Chapitre 24: La puissance Maternel de Carla.
Chapitre 24 :
Décembre était là, agrémenté d'un froid exceptionnel et désagréable, qui faisait d'elle l'une des nombreuses ouvertures des informations télévisé. La nature vide de vie, semblait endormie et décharnée, comme prise dans un sortilège. Elle était semble-t-il affamé de soleil et de lumière que pourtant, elle ne reverrait pas avant plusieurs mois. Les trottoirs parfaitement gelés, semblaient s'être préparé à recevoir la neige. L'attente à ce sujet, fut plutôt bref. Des flocons petits et discret tombaient lentement dans obscurité quasi totale, en se laissant voguer par le vent glacial. La nuit était toujours là, toujours présente, toujours pesante et propre à faire parler les cauchemars. Elle savait que bientôt elle ne serait plus la reine du moment, et devrait laisser son trône au jour levant.
Dans une chambre située au-dessus d'un salon de thé, un homme aux cheveux noir était déjà réveillé depuis quelques heures. L'un de ses bras semblait reposer sur son front, tandis que l'autre voyait sa main être parfaitement posée à plat sur son buste, qui s'élevait et s'abaissait à chacun de ses mouvements respiratoires. Depuis son réveil beaucoup trop tôt, il entendait la respiration calme de son compagnon, qui pour une fois n'éteignait pas le stade des ronflements. Merci à lui.
Ses yeux le brûlaient d'un besoin de dormir qu'il n'arrivait pas atteindre. Pourtant cette journée n'avait pas été tranquille et inactive. Avec l'aide de son fiancé, ils avaient décoré le salon de thé à l'occasion des fêtes de fin d'année. Cette activé auquel il n'avait jamais vraiment eu une passion débordante, leurs avait tout de même pris une partie de l'après-midi. Ils s'étaient amusés, et avaient même assez rit en continuant leurs jeux un peu stupides, de proposition de cadeau ridicule. Lorsqu'ils avaient enfin fini tout ce qu'ils avaient à faire, ils étaient remontés enfiler leurs manteaux et leurs écharpes, afin d'aller faire un petit tour dehors, malgré le temps plus que moyens.
Main dans la main, les joues rougies par un froid vivace, leurs pas les avaient menés dans ce qui était nommé le quartier chic, de la capitale. Là se trouvait des boutiques de luxe en tout genre, telle que les vêtements, bijoux et bien d'autre. Chercher une idée de ce qu'ils désiraient l'un comme l'autre comme alliance en ce lieu-ci, n'était très certainement pas la meilleure idée qu'ils eut là. Mais au moins cela leurs avaient permis de réduire un peu leurs désirs, quant au choix à faire pour cet anneau sacré. Presque collé à une vitrine, qui prétendait faire des réductions incroyables pour Noël, ce qui n'était vraiment visible, Eren donnait l'impression d'être presque plié en deux, pour se mettre au niveau de Livaï, qui par un reflex quasi inconscient c'était penché aussi. Afin sans doute de mieux voir l'étalage de bijoux dans la vitrine.
De la buée issue du froid présent, s'échappait de leurs bouches. Des commentaires murmurés sur ce qu'ils voyaient, les aidaient un peu à se décider. Et l'or semblait sortir grande vainqueur de cette sorte de conciliabule.
- Non mais regarde ça, souffla Eren à voix basse près de l'oreille de Livaï. Ils disent qu'ils font des prix. Mais celle-ci est à plus de 4000 balle....putain ! Jura-t-il en plus, elle n'est pas hyper originale.
- C'est sûr, reconnu Livaï d'un ton tout aussi discret, et qui avait l'impression d'être fait dans une discussion pleine de médisance. Si tu veux mon avis, elle est cher surtout parce que le joaillier est connue. Sinon, elle n'est pas terrible. Et le prix la rend même moche à mes yeux.
- Pff ah, ah, ah, mais totalement.
Ils avaient passé un bon bout de temps et longer les bijouteries à la recherche d'alliances, dont l'esthétisme leurs plairaient. Afin si ce n'est de les acheter pour le moment, d'avoir au moins une idée fixe sur laquelle se baser. Mais rien n'avait paru leurs filer un coup de cœur.
Malgré cette balade, qui avait gelé leurs bouts de nez, et leurs oreilles, cela avait su alléger son esprit de ses sombres pensées et souvenirs, qui lui alourdissaient l'âme et le transformait en un être mélancolique. La journée précédente avait été assez lourde d'un point de vue psychologique et émotionnelle. Et en toute franchise, Livaï avait espéré que vider son sac au commissariat de police, l'aurait aidé à aller beaucoup mieux ensuite, et que tout repartirait sur le même train-train habituel. Visiblement à ce sujet il se trompait.
La nuit, était toujours propices pour réveiller en lui diverses angoisses. Elle était là sournoise et lugubre, à veiller sur les âmes endormies qu'elle pourrait peut-être un peu taquiner. La cible encore une fois ce fut lui. Trois heures du matin était passé à son réveille aux chiffres rouges. Là s'achevait ce premier sommeil dans un soubresaut provoqué par des cauchemars issus du passé. Ces mauvais songes telles des êtres dotés de sadisme, s'étaient comme plu à lui montrer combien durant un temps, il n'avait été qu'un punching-ball humain. Frappé, affamé, battu, humilié...Un claquement de langue avait suivi ce réveil assez violent. Ses mains s'étaient portées sur son visage, qu'elles avaient brièvement frottée. Son esprit après cela, fût comme happé à nouveau dans des réflexions, constats et songes bien peu glorieux.
Combien de mômes de cette époque avaient réussi à s'accrocher à la vie ? Et combien ne s'étaient pas fait engloutir par le malheur de leurs enfance martyr, qui tel un marteau ne cessait de frapper sur leurs têtes. Et surtout combien étaient encore en vie ?
Les mains invisibles de la déprime paraissaient s'être poser sur ses joues pour le gifler. Dans un sourire impossible à voir, elle l'encourageait à aller sur ce chemin de tristesse et de pénombre, qu'il ne connaissait que trop bien. Les malheurs des uns et des autres, étaient après tout la nourriture préférée de cette mystérieuse entité.
Son estomac se contracta non pas de faim, mais d'une forte envie de pleurer qu'il ne parvenait pas à justifier. De tout son cœur il tenta de la chasser, afin de ne pas y céder. Surtout pas ! Mais sans doute des larmes auraient cette-fois, pu couler sur ses joues, si Eren toujours endormi à ses côtés ne s'était pas agité en se retournant tel un ours réveillé en pleine hibernation. Entre ses lèvres entrouvertes, il avait marmonné un truc, une chose impossible à comprendre, mais dont les sons restaient amusants.
Un rire et un sourire discret était alors apparu sur ses lèvres mince, et tel un bouclier avait chasser la vilaine fée "déprime". Tentant de mettre son cerveau sur off, Livaï avait alors glissé dans le lit pour se coller contre la peau bouillante de son fiancé. Celui-ci toujours pas réveillé, avait pourtant par automatisme écarté un bras, afin de lui faciliter l'accès avant de se refermer autour de sa taille. Là enfin le sommeil revînt le saisir avec un peu plus de douceur, pour le mener au petit matin.
L'histoire de l'orphelinat du clair matin, était sans aucun doute l'information qui ne cessait de revenir continuellement au journal télévisé, et même dans la presse écrite. Pas une journée ne se passait sans qu'on y fasse référence. Et bientôt le nom de cet ancien bâtiment fut renommé en "orphelinat de la honte." Telle une tache sur le cœur de la capitale, cette histoire paraissait comme impossible cette fois-ci à être glisser sous le tapis. Des journalistes spécialisés dans le crime et les faits divers, avaient commencé à mener leurs enquêtes en parallèle de la police, dont les informations n'étaient pas toujours bien tenues sous silence. Certains renseignements lâchés par des bavards en uniforme et aux mains graissées de pot de vin, était alors diffusés au journal télévisé.
" L'affaire de l'orphelinat de la honte à présent. D'après nos informations, il semblerait qu'un ancien pensionnaire ayant vécu là-bas en même temps que la possible petite victime, serait venu apporter un témoignage capital dans cette affaire. Selon nos sources, la police aurait toutes les raisons de prendre ce témoignage très au sérieux, au vu de certaines précisions faites, et qui jusqu'ici étaient inconnues du grand publique.
Cet inconnu aurait depuis près de trente ans refoulé les souvenirs traumatiques, de ce qu'il avait vu à cette période. A savoir l'assassinat d'un de ses jeunes camarades. Une question néanmoins se pose ? Jusqu'où peut-on prendre ce témoignage au sérieux ? Et en quoi ce souvenir refoulé, peuvent-ils être réel ou non.
Pour répondre à ces questions, notre spécialiste...."
Presque une semaine s'était écoulée depuis que Livaï avait été déposé plainte. Son travaille au salon de thé, avait été comme salvateur pour lui. Voir ses clients habituels ou non, et constater leurs joies simples sur la décoration du salon, lui avait apporté une franche satisfaction. Entre deux services et nettoyage intensif, il avait écouté les propos de ses petits clients qui lui parlaient de Noël, avec bien des étoiles dans les yeux. Travaillé avait été pour lui une étrange bouée d'air fraie, qui avait su l'occuper assez pour ne pas ressasser encore et encore ses pensées.
De son côté, Eren n'avait pas eu une minute à lui, et rare avait été les journées où il n'était pas rentré tard. Courageux et sérieux, il ne comptait pas ses heures de travail, et se satisfaisait de l'idée, qu'il montrait à son fiancé une image autre que celle du jeune homme insouciant, et blagueur. Ses rendez-vous professionnels se multipliaient comme des petits pains, et lui assuraient à présent un bon revenu.
C'était le soir et à travers la fenêtre de la cuisine, il était possible de voir malgré l'obscurité à peine éclairé par les réverbères, des flocons de neige volter gracieusement dans les airs. Depuis quelques heures à présent, la capitale revêtait tout doucement un pâle manteau blanc. Le vent glacé apportait sur le visage des promeneurs nocturne, quelques larmes d'inconfort.
Dans l'appartement situé au-dessus du salon de thé, les ronronnements de la télévision, débitaient des propos pleins de psychanalyse sur cette fameuse affaire qui secouait l'opinion publique. Du coin de ses yeux empreint de fatigue, Livaï observa dans la petite lucarne, une femme au visage sévère. Ses cheveux bouclés et ébouriffé, lui donnait une allure un peu haut perché. Ses doigts osseux s'agitaient devant elle lorsqu'elle expliquait avec la maîtrise totale d'un vocabulaire riche, ce que pouvait être les souvenirs refoulés. Et les conséquences que cela pouvait avoir sur une personne.
"La mémoire ainsi ravivée, peut-être comparée à une blessure difficile à soigner. Le problème si on peut nommer cela ainsi, et que le patient ainsi fragilisé par certains événements, peut-être plus sensible à l'intrusion de faux souvenirs...."
" Vous voulez dire qu'il est possible que ce possible témoin, n'ait pas forcément vu ou entendu quoi que ce soit ?"
" Non, pas du tout. Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit. Je vous explique juste différentes mécaniques qui..."
- Changez de chaîne, s'il vous plaît, grognassa à moitié Livaï en essuyant ses mains sur un torchon placé sur son épaule. Mettez tout ce que vous voulez, sauf ce genre de programme.
La voix au timbre bas de Livaï lâcha cette dernière précision tel un ordre impossible à braver. Cependant son ton n'était pas agressif ni mauvais. Il laissait juste transparaître une envie de ne plus écouter tous ses intervenants qui supposaient bien des choses sur toute cette affaire, et qui finissaient toujours par conclure que son témoignage était à prendre avec des pincettes.
Vaguement, il vit du coin de l'œil Eren se lever du divan dans lequel il était à moitié affalé, prendre la télécommande puis éteindre la télé. A côté de lui se trouvait Armin, mais aussi Jean qui en profitait pour passer un peu plus de temps avec son désormais petit ami.
Durant toute la semaine l'homme que Livaï jugeait beaucoup trop grand, avait pris l'habitude à chaque sortie de bureau en fin de journée, d'aller chercher Armin à l'aquarium. Son emploi du temps, ainsi que le travail colossal que représentait son tout nouveau boulot d'assistant, faisait qu'il n'avait malheureusement que peu de temps à accorder à Armin. Alors c'est quelques petites heures qu'il prenait le soir, pour passer un moment avec lui, ils les chérissaient un peu comme un trésor.
A ce sujet, il n'était pas rare que Livaï en sortant de son bureau, les surprennent dans la semi-pénombre de l'entrée du bâtiment à s'embrasser. Assis sur les marches menant à son appartement, ils ressemblaient tous les deux à des adolescents qui chercheraient à se cacher du regard des adultes. Tout était nouveau pour eux deux, et la patience et la tranquillité avec laquelle ils avançaient les rendaient en quelque sorte, mignons.
La veille au soir après le repas, et pendant qu'Eren s'occupait de la vaisselle, Livaï avait vu Armin arriver vers lui, avec sur le visage une petite expression pleine de gêne. Un peu étonné par cela, il avait comme par automatisme croisée ses bras, et l'avait écouté avec attention.
- Est-ce que..est-ce que, répéta plusieurs fois le blondinet en glissant ses doigts sur sa nuque,..ça te dérange si...si demain...là, le rouge lui était monté aux joues et avait teint son visage d'une couleur tomate...Si Jean vient dormir ici demain ? C...Comme...on va chez les parents d'Eren ce week-end et que ...que...qu'il vient avec nous. Je...ça serait plus simple et ....plutôt que de faire des allées et retour entre son appart et ici et..et..
Clignant ses yeux fatigué, l'homme à la chevelure noir s'était un peu surpris de cette permission qu'il lui demandait comme un môme. Sans parler de cette argumentation excessive, qui l'amusa un peu. Brièvement il s'était retourné en direction d'Eren, qui avait lâché un " oh oh" plein de sous-entendu, et qui lui avait fait froncer des sourcils.
- Ouais bien sûr. Il peut venir, répondit simplement Livaï en haussant les épaules. Il a son lundi tout comme toi c'est ça? Supposa-t-il car à penser à mille choses à la fois, certain détail lui échappait.
- Oui, c'est ça, confirma le blondinet en hochant la tête, avant de marmonner un petit et très timide merci.
- Ah ah ah, ria avec affection Eren, les mains pleines de mousses, une assiette à la main. On dirait trop un petit garçon, qui demande la permission à son papa. C'est trop mignon.
- Mais c'est normal de demander la permission, bredouilla Armin en contourna Livaï puis en allant voir Eren. Je fais preuve de politesse ! Tu connais ça ?
- T'avais peur que "papa", te fasses les gros yeux ? Et te dise " non" ! Hein, hein ? L'ignora Eren dans un sourire entendu.
- N'importe quoi !
Il est vrai que pour Armin, la semaine avait été mouvementé pour lui aussi. Non pas à son travail ou tout se passait bien. Mais plutôt d'un point de vue personnel. Un soir après que Jean soit reparti chez lui affronter mille corvées issues tout droit de son boulot, il avait pris la peine d'appeler son grand-père. Enfermé dans sa chambre de plus en plus décoré à son goûts, il s'était assis sur le bord du lit non sans sentir un léger stress monter en lui. Mordillant son ongle, tout le long ou la sonnerie s'activa, il avait comme frémis instinctivement lorsque son grand-père lui avait répondu. Leurs bavardages dans un premier temps fut semblable aux discussions ayant pour but de donner de ses nouvelles. Durant quelques instant, Armin tourna autour du pot, n'osant encore dire malgré sa volonté de le faire, les raisons réelles de son appel.
- Qu'est-ce qui ne va pas Armin ? La voix grave de son grand-père lui avait posé cette question à un moment donné.
Sans doute le connaissait-il trop bien pour savoir que son petit fils avait un poids sur le cœur, et qu'il avait besoin de lui en faire l'aveu.
- Il faut que je te dise quelque chose d'important grand-père. De très, très, important pour moi, et que je ne peux plus te cacher. J'ai.....j'ai quelqu'un dans ma vie...une..une personne dont je suis follement amoureux et...et..
- Oooh, fit le vieil homme qui paraissait sourire au bout du fil. Est-ce que..
- Attends, attends, laisse-moi finir s'il te plaît.
Armin avait dit ça en entendant avec agacement ça voix chevroter. Ce manque de confiance en lui même l'avait quelque peu agacé. Après une toux brève il se reprit. Confiant il savait que son grand-père à l'inverse des parents de Jean ne le rejetterait pas.
- Tu connais cette personne, depuis...depuis longtemps. A nouveau il toussa pour chasser ce bégaiement qui l'agaçait. C'est..euh Jean...tu sais...Jean.
Il y avait eu alors un très court silence, plus poussé par la surprise qu'autre chose. Mais très vite le grand-père avait repris la parole, car malgré les kilomètres qui les séparaient, il avait senti un peu comme s'ils étaient l'un en face de l'autre, la tension et la peur chez son petit-fils.
- Et tu es heureux avec, mon garçon ?
- Oui grand-père, très heureux....murmura le jeune homme dans une émotion vive qui le dépassa, et qui fit couler de grosses larmes de soulagement sur ses joues.
- Allons Armin, ne pleure pas. Je suis heureux que tu es trouvé l'amour. Et si tu es heureux alors c'est le principal pour moi. Le rassurait-il d'une voix bienveillante. Pourquoi pleures-tu comme ça ? Tu pensais que j'allais me fâcher ? Vraiment ?
- Non, bien sûr que non..snif...Mais je ne sais pas, pourquoi j'avais malgré tout peur de ..enfin je sais pas trop.....A nouveau il avait reniflé puis s'était excusé pour ces bruits bien peu ragoûtant. Pour Jean ça c'est très mal passé. Ses parents l'ont mis dehors et ne lui parlent plus alors..
- Si ses parents l'ont mis dehors, moi je l'accueil à bras ouvert, d'accord ? Soit rassuré mon garçon, je suis heureux pour toi. Jamais rien ne me fera te tourner le dos. D'accord ?
- Oui, merci grand-père.
Aussi était-ce pour cela que Jean ce soir-là, était présent dans le petit appartement, le lendemain comme les trois autres, il irait à la ferme Jeager. D'ailleurs il avait été plus que surpris d'apprendre que le grand-père d'Armin avait bien pris leurs relations, et avait même affirmé l'accueillir à bras ouvert. Sans doute sa très mauvaise expérience avec ses propres parents, lui avait fait craindre involontairement qu'une si mauvaise chose se répète.
A présent que la télévision était éteinte, le trio qui était resté assis sur le canapé, se désolait en un sens du refus catégorique de Livaï dans leurs propositions d'aide, dans la préparation du repas. Celui-ci ayant eu comme une subite envie de cuisiner, avait préparé une soupe maison idéal pour se réchauffer par ce froid. Mais aussi une tourte aux pommes de terre, lardon et oignon. Sans doute appréciait-il en un sens cette façon d'occuper son esprit soucieux. Néanmoins l'écoute des informations, l'avait quelque peu fait sortir de sa bulle créative. Les lèvres scellées, l'œil de nouveau fixé sur ses plats, il entendit Eren prendre la parole. A croire que personne, pas même lui ne voulait changer de sujet de conversation.
- J'espère que les médiats ne vont pas divulguer ton identité. Je n'aimerai pas qu'ils viennent t'emmerder au salon.
Tout en disant cela, il s'était à demi retourné dans le divan pour l'observer cuisiner. Dans l'une de ses mains il tenait une bouteille de bière largement entamée, dont il but une gorgée.
- Moi, non plus ! Je ne pense pas que j'arriverai à rester aimable, si des inconnues viennent me parler de tout ça, pendant que je travail et au beau milieu de ma clientèle. De toute façon ce qu'ils veulent surtout...enfin pour une partie...C'est des informations sales et sordides, pour faire sensation. L'histoire en elle-même ils s'en fichent. Mais moi ce que je veux, ce n'est pas qu'on parle de moi. Mais de Thibault et de son histoire. Je veux que justice soit faite et qu'elle punisse tous ces fumiers qui nous ont traité comme des esclaves. Je veux que la police le retrouve, pour qu'on lui donne une vrai sépulture descente.
- Ce petit garçon mérite qu'on lui rende justice. Mais toi aussi Livaï..toi aussi tu as subi, souffla Armin en osant intervenir dans cette conversation un peu difficile. Autour de ses épaules se trouvait le long bras de Jean, qui de son côté préférait garder les lèvres scellées. Ce n'est pas, hésita encore le blondinet, comme si tout ça ne te concernait absolument pas. Il y a la mort de ce pauvre enfant c'est vrai. Mais aussi le sujet épineux de la maltraitance, et de l'abandon de l'état dans tout ce qui concernait de près ou de loin, les quartiers gris, ainsi que cet orphelinat. Et toi tu as fait partie de tout ça, tu..
- Hum...gronda à moitié Livaï en fronçant des sourcils. Sans doute ..mais...peu importe.
- Il n'a pas tort , approuva Eren en jetant un regard bref à son meilleur ami. Pour moi tu ...
- Arrêtez de me parler de ça, murmura Livaï en chassant toute expression de son visage. S'il vous plaît. Comprenez tous les deux que je ne veux pas en parler....que..que..bredouillait t-il comme soudainement perdu...Que.. Je ne peux plus en parler....je n'y arrive plus..alors...
- Livaï, murmura Eren d'un air désolé, en voyant son visage impassible se peindre d'une profonde teinte de tristesse. Excuse-nous..on...
- Pas grave...juste...laissez-moi deux secondes, souffla soudainement celui-ci comme s'il était à bout de souffle, et prit en quelques sortes d'une soudaine panique.
Rapidement ses doigts éteignirent les feux sous la grosse casserole de soupe de légume. Dans le four tout juste éteint , la tourte achevait sa cuisson. Un souffle passa ses lèvres, tandis qu'une main tremblante glissait sur son front. Sans rien dire d'autre, Livaï fila un instant dans la salle de bain, qu'il ferma à clé derrière lui, et où il ne prit même pas la peine d'allumer la lumière. Il avait besoin comme souvent depuis qu'il avait apporté son témoignage à la police, de quelques minutes seul dans le noir, pour se remettre de ses émotions qui menaçaient de déborder et de l'engloutir. Même auprès d'Eren son fiancé et son tout, comme il le nommait parfois, il n'arrivait plus à rien formuler. Tout restait comme entravé dans sa gorge.
A nouveau tout était bloqué en lui.
Il resta assis au sol sur le carrelage froid et d'une propreté éclatante. Plusieurs fois il inspirait et expirait lentement en laissant ses lèvres muettes trembler autant qu'elles le voulaient pour le moment. Dans la pièce d'à côté il entendait des murmures auquel il ne comprenait rien, mais dont sans doute il était l'un des sujets de conversation. Toujours immobile, Livaï observa la liste de message échangée avec ses quatre yeux préférés.
" Je suis absente cette semaine, je suis en formation. Mais si ça ne va pas appelle moi, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Tu n'es plus tout seul Livaï et tu ne le seras plus jamais, alors parle nous et appuie-toi sur nous. Garde le cap !"
- Je n'y arrive plus Hansi...bredouilla Livaï en refoulant au plus loin de lui-même les larmes qui avaient voulu le saisir une fois de plus. Je ne peux plus parler. Comme avant, tout est enfermé en moi.
Après être resté quelques minutes dans le noir, à ressembler à peu de chose près à une statue, Livaï se décida enfin à sortir de la pièce quand il se sentit bien plus sûr de lui. Doucement il tourna la poignée de porte qui grinça sous son ouverture, tandis que la voix de Jean s'agaçait sur les blagues nullissimes d'Eren. Le tout était fait en même temps qu'ils mettaient la table. Armin semblait comme hermétique à l'humour de son meilleur ami. Un peu comme s'il était tellement habitué qu'il ne l'entendait même plus.
- Je dois coller à l'étiquette de beauf, que Livaï à tenter de me greffer au dos l'autre jour. Alors pour votre plus grand plaisir, une petite dernière pour la route. Je l'ai trouvé sur accrochez-vous bien.
- Sérieux arrête ! J'veux pas savoir ! rétorqua Jean en percevant Livaï dans l'entrée de la salle de bain, d'où il ne bougea pas sur le moment.
A rester immobile comme ça il avait un petit côté assez flippant, surtout au vu de son regard épuisé, et involontairement mal aimable.
- Je l'ai trouvé sur un site de blague de beauf. Vous le croyez ça ? Insista Eren en riant nerveusement. Je ne savais pas que ça existait. Bon écoutez ça !!
- Non ! Dirent les deux autres.
- Quel est le point commun entre un homme qui vient de se réveiller et un élastique ? Réponse ! Les deux s'étirent, s'étirent, s'étirent, et pètent.
Il y eu à cet instant, un silence gênant et pesant. A peine entendait-on le vent qui soufflait à l'extérieur.
- Je ne pensais jamais atteindre ce stade un jour, murmura d'un ton fatale Armin en appuyant ses deux mains sur la table à présent dressée. Je veux dire celui d'avoir honte de te connaître ! J'ai envie de rire, mais de pitié, avoua-t-il dans une expression tragique. Non mais vraiment, des blagues sur les pets ? Sérieux ?
- Non seulement avec tes blagues tu touches le fond, commenta Jean en ricanant nerveusement. Mais même lorsque tu l'as atteint, tu creuses pour aller encore plus loin. Ouah mec là-dessus t'es stupéfiant. Et je ne t'envie absolument pas ! Je suis 100% sérieux là.
- Sérieux, vraiment ? Tu dis ça ? Alors que tu te retiens de toutes tes forces de rire Jeannot. Ne fait pas le malin parce que Armin et là, et que tu veux faire le beau devant lui.
- Eren, murmura dans son dos la voix sombre de Livaï, ce qui le fit sursauter, car il ne l'avait pas vu sortir de la salle de bain. Je te promets que je vais t'offrir un t-shirt avec écrit dessus, "beauf par nature".
- Je veux bien participer au financement du projet, proposa Jean en levant la main.
- Et moi j'vais t'offrir...là le photographe se pencha près de l'oreille de son amant, murmura quelque chose que les autres hormis Livaï ne purent entendre, OK ?
- Rah, fit le brun qui au moins vit son humeur changer en moins d'une seconde. Même si s'était pour se peindre d'indignation. Fait ça, et je te jure que je t'épouse, juste pour le plaisir de te demander le divorce !
Le repas fut bon et bavard, allant même jusqu'au bruyant. Cet appartement qui durant un temps qui se dosait en années, avait détesté le silence de ses murs, ainsi que la discrétion de son propriétaire, se plaisait dans cette agitation presque familiale. Bien que n'étant pas bavard de nature, Livaï avait joué les témoins invisibles de leurs discussions.
A nouveau il ressemblait en tout point au type qu'il était quelques mois auparavant, et qui enfouissait tout en lui en l'enfermant à double tour. Pourtant cet acte de quasi-survie très utile dans son passé, ne l'aidaient pas dans son présent.
Mais comment agir ? Comment vivre avec ces souvenirs lourds et traumatique ? Comment communiquer là-dessus alors que son cœur, et sa bouche paraissaient se sceller, voir même s'emmurer dès qu'il tentait de dire quoique ce soit. Comme si en quelque sorte il s'interdisait de faiblir ? C'était si étouffant, comme un supplice perpétuel qui ne s'arrête jamais.
- Si tu as besoin de pleurer un bon coup, je suis là mon chéri. Appuis toi sur moi.
Eren lui avait dit ça un milliard de fois depuis le week-end précédent, dans un souci d'attention et de préservation de son moral et de sa santé. Et cela en vérité le touchait. Mais dès que les larmes cherchaient à brûler ses yeux fatigués, il les refoulait violemment car il ne savait pas agir autrement. Il réagissait comme on lui avait toujours appris à le faire. Comme ses bourreaux l'avaient contraint à réagir, jusqu'à ce que ça en devienne un automatisme chez lui.
Se taire et ne rien dire, pour ne pas faiblir.
La soirée arriva, et sa tête bourdonna d'un mal, causé surtout par la fatigue. Laissant les plus jeunes traîner devant la télé à regarder un énième film d'horreur, il alla se coucher en priant qu'un sommeil un peu plus important que les jours précédent vienne le saisir. Et c'est ce qui se passa. L'endormissement l'avait saisi, avec quelque part une certaine brutalité. Son corps fatigué par cette semaine ou le repos n'avait été qu'une vague notion, c'était comme effondré dans son lit. A plat sur le ventre, son visage s'était enfoui dans son oreiller, et ne laissa qu'à une narine le soin d'aspirer l'air. La couette chaude et douce était passée par-dessus sa tête, et avait transformé de son petit coin de dodo, en un cocon parfait.
Malheureusement, au beau milieu de la nuit. Il s'était comme souvent réveillé dans un bon, la gorge en feu causé par un cri. Sur qui ? Sur quoi ? Il ne s'en rappelait plus. Eren saisi ainsi violemment dans son sommeil en avait fait un bon de surprise, et s'était redressé en position assise. Là en voyant l'ombre discrète de son fiancé à moitié vouté, malgré l'obscurité, son cœur s'était alors comme fendu en deux, en réalisant ce qui s'était passé. Alors il s'était de nouveau allongé en le serrent tendrement dans ses bras.
- Pardon..ça va..désolé.
La voix éraillée et basse de Livaï lui répétait ça en boucle. Eren ne répondit rien, mais embrassa son front en lui murmurant combien il l'aimait. Il lui souffla comme un aveu tendre, des mots d'amour et des gentillesses adorable qui firent apparaître sur le visage pâle et tendu, un sourire bref parfois perturbé par une moue de tristesse qui se faisait chasser aussitôt. Là, après quelques minutes à rester ainsi l'un contre l'autre, le sommeil décidément attentionné envers sa personne l'avait saisi avec brusquerie. Il s'était endormi soudainement, et parfaitement contre Eren. Mais là au moins pour le reste de la nuit, rien ne vient à lui brouiller la tête. Seule des images douces d'une main maternel caressant sa joue, cajola son cœur d'un bonheur fugace.
Cette dernière journée de la semaine, se passa pour lui avec la sensation étrange d'avoir la tête beaucoup plus légère. Certes tout ne s'était pas arrangé en lui, car rien ne se résout en un claquement de doigts. Mais au moins cette nuit bien meilleure que les autres, lui avait apporté un repos plus que mérité.
A l'extérieur la neige, qui s'était arrêtée tard dans la nuit, paraissait briller telle un millier de diamant exposé en pleine lumière. Les températures descendant en dessous de zéro, avait rendu les trottoirs légèrement glissant. Mais au moins aucune complication n'annonçait une route difficile à emprunter quand le soir arriva. Les portes de son établissement fermées, le salon nettoyé, les caisses comptées. Livaï était remonté à l'étage, afin de prendre une petite douche avant de partir. L'idée simple de rester avec sa tenue de travail dans lequel il avait un peu transpiré le révulsé totalement.
Lorsqu'il entra chez lui, il vit sur les trois amis réunis autour de la table avec entre leurs mains un jeu de carte. Silencieux, Ils s'observaient avec soupçon, et cachaient leurs jeux avec des excès qui frisaient le comique. Néanmoins quand sa présence fut remarquée, ce qui ne fut pas bien long. Eren s'était levé de sa chaise, pour venir le serrer dans ses bras et l'embrasser furtivement.
- Oui, j'ai été acheté un beau bouquet de fleur pour ma mère comme tu me l'as demandé ce matin. Et oui le dessert a été acheté aussi. Il est dans le frigidaire, se pressa d'annoncer Eren, avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir la bouche. On a été le chercher ensemble.
- Le froid à l'extérieur est horrible ! Précisa Armin dans un frisson, tout en rangeant les cartes.
- Bon, je me douche et j'arrive. En attendant, reprit Livaï en tendant ses clés de voitures. Si vous pouviez mettre les bagages dans le coffre.
- Je fais ça, proposa Jean qui chipa les clés devant le nez d'Eren. Son long regard se peignit d'une franche envie de l'enquiquiner. Seul ceux qui ont le permis ont le droit de toucher aux clés d'une voiture.
- Oh ça va hein, Jeannot. Je l'aurai bientôt mon permis, la conduite c'est trop facile pour moi, se venta Eren en bombant le torse.
- Ouais mais tu ne l'as pas là !! Ah ah ah !
La nuit bien évidement était là, lorsqu'ils quittèrent le quartier historique, mais aussi la capitale. Le soleil ayant brillé toute la journée malgré le froid intense, c'est un ciel nocturne assez clair qui les accompagna tout le long de la route. Les babillages et discussions déjà importante dans la voiture en temps ordinaire, avaient semble-t-il doublé de par la simple présence de Jean, qui se fit charrier sur le fait que sa vieille bagnole n'aurait pas supporter le voyage jusqu'à la ferme.
- Tu connais l'expression, il ne faut pas se fier aux apparences ? Hein ? Bouda à moitié l'homme à la haute taille.
- Bien sûr que je connais. On a le parfait exemple juste là, désigna Eren en pointant Livaï du doigts. Ce petit bonhomme.
- Hey !
- Quand tu le vois la première fois. Il a l'air non seulement plus jeune que son âge, mais d'une force moyenne....alors qu'en réalité, c'est un ours adulte ! Et pas un ourson.
- Tch....n'importe quoi ! Le premier qui valide ses âneries, précisa le brun plus pour plaisanter qu'autre chose, je le dépose en rase campagne et je me tire !
Chemin faisant l'étroite route bordée d'arbre devenu famélique à cause de l'hiver, annonçait l'arrivée prochaine à la ferme. L'air lugubre qui se dégageait de ce chemin-là, tranchait avec l'ambiance champêtre dont il s'habillait l'été. Enfin apparut comme venant de nulle part, le long bâtiment, monté en L. Ici et là, quelques fenêtres aux volets encore ouverts, diffusaient sur l'extérieur une lumière salvatrice, qui empêchait ainsi la pénombre de dévorer la cour. La voiture comme à l'accoutumée, fut garée dans le hangar qui servait en temps ordinaire de parking à chaque visite. Ses murs ainsi que son toit à peine trouée, assurée au véhicule une certaine protection.
Petit à petit l'engin se vida de son contenant humain, ainsi que des bagages qui nourrissaient son ventre de métal. Le chemin menant à la porte immense en baie vitrée, avait été partiellement dégageait. Un peu tendu et anxieux, car jamais il n'avait été présent officiellement à un parent en tant que petit ami, Jean sentait un étrange petit stresse l'envahir. Bientôt sa main qui n'eut pas le temps d'être moite à cause du froid, sentit celle d'Armin si glisser. Un sourire simple ou tendresse et amour y était mêlé fut échangé.
- Non, dit pour la seconde fois Eren qui portait la grosse boite enfermant le dessert. T'as voulu les acheter pour ma mère, tu lui offre toi-même.
- Prends les, et ne fait pas le gamin !
- C'est toi qui fais le bébé, en refusant d'assumer son achat. Et t'as pas l'âge pour ça. T'es un grand garçon enfin....un garçon disons plutôt, parce que grand..
Et petit coup de pied contrôlé, dans le mollet du photographe lui fut offert en guise de réplique.
- Hey je plaisantais ! Continue et j'vais le dire à ma mère !
La porte d'entrée s'ouvrit sous ses paroles pleines de maturité. Le vent glacial pressé de se faufiler dans la longue bâtisse, offrit à la maison en courant d'air des plus désagréable. D'un geste de la main, Grisha invita tout ce petit monde à entrer. Un frisson collectif courut le long du dos de chacun, tandis qu'enfin une agréable chaleur venait prendre le relais.
- On est bien mieux là, assura le père de famille en faisant la bise à son fils unique.
- J'vais mettre ça dans la cuisine, précisa Eren en passant une arche assez haute.
- Fait, fait, murmura vaguement Grisha en saluant, Livaï, Armin et Jean.
- Merci de m'accueillir chez vous, souffla ce dernier en secouant la main du père d'Eren.
- Oh de rien. Armin fait partie de la famille. C'est comme un fils pour moi et ma femme, alors normal de recevoir son petit ami. Allez, allez, entrez tous on a l'air idiot à rester comme ça dans l'entrée.
Encore intimidé car c'était la première fois qu'il mettait les pieds ici, Jean suivi le groupe. Son cœur étrangement, continuait de battre d'inquiétude. En parallèle à cet accueil chaleureux, il entendait dans sa tête les paroles terribles de sa sévère génitrice. Mais bientôt celle-ci furent perturbées par la voix d'Armin.
- Grand-Père, s'exclama-t-il en allant lui faire un gros câlin.
- Tu as bonne mine, mon petit, assura le vieil homme qui à la suite de ça, alla saluer Jean avec sur le visage un sourire rassurant. Mon dieu j'avais oublié à quel point tu étais grand. Comment vas-tu ?
- Ah....euh..bredouillait Jean avant de pousser un long souffle tout en passant la main sur son front. Honnêtement ? Je me sens soulagé, admit-il simplement. Vous n'avez pas l'air en colère.
- Mais non voyons, j'ai aucune raison de l'être.
- Laissons les discuter tranquillement, murmura Grisha auprès de Livaï qui hocha de la tête.
Se dirigeant vers la cuisine, Livaï regarda vaguement par-dessus son épaule, et laissa ses lèvres se peindre d'un léger sourire, en voyant le tout nouveau couple, ainsi que le grand-père prendre place dans le canapé afin de discuter un peu ensemble. Néanmoins une agréable odeur de bon petit plat qui mijote détourna quelque peu son attention quand ils arrivèrent dans la cuisine. Là, après avoir éteint le bouton sous une énorme cocote, Carla se tourna tandis qu'Eren grognassait en tentant de ranger la grosse boite enfermant le gâteau dans le frigo.
- Oh c'est trop gentil, s'exclama la mère de famille en admirant le beau bouquet de fleur coloré que Livaï lui tendit.
Honteux il se sentant comme un môme offrant pour la première fois des fleurs à sa maman. Le rouge par ailleurs traduisit vite cette petite gêne, en s'affichant sur ses joues.
- Eren a été les chercher, il les a choisis et tout, je n'ai rien fait de spécial.
- Mais, si, détrompa Carla dans son sourire typique de maman. Tu as eu la gentillesse de penser à un tel cadeau. C'est très gentil à toi, assura-t-elle en tapotant le crâne d'Eren qui cherchait ainsi à avoir un petit merci. Surtout pour plaisanter.
- Ça me fait plaisir.
- Mais sinon, dit-moi comment ça va ? Demanda-t-elle en posant une main maternelle sur sa joue. C'était comme si, sans mots dire elle avait compris tout ce qui le bouleversait, et le rendait morose.
- Moi ? Oh ...je vais bien. Comme toujours.
Un coup d'œil suspicieux et discret de Carla en direction de son fils, prouva qu'elle ne croyait rien de cette jolie fable.
- Vraiment ? Insista-t-elle comme si elle était dotée d'un quelconque pouvoir, lui permettant de lire dans l'âme des gens.
- Vraiment...bafouilla Livaï d'une lèvre qui se mit soudainement à trembler.
- Je vois, comprit Carla.
Tendrement sans qu'il n'ait le temps de comprendre quoi que ce soit, Carla le serra dans ses bras, comme elle l'avait toujours ainsi fait avec Eren depuis qu'il était petit garçon, et qu'un gros chagrin le faisait pleurer.
Une fissure se fit alors dans cette carapace qui depuis une semaine s'était fixée à nouveau sur ses épaules. Toute les jours on lui avait posé cette question, et tout le temps il avait répondu que ça aller, qu'il ne fallait pas s'inquiéter, qu'il était solide. Que oui, tout allait vraiment bien.
Mais là, là ! Face à cette maman puissance dix, face à ce ton doux et naturellement aimant. Une chose se brisa en lui. Le vase du silence ? Les chaînes qui cherchaient à nouveau à entourer son cœur, comme cela avait pourtant toujours été le cas avant ? Un peu tout ? Oui un peu tout ! Tout se brisait un petit morceau.
Sa voix qui avait voulu répondre cette sempiternel réponse " oui tout va bien." Creva littéralement dans le font de sa gorge. Ses lèvres se mirent à trembler d'avantage, tandis que Grisha constatant le changement physique s'opérer sur le visage du fiancé de son fils, fermait tout doucement la porte de la cuisine. Lentement la tête brune nia de la tête, tandis qu'un bouillon de larme dégringolait sur son visage naturellement pâle. Eren en constatant cela, sentit une peine terrible le saisir. Pourtant, il arriva à ne pas trop se laisser embarquer par elle, et débarrassa sa mère du bouquet de fleur qu'elle portait.
- Non tout ne va pas bien cette fois-ci, hein ? Sourit avec compassion Carla en essuyant à l'aide d'un mouchoir propre les terribles larmes. J'ai pensée fort à toi, en écoutant toutes ces histoires aux infos. C'est toi le mystérieux Témoin ? Oui ? Mon dieu....murmura la mère de famille en tournant la tête en direction de son fils, qui venait de poser la main sur l'épaule de Livaï.
- C'est pas vrai, souffla Grisha en réalisant que le passé de Livaï était encore pire que ce qu'ils connaissaient déjà. Cette simple idée lui froissa le cœur.
- Pardon, bredouilla d'une voix hachée Livaï en baissant la tête...vraiment pardon, je ne sais pas ce qui ...Me prend tout d'un coup...je viens d'arriver...Et..Et..je sais pas pourquoi tout sort comme ça d'un coup...je ...je contient rien ....
- Ça va aller, mon chéri, souffla Carla en le prenant dans ses bras. Elle avait dit ça sur un ton identique à celui qu'elle employait pour son fils lorsqu'il était enfant. Son ton était aimant et maternel. Ça va aller, on est là nous.
- Pardon..
- On est avec toi...tout ira bien....on va surmonter ça ensemble.
Le barrage de sa sévérité envers lui-même, et de son silence imposé péta totalement. Son visage s'enfouit alors dans l'épaule de cette mère de substitution, qui pourtant n'avait même pas l'âge d'être la sienne. Il pleura comme l'enfant qui était enfermé en lui, il pleura en marmonnant inconsciemment ce nom digne d'un dieu pour un enfant, " maman."
Douce, compréhensive et aimante par nature, Carla le gardait contre elle comme s'il n'était qu'un petit garçon. Elle le berçait en lui promettant que tout irait bien à l'avenir, qu'ils seraient toujours là pour le soutenir dans cette épreuve. Qu'ils étaient sa famille, et que devant eux il pouvait craquer.
L'une des mains de Livaï qui tremblaient comme pas possible, était tenu par Eren qui la serrait avec ferveur et amour mêlé. Parfois il y déposait un baisé tendre sur le dessus. Un étrange câlin familial se dressa autour de lui, tel un agréable cocon plein d'amour.
Enfin il osait s'autoriser à être triste et malheureux. Enfin il comprenait qu'il avait le droit de pleurer. Qu'il n'avait pas à jouer les forts et les robustes, qu'il avait le droit d'être humain.
Ce soir sans doute en allant se coucher, il s'en voudrait de s'être montrer aussi vulnérable. Mais là tout de suite, il voulait juste exprimer ce qu'il ressentait , sans chercher à tout comprimer en lui.
****
Et voila pour le chapitre 24, qui est encore sous le signe de l'émotion.
J'aime beaucoup imaginer Carla, comme une super maman. Elle sait que Livaï a été privée trop tôt de sa mère, et elle ne le voit pas toujours comme un homme de presque 35 ans (comme beaucoup). Elle le materne comme elle le fait encore parfois avec son fils.
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