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UN


~ Karma ~


Une partie de moi sait que je devrais déjà être en train de sortir mes affaires de cours, mais je préfère attendre le bon moment. C'est un vieux défaut que je traîne depuis le collège : je fais tout à la dernière seconde. Prévoir, anticiper, guetter n'est pas mon point fort, tout comme je rêvasse trop souvent selon mes profs. Mais eh ! En contrepartie, je garde tout le temps le sourire. La vie mérite d'être vécue avec optimisme, non ?

Quand il semble évident que je n'ai plus le choix, je me penche pour récupérer mon sac sur le sol afin d'en sortir un stylo. Espérons que celui-ci fonctionne cette fois. Je ne sais pas pourquoi, mais avec moi, ils ont toujours tendance à ne pas écrire, même lorsqu'ils sont neufs.

— Test. Un, deux, un, deux. Vous m'entendez ? vérifie notre prof d'histoire médiévale, monsieur Grivaux, en tapotant sur son micro en bas de l'amphi.

Quelques réponses d'élèves plus attentifs fusent dans les rangées inférieures, mais je préfère plaisanter avec Tim. La main gauche de mon meilleur ami joue avec le bouchon d'un stylo tandis qu'il pose la droite contre sa bouche pour en étouffer les sons.

— Houston, vous me recevez ? se marre-t-il d'une voix grave avant de poursuivre sur un ton plus aigu. Oui, mon capitaine, les missiles sont prêts à être lancés.

— Non, ne faites pas ça ! claironné-je en remontant mes lunettes sur mon nez. Griv-alien est peut-être pacifique !

— Nous ne pouvons prendre aucun risque, soldat.

— Tim ! m'offusqué-je. T'es un capitaine en carton ! Et si les extra-terrestres étaient gentils ?

Nous explosons de rire devant la nullité de notre discussion alors que Mélissa, assise de l'autre côté de Timothée, nous observe avec consternation. À force, elle a fini par s'habituer à notre manque d'attention en cours. Je discerne même une certaine résignation dans ses yeux verts. La preuve, elle se penche vers nous, un sourire narquois au bord des lèvres. Une longue mèche auburn glisse devant son visage, qu'elle dégage rapidement d'une main sertie de bagues. Mel et les bijoux, une grande histoire d'amour.

— Vous êtes des gamins. Ce n'était même pas drôle.

— On s'en fout, lui répond Timothée. T'es juste jalouse qu'on soit plus marrants que toi.

Elle frappe son épaule puis se penche vers l'arrière de sa chaise pour atteindre mon crâne, faisant ainsi glisser mes lunettes sur le bout de mon nez.

— Eh ! J'ai rien fait.

— C'était offert par la maison.

— Trop généreux de ta part, merci, raillé-je.

Ma plainte est couverte par les ricanements de Tim. Nous réajustons notre position sur nos sièges, à peine assagis par la remontrance de notre meilleure amie. Pourtant, elle a raison ; autant éviter de nous faire repérer par le prof qui commence sa leçon.

Mélissa, du genre élève assidue, réussit à se concentrer sur ce que Grivaux dit sans problème. Pour Tim, c'est plus compliqué. Le regard perdu dans le vide, on aurait du mal à croire qu'il souffre d'hyperactivité. Pourtant, ses doigts luttant contre le stylo qu'il est en train de martyriser dans l'espoir de canaliser son énergie en sont la preuve.

J'ai toujours trouvé étonnant que Mel et lui soient meilleurs amis depuis le lycée. Tout les oppose dans tous les domaines. Elle est déterminée et studieuse, Tim s'apparente à une boule de nerfs qui tente encore de sortir de l'adolescence. Mélissa possède une chevelure aussi rousse et lisse que lui bataille avec ses boucles serrées et brunes qui partent dans tous les sens. Elle parvient à rester sérieuse en tout temps, il ne fait que plaisanter toute la journée.

Mais malgré ces différences, mes deux amis se vouent une loyauté sans faille. Je crois bien qu'ils sont aussi proches que peuvent l'être un frère et une sœur. Surtout depuis que le père de Mel est parti refaire sa vie avec sa famille cachée. D'un côté, je comprends pourquoi elle se plonge tant dans ses devoirs. Ce doit être étrange de découvrir qu'on a un frère de quinze ans quand on en a soi-même déjà vingt. Qu'elle soit sur les nerfs depuis la rentrée n'est donc pas vraiment une surprise.

Je m'enfonce dans mon siège en observant mes deux amis. Quand je pense que je n'étais pas amené à les croiser sur ma route, je suis heureux que le Destin en ait décidé autrement. Après avoir changé de cursus à la fin de ma première année de licence, je réalise que je ne saurais plus me passer de leur bonne humeur quotidienne. Je pourrais même me prendre une balle pour eux. Enfin, peut-être pas une balle réelle parce que je tiens à garder le nombre d'orifices que mon corps possède actuellement, mais une balle... de ping-pong par exemple. À cent pour cent. Sans aucune hésitation.

Le souvenir de notre rencontre me revient en mémoire et je ricane tout seul. D'études littéraires, j'ai bifurqué vers l'histoire à cause de mon intérêt pour les musées. Malgré le peu de débouchés, il faut croire que j'aime relever des défis. Tout comme ces deux idiots que j'adore si on se fie à leur entêtement à vouloir se lier d'amitié avec moi malgré le désastre de notre rencontre. J'en ai encore honte, mais disons que leur pardon prouve à quel point ils sont géniaux.

— Eh... Tim ? soufflé-je discrètement. Tu te rappelles la première fois...

Comme il ne m'entend pas, je me penche vers lui, vérifiant au passage que notre prof ne regarde pas dans notre direction. Ce dernier inscrit des dates au tableau, ce qui me laisse la voie libre. Il faut que j'en profite avant que le karma me rattrape. J'exagère à peine. Je pense que j'ai dû faire un truc qu'il ne fallait pas dans une autre vie pour avoir autant de malchance dans celle-ci. Rien que mon prénom reste la preuve ultime de la malédiction qui s'est abattue sur...

— Olaf ?

Voilà ! Qu'est-ce que je disais ? Je parle une seconde et je me fais griller. Et puis, sérieusement Disney, vous n'auriez pas pu choisir un autre prénom que le mien pour votre bonhomme de neige ? Même si je l'adore parce qu'il me vient de mon arrière-grand-père, depuis la sortie du film la Reine des neiges, je ne compte plus les fois où on m'a chanté « je voudrais un bonhomme de neige » alors qu'avant, tout allait bien. J'étais un roi nordique connu et ça me convenait parfaitement. Et puis, Olaf est un nom commun là où je suis né, en Islande. En revanche, en France...

Je relève la tête vers monsieur Grivaux qui me lance un regard sévère. Pour cause, j'ai la moitié du corps incliné vers Timothée alors que les élèves peu attentifs l'horripilent. J'ai dû activer son radar supersonique. Ou alors, j'ai raison depuis le début et mon ange gardien a foutu le camp depuis belle lurette. Personnellement, je penche plutôt pour la seconde théorie.

Qu'est-ce que je dois répondre ?

Je fixe du regard notre professeur tel un animal prit dans les phares d'une voiture. Monsieur Grivaux s'appuie contre son bureau, les jambes croisées devant lui et les paumes appuyées contre le vieux bois. Tout dans cet amphi sent le vieux de toute façon, même lui.

— Alors ? dit-il, seul mot qui sort de sa bouche pour m'aider à y voir plus clair.

Je cligne des paupières alors qu'il pince les lèvres d'impatience, déclenchant par réflexe le feu tricolore que peut devenir mon visage en certaines occasions. Je me sens rougir jusqu'à la racine des cheveux sous son regard impitoyable et me tasse sur ma chaise.

— Qu'est-ce qu'il a demandé ? soufflé-je discrètement.

— Alors ? répète Timothée.

— Tu sers vraiment à rien...

Mélissa ne vaut pas mieux, car sa réponse ressemble à un marmonnement que je ne comprends pas. Elle a beau être brillante et attentive, sa voix ne porte absolument pas. C'est bien ma veine ! Je n'ai aucune idée de ce dont Grivaux parle.

La seconde qui s'écoule alors que nous nous toisons comme deux combattants me paraît durer des heures. Finalement, il met fin à mon supplice et accepte de répéter sa requête.

De toute évidence, il n'a pas vraiment le choix s'il veut obtenir une réponse un jour.

— Monsieur Níelsson, je vous ai simplement demandé quel duc de Bourgogne s'était opposé à Louis XI. Je ne crois pas exiger la Lune.

La Lune, non, mais en même temps, je n'envisage pas de devenir astronaute non plus !

Je réprime un frisson puis me racle la gorge en réfléchissant rapidement à mes cours. Si je peux, je préfère éviter de sortir une énorme connerie. Lorsque je me redresse sur ma chaise, j'en profite pour attraper mon stylo afin d'occuper mes mains. J'ai toujours été timide, surtout quand il s'agit de parler en classe. À voix haute, bien sûr. Les bavardages, je gère plutôt bien. La peur de me tromper ne m'aide pas à paraître confiant devant les quelques élèves qui me fixent sans réel intérêt.

— C-Charles le météraire, bafouillé-je.

Au temps pour la nonchalance et l'assurance. Je tousse puis retente d'une voix plus forte afin que notre professeur m'entende cette fois.

— Charles le Téméraire, monsieur.

Ouf ! Presque du premier coup ! Surpris par ma bonne réponse, il grogne en hochant la tête puis reprend son cours comme si de rien n'était. Si nous jouions aux échecs, je viendrais de mettre son roi en mauvaise posture, et si je ressemblais à Charles le Téméraire, je me serais mis à danser debout sur mon bureau. Malheureusement, ma vie se veut bien moins métaphorique et je me contente d'expirer tout l'air de mes poumons, soulagé de ne plus être le centre d'attention d'une soixantaine d'élèves.

Au même moment, un coup de coude dans mes côtes me fait tourner la tête vers un Timothée impressionné.

— Bien joué, mec. Comment tu sais ça ?

— Aucune idée, ça m'est venu sur l'instant, éludé-je pour ne pas avoir à mentionner que ma mémoire retient des informations improbables, comme le surnom posthume du duc de Bourgogne.

Sérieusement, pourquoi j'ai retenu ça, moi ? J'oublie où je pose mes clés la moitié du temps.

— La chance ! Rien me vient jamais « sur l'instant ».

— Les gars, nous prévient Mélissa, interro surprise...

Et merde ! Pour la chance dont parle Tim, on repassera. Échec et mat pour monsieur Grivaux finalement.


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