Mission d'écriture n°3 - Récit d'une adolescente en 2050
Salut, c'est Fougère, 15 ans. J'habite une petite hutte au village de la Forêt. Bon, pas très original comme nom : ce village est au cœur d'une forêt, dans une clairière. Mais franchement on ne s'y ennuie pas : il s'agit du plus grand village de la région. Mon père, Chêne, est grand et fort ; c'est l'un des meilleurs chasseurs du village. Maman, Camomille, récupère les peaux des proies pour en faire des couvertures, et est aussi couturière. Elle m'a fait la tunique de feuillage que je porte et qui, malgré son apparence, est très solide.
Je suis donc Fougère, leur fille aînée, aux cheveux roux de ma mère et aux yeux bleus de mon père. Ma particularité, c'est que mes boucles sont plus longues qu'elles ne devraient, tombant en haut de mon dos alors que ma mère me répète sans cesse de les couper, car ça pourrait me « gêner pour la chasse ». Pffff, elle ne comprend rien : comment pourrais-je exister si je me coupais, comme tous les habitants, les cheveux ? Bref, sinon, j'ai deux petits frères, Pierre, 8 ans, et Prune, 6 ans, ainsi que deux petites sœurs, Tulipe et Écume, 10 et 4 ans. Ils sont insupportables. Heureusement qu'on n'est pas nombreux, car je plaints mes camarades. Ma pote, Lys, a onze frangins, la pauvre !
Je suis sur le chemin de l'école. Maman m'a demandé de tenir les mains de Prune et d'Écume et de surveiller les deux autres, mais Tulipe et Pierre, ces imbéciles, sont partis en courant. Je nierai toute responsabilité s'ils se font dévorer par des loups égarés. J'arrive enfin à l'école et je laisse ma fratrie faire sa vie. Je n'aime pas trop étudier, mais j'y vais pour rassurer mes parents, qu'ils ne me prennent pas pour un cas désespéré. Aujourd'hui, je décide d'aller en classe d'histoire. Ce n'est pas un cours trop inutile, et la hutte est calme car tout le monde dort. Si c'est vraiment trop ennuyeux, je ferai pareil.
Torrent, notre enseignant, est déjà là quand j'entre. Tiens, Lys est là, aussi, assise en tailleur vers l'avant. Je la reconnais à sa tignasse épaisse et châtain. Je la rejoins à contrecoeur : le fond du taudis m'irait mieux, surtout que j'y vois cette pimbêche de Lilas, la blonde ultra populaire n'ayant que deux neurones, s'appuyer sur l'épaule de MON Jasmin ! Bon, j'avoue, j'exagère, mais, comment dire... Je crois que je l'apprécie beaucoup, ce garçon rêveur et maladroit, aux cheveux noirs en bataille, foncièrement gentil et altruiste. Tout le contraire de moi, mais on dit que les opposés s'attirent, non ?
Torrent commence son cours.
« Avant 2030, les humains vivaient d'une façon très différente de la nôtre. Ils habitaient des sortes de huttes très hautes, d'un matériau semblable à de la pierre ; ils s'habillaient de textiles douteux et avaient beaucoup de tenues différentes, dont la plupart traînaient chez eux ; ils avaient une sorte de technologie appelée l'« informatique », qui créait un tas d'objets leur ôtant involontairement plusieurs de leurs capacités intellectuelles, polluant également fortement notre Terre ; ils fabriquaient des quantités d'affaires inutiles à leur survie, nous permettant aujourd'hui d'avoir très peu froid mais provoquant la Grande Apocalypse. Qui peut m'en dire plus sur la Grande Apocalypse de 2030 ?
- Moi ! s'écria Tulipe, que je n'avais pas vue. Alors... comme la température de la Terre montait, le niveau de l'eau aussi, et, pendant un orage violent, elle a tout englouti sur son passage, détruisant le travail des Anciens Hommes sur plusieurs millénaires.
- Très bien Tulipe ! Et alors, comment se fait-il que nous ayons survécu ? »
Frustrée que ma frangine de dix ans ait le même niveau en histoire que moi, je pris immédiatement la parole pour répondre, peut-être trop sèchement.
« L'eau n'a pas gagné les montagnes, où se sont réfugiés quelques hommes. Quand l'orage partit, ils contemplèrent le spectacle chaotique qui s'offrait à eux, en contrebas : des ruines, et des cadavres. »
Et bam ! Dans tes dents, soeurette !
« Bien Fougère ! s'exclama Torrent. Et qu'ont fait les Anciens Hommes survivants, ensuite ?
- Ils ont tout brûlé, puis tout reconstruit en harmonie avec la nature ! »
La voix insupportable de cette pimbêche de Lilas m'irrite les oreilles. Elle triche ! Je la vois en train de cacher le parchemin végétal sur lequel Jasmin a dû lui écrire la réponse. Ce garçon est trop gentil, ça le perdra !
Après les cours, Lys me taquine lorsqu'on quitte l'école.
« Fais pas cette tête, elle n'en vaut pas la peine ! On dirait que quelqu'un est mort !
- Ahah, très drôle ! répond je d'un air blasé, mais en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. »
La brunette me poursuit ensuite pour se venger, et je prend mes jambes à mon cou. Nous allons vers la forêt, accompagnées de Jacinthe et Épicéa, frère et sœur de Lys, âgés de respectivement 19 et 17 ans. Nous allons chasser, et le règlement est clair : les mineurs, c'est-à-dire les moins de 17 ans, doivent être chacun accompagné d'un majeur pour s'aventurer entre les arbres. Simple mesure de précaution.
« On va au ruisseau, Rivière y a vu des cerfs s'abreuver l'autre jour. » indique Jacinthe, muni de sa lance de bois et de pierre. Jacinthe est un jeune homme aux cheveux blonds cendrés, au teint hâlé et aux muscles saillants. C'est un chasseur hors pair qui fait chavirer bien des cœurs. Je me sens en sécurité avec lui, il est un peu comme le grand frère que je n'ai jamais eu. Je le suis alors, munie de mon arc et de mes flèches, l'arme avec laquelle je suis la plus à l'aise. Au bout d'un moment, notre éclaireur s'arrête et souffle.
« On est proche du cours d'eau, ils pourraient nous entendre. On se sépare. Lys, va avec Épicéa, je reste avec Fougère, c'est la plus jeune. »
Nous hochons la tête silencieusement et, bien que je voulais protester que je n'étais pas une incapable, je le suis sans broncher, l'arc brandi devant moi. Les cerfs étaient bien là, à se tremper dans l'eau mouvante. Ils doivent avoir trop chaud, les pauvres... Mais bon, il faut être sans pitié. Je m'approche lentement, alignant ma flèche, le viseur de l'arc et le cœur de ma cible. Je tend ensuite ma corde, m'apprête à décocher, quand un souffle chaud derrière moi m'arrache une exclamation de surprise. Je me retourne : nous n'étions pas les seuls à traquer ce gibier.
Un loup énorme, le regard fou et injecté de sang, me fait face, la gueule béante laissant couler des flots d'hémoglobine. Un peu plus loin, une biche git dans une flaque rouge, éventrée. Je me retiens de hurler et, gardant mon sang froid, je lève mon arme vers la bête. Mais celle-ci bondit, me propulsant au sol. Heureusement, mon arc me protégeait, et se trouve désormais entre ses crocs. Mais le lycanthrope s'en débarrasse et fonce de nouveau vers moi. J'essaye de me relever pour m'enfuir, mais une douleur lancinante au niveau de mes côtes m'en empêche, et j'ai beau serrer les dents, je reste clouée au sol. Au secours ! Le loup n'est plus qu'à un mètre de moi...
Boum ! Un choc sourd me fait rouvrir les yeux. Jacinthe, fort et courageux, s'est interposé entre nous, percutant l'animal sauvage de plein fouet. Une traînée sanglante me fait comprendre que la lance du jeune homme s'est plantée dans sa poitrine, et il s'écroule dans la poussière. Soulagée, je m'exclame d'une voix ne masquant pas la douleur.
« Merci Jacinthe, tu m'as sauvé la vie, t'es vraiment incroyable ! »
Mais un frisson me tétanise lorsque le blond se retourne vers moi, projetant des tâches écarlates sur mes cheveux oranges. Du sang dégouline d'une morsure à sa gorge et, avant qu'il ne bascule face contre terre, devant moi, il prononce ses derniers mots.
« Ramène nous à la maison.... Dis-leur que je vous aime tous... ».
Un cri de désespoir reste coincé dans ma gorge alors que mes larmes coulent à flot. Je regarde son petit pleurer la biche tuée par le loup, et je me sens comme lui. Le ciel me tombe sur la tête. Bientôt, ses sœurs se précipiteront vers le corps de Jacinthe et maudiront la nature elle-même pour l'avoir pris. Nous respecterons sa volonté et le ramènerons chez nous, puis l'enterrerons dans le deuil et le recueillement.
Nous avons beau, hommes, être devenus la meilleure version de nous même, notre monde n'est pas aussi idyllique qu'il le semble, et je viens brutalement de le comprendre. Une fois le choc passé, je continuerai à vivre sans mon grand frère de cœur, m'armant de toutes les précautions dont il faisait preuve, qui n'ont pourtant pas suffi à le sauver. Mais je respecterai sa mémoire, et je vivrai la plus heureuse possible, dans ce monde dans lequel il s'est épanoui, puis éteint trop tôt. Car l'homme est résilliant par nature, et sait s'adapter lorsqu'il en fait l'effort.
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Normalement, ça fait 1500 mots tout pile ! 😂
Matcatb voilà mon rendu, toujours un peu tôt, donc j'espère que je n'ai pas trop bâclé mon travail !
J'espère également que je ne suis pas tombée dans le hors sujet, ou bien dans le déjà-vu. J'ai fait de mon mieux pour que ça n'arrive pas, en tout cas. J'ai presque mis mon âme dans ce récit 😂
Et j'espère aussi que ça vous a plu, chers lecteurs qui me suivez. Je vous envoie plein d'amour ❤️❤️❤️
Amy 🌸
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