Chapitre 11 : Une " image " de perfection.
Chapitre 11 :
La nuit était déjà là, prouvant aussi simplement que cela combien les jours devenaient de plus en plus court. Dégagé du moindre nuage, il y avait dans le tapis d'encre millénaire ce qui semblait être au moins un millions d'étoiles posées là, aussi simplement qu'on installe une œuvre d'art. Sans bouger, ni émettre le moindre bruit depuis leurs années lumières de distance, elles donnaient l'impression d'observer paisiblement ce qui se passaient sur terre en toute quiétude. Ce spectacle magnifique et simple à la fois existait depuis la nuit des temps. Et sans doute existerait il encore longtemps.
L'herbe fraiche de la nuit, voyait certain de ses brins être couché sous le derrière de deux jeunes hommes parfaitement installés. L'un était calme, les mains posées un peu en arrière sur leurs paumes, et les pieds bien à plat sur le sol. Un sourire simple et tranquille ornait ses lèvres, tandis que ses iris d'un magnifique vert observait la voute céleste. Depuis plusieurs minutes, il ne disait rien et attendait patiemment que la parole de son meilleur ami se libère. Il avait demandé à parler avec lui, il était prêt à l'écouter.
Celui-ci à de son coté, n'avait pas une position des plus détendues. Le ciel quoi que jolie n'était pas, c qui l'intéressait le plus à cette heure précise. Ses bras bien plus minces que ceux de son copain d'enfance entouraient ses genoux, où parfois son front venait s'y appuyer dans leurs creux. Il y avait tant de chose qui agitait son esprit génial et intelligent à ce moment là, qu'il avait la sensation que son crâne allait finir par se fendre en deux. Lui qui s'était toujours donné pour règle d'assumer tout ses choix sans jamais s'en plaindre ni jamais reculer, avait dernièrement bien des envies de le faire. Vu depuis toujours comme un parfait petit génie, ce poids que beaucoup aurait jugé banale pesait continuellement sûr les épaules d'Armin, et doublé à certaine occasion stresse et pression. Et les derniers soucies qui l'accablait dernièrement, n'aidait en rien son cerveau à acquérir cette paix mental dont il avait besoin.
Une minute s'écoula, puis une autre et encore une autre et ainsi de suite. Parfois Eren abandonnait son observation des étoiles en refoulant en lui ses envies de faire des photos. Après cela il allait faire une petite tape sur l'épaule d'Armin, qui pourtant avait insisté pour lui parler, et qui là tout de suite semblait être frappé de mutisme. Il essayait ainsi de l'encourager d'une quelconque façon, car il le voyait bien. Ce qui était en Armin et qui était si difficile à révéler, pesait en lui aussi lourdement qu'un camion citerne.
- C'est si difficile que ça ? Demanda Eren en s'installant en tailleur. Là, il posa une main sur l'une de ses chevilles. L'autre chassa une de ses longues mèches de cheveux qui poussait par le vent, ne cessait d'onduler devant son visage.
- En théorie non, articula le blondinet toujours sans bouger. Mais finalement si...c'est vraiment pas facile..
Ses grands yeux bleue clair, avait bien de la peine à se poser sur le visage de son copain d'enfance. Avec lui, ils avaient fait tellement de bêtises petits. Ils avaient partagé tellement de choses, que normalement lui parler devrait être assez facile. Et pourtant ce n'était pas le cas, ça paraissait même plus compliqué en un sens. Est-ce que Eren sentit son hésitation, et ses problèmes de communication ? A l'évidence oui.
- Est-ce que tu veux qu'on repousse ça à plus tard ? Proposa t-il. Tu te sentirais mieux peut-être ?
- Ça sera la même chose, je crois...
- Veux-tu en parler à Livaï plutôt ? Je sais que son calme olympien fait parfois du bien.
- Non, même si j'y ai pensé. Non, bredouilla Armin en niant de la tête. C'est vrai que comme il est plus mature ça serait peut-être une sacrée aide, mais..enfin....c'est toi mon meilleur ami, je suis plus à l'aise avec toi.
- Je vois, fit le photographe qui massa son menton tel un signe de réflexion. De son mieux il cherchait un moyen d'aider Armin à parler sans le brusquer. Je veux bien t'aider Armin, et t'écouter même si cela prends des heures, mais si tu ne me dis rien. Et bien je ne peux rien faire.
- C'est vrai, marmonna le blondinet. Mais..je..
- Bon laisse moi te poser une question. Est-ce que ça concerne Jean ? Demanda Eren en se décidant à sortir de la poche de son pantalon un élastique pour attacher ses cheveux long trop agité par la brise du soir. Avec votre dispute à notre retour de vacance, j'ai compris que euh..comment dire que quelque chose compliquait votre relation d'amitié.
-....
- Je t'ai rien dit jusque là, parce que Livaï me faisait toujours les gros yeux, ou me rappelait à l'ordre pour que je me taise et te laisse plutôt venir à moi si tu en avais besoin. Il craignait sans doute que je te force la main en étant un peu trop " brute de décoffrage". Vous vous êtes disputé ? Ou..hésita t-il à demander franchement...il y a autre chose ?
- Mise à part à votre retour de vacance, on s'est pas disputé Eren. Enfin pas vraiment, s'exclama Armin en se dressant sur ses genoux pour s'approcher en peu plus de son copain d'enfance. Là, il posa une main sur la solide épaule de son vis à vis, comme pour y prendre appuis. C'est sans doute pire...que ça...on...on...répéta t-il plusieurs fois en frappant son torse de plat de sa main libre. Son visage prit à cet instant une intense couleur rouge .On..s'est ...s'est...embrassé...p..plusieurs fois...
- Embrassé, ok ..répéta le photographe qui essayait de comprimer en lui le choque qu'il avait en réalisant que ses suspicions étaient fondées. Ok..ok..répéta t-il en tentant d'être aussi calme, que le serait son compagnon dans un tel moment.. Ce qui n'était pas très réussi. Vous deux..vous vous êtes embrassés. Tous les deux vous vous êtes embrassé...ok..ok !
- Hum hum, fit le blondinet en hochant vigoureusement la tête de haute en bas, avant de s'assoir à nouveau au sol. Je m'attendais à ce que tu sois plus virulent.
- Ce mec qui m'a traité de dégueulasse... t'a embrassé, lâcha Eren avant de frapper son propre front du plat de sa main, comme pour se rappeler à l'ordre lu même. Mais..Mais ok, répéta Eren en voyant le regard d'Armin surprit par le coup qu'il venait de se donner.....On parle pas de moi là. Hum..toussa t-il. Tu veux m'en dire plus ?
A nouveau il y eut le silence, un silence pensif lourd et qui donnait l'impression que même les bruits de la nature ne parvenaient pas, à se faire entendre. L'un et l'autre fixaient le sol. Et la pelouse sur lequel ils étaient assis semblait danser lentement au rythme de la brise nocturne. Une fois de plus, Armin parvient à interrompre son mutisme dérangeant, et se contraignit au dialogue.
- Tout à commencé, ce soir où Livaï t'a demandé en mariage. On discutait tout les deux assis au bord de la rivière...et...et soudainement il m'a embrassé. Comme j'ai été surpris et que j'ai pas compris pourquoi il faisait ça, je l'ai giflé.
- C'était donc bien une gifle, se souvient Eren dans un sourire en coin. Lui qui me disait qu'une bestiole l'avait piqué et que ça la démangeait ..Mon oeil ouais. Ah, désolé continu.
Chassant l'hésitation qui voulait encore s'installer confortablement en lui, Armin repoussa au loin cette dernière puis enfin ouvrit les vannes de la confidence. Sans s'en rendre compte, il arrachait ici et là, des petits brins d'herbe qu'il laissait ensuite se faire emporter par le vent. En même temps, il expliqua tout, absolument tout. Les tentatives de réconciliations de Jean ainsi que ses excuses pour ce qu'il avait fait. L'aveu de ce dernier, quand il confia se poser des questions sur lui même, depuis qu'il avait appris qu'un de ses potes était gay.
A ce sujet Eren fronça des sourcils, et sa bouche fit un moue pleine de doute. Néanmoins ses lèvres surent rester scellées cette fois. Armin expliqua aussi l'accident qu'ils avaient failli avoir, et la libération de leurs paroles qui s'en était suivi...
- Qu'il se cherche je comprends...tout le monde passe par là à un moment donné j'imagine. Mais il t'a embarqué dans son questionnement, sans te demander ton avis et sans que tu n'es vraiment eu le choix...marmonna Eren. C'est un poile abusé quand même.
- Pour le premier baisé c'est vrai, j'ai pas eu le temps de comprendre....mais ensuite...
Là, alors que son visage devenait cramoisie, les révélations continuèrent sur ce qui s'était passé dans l'appartement de Livaï. Il avoua la proposition que lui même avait fait à Jean, et passa sans trop de détail sur leurs échanges plus que voluptueux. Malgré tout, Armin sut faire comprendre combien cela avait été intense, et combien cela l'avait chamboulé en dedans. Lui aussi avait voulu se tester, cette fois là du moins. Pour voir et peut-être mieux comprendre si sur ce " chemin là," il ne trouverait pas enfin l'amour. Sans doute cette pensée était un peu maladroite. Mais c'est comme ça que dans son cerveau, les choses s'étaient passées. Au final, il n'y avait pas que Jean qui avait joué avec le feu, lui aussi avait joué avec et il avait fini par se brûler.
Sa voix prit un tournure plus brisée, ce qui pour Eren était absolument triste à voir et à entendre. Mais lui même savait ce que cela faisait, que de se rendre compte que son intérêt se détourne de la " norme " établie par les biens pensant. On a peur, on se sent perdu et au bord d'un gouffre. C'est un peu comme si peu de chose suffirait, à nous faire basculer dans la tristesse la plus profonde. Armin avait pensé que tout stopper et décider de revenir " comme avant " suffirait à anéantir et à oublier cette histoire morte née. Il avait cru que c'était là, la meilleure des solutions. Jean avait eu la réponse à sa question, et semblait même à nouveau vivre normalement. Mais lui à présent souffrait...Et ne parvenait pas à faire ce fameux retour en arrière.
- Tu regrettes ta décision, n'est-ce pas ? Ou du moins, elle ne te fait pas autant de bien, que ce que tu aurais cru ? Pas vrai ?
- N...non je..non,..c'est la solution qui m'a semblait la plus logique. J..Je suis pas gay, bredouilla t-il en niant de la tête. Je ne suis pas désintéressé par les femmes et ...et...pourtant..là....je..je..
- Mais, pourtant c'est un garçon qui te chamboule en ce moment, comprit Eren dans un sourire encourageant. Tu es peut-être bi... Mais là, n'est pas la question, ni même la réponse. Armin, est-ce que tu es finalement tombé amoureux de lui ? Ou du moins développe tu des sentiments pour lui ? Et laisse un peu de coté la " logique".
La lèvre du bas du blondinet tremblotait, sa voix ne lâcha que des sons étranges traduisant une hésitation profonde dans ses mots. Ses yeux bleue clair s'écarquillèrent, durant des secondes qui parurent infini. Amoureux...quand même pas non ? C'était juste l'histoire en elle même qui le chamboulait c'est tout..oui, c'est tout...
" Faudrait qu'on se revoit avant que tu retournes à l'université... Quoi ? Avec les autres ? Ouais aussi si tu veux..."
Rien que là, Jean lui avait compliqué la tâche.. Celle de tout rejeter au font de lui même.
- Non...non c'est pas...
" Jean, tu as mis une demi seconde à répondre à mes salutations, je suis extrêmement vexé. Notre amitié risque d'être sérieusement remise en cause."
Ça s'était un SMS, qu'il avait envoyé pour plaisanter. Pour montrer combien tout allait bien entre eux. Et combien tout était de nouveau comme avant, tout était enfin "parfait". Sans gêne, sans sous entendu. Rien...absolument et définitivement rien.
" Oh l'autre, t'abuses me retire pas ça non plus. "
Sur le coup il avait ri, en ne voyant là qu'une réponse ironique faite pour plaisanter. Et pourtant, si on étudiait la phrase, il y avait peut-être autre chose ? Ou alors est-ce qu'il continuait de se monter la tête ? Où était la vérité ? Où ?
- Armin, l'appela Eren qui s'était accroupi devant lui, puis avait posé ses mains sur chacune de ses épaules. Calme toi, ce n'est pas gra..
- Mais.....mais...bredouilla le blondinet en sentant des larmes lui monter aux yeux à gros bouillons. Mais.....non, je ne peux pas finir par ressentir ça tout de même ? Ça ne peu pas être ça ? Pas vrai Eren, hein ? Parce que s'est foutu d'avance, on parle de Jean là quand même... Je veux pas ..je veux pas du tout ressentir ça ! Non, je ne veux pas !
- Oh Armin, se désola encore une fois Eren en voyant cette abysse qu'il avait côtoyé durant cinq ans, s'ouvrir dans les iris clair de son copain d'enfance.
D'un geste tendre et amicale, il le serra dans ses bras.
- Ça va aller, assura t-il, ça va aller. Je suis là pour toi moi. Tout va bien se passer, n'est pas peur.
- Je peux pas subir ça. J'veux pas vivre ce que toi, tu as vécu...j'en veux pas de ça merde ! Renifla t-il en accrochant ses doigts au t-shirt du photographe. Merde..C'est la goute d'eau là...merde...jura t-il en éclatant en sanglot. Mes études qui me prennent la tête.....et maintenant ça....putain que je suis nul....
Les paupières d'Eren se fermèrent lentement. Avec douceur il gardait contre lui son meilleur ami qui à cette heure était dans le tourment. De son mieux il tentait de le rassurer comme il pouvait. Il lui disait que tout irait bien, mais c'était là une parole légère auquel aucun des deux ne croyaient. Armin avait toujours vécu avec une sorte de poids de perfection sur les épaules. Depuis tout petit, on lui avait dit combien il était intelligent, et combien il savait ce qui était bon pour lui. Combien c'était un bon garçon. A chaque fois le gamin qu'il avait été, acceptait cela avec le sourire. La moindre décision, le moindre choix il se devait toujours d'aller jusqu'au bout car si il revenait sur ses pas " ce n'était pas lui" ou alors s'était " décevant." Ce n'était pas comme tel, que tout le monde voulait le voir.
" Tu n'es plus sûr de toi ? Mais pourtant, tu n'hésites jamais ?!"
Seul son grand-père parfois lui disait avec bienveillance.
" Les erreurs sont parfois bénéfiques. Elles nous donnent de bonne leçon. Tu as le droit de te tromper Armin, tu n'as pas à être parfait."
" Si je le dois, car tout le monde me voit comme ça. Je n'ai rien d'autre comme qualité. Et après on me rejette..."
" Armin est intelligent, il sait ce qu'il fait tout le temps. Il se trompe jamais. Il a déjà tout prévu dans sa vie. C'est plus facile pour lui."
Non, ça ne l'était pas. Pas du tout même. Tout décider à l'avance sur 12, 15 voir 20 ans et plus, c'est peut-être s'assurer de retirer la moindre possible fantaisie à sa vie. Ses années de fac devenaient un cauchemar de stresse et de difficulté, qu'il n'avait jamais oser avouer à qui que ce soit. Toujours il avait répondu que ça aller, que c'était juste un peu dure.
" Mais c'est ça la fac hein.."
Ses amours étaient sa bête noir car s'était la misère profonde, et des déceptions à répétitions qui démolissaient le peu d'estime qu'il avait de lui même. Mais parce qu'il avait l'étiquette du " jeune homme qui ne doute de rien, et ne se trompe jamais." Il gardait le sourire et disait toujours que tout aller bien, et que ses études étaient la passion de sa vie. Et même dans les pires situations, il se contentait toujours de dire" c'est comme ça, c'est la vie." Mais non ce n'était pas comme ça. L'océan, il voulait le voir à nouveau avec des étoiles dans les yeux comme quand il était môme. Et pas avec des calcules et des théories plein le crâne,...toute sa vie était un bourbier composé d'obligation d'aller jusqu'au bout, heureux ou pas...de déception.....et de mensonge envers lui même et les autres.
" Je vais bien, tout vas très bien." " J'adore mes études, c'est passionnant."
Il gardait tout pour lui, et personne ne savait rien. Personne, pas même Eren.
Mais là, avec cette histoire en plus, c'était la goute d'eau qui faisait déborder le vase.
Le chagrin qui l'assaillait n'arriva pas à durer qu'un temps, mais partie dans une crise de larme qui commençait sérieusement à inquiéter Eren. Il le gardait dans ses bras, tentant ainsi de calmer la douleur de son coeur. Mais il avait l'impression que là, tout de suite quelque chose avait craquée en Armin. Et tout n'était pas uniquement en lien avec Jean. C'était comme un gros raz le bol de tout. Les minutes défilaient et entre deux hoquets et prise d'air salvatrice. Puis il repartait dans les larmes.
- Oh la la Armin pourquoi tu ne parles pas plus que cela, quand ça va pas ? Tu as le droit d'avoir des failles. Allez, allez calme toi...essai de respirer lentement, lui demanda Eren en l'écartant de son épaule presque trempée de larme.
- J'y arrive pas....articula difficilement ce dernier, en posant la main sur son buste...j'y arrive..pas..j'ai l'impression que mes nerfs lâches.
- O..ok, fit Eren qui se demandait si il ne devait pas appeler son père. Bloque ta respiration une seconde..voila....relâche lentement l'air...lentement....touuut doucement......Inspire à nouveau...relâche....voila..ça va aller mon pote, je suis là pour toi..ça....ça va aller...je te jure....assura t-il en tapotant la joue. Je te laisserai pas tomber, ok ?
- Ok...bredouilla le blondinet.
La séance dura un temps encore une fois impossible à jauger. Les vannes, Armin ne les avait pas ouverte, il les avaient brisées..tout simplement brisée. Tout partait dans tout les sens d'un coup, tout. Ses doutes qu'il taisait, ses lassitudes qu'il ne montrait jamais...sa fatigue, qu'il minimisait et surtout la peine de son coeur sur ce tourment qu'il n'aurait pas cru vivre. Lui qui disait toujours, " je n'aime pas les garçon" développait des sentiments pour un homme. Et qui plus est un pote de longue date.
Enfin le calme arriva à se faire une petite place dans l'âme du blondinet, au bout d'un certain temps. Hoquetant encore un peu, il semblait comme un peu abasourdit par ce qu'il venait de vivre. Assis toujours dans l'herbe, il avait relâché l'étreinte qu'il avait gardé autour des épaules de son meilleur ami, et le fixait à présent avec un petit air un peu hébété. Tout ça avait fait mal, mais avait fait du bien aussi, ce qui était paradoxal et étrange à la fois. Il cligna plusieurs fois ses grands yeux bleue clair, et réalisa que malgré ses inquiétudes encore présentes en lui, il se sentait un peu plus léger.
- Ça fait mal, mais ça fait du bien, conclus Eren qui comprenait parfaitement ce qu'il ressentait. Tout est encore en toi, mais tu te sens un peu plus léger, car tu as enfin osé partager tes inquiétudes pas vrai ?
- Ouais...bredouilla Armin les yeux rouge tout comme le bout de son nez. Ouais....j'ai une tonne de chose à régler...et je suis un peu perdu.... Plein de chose me font flipper, mais ..je me sens quand même mieux. Merci...murmura t-il dans un sourire gêné. J'étais angoissé à l'idée de te parler de " ça " à cause du simple fait que toi et Jean, vous êtes toujours prêt à vous disputer pour un oui, ou pour un non.
- J'avoue que pour Jean ça m'a mis un peu sur le cul tout ça. Mais.....enfin j'en reste sidéré, parce que il a eu des pensées tellement.....enfin tu sais ..et je trouve très surprenant qu'il se cherche de ce coté là lui même. Mais bon c'est la vie...elle est toujours comme ça, pleine de surprise en tout genre auquel on est pas toujours préparé. Dans tout les cas. Ne garde plus tout tes tourments pour toi. Que ce soit pour le coeur, ou pour tout autre chose d'ailleurs. Tu as le droit, toi aussi de dire: " Merde j'en ai marre."
- Oui..c'est vrai, murmura le blondinet en fixant le sol. Je...je réalise là que j'ai...j'ai un gigantesque raz le bol en moi...Je ne veux jamais rien abandonner pour ne décevoir personne...mais je suis...je suis fatigué de bien des choses...
- Armin, souffla Eren vraiment peiné de le voir ainsi. Tu dois continuer à parler, et à penser à ton propre bien. Tant pis les bla bla et les qu'en dira t-on. Tu ne vis pas avec eux...Pense à toi, pour une fois. Parle de ton raz le bol à ton grand-père et ..enfin pour Jean...mets les choses sincèrement à plat...sans voir uniquement la logique....et si ça va toujours pas...moi..nous, on est là pour toi ? D'accord. Je serai toujours là pour te rattraper, comme toi tu l'as toujours fait avec moi. Ok ?
La réponse du blondinet face à cela, ne fut qu'un simple mouvement de tête, et des larmes silencieuses qui glissèrent à nouveau sur ses joues. Parfois on ne peut pas tout garder en soit, malgré notre bonne volonté. Et ça..Armin l'apprit ce soir-là.
A l'étage dans la chambre située sous les combles de la maison, Livaï était installé dans le lit futon. Il faisait si bon dans la chambre que pour le moment, il n'avait pas jugé utile de se glisser sous les couvertures, sous risque de crever de chaud. Vaguement, il avait compris en jetant un coup d'oeil à l'extérieur que les deux bon amis qu'étaient son fiancé et Armin, avaient un gros besoin de discuter. De quel sujet précisément ? Ça les doutes étaient moins important, puisque le brun se doutait que si ce n'est la totalité de la discussion, une grande partie serait focalisée sur Jean. Ne voulant pas jouer les troubles faite dans leurs amitiés, il avait jugé plus utile de les laisser tous les deux tranquilles.
Le soirée était plus qu'entamer, et la nuit même était bien installée. Minuit était en approche et Eren et Armin continuaient de discuter à l'extérieur. Livaï s'était intéressé au carton qu'avait laissée Carla à l'attention d'Eren, pour qu'il en fasse le trie. Afin de s'occuper, le temps qu'Eren revienne, il avait osé y jeter un oeil, à peine fut-il arrivé dans la pièce. Dedans trainaient des babioles, de vielles figurines qui venaient d'il ne savait quelle série, des CD. Et puis il y avait surtout des cahiers de brouillons aux couvertures de couleurs différentes. Curieux car il avait le temps devant lui, il avais pris le premier de la pile, puis tel un criminel il avait observé par dessus son épaule comme dans la crainte d'être arrêté. Enfin il avait commencé à y lire quelques lignes. La date inscrite en haut de la page remontait à plus de cinq ans en arrière.
" Les vacances se sont fini de la pire façon qui soit. J'ai frappé à la porte de chez lui, mais c'est sûr, il n'est plus là. Il est parti et je ne le reverrais vraiment plus jamais. J'ai si mal au coeur que j'aurai préféré ne jamais l'avoir rencontré. Tout aurait été beaucoup plus simple au moins..Je me sens si triste, que j'ai l'impression que plus jamais je n'arriverai à sourire.
Je l'aime trop."
- Ah non merde, comprit Livaï dans une grimace indéchiffrable en observant le cahier sur toutes ses coutures. C'est un journal intime qu'il a commencé quand j'ai disparu de sa vie. C'était sans doute un défouloir pour lui, puisqu'il m'a dis qu'à l'époque il ne voulait plus parler de ça à personne.
" 30 septembre.
J'ai toujours envi de dire merde à ceux qui me disent ça passera avec le temps, et que je trouverai mieux. Mais je préfère éviter de dire ça à mes parents. Je sais qu'ils ne veulent que mon bien, mais sans déconner, ils se prennent pour des voyants extra lucide? D'où ils savent que je vais " trouver mieux"? Comment ils peuvent l'affirmer ça, et sur la base de quoi même ? Hein ? Surtout mon père là, il essaie d'être gentil, mais je sais qu'une part de lui est en pétard parce que je suis tomber amoureux de " lui"...qu'est-ce que j'y peux moi ? Non ça passe pas. Et d'ailleurs je suis pas sûr de vouloir que ça passe...."
" 2 octobre.
Je vous hais Livaï ! Vous le savez ça ? Non, hein ! Je suis sur que vous avez déjà jeté au loin, tout les souvenirs lié de près ou de loin à moi. Vous avez repris votre vie en m'oubliant parce que je ne suis qu'un enfant. Pourquoi je vous ai rencontré, si c'est pour que ça me fasse autant mal ? Pourquoi vous n'êtes pas né à la même époque que moi ? C'est chiant sérieux. Au moins là vous auriez pu être mon petit ami....Mais secret, car je ne veux pas dire à tout le monde que j'aime un garçon...."
- Comme si j'étais responsable de mon année de naissance. Commenta Livaï avec indulgence malgré tout. A la fin il dit quoi ?
" 22 juin.
Les sentiments c'est l'enfer sur terre. Il faut les cloitrer au fond de soit, pour faire croire que tout vas bien. Au moins ainsi, personne ne voit rien. C'est chiant d'aimer.
PS: Jean s'est pris un vent par une fille, s'était le bonheur de ma journée. Ah ah ah"
- Décidément ces deux là...prenant quelques cahiers, Livaï alla s'installer sur le lit futon, afin de s'adonner pleinement à sa curiosité. Voyons..c'est un ans plus tard celui-ci...dit-il en piochant un autre cahier, qu'il parcourut un peu. Parfois des pages reflétaient une journée banale digne d'un ados de son âge, et d'autre titillaient encore une fois son intérêt.
" 25 septembre
J'ai 15 ans et demis, et c'est la première fois qu'une fille aussi belle veut sortir avec moi, enfin non la seconde. Elle est très populaire et beaucoup seraient jaloux de moi, si je lui disais oui. Mais, elle ne m'intéresse pas. Pas du tout. J'en veux bien comme amie, mais je n'ai pas envi d'être avec elle. Je ne peux pas m'empêcher de me dire non, c'est pas elle que je veux...c'est chiant sérieux. Les filles ne m'intéressent pas du tout..C'est sûr à présent je suis vraiment gay à 100 %...et je veux pas qu'on le sache, car ça me fait un peu peur quand même. Je crois que je vais lui dire, que j'ai une copine mais qu'elle habite pas dans la même ville que nous, comme ça tout est réglé.
"17 octobre.
J'ai tellement envie d'être un homme, et de retourner le voir. Je lui montrerais alors que je peux lui plaire et que c'est permis puisque je serai adulte. Mais je suis un putain d'ado.
Maman trouve finalement que je devrais me couper les cheveux. Mais j'ai pas envie. J'ai envi qu'ils soient longs. Je suis sûr que j'aurai l'air cool avec ça. Jean dit que je ressemble à une fille à présent...Il s'est vu le cheval ?
J'ai encore vachement grandi aussi....jusqu'où ça va aller ? Je veux pas faire la taille de tonton Louis, lui s'est juste trop abusé. Si je revois Livaï un jour, il aura mal au cou à force de lever les yeux vers moi. Ah ah ah, c'est méchant, mais je m'en fou, il ne saura jamais que j'ai dis ça."
- Raté..
" 20 octobre
Putain ! Faut que je range cette photo dans un endroit bien chiant à déblayer, comme ça j'irai plus la chercher pour la regarder. Il est si beau dessus qu'à chaque fois je pleure à l'idée que je ne le reverrai plus jamais. Ça fait des mois et des mois que ça c'est passé...Et pourtant ça change rien ! Rien du tout, Je l'aime trop...je suis fou de lui...il est si beau....
Je suis vraiment pas normal. Je suis taré.
Hey merde ! Si ça se trouve il a une copine à présent. Et il a peut-être un enfant ? Aaah non pas ça !
Je hais sa femme ! Enfin si il en a une ! "
- Aucune chance ..
" 25 octobre.
Eren écoute, c'est toi même qui te parle ! C'est sérieux là ! On a franchi un cap."
- Un cap ? Celui de la la folie ? Non mais il se parle par écrit ...
" Ne fait plus jamais ce que tu as fait hier en regardant cette photo. Internet existe pour ça aussi... L'adolescence n'est pas une excuse. C'est tout ce qu'il nous reste de lui..C'est un trésor pas un défouloir pour te bran.."
- Aaah putain de con ! Je veux pas lire la suite, s'exclama à voix haute Livaï dans une profonde grimace de malaise. Raah non sérieux ....hum..bon...Je.. Je devrais peut-être arrêter là ?!
La tentation était visiblement trop grand, et il tourna à nouveau plusieurs pages, où l'écriture d'Eren parfois variait de propre à celle d'un petit pourceaux. Quand il se jugea assez loin, Livaï prit une date au hasard.
"6 janvier
Il y a un nouveau. Il est brun, asiatique et trèèèès beau. Et je crois que je lui plait vu les coups d'oeil qu'il me lance ? Je suis pas amoureux hein ça c'est sur et certain. Mais..qui sait..je pourrai peut-être l'oublier ENFIN avec lui ? Est-ce possible au moins ? Dans tout les cas faut que ça reste secret...."
" 8 janvier.
On s'est embrassé..et pas qu'un peu...avec la langue et tout. Je pensais que mon premier baisé serait plus...fou. Enfin techniquement ce n'est pas mon premier baisé, puisque le tout premier...je l'ai volé à Livaï avant qu'il ne parte pour toujours.. Et s'était tout doux...."
- Ah mais c'est vrai en plus...Se rappela soudainement Livaï. J'avais oublié ça.
"C'était juste un peu excitant. Mais pas...comme on le dit à la télé et dans les bouquins avec des papillons dans le ventre, et tout ces trucs de fille. Mais bon pas grave, c'est mon " copain" je finirai par être bien avec... peut-être..il est sympa en tout cas, il aime les films , les séries comme moi. On joue un peu au jeu vidéo et on rit bien ensemble au moins..Aller c'est décidé je ne vais plus me prendre la tête et essayer de profiter de la vie.."
- tsh..truc de fille....petit macho va...
" 26 janvier.
Jean tête de con ! Sale cheval de merde ! Pourquoi tu lui as parlé de Livaï, connard ? D'une j'arrivai un peu à le mettre de coté. Et de deux, t'avais pas besoin de lui dire que j'avais eu une nounou quand j'avais quatorze ans, dans l'espoir qu'il se foute aussi de ma gueule. Ce crétin il sait pas qu'on est ensemble et heureusement. Mais j'ai dû faire une tête chelou quand Jean a parlé de Livaï, c'est sûr....j'essaie de l'oublier et lui me le colle dans la gueule à la moindre occasion. Depuis mon copain n'arrête pas de vouloir que je lui en parle. Rêve idiot...tu sauras rien de lui. Je serais une tombe.."
" 29 janvier.
La vie est une connasse. On le sait, je le sais, tout le monde le sait ! Et ceux qui ne le savent pas sont aussi des cons ! Voilà c'est dit. J'ai cédé, je lui ai parlé de Livaï. L'honnêteté paie ? Non elle punie, et elle punie toujours dans mon cas ! Armin m'avait déconseillé de le faire, en me disant que je ne saurai pas cacher mes sentiments.
Note pour plus tard : TOUJOURS écouter Armin TOUJOURS !!!!!
Il a compris...absolument tout compris. Je me suis fait grillé en dix secondes. Il m'a sorti des trucs du genre. Je peux pas être en compétition avec ce vieux que tu vénères. IL N'AI PAS VIEUX. J'ai crié ça, parce que je hais qu'on dise ça de lui.. Mais, là, il a été plus direct et on a rompus. Est-ce que je suis triste ? Pas vraiment. Mais ma fierté est blessée ..car je me suis fait jeté par le premier mec avec qui " je l'ai fait."... Et ça c'est plus douloureux..."
- Un égos froissé, marmonna Livaï avant de réagir...attend comment ça premier ? Euh..premier ? Premier !
" 14 février
Jour de merde ! Allez vous faire foutre avec vos romances à deux balles. Papa a emmené maman au restaurant. Tant mieux, moi j'ai pu jouer au jeux vidéo toute la nuit. Est-ce que Livaï fête la saint valentin avec sa potentiel copine...
Espèce de sale morue. "
- Mais qu'il est bête...je ne célèbre aucune fête... et je n'ai jamais eu de femme dans ma vie. Celui là alors...
" 25 février.
Je vais travailler à mort à l'école. Mes notes sont bonnes, mais je veux qu'elles soient excellentes pour devenir photographe, car c'est "lui" qui m'a montré que je pouvais le faire. Quand quelqu'un d'aussi sévère que lui te dit, " tu as du talent "sérieux faut y croire. Les compliments ce n'étaient pas ce qui passaient souvent sa bouche. Mais au moins quand il y en avait un, on y croyait aussitôt..
Ah la la, j'ai mal au coeur ,j'arrive toujours pas à tout oublier, et c'est infecte. Je me sens parfois si mal, si triste....je galère comme un fou à faire croire que tout vas bien dans le meilleur des mondes...et il faut continuer comme ça, pour que papa et maman arrêtes de s'inquiéter. Et ne voient pas que...je continue parfois de chialer dans mon coin, malgré les années...aucun mec n'arrive à sa cheville.
J'suis qu'un pauvre taré bon à être enfermé..putain qu'on m'achève au plus vite.."
- Aah..merde non....Eren....
" 30 Mars
Eren, tout ça c'est passé, il y a des années à présent. Et quand tu fais un vœux en soufflant tes putains de bougies, tu te dis quoi ? J'espère le revoir un jour quand je serais adulte ? Non mais t'es sérieux ? C'est quoi mon problème ? Tout le monde sur cette putain de terre, abandonne et se fait une raison quand il est déçu. Pourquoi moi j'y arrive pas ? Je suis butté au possible. Mon crâne c'est une porte blindée de coffre fort, sérieux ! J'ai 17 ans merde...abandonne..oublie, oublie et oublie....plutôt que de préserver un amour ridicule, idiot et pathétique. T'es affligeant crétin.
J'ai l'impression en faite, qu'il est encré dans ma peau. On dirait ..un virus. Ou non un alien plutôt, qui se baladerait sous ma peau en toute tranquillité...genre je suis pépouze, je suis bien là...Mais j'en ai marre moi..vas t'en, et fou moi la paix, souvenir à la con....Livaï je vous emmerde !"
- Ah ouais, tu m'emmerdes ?
" 31 Mars..
J'ai des remords sur une insulte jeté au vent à une personne qui ne l'a même pas entendu. Conclusions, je suis un con fini !
Livaï je vous emmerde pas, je vous aime toujours..et ça me désole tellement, que j'ai envie de me cogner la tête contre les murs. Faut que je me trouve un mec, pour vous oublier. Un BG quand même..."
-....
" 2 Avril,
Autant pour moi. Je vous emmerde. Et virez de mes putains de rêves, et de ma putain de tête. Me lever en ayant la gaule juste en vous voyant en songe, et un cauchemar vivant. Donc maintenant je vais vous imaginer, chauve obèse et édenté avec plein de bouton sur la gueule.
Ça va me calmer ça je l'sais."
- Quel portait de merde !! ?Non mais oh, s'insurgea Livaï.
Il avait crié ça avec indignation, en retenant tout de même le son de sa voix car l'heure était tardive. Sa lecture pourtant était si intense qu'il n'avait pas entendu la porte de la chambre s'ouvrir dans un léger grincement. Sa main s'était portée devant ses yeux qu'elle frotta un peu, tandis que son mental, lui renvoyait une image conforme à l'ignoble portait qu'avait voulu faire de lui Eren plus jeune. Des pas se firent sur le lit et bientôt, le bruit sourd de quelqu'un s'installant à ses côtés parvient enfin à ses oreilles. Ses yeux nuit s'écarquillèrent et son visage rouge de colère et de gêne mêlé, se tourna en direction de son fiancé qui lisait par dessus son épaule avec une indifférence affiché. Allait-il crier ? Allait-il s'indigner parce qu'il fouinait dans ses affaires, et même son passé sans sa permission?
- Même cette tentative de vision dégueulasse de toi, ça n'a pas marché, commenta Eren en reprenant les cahiers de brouillons.
A nouveau il se leva, puis alla les jeter dans le carton ouvert, qui vacilla un peu sous le poids des cahiers ainsi jetés.
- Pardon, je n'aurai pas dû lire ça..sans te demander.
- Hmm..et bien..peut-être que tu aurais dû demander, marmonna Eren pensif, un peu comme si il cherchait à analyser ce qu'il pensait et ressentait réellement à cet instant. Mais je t'en veux pas, car je sais que j'aurai fait la même chose dans ton cas. Et plutôt deux fois qu'une.
Disant cela, Eren avait viré lentement ses fringues qui comme toujours étaient tombée en tas au sol, et auquel il ne toucha pas. Les yeux nuit de Livaï avait vu ça comme une insulte fait directement à sa maniaquerie, mais ils avaient su aussi se repaître de ce jolie corps ainsi exposé. Il abandonna alors, la stupide pile de fringue et l'observa nu comme un ver ouvrir le vasistas pour qu'un peu d'air entre dans la chambre.
- Au dodo, sourit joliment le jeune homme, en allant éteindre la lumière sur le bouton situé près de la porte d'entrée de la chambre.
La couette qui pourtant était légère et adaptée pour la saison, fut en partie repoussée pour leurs permettre ainsi de dormir dans des conditions plus ou moins optimal.
- Tu ne m'en veux même pas d'avoir été curieux ? S'étonna Livaï en caressant sa joue du bout des doigts.
- Mon petit chéri, sourit le jeune homme dans le noir en le serrant d'avantage dans ses bras. Tu t'es ouvert à moi, et tu as réussi à me parler des choses dures et difficiles que tu as vécu. Mes petits bla bla couché sur un journal intime sont rien en comparaison. Alors bon oui, je suis gêné quand même, mais je ne veux pas m'énerver pour ça...ça serait trop excessif.
Le jeune homme entendit un vague rire amusé ou soulagé il ne savait trop, de la part de son fiancé. Doucement et ceux malgré le fait qu'il faisait encore un peu lourd dans la pièce, il sentit son amant au beau cheveux noir se coller un peu plus à lui.
- Ça à été ta discussion avec Armin ?
Un souffle fort s'échappa des lèvres du photographe qui agréablement gardait son trésor contre lui. Hésitant un instant, il fit un bref résumé à Livaï, sachant parfaitement que ce dernier n'aurait pas l'indélicatesse de faire comprendre à Armin qu'il lui avait tout balancé.
- Je me doutais bien que c'était ça qui lui pesait sur le coeur, marmonna Livaï en retenant un bâillement. Mais je ne savais pas qu'Armin était du genre à cumuler autant de pression et de stress sans jamais rien dire...surtout sur une aussi longue période...il va craquer pour de bon, si il ne pense pas plus à lui.
- J'ai peur aussi qu'il craque totalement à cause de tout ça. On a tous nos limites après tout, et lui....j'ai l'impression qu'il persiste à faire croire que ses études le passionne. Alors que c'est un clavaire à continuer....Mais il abandonnera pas, sans doute parce qu'il a été " trop loin" et il s'efforcera d'aller jusqu'au bout.. Tu sais, avant qu'il parte se coucher, je lui ai conseillé de parler à mon père...De son stresse etc bien évidement, et j'espère qu'il le fera....
Là, s'arrêtèrent les bavardages du soir. Et bientôt enfin, la nuit et le sommeil les saisir tous les deux. Elle se fit assez douce malgré la chaleur un peu présente dans la pièce. Et au petit matin, une lumière légère s'infiltra dans le vasistas du toit. Sournoise elle frappa en plein visage, celui dont le sommeil était le plus compliqué. Grognant et tournant sur lui même à la recherche d'un peu moins de clarté, l'éveil se mit en route malgré le fait qu'il espérait dormir encore un peu. Près de son oreille son ronfleur professionnel venait tel une sangsue se coller à lui afin peut-être de partager ses vocalises.
Un souffle agacé et encore emprunt de sommeil se fit entendre de la part de Livaï. D'un geste un peu lent de la main, il prit son portable puis le mit en route afin de voir l'heure qu'il pouvait être. Neuf heure s'affichait sur son écran et dont le font avait changé depuis peu. Celui-ci les représentait tous les deux dans les bras l'un de l'autre, dans un câlin tendre durant leurs vacances. Néanmoins une envie de rester au lit faillit revenir de plus belle en lui. Mais un autre horrible ronflement désagréable d'Eren fait directement dans ses oreilles, le contraignit à revoir ses objectifs.
- Rah ! Je déteste quand tu ronfles.
- ..ronfle pas...marmonna Eren dans son sommeil.
- Ouais c'est ça, c'est mon imagination sans doute. Tsss...
Dans la cuisine les parents d'Eren qui s'étaient levé assez tôt, n'avaient pas été plus surpris que cela de voir peu après le grand-père d'Armin se lever à son tour. Fidèle à leurs habitudes, ils avaient discuté tous les trois, autour d'un bon café et de tartine de pain beurré bien croustillant. Pris dans leurs habitudes c'est à l'apparition d'Armin dans l'entrée de la cuisine, qu'ils se rappelèrent tous, que du monde dormait à la ferme.
Celui-ci malgré son sourire forcé sur le visage, n'arriva pas à cacher la nuit blanche qu'il venait de se taper. Sous ses yeux bleue, une rougeur était visible signe qu'il avait dû plus d'une fois les frotter et que surtout, ils n'avaient pas eu le loisir de se reposer.
Décidant de suivre les conseils d'Eren, car après tout ils n'étaient pas mauvais. Armin osa enfin dire à son grand-père le stresse monumental que lui procurait ses études, ainsi que la pression qu'il se mettait pour les finir même si malgré ce qu'il avait affirmé à corps et à cri auprès de tout le monde, qu'elles ne le passionnaient plus vraiment. Ne voulant pas reculer, et ayant peur de l'échec et d'être une déception pour son unique parent. Il s'efforçait depuis des années à aller jusqu'au bout sans prendre la peine de penser, que parfois oser laisser tomber, pour prendre un autre chemin était une solution tout aussi acceptable. Carla et Grisha avaient été présent, triste que ce gamin qu'ils connaissaient depuis tout môme vive sous une telle pression sans jamais en parler, ni même le montrer.
La tête baissé, le nez encore rouge, son grand-père lui avait souri avec chaleur avant de le serrer contre son coeur. Un peu comme il l'aurait fait avec le petit garçon qu'Armin avait été, et qu'il avait élevé. Il tapota doucement la chevelure blonde et dit.
- Jamais tu ne me décevras mon grands. Jamais ! Tu es un bon garçon Armin. Enfin je devrais dire à présent un jeune homme admirable, ria t-il comme si il avait un peu de mal à le voir comme un adulte. Alors, laisse moi te donner ce petit conseil. Tu as encore un peu de temps devant toi pour décider ce que tu veux faire. Continuer encore..où rester et réfléchir à ce qui te plairait le plus et t'épanouirait dans la vie. Quoi que tu décides je serai de ton côté. Beaucoup prennent des années sabbatique avant de reprendre des études, tu devrais peut-être voir ça aussi...
- Tu as sans doute raison grand-père, murmura le jeune homme ému. J'aurai dû t'en parler beaucoup plus tôt. Mais je ne voulais pas admettre que je m'étais peut-être trompé..
Au même instant le grand-père toujours inquiet gardait une main tendre sur l'épaule de son unique petit fils. Il n'avait pas vu les signes d'angoisses d'Armin, ni le poids de tout ce qu'il s'imposait, et il s'en voulait un peu pour ça. Il l'observa donc, et voulu s'assurer qu'il n'y avait rien d'autre en plus qui lui faisait du chagrin...
- Non rien d'autre, marmonna le blondinet en voyant Livaï entrer dans la pièce avec une mèche de cheveux noir qui pointait au ciel. Ah ?
- Bon, fit Livaï le regard étrangement vexé après avoir salué tout le monde. Il avait son portable en main, et après s'être installé autour de la table, il activa un enregistrement qui démontrait les horribles et puissants ronflement d'Eren..ça c'est le bruit du silence parait-il ?
- C'est tout Grisha, assura Carla avec une certaine conviction dans la voix.
- Quoi ? Mais non, c'est pas vrai ! Je ne ronfle pas si fort ? Enfin ma chérie quand même, non mais écoute le....
- C'est un trucage, lâcha la voix du principal concerné, qui s'était levé dès qu'il avait remarqué l'absence de Livaï dans le lit. Le sons est trop près de ma bouche, c'est pour ça qu'on a l'impression que je ronfle fort. Mais en faite c'est faux.
La bouche entrouverte, l'indignation était totale chez le patron du salon de thé quand il entendit les paroles pleines de culot de son jeune amant. Celui-ci sachant pertinemment ce qu'il avait provoqué, était venu comme chaque fois, lui faire un câlin en collant sa joue contre la sienne. Il faisait ça si souvent, que plus personne n'y faisait attention à présent.
- Bon je ronfle peut-être un touuut petit peu fort.
- Je préfère ça..
Cette dernière journée à la ferme se passa assez simplement. Armin malgré le fait qu'il soit assez pensif, arrivait à s'extraire de ses songes pour participer parfois aux discussions. Il souriait, mais n'arrivait plus à cacher l'angoisse de tout ce qu'il devait assumer à présent, et prochainement. Eren parfois venait lui faire une accolade excessive dans le but de le taquiner un peu, ce qui marchait à chaque fois. Mais ainsi le blondinet le sentait et le savait, son meilleur ami serait toujours là pour lui.
Quand l'heure du départ arriva, Eren qui n'avait pas fait le trie dans le gros carton que lui avait fait sa mère, avait demandé à Livaï si il pouvait l'embarquer pour le faire chez eux. Ce dernier ne trouvant rien à redire accepta, et garda à l'esprit une curiosité plutôt surprenante sur les fameux carnets de brouillons qu'il avait lu la veille. Là, il avait su prendre conscience de l'ampleur que son " souvenir " avait eu sur Eren durant ces cinq dernières années. Mais il y avait aussi dans cette part de curiosité qui l'animait, une envie de comprendre en un sens, et de voir comment ce môme de quatorze ans un peu timide et qu'il avait connu et brisé le coeur, était devenu son grand échalas dont il était devenu hyper amoureux.
La route se fit paisiblement avec un soleil timide qui ne se montra qu'à de rare occasion. Les mains fixées sur le volant, Livaï jetait parfois un coup d'oeil dans le rétroviseur de l'intérieur, pour voir comment allait Armin. Celui-ci restait assez silencieux, les yeux fixés à son portable où un ballet de message avait commencé. Parfois Eren, jetait un coup d'oeil par dessus son épaule, et se retenait de vouloir demander: " Avec qui tu parles ?" Même si il se doutait de la réponse.
" Pas d'humeur à parler ? Mais pourquoi ! Eren a fait le con ? "
" Mais non, arrête d'espérer tout le temps que je me prenne la tête avec. Je dis juste que là, j'ai pas envie de parler. J'suis pas d'humeur. C'est tout. "
" Pourquoi ?Dit moi si je peux t'aider ?"
" C'est gentil à toi, mais tu ne peux pas ! Ça t'arrive jamais d'avoir juste un coup de blues ? J'ai des tas de trucs qui me tombent dessus. Je veux juste..pas parler pour le moment. Au moins pour aujourd'hui."
" Je vois. Tu m'en parles pas, mais à Eren oui je suis sûr ?! C'est ça ? Moi qui pensais qu'on s'entendait encore mieux qu'avant. Je me trompais, il y aura toujours Saint Eren avant moi."
" Un saint pareil n'existe pas ! C'est nul d'être jaloux d'une amitié qui remonte à la petite enfance. Jean, tu sais que tu n'es plus un enfant ? T'es au courant au moins ? "
" Je suis pas jaloux, je constate juste que tu ne me fait pas assez confiance. Je pensais qu'on était devenu plus proche."
- Gros nul..Marmonna Armin les sourcils froncés. T'oses dire ça...
" Arrête les doubles sens. T'arrête pas de faire des phrases comme ça dernièrement..."
"Quel double sens ? Armin, si t'es énervé c'est pas de ma faute. Je voulais juste discuter et déconner comme on le fait souvent dernièrement, mais tu sais quoi ? Bha reste dans ton coin."
- Mais si c'est ta faute crétin !!! Cria le blondinet dans l'habitacle de la voiture. Sa voix était apparue si soudainement qu'il fit faire un bon à tout le monde. T'avais qu'à me laisser tranquille ce jour-là..
Levant la main car Eren s'apprêtait à lui demander ce qui se passait, Armin fit comprendre qu'il n'avait plus du tout envie de parler. Il laissa même son téléphone éteint pour le reste de la journée et même de la soirée. Le chemin tout droit qu'il s'était tracé depuis qu'il était enfant, voyait ses contours devenir brouillons et vague, tout comme sa vie d'ailleurs. On dit souvent.
On ne sait jamais de quoi demain sera fait ? C'est vrai et lui encore moins.
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Et voila pour le chapitre 11 ;
Alors je sais que vous n'êtes plus beaucoup à suivre cette histoires, mais malgré tout, j'avais envie de fournir une petite explication. Je regrette un peu d'avoir envoyé le personnage d'Armin à des kilomètre de l'endroit où se passe l'histoire. De ce fait, j'ai crée ses petits regrets qu'il refusait d'admettre. Je vous laisse donc le choix :
Dite moi si le fait qu'il fasse disons..une pause dans ses études vous dérange ou non ?
En ce qui concerne les passages des petits journaux intime d'Eren, je me suis hyper amusée. Et si je ne m'était pas retenu j'aurai continué. Mais ça aurait fait de trop.
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