Mission d'écriture n°1 : l'écrit épistolaire
Cet écrit n'est pas le plus joyeux que j'ai écrit, au contraire, alors âme sensible, abstenez vous ! Il parle de violence, de désespoir et de mort, je vous aurai prévenus.
Ce sera un récit réaliste, de (vous me croyez ou non) 1500 mots tout pile ! 😂
Bonne lecture, en espérant y avoir mis toute l'émotion recherchée.
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Lettre du Mardi 9 mai :
Cher Papa,
Si tu savais à quel point tu me manques...
Depuis qu'ils m'ont emmenée loin de toi et enfermée dans cette chambre froide et terne, je perds chaque jour un peu de mes couleurs. Si tu me voyais ainsi, tu ne reconnaîtrais pas ta petite Julie, ton rayon de soleil comme tu aimes m'appeler. Ici, les nuages sont si présents qu'ils ne laissent pas de place à la lumière.
Mais le pire, c'est elle. Elle est toujours là, papa, jamais elle ne me laissera tranquille ! Elle me fait soufffrir, si tu savais comment ! Chaque jour, à longueur de temps, elle m'étrangle, elle m'étouffe, elle me force à avaler des cachets que je ne veux pas prendre, elle me fait faire des crises d'angoisse, des crises cardiaques... Elle me rend malade. Quand est-ce qu'elle partira ? Mais j'ai conscience que ça n'arrivera jamais. Tu as beau garder espoir que je puisse me libérer d'elle pour revenir te voir, tu sais qu'elle va finir par me tuer.
J'espère que tu vas bien à la maison. Ne viens pas me voir, je t'en prie. Je sais que tu ne supportes pas cet endroit qui me retient loin de toi. Je sais que tu souffres de la voir ici, si proche de moi, me faire du mal sans que tu ne puisses intervenir. Je sais qu'elle te fait du mal, à toi aussi.
C'est pourquoi, ne prends même pas la peine de me répondre, pas dans ton état de peine actuel.
Prends soin de toi,
Ta fille qui t'aime
Lettre du Jeudi 18 mai :
Papa chéri,
Je vois que tu as respecté ma volonté à la lettre, en ne me répondant pas, mais je ne t'en veux aucunement : ce doit être si dur pour toi !
Tu dois penser que tu es un mauvais père, que tu aurais pu l'empêcher de me tourner autour tel un charognard avide de sa proie, mais tu sais que tu n'y es pour rien. Ne regrette pas des choses que tu ne pouvais pas savoir lorsque tu m'as conçue. Tout le monde fait des erreurs, et je te le pardonne sincèrement. Tu ne pouvais pas savoir qu'elle serait derrière mon dos, dès les premiers instants de ma vie. Et tu ne pouvais pas savoir qu'elle me torturerait jusqu'à la mort.
Aujourd'hui, tout va pour le mieux, ce qui est rare, je te l'accorde. Le personnel ne peut malheureusement pas l'empêcher de venir me voir, ni même prévoir ses visites. Ce fantôme ne cessera jamais de me hanter. Mais, bizarrement, elle n'est pas encore venue aujourd'hui, c'est pourquoi je me porte comme un charme. Ils ne savent pas encore quand je pourrais sortir en toute sécurité. Ils ne me disent rien, mais je vois clair dans leur regard : ils ont trop peur que, si je pars, elle ne finisse par avoir ma peau.
Aïe, je crois que j'ai parlé trop vite... Je reconnaîtrais ces battements entre mille, tout comme son parfum doux amer. Elle arrive. Ma respiration s'accélère et ma main tremble. Je suis désolée, je dois y aller.
Excuse-moi de te transmettre toute ma douleur, toutes mes angoisses, à toi qui souffres déjà tant à cause de celle qui a brisé ton amour... En tout cas je garde espoir : nous allons très bientôt nous revoir, et elle sera loin de nous, je te le promets !
Je t'aime,
Julie
Lettre du Lundi 22 mai :
Papa,
Je ne veux pas t'inquiéter, mais, la dernière fois qu'elle a frappé, elle a frappé fort. Je crois que je me suis évanouie, et le docteur qui m'a prise en charge avait une drôle de tête lorsque je suis revenue à moi. Il a dit que ça devenait urgent, que j'étais en danger. Qu'il fallait qu'on l'arrache à moi, qu'on fasse tout pour qu'elle ne puisse plus me nuire. Quand je suis revenue dans ma chambre, ceux qui s'occupent de moi ont dit qu'ils allaient essayer quelque chose, mais ils m'ont pas garanti que ça allait fonctionner.
Mais je veux à tout prix que cela fonctionne, moi ! Je veux qu'elle s'en aille, une bonne fois pour toutes ! C'est de pire en pire, ses visites sont de plus en plus fréquentes. Elle me fait suffoquer, vomir, pleurer, hurler toute ma rage et mon désespoir. Et le pire, c'est qu'ils ne font rien pour l'arrêter. La dernière fois, j'ai bien cru y passer. J'ai peur... et j'ai si mal, si tu savais ! Mes larmes vont finir par me noyer.
Alors, ce qu'ils m'offrent aujourd'hui, c'est un cadeau à double tranchant. Ce couteau aiguisé avec lequel il est dangereux de jouer me permettrait peut-être de la tuer, ou peut-être bien que c'est elle qui me tuera avec. Cette arme, c'est l'espoir. Mais à trop espérer, on peut finir par se brûler. Ainsi j'espère qu'il ne va pas me consumer.
Bisous,
Ta Julie
Lettre du Mercredi 24 mai :
Papa !
Mes responsables ici se sont renseignés sur la procédure et sa réglementation et pensent réellement que ça fonctionnera ! Si tu savais comme je suis heureuse !
L'opération commencera demain et, si tout se passe bien, je serai en sécurité d'ici la fin du mois, elle ne pourra plus m'atteindre ! Je serai de retour à la maison, pour mon anniversaire... C'est le plus beau cadeau qu'on ait pu me faire. Alors, depuis ce matin jusque tard dans la nuit, en ce moment même où je t'écris, je me bats. Contre elle et son souvenir qui me hante chaque instant. Contre ce manque d'air qu'elle m'impose, car elle me le prend tout entier, même lorsqu'elle n'est pas directement là. Contre ces suées froides qui me viennent en pleine nuit, m'éveillant de ces cauchemars où je me vois morte, avec elle qui ricane au dessus de mon cadavre. Et contre ce cœur qui me fait mal, oh si mal à cause d'elle !
Oui, je me bats. Je vais lui mettre une bonne raclée, à elle et sa foutue manie de me faire souffrir dès qu'elle vient, dès que je trouve une once de bonheur ! Elle va regretter de s'être permis toutes ces choses sur moi, le long de ma vie. Cela fait longtemps qu'elle gagne du terrain sur mon être et ma santé, qu'elle est si souvent présente, si violente et passionnée que je croirais la voir tatouée sur ma peau. Elle va regretter aussi d'avoir atteint ton cœur, d'avoir tué la femme que tu aimais en nous faisant du mal. Je l'arrêterai avant qu'elle n'arrête mon cœur.
Oui, je vais me battre, papa, jusqu'à ce que l'une de nous ne baisse les armes. Car c'est soit elle, soit moi. Nous ne pouvons pas vivre toutes les deux ensemble, c'est impossible. Nous nous détruisons mutuellement.
À très vite,
Ta fille qui sera bientôt auprès de toi.
Lettre du Samedi 27 mai :
Papa...
Le protocole n'a pas marché. Je crois qu'il l'a même énervée.
L'autre jour, elle s'est déchaînée sur moi. Elle y a mis toute sa colère, toute sa puissance et tout son amour destructeur. Elle m'a fait comprendre qu'elle restera toujours auprès de moi. Toujours. Alors, maintenant, elle ne me quitte plus. En ce moment, alors que je gratte le papier sur lequel mon regard reste rivé, je sens sa présence devant moi. Ou derrière. Ou même en moi. Elle est partout, et elle le restera.
Hier soir, alors que je me levais pour aller aux toilettes, elle est venue et elle m'a oppressée. Je ne parvenais plus à respirer. Mon regard s'est voilé, et je ne sais plus si elle m'a lâchée, mais je crois que je suis tombée dans les escaliers. À mon réveil, mon corps était couvert de bleus, et je me sentais si faible...
Je suis tellement seule... J'ai besoin de toi, papa. On m'a dit qu'on allait essayer de te faire venir pour le jour de mes dix-huit ans, mercredi prochain. Je ne veux pas te faire souffrir, mais j'espère secrètement que tu seras là. Et aussi que je serais là, moi aussi, car je le sens : ma fin est proche.
Quoi qu'il arrive, je veux que tu sois heureux après moi. Oublie-moi, oublie-la et refais ta vie sans nous. Tu le mérites.
Avec tout mon amour,
Julie
Lettre du Lundi 29 mai :
Papa, elle est insupportable !
Je ne respire plus, je ne peux même plus sortir de mon lit : j'ai trop peur qu'elle ne me tue ! Je sens son regard sans cesse posé sur moi, et ma cage thoracique qui se resserre lentement... Elle me consume à petit feu.
Je la sens arriver avec la faucheuse...
À mercredi, j'espère,
Julie
Lettre du Mardi 30 mai :
Il est bientôt minuit. Je veux tenir pour toi, pour mes dix-huit ans, mais je n'en ai plus la force. Rien qu'écrire m'épuise. Mon cœur bondit follement. Il va s'arrêter. C'est la fin, cette foutue maladie va m'emporter. Mais ce n'est pas la fin pour toi. Survis moi. Je t'ai-
...
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