(12) Du romantisme
PDV Erwin
-Tu sais que tu fixes depuis un moment ton repas, remarque Nile, on dirait que tu demandes si tu dois le manger ou attendre que ce soit lui qui le fasse.
J'ai accepté de venir manger avec mon ami ce midi, dans le restaurant où travaille Moblit. Depuis ma séparation, c'est l'un des seuls amis qu'il me reste. Grand avec des cheveux d'ébène et une barbichette, son caractère posé nous a toujours unis. Il a été le premier à qui j'ai parlé de mon homosexualité et il ne m'a jamais jugé ou agit différemment avec moi.
Je relève les yeux vers lui, hésitant. J'ai envie de lui parler de Livai et savoir s'il me trouve trop rapide. Peut-être que je confonds amour et amitié profonde? Tout se bouscule dans ma tête et je déteste être mélangé.
-Tu te souviens de Livai Ackerman? M'enquis-je, il m'a accompagné à la fête chez Moblit. C'est mon colocataire et un ami à Hansi.
-Ouais, je vois de qui tu parles... le petit noiraud qui semble tout droit sorti de la famille Adams?
-Euh... ce n'est pas vraiment la définition que j'emploierais. Bref, oui, c'est lui.
-Alors? Qu'est-ce qu'il y a?
J'hésite, ayant peur de sa réaction. Je ne suis pas une fillette pour parler de mes amours de la sorte. Nile va croire que je suis une mauviette qui a absolument besoin de se confier. Voyant qu'il attend, je soupire :
-Je pense qu'il me plait, avouai-je, même beaucoup. Je ne sais pas quoi faire pour lui montrer. Quand j'ai commencé à sortir avec Mike, c'est lui qui a foncé. Tu vas trouver ça ridicule, mais je n'ai jamais dragué personne avant.
-Je suis heureux de voir que tu arrives à oublier Mike. Pour être honnête, j'avais peur que tu ne t'en remettes pas... tu n'as jamais dragué?
J'ai l'impression qu'il se moque de moi si je m'en fis au sourire qu'il me lance. Non, je n'ai jamais eu besoin de draguer avant. Quand j'étais en première année de lycée, j'ai bien flirté quelques fois avec des filles, mais jamais rien de sérieux. C'était toujours elles qui venaient vers moi avant que ce soit Mike qui fonce.
-Je suis avec Marie depuis si longtemps, que j'avoue avoir oublié aussi, sourit Nile, tu n'as qu'à t'inspirer de ce que Mike faisait pour toi?
Ce n'est pas une mauvaise idée... j'avais été charmé rapidement par son romantisme. C'est peut-être ce que je devrais faire pour une fois? Essayer d'être mignon et inviter Livai à sortir d'une manière galante? Je n'ai jamais su être romantique, mais pour cette fois, je peux essayer de faire un effort.
***
Mes cours ont terminé plus tôt aujourd'hui. Je pense que c'est le moment de mettre mon plan à exécution et inviter le beau ténébreux à sortir. Je suis à la fois confiant et peu sûr de moi. Livai cache si bien ses émotions qu'il pourrait très bien ne rien ressentir de plus que de l'amitié à mon égard. Je n'ai pas très envie de me prendre un râteau de sa part. Ce serait à la fois humiliant et blessant.
Près de l'appartement, il y a une petite boutique de fleuriste qui est peu fréquentée. Je m'y arrête après une faible hésitation. Peut-être que je pourrais offrir une fleur à Livai en l'invitant? C'est le genre de chose qu'on voit dans les films, mais j'ignore si cela lui ferait plaisir ou si je passerais seulement pour un garçon étrange. Mike me faisait ce genre de petites attentions, mais j'ignore si c'est normal entre hommes...
Je regarde par la vitrine les beaux bouquets de fleurs, mordillant ma lèvre inférieure sous l'angoisse. Je déteste devoir prendre ce genre de décision sans en connaitre à l'avance les répercussions! Pourquoi ne suis-je pas doté d'un pouvoir qui me permettrait de voir deux heures dans le futur? Ce serait pratique dans des moments comme celui-ci. Si je rencontrais un génie dans le désert, je pense que ce serait ce souhait que je ferais.
Dans un grognement, je finis par pénétrer dans la boutique sous le bruit caractéristique de la sonnette. Il n'y a pas un seul client, excepté le caissier qui doit avoir mon âge. Brun, aux cheveux en bataille, le garçon au visage pointu lit une revue sans me porter la moindre attention. Je hais les gens qui ne savent pas travailler au public et qui le font tout de même. En soupirant, je m'approche du caissier.
-J'aimerais acheter une fleur s'il vous plait, déclarai-je.
Le garçon lève les yeux de sa revue pour me jeter un coup d'œil sans l'ombre d'un sourire.
-Quel genre de fleur?
-Euh... je n'y ai pas réfléchi. Je veux quelque chose de beau, mais masculin.
-Est-ce que j'ai l'air d'un expert? Le patron a fait une crise de je-ne-sais quoi et du coup, j'ai été obligé de rentrer travailler pour le remplacer alors que je n'y connais que dalle. En ce moment, je serais censé aider le mec qui me plait à étudier, mais je me retrouve ici à vendre des végétaux!
Je me sens mal à l'aise alors que cet inconnu me raconte sa vie. Est-ce que je suis censé répondre ou simplement l'écouter? J'aurais peut-être dû rester en dehors de cette boutique finalement...
-Excuse-moi, soupire le brun, tu es la première personne que je vois depuis deux heures et j'ai eu besoin de me défouler. Tu dois me prendre pour un type étrange?
-Honnêtement, un peu, mais je te comprends si tu as des problèmes. Tu me montres les fleurs que tu as?
Probablement embarrassé, le caissier dépose sa revue et sort de derrière son comptoir. Une étiquette sur le chandail de travail qu'il porte indique qu'il s'appelle Floch. C'est assez original comme prénom. Le garçon commence à me montrer les sortes de fleurs qu'il y a en magasin, mais rien ne me plait particulièrement. Je me vois mal offrir des orchidées ou des jonquilles à Livai.
-Ta tête me dit quelque chose, remarque Floch qui me regarde sentir les végétaux, je pense que je t'ai déjà vue quelque part.
-Surement à l'université?
-Non, c'était à un autre endroit... je sais! Tu es l'un des colocataires à Eren Jaeger? Il m'a montré des photos des trois zigotos qui partagent son appartement! Ne le prend pas mal, c'est le mot que lui-même a utilisé, pas moi.
J'aurais dû m'en douter. Tout le monde connaît Eren, que ce soit en bien ou en mal. Qu'il montre des photos de moi à ses amis à quelque chose d'assez perturbant, mais j'imagine que c'est normal pour lui. Mon attention est attirée vers un charmant bouquet de rose bien rouge. La beauté de cette fleur à épine m'a toujours particulièrement plu. Non seulement elle est magnifique, mais il faut savoir la manier pour ne pas se piquer. Un peu comme avec Livai?
-Donc tu es un ami à Eren? Remarquai-je, je vais prendre une rose.
-J'espère bientôt plus qu'un ami. Besoin d'un emballage? Il y a blanc, rose et rouge.
Je regarde Floch, surpris. Il n'a pas honte de m'avouer de la sorte qu'il espère sortir avec un garçon alors qu'il ne me connaît pas? Je n'ai jamais compris ceux qui adulent Eren et encore moins ceux qui souhaitent une relation avec lui. C'est vrai qu'il n'est pas hideux, mais quand on connait ses habitudes de vie plus que malsaines et sa stupidité monumentale, personne de censé ne pourrait le supporter plus de deux jours. Ce garçon ne doit pas bien le connaitre pour espérer être en couple avec lui... d'ailleurs, je doute que mon colocataire soit de ce bord.
-Seulement pour ne pas me piquer. Je vais prendre le papier blanc.
Floch me fait payer ma rose, puis je sors de la boutique en le saluant. Il ne reste plus un long trajet pour me rendre chez moi et je sens mes mains devenir moites sous l'angoisse. Ça ne me ressemble pourtant pas d'être si stressé, mais la perspective de me faire dire non me terrifie.
Je rentre dans l'immeuble avec l'habitude, me faisant apostropher par l'une des vieilles dames qui y vivent.
-C'est une rose pour ta petite amie? Sourit-elle, cette demoiselle doit être chanceuse d'avoir un galant garçon comme toi dans sa vie.
-Je n'ai pas de petite amie, mais je compte simplement inviter quelqu'un à sortir.
-Bonne chance dans ce cas, mon petit.
La femme me fait un large sourire sous ses lunettes proéminentes, puis je la salue avant de continuer mon chemin. C'est le cœur battant que je pose ma main sur la poignée de l'appartement. Je dois paraitre calme devant lui... j'ouvre doucement la porte avant d'entrer dans ce décor banal qui m'est familier. J'espère que Livai est là, sinon je devrai attendre. J'enlève mes chaussures avant de me diriger vers le salon d'où je crois entendre des voix, mais je m'arrête dès que j'ai vue sur le divan.
Eren et Livai y sont tous deux assis, l'un en face de l'autre, puis le plus grand pose sa main sur la joue de mon noiraud avant d'être repoussé. Si ce brun pense avoir une chance avec lui, il se trompe. Mon ami m'a dit un nombre incalculable de fois à quel point il le dégoute. Je pense à dire quelque chose, mais je préfère observer un instant. Cette scène est trop étrange.
-Qu'est-ce que tu fais? Tonne le garçon aux cheveux d'ébène, je refuse que tu me touches!
-Mais, tu veux que je mettre mes mains où si je ne peux pas te toucher?
-Garde-les sur tes genoux ou le long de ton corps.
Pourquoi aurait-il besoin de le toucher? Je sens mon cœur se tordre désagréablement lorsque je vois les lèvres d'Eren se coller contre celles de Livai et que ce dernier répond au baiser. Je ne comprends rien à tout ça... pourquoi?
-C'est quoi ce bordel, soufflai-je.
Livai se retourne brusquement vers moi, visiblement surpris que je l'ai vu en pleine séance d'embrassade avec cet idiot. Il a raison d'avoir honte. Venant de lui, une gifle aurait été plus agréable. Il doit se douter que j'ai des sentiments pour lui, donc comment peut-il me faire ça?
Livai se lève pour avancer vers moi, surement pour s'expliquer, mais je me contente de lui jeter un regard dédaigneux. Il sait pourtant ce que j'ai vécu avec Mike... Voyant que la colère qui grimpe en moi s'apprête à exploser, je dépose ma rose sur la table avant de sortir pour prendre l'air. J'ai besoin de réfléchir.
Est-ce que certains d'entre vous ont rejoints la communauté AOT? J'aimerais savoir!^^
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