrent, avant qu'il n'ouvre à nouveau la bouche.

- Je n'ai que le lundi matin..l'après-midi je le réserve à Eren..murmura t-il avant de tousser comme pour se racler la gorge. Je ne sais pas si je serai à l'aise pour ...pour parler...mais je ferai de mon mieux.

- Tu sais, reprit Grisha d'un ton encourageant. C'est des professionnels. Ils ont l'habitude...C'est leurs métier, ils ne te brusqueront jamais.  Je sais exactement qui te conviendrait.

Là-dessus, le père de famille se leva, alla fouiller dans un tiroir puis tira un bloc de pense-bête de couleur jaune, où il en tira un petite feuille carré. Après avoir prit un stylo, il retourna s'asseoir puis nota le nom et prénom de son collègue ainsi que de le numéro de téléphone.

- Je te donne ça, au cas où. Mais je vais prendre rendez-vous pour toi. Ok ?

- Ok, consentit Livaï. Je suis désolé de vous imposer tout ça..mais je sais aussi qui vous avez raison. Je ne peux pas rester ainsi....et surtout dans cet état, sinon ça va réellement finir par impacter Eren, et ça je ne le veux pas.

- Il n'y pas que le confort de notre fils qui compte, sourit Carla. Le tiens aussi..et comme je te l'ai dis, on est là pour toi, comme pour Eren. D'accord ?

Tout en disant cela, elle avait posée la main sur celle de Livaï, puis l'avait tapoté tout en souriant. A son tour le brun répondit à se sourire et les remercia encore.

- Tu es courageux Livaï tout ira bien, reprit-elle en prenant un petit air plein de certitude.

Cette phrase simple et encourageante à la fois, sonna en lui comme dans un écho. Comme si il l'avait entendu récemment, même si pourtant il n'avait aucun souvenir de ça. Haussant les épaules, car peut-être n'était-ce là qu'un simple sentiment de déjà-vu, Livaï reprit son petit déjeuner.  Fort heureusement les discussions virèrent sur autre chose, et alla sur le futur Week-end de Noël à venir.

- Je pense qu'on pourra partir le samedi après-midi. Eren s'est arrangé pour ne pas prendre de contrat ce jour-là, et l'aquarium où bosse Armin est fermé ce jour-là. J'ai été étonné d'apprendre cela, ils doivent voir ça comme un jour férié, j'imagine. Il ne reste plus qu'à voir avec Jean.

- Ça va encore être la folie, ria Carla. Louis adore cette fête.

- Comment ils vont faire pour loger tout le monde ? Demanda Livaï, qui avait déjà tenté par lui même de répondre à cette question.

- Oh et bien c'est simple, commença à expliquer Grisha. Quand ils sont en période de vendange, Louis doit engager énormément de monde pour ça. Et certains logent sur place pour bosser.  Et donc, au fils des ans, il a aménagé une sorte de dortoir ou le vendangeur se repose la nuit. Il y a même quelques salle de bain, pas bien grandes, mais toujours très utile pour ce petit monde.

- Je comprends mieux.

- Et puis je pense que les enfants, vont vouloir dormir dans la même chambre que leurs cousins cousine. Ria Carla, ça va être un beau bazar.  Toi qui ne fête jamais Noël, ça risque de légèrement te dépayser.

- C'est rien de le dire, ajouta Grisha dans un large sourire. En plus on passe notre temps à bouffer.

Les papotages continuèrent ainsi, jusqu'à ce que grand-père se lève. Peu après lui se fut Eren, qui débarqua dans la cuisine avec ses excès naturel. D'un geste un peu théâtrale, il serra son compagnon dans ses bras, comme si il ne l'avait pas vu depuis des siècles au moins.

- Mamounette, tu m'as maqué ! Comme tu as changé depuis la dernière fois que je t'ai vue, plaisanta t-il en faisant un petit câlin à sa maman.

- Appel moi papounette et je te jure fils, que je te balance le contenu de la cafetière sur tes pieds !

- Tu oserais faire ça, à ton fils adoré ?

- Tu veux parier ? Provoqua Grisha le sourire en coin.

Pour seule réponse, le père de famille eut le droit à un simple haussement d'épaule et à un tirage de langue.

- Aah ! Tiens, tant que j'y pense, s'exclama Carla qui détestait toujours ce qu'elle jugeait comme étant un horrible piercing sur la langue de son fils. Quand comptes tu virais ce truc  ? C'est moche, et ça te fait un trou dans la langue.

- Nous y revoilà, marmonna Grisha en levant les yeux au ciel, alors qu'il avait entamé une discussion avec Grand-père.

- Hum, fit Eren qui mima une intense réflexion. Je pense que c'est entre "pas maintenant, et jamais." Ouais ça doit être ça !

- Tu vas quand même pas garder cette chose pour ton mariage.

- Tu sais m'man le maire s'en fou de ce qu'il y aura dans ma bouche ce jour-là, expliqua t-il avant de lâcher un rire gras..elle est un peu bizarre cette phrase non ? Ajouta t-il en donnant des coups de coude au parton du salon de thé.

- Idiot, lâcha Livaï qui comprit clairement ce qui se passait dans le crâne d'Eren.

- Peut-être, renchérie Carla qui ne fit pas attention à ça. Mais quand même pourquoi tu gardes se machin là ! Ça m'agace, tu peux pas savoir. Et puis ça sert à rien...C'est juste moche, c'est tout.

- Roh, j'aime bien c'est tout, bougonna Eren tel un môme en pleine adolescence. Franchement, arrête avec ça...Fait toi à l'idée comme papa. C'est tout.

- Tu dois être le seul à bien aimé cette chose et..

- Alors là, je suis sûr que non ! Sourit le photographe en s'adossant dans son siège tout en buvant sa tasse de café chaud.

Rapidement Eren jeta un regard un biais en direction de son futur mari, qui petit à petit commençait à rougir, bien sûr Eren évita d'ajouter quoi que ce soit de gênant. Suivant son regard, la mère de famille observa Livaï à son tour en levant un sourcils surprit.  Et elle qui  pouvait parfois être têtue, et s'obstinait seulement à ne voir qu'un simple troue dans la langue, ne comprit pas du tout pourquoi, Livaï prenait une teinte cramoisie.

- Toi aussi tu aimes ce truc ? Murmura t-elle comme surprise. Pourtant il s'est abîmé la langue.

- Je ne veux pas répondre...bredouilla Livaï en faisant une tape sur l'épaule d'Eren. Arrête de te moquer toi.

- Bon sang Carla ! Mais bien sur que non il ne va pas être d'accord avec toi. Écoute mon conseil, ma chérie, et ne va pas plus loin sur ce sujet de conversation des plus glissants. Parce que crois moi, tu te diriges tout droit sur quelque chose, qu'aucun parent ne veut savoir sur la vie privée de leurs fils adulte..

- Mais il a un trou dans la langue ! Répéta t-elle en fronçant des sourcils, avant d'analyser les propos de son mari. Attends...de quoi tu parles......murmura t-elle sans bien évidement avoir de réponse...

- Pour une fois c'est pas moi qui suis gênant, souffla à voix basse le concerné en direction de Livaï.

- Putain, j'vais crever d'embarras...avoua celui-ci en baissant d'avantage la voix, mais en levant les yeux sur sa belle-mère.

- Bon heu, finalement...Je veux pas savoir quoi que ce soit ! Déclara t-elle enfin en sortant de la cuisine...je ..j'ai de la lessive à faire, et tout un tas de truc.

- Tss..sérieux, souffla Livaï en s'accoudant sur la table puis en plongeant son visage aux joues rouges dans ses mains.

- J'ai beau aimer ma femme, mais là, elle l'a un peu cherché, se désola malgré tout le médecin.

- Oh moins elle arrêtera de m'embêter avec ça. Ah la la, pauvre mamounette.

Après cette conversation qui aurait pu être bien plus embarrassante que cela, les deux derniers retardataires se levèrent enfin. Le reste de la journée passa avec une rapidité des plus scandaleuse. L'après-midi arrivant, tout ce monde dût se mettre en route, en étant déjà impatient de se retrouver le Week-end prochain chez l'oncle Louis. Jean qui était assis à l'arrière de la voiture à côté d'Armin, avoua tout net qu'il serait certainement obligé de bosser le matin.

- Je fini à 14 h environ. Si il n'y a pas de soucie, le temps que je rentre et que je me change...je pense être prêt vers 15 h. Ça ira ?

- Ouais parfait.. Le mieux je pense, serait qu'on aille te chercher directement chez toi, et ensuite on file chez oncle Louis ? Proposa Livaï.

- Ouais franchement, c'est très bien comme ça. Confirma Jean.

La route malgré le temps parfaitement hivernal, ne compliqua pas plus que cela la conduite de Livaï sur le chemin du retour. Le soleil ayant définitivement chassé les nuages gris présent dans le ciel, avait fait quelque peu fondre le neige, encore très présente ici et là. Bientôt ils arrivèrent dans la capital, où la population paraissait être en effervescence à l'approche des fêtes. Des boutiques qui étaient ordinairement fermées le lundi, ouvraient exceptionnellement à cette occasion.

Quand enfin la voiture se gara à sa place dédié près du salon de thé, Livaï fidèle à ses habitudes, alla faire le tour de son bâtiment, afin de s'assurer que rien de désagréable ne s'était produit durant leurs absence. Constatant que rien n'avait été dégradé, il revient près de sa voiture, où le coffre se vidait petit à petit de tout les bagages qu'elle contenait.

Rapidement il jeta un coup d'œil à sa montre puis sourit brièvement, en réalisant qu'ils avaient largement le temps d'aller à la fameuse bijouterie. Un coup de vent des plus fraie, agita sa chevelure brune.  Eren qui n'avait pas pris la peine de s'attacher les cheveux, vit ces derniers passer sur l'avant de son visage et obstruer ainsi sa vue. Un sourire s'installa sur ses lèvres trop souvent emprunt de sérieux, quand il l'entendit râler à ce sujet.

Il souffla un grand coup en montant les marches toujours aussi geignardes et grinçantes. Le Week-end avait été vif en émotion. Pour pas dire très perturbant. Et même si il ne savait pas encore de quoi demain serait fait, Livaï avait l'étrange impression d'avoir mit le pied sur un chemin le menant à de bien meilleurs émotion. Certes les troubles de ces dernières semaines n'étaient pas parti, loin de là. Mais une envie de se battre pour ne pas se laisser engloutir, par son triste passé parut à cet instant saisir son cœur avec vivacité.

Ce bonheur auquel il avait enfin droit, après bien des années de galères et de souffrance, il le préserverait, et l'entretiendrait. Il ne comptait plus se laisser aller, comme cela avait été le cas ces derniers jours. Il voulait aller mieux, car il le comprenait enfin, qu'il ne pouvait pas faire tout cela tout seul. Enfin il admettait qu'il avait vraiment besoin d'aide, et qu'il pouvait oser en faire la demande.

Il allait se battre comme il l'avait toujours fait, pour que soucie et galère restent dans le passé. Et cela sans doute se vit sur son visage, dont les traits avaient été plus ou moins tendu durant ces dernières semaines.

- Tu as bien meilleur mine, constata Eren lorsqu'ils allèrent poser les bagages dans leurs chambres. Ce Week-end t'a fait du bien ?

- Le plus grand bien, assura Livaï en lui souriant, avant de tapoter du bout doigts ses propres lèvres afin de recevoir un baisé.

- Tant mieux ! Conclu simplement Eren en l'embrassant.

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Et voila pour le chapitre 26 qui j'espère n'est pas trop ennuyant.

Merci pour votre lecture.