Chapitre 25: Oser dire quand ça ne va pas du tout.
Chapitre 25:
Quelques mots simples avaient suffit à lui faire lâcher prise, et à faire tomber ce petit mirage de solidité qu'il essayait de nouveau de bâtir dernièrement. Comment cela avait-il été possible. Pourquoi une question aussi simple soit-elle, avait-elle pu le mettre dans cet état ?
Était-ce le regard maternel de sa futur belle-mère qui avait provoqué tout ça ? Était-ce le ton affectueux et simple à la fois, qui ainsi avait eu raison de ses nerfs ? Pourquoi lorsqu'elle lui avait demandé comment il allait, il s'était mis à chialer comme un gamin ? Pourquoi tout lâcher comme ça d'un coup ?
Sans doute-était-ce parce que son esprit, son cerveau, ou même son âme, en un mot il ne savait pas comment nommer ça précisément, qui en avait eu assez de ses reflex de survis ? Enfin si on pouvait nommer cela ainsi. Tout son lui intérieur en avait assez d'être continuellement étrangler dans ses tourments qui stagnaient là, telle une bouillasse informe. Sans qu'une prise d'air l'allège enfin ses poumons comprimer d'angoisse.
Toutes ses émotions lui étaient remonté aux yeux, aussi rapidement qu'une balle de revolver fendant l'air. Tout avait débordé sans qu'il ne puisse rien contrôler pour une fois. Malgré l'énorme raz le bol qu'il avait de se sentir aussi mal, Livaï ne cessait de se répéter en parallèle de tout ça, que jamais il n'avait été aussi heureux de toute sa vie. Ce qui en soit était un étrange paradoxe.
Mais c'était pourtant vrai. Cette période était la plus épanouie et heureuse qui soit, malgré ses soucies. Lui qui n'avait jamais été du genre à se projeter dans le futur, y arrivait à présent. Avec son fiancé, ils préparaient ce qu'il espérait être un beau mariage. Il fantasmait même sur cette unions futur, où il s'imaginait parfois vivre un grand nombre d'année avec l'unique amour de sa vie. Il se voyait parfois âgé, avec son compagnon à deviser sur leur longue vie, ainsi que tout ce qu'ils avaient vécu.
Ce n'était là que des choses positives, qui de son point de vu auraient dû prendre une sorte de dessus absolu. Mais là, juste parce que Carla lui avait demandé comment il allait, il avait fondu en larme comme un enfant envahi d'une grosse peine. En laissant par la même occasion mourir au fond de sa gorge, toutes ses répliques fétiches, telle que " tout vas bien". Toutes ses habitudes de protection l'avaient abandonnés et l'avaient mis à nue, en exposant son lui profond. Son lui du moment. Son lui souffrant.
Non, tout n'allait pas aussi bien, et il en avait honte. Mais pourtant, pourquoi exprimer sa peine et sa douleur maintenant ? Et à quoi bon ? Il était adulte, il n'avait pas à pleurnicher comme un môme. Tout du moins c'est ce que ne cessait de lui dire sa nature ordinairement solide. Il aurait voulu comme avant, pourvoir tout presser entre ses doigts et enfermer le tout, tout au fond de lui même. Mais son corps visiblement rejetait telle une mauvaise greffe, cette habitude qu'il avait toujours eu. Depuis tout môme c'est ainsi qu'il avait évolué, et surtout c'est ainsi qu'il avait pu avancer dans l'enfer qu'était sa vie. Pourquoi à présent cette manière de faire ne lui était plus accessible ?
Pourquoi ?
Une petite voix intérieur, sans doute celle de la raison, murmura à son oreille, la réponse à tout cela.
" C'est parce ce que tu n'es plus le même qu'avant."
Oui, ce n'était pas faux. Pas faux du tout même. Il n'était plu ce jeune garçon rongé de haine et de colère, qui refusait de ressentir quoi que ce soit, pour pouvoir avancer. Il avait dû en un sens à l'époque, faire taire une partie de son humanité, pour pouvoir survivre dans ce qui lui paraissait alors être une sorte d'enfer éternel. L'enfant sauvage était devenu un adulte calme et réfléchi, qui accepte enfin de ressentir des choses. Même si se travail sur lui même avait été assez difficile à faire.
A présent ce qu'il ressentait le plus, était une peine profonde et colossale. Une tristesse terrible en réalisant tout ce qu'il avait oublié, tout ce qu'il avait cloîtré au fond de lui même. Il ressentait des remords énormes à la simple pensée qu'il avait abandonné, celui qu'il avait alors jadis considéré comme un frère. Il avait rejeté les images horribles et choquante de ce petit ange envolé vers les cieux, et contre lequel il s'était évanouie de douleur et de fatigue. Il l'avait abandonné en un sens, et il s'en voulait.
C'est ça qui le rongeait le plus, c'était exactement ça.
Et réaliser cela avait fait naître en lui, une sorte de gigantesque raz le bol de tout. Il en avait assez de subir encore et toujours le malheur. Il en avait assez que la vie revienne lui taper dessus, comme elle l'avait si souvent fait durant une partie de son existence. Alors qu'enfin le bonheur venait parsemer son quotidien.
Il en avait marre ! Vraiment, vraiment, vraiment marre !
Se laisser aller à une telle crise de larme, était plutôt rare chez lui. Pour par dire quasiment anecdotique. Et à cet instant, plus il cherchait à reprendre le contrôle de lui même, et plus ses nerfs semblaient lui dire :
" Non, laisse toi allez on a vraiment besoin de ça."
Oui peut-être qu'il en avait besoin. Mais sa fichu fierté, comme si elle était apte à avoir ses propres pensées, avait honte de s'entendre geindre, renifler et pleurer comme un bébé en appelant cette personne qui ne viendrait jamais. Sentir ce câlin maternel, cette main attentionnée dans ses cheveux, le projetait à plus de trente ans en arrière. Ce besoin de famille qu'il avait toujours eu en lui, sans réellement s'en rendre compte, il l'avait là autour de lui dans ce câlin collectif et attentionné.
Combien de minutes s'écoulèrent sans qu'il ne parvienne à dominer ses fichues larmes de traîtresse ? Était-ce infini, ou au contraire court ? Il l'ignorait mais un fait était là, lâcher la bride lui faisait du bien quoi qu'il en dise ou pense. Hansi, lui avait dit au moins un million de fois depuis qu'ils se connaissaient, que toujours tout garder en lui finirait par l'empoisonner. Que ça déborderait tôt ou tard, et qu'il ferait mieux d'oser dire quand ça va pas, plutôt que de tout garder en lui, jusqu'à ce qu'il craque.
Comme toujours elle avait tout compris.
Une main caressait ses cheveux depuis quelques minutes. Cela faisait resurgir l'enfant martyr en lui, qui ne demandait que ça ! Un peu d'attention. Mais bientôt l'homme actuel reprit le devant de la scène. Il aspira l'air qui jusqu'ici entrait en saccade dans ses poumons, en une grosse goulée gourmande. Son visage aux yeux rougies et épuisés, s'écarta de l'épaule contre lequel il s'était appuyé. Ses mains relâchèrent le pull sur lequel elles s'étaient un peu crispé, tandis que le visage compatissant de son fiancé et de son futur beau père se posaient sur lui. Le rouge lui grimpa une fois de plus aux joues, transformant son pale visage en une tomate géante.
- Je suis vraiment, vraiment désolé, répéta t-il pour ce qui semblait être la centième fois au moins. Je ne sais pas ce qui m'a pris ..tout d'un coup.
Ses yeux comme honteux ne savaient plus vraiment où se poser, et optèrent pour se fixer sur le sol dallé. Sa main dans un geste un peu nerveux, passait sur sa nuque au cheveux raz, en la frottant nerveusement. Il avait soudainement besoin de s'échapper, et d'avoir un moment tout seul, ou il pourrait se reprendre et assurer à nouveau à ses nerfs une certaine tranquillité.
- Je vais...je vais ...monter les bagages, bredouilla Livaï le visage toujours cramoisie, le regard toujours soudé au sol. D'une main, il empêcha Eren de le suivre car il avait réellement besoin de quelques secondes ou minutes seul. Laisse moi juste un petit instant, souffla t-il telle une confidence.
- D'accord, murmura Eren ainsi stopper dans son élan.
- Prend ton temps, répondit simplement Carla en prenant son bouquet de fleur qui venait d'être posé sur la table, afin de les mettre dans un beau vase.
Sans rien dire d'autre Eren l'observa ouvrir la porte assez discrètement, et se glisser dans le léger interstice, avant de quitter la cuisine. Ses poings aussitôt se fermèrent de frustration, car Eren avait l'impression d'être totalement inutile à son fiancé. Faire le clown pour le faire rire c'était bien en surface. Mais en profondeur ça ne servait à rien. Il n'arrivait pas à l'aider à aller mieux, ou tout du moins pas assez efficacement. Il resta quelques secondes debout comme planter comme une courge au milieux d'un jardin vide. Ses yeux vert fixaient la porte par laquelle Livaï venait de passer.
- Il t'a appelé maman durant sa crise de larme, releva Grisha qui touillait à l'aide d'une très grosse cuillère en bois, un plat qui était entrain de mijoter dans une énorme cocotte. Sans rien ajouter d'autre le père remonta ses lunettes légèrement embuée par la chaleur. Quand même..ajouta t-il, le pauvre..
- Si m'appeler ainsi lui fait du bien, qu'il le fasse sans hésiter. Sa me touche beaucoup qu'il le fasse d'ailleurs, souffla Carla dans un sourire pensif, tandis qu'elle arrangeait le bouquet de fleur dans le vase. Combien de fois l'a t-il appelé quand il se sent triste ? Ah la la...Un enfant arraché si tôt à l'amour d'une mère...ça laisse forcément des cicatrices.
- C'est impossible à compter...murmura Eren d'une voix pleine de murmure, tout en se tournant en direction de ses deux parents. Il l'appel souvent dans son sommeil la nuit. Parfois je l'entends.... Je crois qu'il ne s'en rend pas compte de ça, car au petit matin il semble avoir oublié. Et je préfère éviter de lui en faire la remarque, pour ne pas l'attrister ou même le gêner d'avantage.
- Ses traumatismes sont profond, commenta Grisha en croisant les bras. Et avec la vie difficile qu'il a eu, ce n'est pas franchement étonnant.
- Papa, Maman, qu'est-ce que je peux faire moi ? Demanda le fils unique du couple. Son regard avait une touche de désespoir face à son "inutilité". Je me sens si nul, face à sa peine..je fais le con..et il rit mais..ce n'est pas assez au final pour l'aider.
- Allons ne soit pas si dure avec toi même, intervient Grisha en allant lui tapoter l'épaule. Pour quelqu'un qui a été très très seul durant une grande partie de sa vie. Je suis sur que ta présence et ton affection, l'aide beaucoup. J'en même suis certain. Le simple fait qu'il se dise, " je ne suis plus seul", doit énormément jouer sur son moral.
- Le soutient est la meilleure des choses à faire, reprit Carla en reculant de quelques pas, afin d'observer le rendu de son jolie bouquet de fleur. Ce qu'il vit est très difficile, et il n'y a pas de formule magique malheureusement, pour l'aider à aller mieux. Être près de lui quand ça ne va pas est le mieux que tu puisses faire pour le moment. Et ne minimise pas les bienfaits du rire, sur le moral. Ça aide beaucoup.
- L'aide d'un psychologue lui ferait du bien, proposa Grisha.
- A ça, s'exclama Eren dans une sorte de sourire ironique et fataliste. Faut lui faire accepter l'idée d'en voir un. Et si je suis obtus, Livaï l'est tout autant. Il refuse de faire ça....
A l'étage dans cette jolie chambre confortablement installé sous les combles, Livaï avait comme à chaque fois qu'ils venaient passer un séjour ici, déposé la valise dans un coin de la chambre. Assis sur le lit futon, il observa durant quelques secondes le ciel gris presque noir à travers l'un des vasistas. Très vite les remords sur le fait qu'il avait autant lâché prise, vient lui saisir le cœur en une honte vertigineuse. Abandonnant son observation peu consciencieuse, il avait à la suite de cela enfoui à nouveau son visage dans ses mains. Les larmes semblaient tari pour le moment, mais le malaise, sur ce qui venait de se passer était bien réel lui. Jamais il ne faisait ça. Jamais il ne se reposait sur les autres quand ça n'allait pas. Et plus d'une fois Hansi lui avait sans doute à juste titre, fait la moral à ce sujet.
Le souvenir vague d'avoir appeler sa mère dans cette crise de larme, qui en général lui était peu commune, lui remonta à l'esprit et ajouta à sa gêne déjà présente, une sorte de petite couche supplémentaire aux autres déjà présente. En souffle profond comme si il cherchait à vider ses poumons, se mêla alors au tout.
Le manque pesant de sa propre mère à ses côtés, ne lui avait jamais paru aussi important qu'à cet instant. Oui bien sûr qu'elle lui manquait. Tout les jours même. Mais de la à commettre ce qui lui considérait dans un sens comme un impair, en appelant une autre par se nom béni, le mortifiait d'une petite pointe de honte quasi enfantine.
- Tsh c'est pas vrai. C'est si...ridicule, se gronda t-il en allongeant son dos sur le moelleux du lit. Son visage quand à lui était toujours à l'abri dans le creux de ses mains jointes. Merde ! Et merde...
La porte de la chambre grinça en démontrant par là, combien elle avait besoin d'être graissée. Sans attendre, Livaï se redressa en s'appuyant sur ses coudes, et vit dans l'encadrure de la porte la silhouette de son fiancé.
- C'est vilain de dire des gros mots, plaisanta celui-ci en s'efforçant de sourire. Pourquoi tu jures comme ça ? Questionna t-il très vite, en avançant en direction de son compagnon.
Sans attendre Eren se glissa entre les genoux de Livaï, puis passa les bras de chaque coté de la taille de celui-ci, avant de déposer comme souvent un simple petit baisé sur la joue.
- Oh pour rien, marmonna Livaï en tournant la tête sur le côté. Ce n'est...
- Je te connais à présent. Je sais plus ou moins comment tu te sens, le coupa Eren en fixant ses grand yeux verts dans les iris bleus nuit. Tu as honte d'avoir osé dire que ça n'allait pas. Et tu t'en veux, de ne pas avoir tout cloîtré d'avantage en toi.
-...
- Ça me tue que tu penses encore comme ça, alors que je suis là pour toi. Par pitié mon chéri, dit moi quand ça ne vas pas ! Ne le détail pas forcément, si tu n'en as pas envie. Mais me dit pas " ça va " quand ce n'est pas le cas...Tu as le droit de le faire.
- .....
- Tu me crois quand je te dit que je suis là pour toi ? Tu me prends au sérieux ? Ou tu te dis, encore que ..je suis trop jeune pour te comprendre ? Et que tu préfères me préserver, au détriment de ton bien être.
- Je ne veux juste pas gâcher, ta bonne humeur naturelle avec mon passé de merde, souffla Livaï en appuyant sa joue sur l'épaule du jeune homme. Et je me dis que ce que j'ai vécu est déjà lourd pour moi..je n'ai aucune raison de laisser peser ça d'une quelconque manière sur tes épaules. Je veux que tu restes, pétillant de bonne humeur.
- C'est gentil et idiot, répondit instantanément le jeune homme. C'est quoi un couple pour toi ? C'est quoi être marié ? Si ce n'est affronter le bon comme le mauvais ensemble. Je suis là pour toi, et toi pour moi. Je veux tellement, tellement t'être plus utile que je ne le suis.
- Tu l'es déjà Eren, souffla à voix basse Livaï en serrant doucement les doigts sur le sweat que portait son petit ami. Tu n'as pas à en faire plus.
- Mais..
- Je suis fatigué de parler et de ruminer mon mal être. J'ai beaucoup lâché de leste aujourd'hui, avoua l'homme au cheveux noir en fermant les yeux, comme pour profiter d'avantage de ce câlin tout simple. Je suis sincèrement fatigué de tout ça....n'en parlons plus. Au moins pour ce soir.
Le photographe ne chercha pas à argumenter d'avantage, car il savait que là ça ne servait à rien. Il resta donc là, à le garder dans ses bras et à sentir son doux parfum. Tout en faisant cela, il leva ses grands yeux émeraude, et constata à travers la fenêtre de toit, que la neige recommençait à tomber. Dans un murmure digne d'un secret, il fit se constat. Alors son épaule s'allégea d'un poids pas si lourd que ça. Et tout deux nez levés au ciel, observèrent à travers la lucarne le charme envoûtant des flocons tombants et virevoltant.
Un peu plus tard, lorsque le couple descendit afin de profiter du bon repas que Carla avait préparé. Il fallut à l'évidence un certain temps, pour que Livaï ne ressente plus la petite pointe de gêne, qu'il ressentait face à ce que sa sévérité naturelle jugeait comme un " laissé aller". Commençant à bien le connaître, les parents d'Eren agirent normalement, et ne le couvèrent pas tel un enfant malade. Néanmoins ils remarquèrent plus d'une fois, combien Livaï avait un peu de mal à croiser leurs regards. A l'évidence il se sentait encore un peu honteux d'avoir ainsi pleuré. Très certainement l'un comme l'autre devait se dire, que si il ressentait le besoin de parler, ils seraient prêt à l'écouter. Même si cette possibilité avec le caractère dur et solide qu'avait Livaï, restait assez peu probable.
Le dîner se passa dans l'habituel bonne humeur ainsi que la chaleur coutumière à cette famille. Jean bien que n'ayant pas le caractère de Livaï, était resté dans un premier temps, assez observateur. Sans doute le fait rassurant de ne pas être jugé, et qu'on ne lui prédise pas un séjour en enfer après sa mort, tout simplement parce qu'il était tombé amoureux d'un garçon, l'aida à se sentir franchement bien. Réalisant cela, et comprenant que le grand-père d'Armin n'avait pas d'autre désir que de voir son petit fils heureux. Il put enfin chasser ses inquiétudes et ses angoisses de son esprit. Il participa des lors aux discussions, tout en prenant conscience que le père d'Eren n'avait pas exagéré, quand il lui avait dis un peu plus tôt que Armin était pour sa femme et lui, comme un second fils, car eux aussi étaient attentif à son bien être.
Parfois durant quelques courtes secondes Jean comparait mentalement Carla à sa propre mère. Et un fait plus qu'évident le frappa. Il n'y avait pas plus dissemblable. Sa mère était bigote au dernier degrés et peu ouverte d'esprit. De plus elle basait malheureusement trop sa vie sur le regard des autres, ainsi que le quand dira t-on. A l'inverse Carla, et même Grisha ne passaient pas leurs temps à s'inquiéter de ce genre de chose, et agissaient selon leurs propres convictions.
Et ça il put le constater doublement, lorsque à nouveau la mère de famille mit sur la tapis, l'histoire de cette vieille patiente aigrie et mauvaise comme une teigne, qui lui avait fait comprendre que le futur mariage d'Eren avec un autre homme était une honte. D'autant plus si le fiancé du jeune homme était plus vieux.
Ayant déjà entendu cette histoire plusieurs fois, Eren qui au début s'était indigné des dires de cette bonne femme, avait fini par ne plus ressentir autre chose qu'une certaine forme de lassitude, quand à entendre encore et encore cette anecdote.
- Maman, sérieux ! Souffla t-il profondément en roulant les yeux au ciel. Tout ça date de l'été dernier. Arrête d'y penser.
- Je veux bien ne plus y penser, se défendit Carla en découpant à l'aide d'un long couteau, le beau gâteau que les invités avaient pris la peine d'acheter. Mais elle passe au cabinet médical pour un oui ou pour un non. Et cette histoire me revient à l'esprit, dès que je la croise.
- A chaque fois la salle d'attente ressemble à un duel de regard digne d'un Western, ajouta Grisha dans un rire fataliste. Il ne manque plus que la musique d'ambiance.
- Oui et bien, reprit de plus belle Carla en fronçant des sourcils la moue boudeuse. Si elle passait chez un de tes confrères, je ne serai vraiment pas vexée tu vois. Au contraire même. Bon débarra.
L'ambiance comme à chaque fois était bonne et agréable. Et pourtant c'est à peine si Livaï arriva à se mêler aux discussions. Tout au plus intervenait-il parfois pour donner un avis lorsque cela lui était demandé. Néanmoins son mutisme malgré ses efforts ressortait grand vainqueur dans cette lutte interne, ou il essayait de ne pas se mettre en retrait, comme il le faisait avant.
Comédien il ne l'était pas ce soir là. Et mimer une tranquillité illusoire ne fut pas dans ses compétences non plus. De nouveau simple observateur, Livaï regardait la vie s'agiter sous son nez. Il voyait par exemple son fiancer taquiner sa maman. Armin rire, et Jean participer aux conversations sans réelle soucie. Il observa Grisha aussi calme que le grand-père, et les entendit même se promettre de se faire une partie d'échec le lendemain.
Et lui était là, comme un pot de fleur vide de toute vie, planté au milieux d'une table sans convive ! Les lèvres scellées et plus silencieux qu'une tombe. Il ne parvenait pas à faire comme si tout allez bien, et que sa crise de larme de toute à l'heure était au final anecdotique. Il n'avait plus la compétence de tout cloîtrer en lui. Lentement, un léger mal de crâne commença même à s'infiltrer en lui, ajoutant ainsi un surplus à son mutisme et à son isolement involontaire. Parfois Livaï observait quelques regards en coins et discret, lui être jetés. Sans doute n'était-ce pas très agréable de l'avoir à table, lui et son humeur morose ? Peut-être ? Mais si c'était là une pensée qui leurs traversait tous l'esprit, en rien il ne leurs en voulait. Car lui même se jugeait mauvais compagnon de soirée.
Plus tard lorsque la table fut débarrassée, et la vaisselle faite, il s'excusa un peu auprès de tout le monde, sur le fait qu'il montait déjà se coucher. Sa migraine s'intensifiant toujours un peu plus, l'obligea à s'isoler d'avantage dans l'espoir qu'elle passe au plus vite. Fataliste le brun se disait qu'au moins pour ce soir son humeur déprimante ne viendrait pas gâcher la soirée des autres.
- T'es pas obligé de monter en même temps que moi, murmura t-il auprès de son fiancé, qui contenait difficilement un regard peiné en le voyant si mal physiquement, mais aussi psychologiquement.
- T'es sûr ? Enfin je veux dire, hésita Eren en tortillant ses doigts entre eux. Tu vas être là-haut tout seul et je sais que tu vas ruminer et...
- Oui, je suis sûr, souffla simplement Livaï perché sur la première marche. Je vais m'allonger et me reposer un peu. Reprit-il en posant ses deux mains sur les joues du jeune homme, avant de l'embrasser. OK ? Profite de ta soirée, et ne t'inquiète pas comme ça.
- Bon, fit Eren d'un air désolé. Repose toi bien alors.
- Je vais t'apporter de quoi faire passer ton mal de tête, intervient Carla. S'endormir avec une migraine, parfois s'est s'assurer de la retrouver au réveil. Et personnellement j'ai horreur de ça.
N'osant encore une fois la contre dire, Livaï fit un vague mouvement de tête positive puis monta à l'étage. Dans ses cheveux à nouveau libre sur ses épaules, Eren sentit bientôt la main de sa mère qui se mit à lui sourire d'un air encourageant.
Dans la chambre située sous les combles, Livaï s'était changé. Sur la chaise de bureau à présent vide de tout étudiant, il avait déposé ses vêtements du jour, qu'il avait plié avec sa maniaquerie habituelle. La lumière n'avait pas été allumée, car son mal de crâne exigeait visiblement une certaine pénombre. Sans attendre une seconde il s'était glissé sous la couette épaisse du lit futon, et qui pour son plus grand bonheur dégageait une délicieuse odeur de lessive. La douceur des draps allié au silence des lieux, n'apportèrent pas le moindre soulagement à son crâne douloureux. Mais au moins n'empira pas les choses. Ce qui en soit était une sorte de plus.
Quelques minutes s'écoulèrent, jusqu'à ce qu'il entende quelqu'un frapper à la porte. L'espace d'un instant, Livaï avait oublié que Carla lui avait promis de lui monter de quoi faire passer sa migraine. Se redressant dans le lit en position assise, il se félicita de s'être habillé d'un pyjama car, il lui arrivait parfois de dormir en simple sous vêtement. D'une voix plus discrète, il l'invita à entrer, tout en allumant la petite lampe située non loin du lit futon. Et dont la clarté, parut lui percer le crâne à travers ses yeux. D'un mouvement vague, il passa la main sur son front, ou très vite ses fins sourcils se froncèrent.
- Tiens, fit Carla en avançant dans la pièce, tout en tendant un verre pétillant d'une aspirine qui achevait de se diluer dans l'eau. Je suis du genre migraineuse, je sais combien c'est infect à subir.
Après l'avoir remercier, Livaï but le verre d'un trait. Sur sa langue il sentit le pétillement des bulles venir le piquer un peu, et très vite le tout fut suivi d'un goût amère qui lui fit tirer la langue de répulsion. A nouveau il murmura un remerciement en tendant le verre, même si malgré tout son regard presque d'enfant gêné, ne cherchait pas à croiser celui de la mère de son petit ami. Il y avait en elle une telle puissance maternel, qu'il se sentait dans une certaine mesure faible face ça. Et craquer deux fois dans la même journée, et surtout en si peu de temps n'était pas un objectif qu'il cherchait à atteindre.
Souriante et silencieuse Carla lui souhaita la bonne nuit, avant de se diriger en direction de la porte de la chambre. Sa main se posa alors sur la poignet de porte mais..
- Je suis désolé, pour tout à l'heure, s'excusa une fois de plus Livaï, comme si il ne pouvait s'empêcher de le faire. Vraiment je..je n'aurai pas ..dû me laisser autant aller...Et t'appeler...comme ça....
Un souffle fort passa à travers les narines de Carla. D'un geste presque pressé, elle posa le verre vide sur une étagère située non loin de la porte. En quelques pas, elle s'approcha à nouveau du lit futon, dans lequel il était toujours assis, puis s'installa sur le bort. Là, telle qu'elle le ferait pour son fils, elle posa la main sur la joue de Livaï et lui sourit.
- Tu n'as pas à t'excuser de quoi que ce soit. Quand on se sent mal, on a parfois besoin de soutient et d'être entouré, et même de craquer un bon coup. Expliqua t-elle. Comme malheureusement, tu n'as jamais eu l'occasion de faire ça. J'imagine que de ton point de vu ça doit être perçu comme une erreur. Mais ça ne l'ai pas. Ça ne l'ai pas du tout.
- Je ..hésita Livaï, son regard bleue glissant sur le côté. Je ne sais pas lâcher du leste...et le faire me met dans une situation désagréable, ou j'ai la sensation de ne rien maîtriser, et d'être dans une sorte d'état de faiblesse, lâcha t-il tel un aveux honteux. Je ne supporte pas de me sentir comme ça....aussi mal....je ne supporte pas de voir Eren, s'inquiéter autant pour moi....je ne supporte pas de le rendre malheureux avec...ma déprime....Je ne me supporte pas..enfin pas dans cet état lamentable......Avoua t-il tout d'un coup, sans qu'il ne parvienne à contrôler ses mots.
A nouveau ses yeux bleue foncé, qui avaient l'espace d'un instant fuit le contact visuel avec Carla, se porta à nouveau dans les iris marrons de la mère de famille, qui toujours calme et paisible l'écoutait avec attention. D'un geste de la tête, elle l'encouragea à continuer de parler.
- Eren m'a connu solide...et fort mentalement. Et là..j'ai l'impression que...je deviens de plus en plus une loque....je m'éloigne en un sens....De la vision qu'il a de moi, et qui ..fait qu'il m'aime... Mais avec ce qui s'est passé, et ce qui m'est revenu en mémoire....quand on vit des moments de joie même simple, j'ai des remords ..vis à vis de....de ..Thibault que j'ai oublié durant trente ans...et je m'en veux tellement de ça..
- Je comprends, souffla Carla.
- Je crois que ne sais plus comment me tenir, ni comment me sentir, comment agir, sans avoir une foule de remord qui me sautent à la gorge, vis à vis de toute cette affaire. Et je ne veux pas que.....que Eren ait l'impression d'avoir comme futur mari, un dépressif ennuyeux.
-. Tu crois vraiment qu'après toutes ces années de patience à t'aimer en " secret" sans que jamais cela ne change ne serait-ce qu'un peu. Eren va soudainement se lasser de toi ? Tu crois vraiment ça ?
- Non..admit du bout des lèvres Livaï. Mais Eren est une sorte de bulle pétillante...je ne veux pas gâcher sa bonne humeur naturelle. J'adore le voir plein de vie, et je déteste que ma morosité, sape tout ça.
- La vie de couple implique des hautes et des bas. J'ai confiance en mon fils, il s'adaptera à tout ça, comme toi tu le ferais si il était dans une situation similaire. Tu te rajoutes du soucie, en plus de tout ce qui pèse déjà sur tes épaules.
- .....
- Écoute, dit-elle en le regardant droit dans les yeux. Si tu veux remonter la pente, il faut que tu consultes un psychologue. Il t'écoutera et t'aidera à mieux comprendre, ce que tu ressens etc.. Grisha peut te diriger vers quelques collègues à lui, spécialiste dans ce domaine. Je sais, ajouta t-elle en lui coupant par avance la parole. On a toujours des aprioris là-dessus...mais tu peux toujours essayer pour voir et te faire un avis non ?
- Sans doute, admit-il dans un murmure.
- Tu t'es toujours battu tout seul contre les difficultés de la vie, sans jamais avoir la moindre petite aide. Mais tu n'es plus dans cette situation, car tu n'es plus seul. Pleurer n'est pas une faiblesse, et avoir besoin d'aide ne l'est pas non plus. Aide toi à aller mieux. Et lâche tout ce que tu gardes en toi, et qui te sape le moral, car si tu tombes, on sera là pour te relever ! Car tu n'es plus seul.
Sa bouche restait entrouverte comme si une phrase, ou même un mot qui avait voulu sortir, était mort sur le bord de ses lèvres. Livaï ne savait pas comment cela était possible, mais pourtant les paroles de Carla faisaient mouche à chaque tour. Et ses encouragement paraissaient comme s'infiltrer dans son crâne afin de s'y imprimer. Mais à nouveau lorsque des larmes, qu'il ne cessait de maudire intérieurement, voulurent déborder il chercha comme dans un reflex conditionner à les réprimer.
- Je suis là pour toi, comme pour mon fils...
Son regard était doux franc, et remplie d'amour maternel. Un amour dont il avait tant manqué. Pourquoi le mettait-elle sur la même marche qu'Eren ? Pourquoi le couvait-elle, comme un môme à rassurer ! Il n'était pas un môme, loin de la même, et pourtant de son âgé, Carla n'en avait rien à foutre. Elle sentait sans doute, dans son lui intérieur, le gamin rachitique affamé d'amour maternel. Cet amour dont il avait été privé bien trop tôt...
- Merci...merci d'être là pour moi, bafouilla t-il pris d'un violent sanglot. J'vais tout faire pour aller mieux....promit, j'vais tout faire pour...pour....
- Je sais que tu arriveras, sourit Carla en le prenant une fois de plus dans ses bras, avant de faire lent mouvement de droit à gauche, comme si ainsi elle cherchait à le bercer. Tu as le droit d'avoir des limites toi aussi..
Parfois on dit que pleurer ça fait mal, que ça ne fait qu'accroître la tristesse que l'on ressent. Mais de temps à autre, cela soulage le cœur d'un poids terriblement pesant, et qui embrouille l'esprit d'une mélancolie presque paralysante.
Ce soir là, dans cette jolie et confortable chambre située sous les combles, Livaï comprit enfin qu'il avait le droit de se sentir mal. Et qu'oser le dire, n'était pas crime. Sa parole jusqu'ici enfermé en lui, et qu'il ne pensait plus pouvoir exprimer, pu de nouveau se faire entendre. Il comprit qu'il n'avait plus de rôle à jouer pour assurer sa survie, et que surtout ici, parmi les siens. Un soutient indéfectible lui serait toujours offert.
Après cela lorsque la crise de larme fut asséchée, Carla le laissa se reposer tout en lui souhaitant bonne nuit. Étrangement, lui qui dormait plutôt mal dernièrement, s'endormit comme une souche, un peu comme si on lui avait donner un grand coup de massue sur le coin de la tête. Se fut si rapide, si fulgurant, qu'il n'eut pour une fois, pas le temps de cogiter et de pensée en boucle à tout ce qui s'était passé durant la journée. Il dormit donc d'un sommeil lourd et profond, ou pas un rêve désagréable n'arriva à prendre place dans son jolie crâne brun. Il ne sentit même pas Eren venir prendre place à ses côtés un peu plus tard. Pourtant malgré son profond endormissement, il alla comme à chaque fois se greffer à son compagnon de vie, qui toujours attendrit quand il faisait cela, déposa un petit baisé sur son front, avant de s'endormir à son tour.
L'hiver étant à présent bien là, une fraîcheur terriblement désagréable paraissait agresser au petit matin, tout ceux osant sortir ne serait-ce qu'un orteil en dehors du lit. La neige était tombée durant toute la soirée et toute la nuit, et avait ajouté dans la large cour de la ferme, bien des centimètres d'épaisseur. Malgré le soleil plutôt pâle, qui tentait sans grand succès de se mettre en avant, les températures n'allèrent pas au delà de zéro.
La matinée se déroula avec le levé au compte goutte, de la maisonnée. La première comme toujours fut Carla, qui à l'évidence ne savait pas faire de grâce matinée, très vite suivi par Grisha. Autour de la table de la cuisine, se faisait voir une jolie grappe de visage fripé par le sommeil, de cheveux en batailles et de bâillements multiples. Parfois un frisson secouait l'un d'entre eux, tandis qu'une conversation bien peu profonde sur la météo perçait le silence qui cherchait à s'installer.
- Hey Jeannot, une bataille de boule de neige, ça te dit cet après-midi ? Demanda Eren le regard plein de provocation.
- J'sais pas, répliqua Jean doté d'une même type de regard. Je voudrais pas t'humilier devant tes parents, et ton fiancé tu sais.
- J'aime pas le froid, bredouilla Armin en buvant sa tasse de café bien chaud. J'suis pas fait pour aimer ça...bougonna t-il en frissonnant par avance. J'aimerai hiberner et me réveiller qu'au printemps.
- C'est ça..j'y crois à mort Jeannot. Rooh Armin t'auras pas si froid que ça, si on bouge, allez quoi ! Joue le jeu, reprit de plus belle Eren qui vit son compagnon assis à ses côtés, piquer de nez. Comme si pour une fois Livaï n'arrivait pas à émerger. Hey, tu vas tomber, prévient-il en posant la main sur la joue de celui ci comme pour le retenir.
- J'ai beaucoup trop dormi, constata avec fatalité Livaï en pressant la paume de ses mains sur ses yeux, puis en s'accoudant sur la table. Je dors pas autant d'habitude. J'suis à l'ouest...
Le petit déjeuner s'acheva beaucoup plus bruyamment que ce qu'il avait débuté. Habitué à les entendre babiller en boucle, et même à se provoquer bêtement, du moins pour deux d'entre eux. Livaï ne faisait pas vraiment attention à leurs dire, et luttait avec courage pour se réveiller enfin totalement. Malgré son état de semi somnolence, cela ne l'empêcha pas de débarrasser la table et de faire le peu de vaisselle qu'il y avait à faire.
Telle une envolée d'oiseau, les trois copains d'enfance après lui avoir proposer une aide qu'il refusa comme toujours, sortirent de la cuisine, afin d'aller prendre leurs douche. Le nombre de salle de bain étant conséquent dans la ferme, chacun pouvait occuper une pièce d'eau en toute tranquillité. Intérieurement surpris que son fiance, ne lui réclame pas de venir avec lui prendre sa douche, Livaï comprit qu'il devait vraiment pas faire bonne mine, pour que Eren se retienne de lui faire une telle proposition.
Lorsqu'il sortit enfin dans la pièce principal, Grisha qui était sorti faire quelques courses, était revenu sous la demande de Carla, avec un gros et grand sapin de Noël, qu'ils étaient tous les deux entrain de stabiliser dans un énorme pot. Curieux Livaï s'approcha avec les mains enfoncées dans les poches de son pantalon de pyjama. De son coté, grand-père était entrain de lire le journal du jour, confortablement installé dans un fauteuil.
Sur la large et longue table de la salle à manger, était présent plusieurs gros cartons chargés de décorations de Noël. Un fait frappa alors l'esprit de Livaï. Noël, s'était du sérieux dans la famille d'Eren.
- Tu veux nous aider ? Proposa Carla. Enfin te force pas si tu n'en as pas envie hein.
- Volontiers, accepta Livaï dans un sourire discret.
Même si il n'était pas encore au sommet de sa forme psychologique. Ce matin là, il se sentait bien plus paisible moralement parlant. Et lui qui avait toujours été réfractaire à fêter Noël voulut comme lorsqu'ils avaient été chez tonton Louis, jouer le jeu. Afin peut-être aussi de montrer, aux parents de son fiancé qu'il pouvait aussi vite se reprendre.
Et voila pour le chapitre 25 que j'ai eu un mal fout à écrire. Donc si il ne plaît pas trop, je comprendrai franchement.
Merci pour votre lecture.
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