CHAPITRE 20

PDV EMILY

Je courais de toutes mes forces, afin de mettre le plus de distance entre lui et moi. Même si il était loin, j'étais quand même en plein fou rire, toute seule, au milieu de cette rue. Cette fois-ci, je faisais attention de ne pas glisser de nouveau sur une plaque de verglas.

« Emily ! Tu vas me le payer ! » l'entendis-je hurler derrière moi.

Je regardai par-dessus mon épaule et vérifiai à quelle distance il était de moi.

Quelques mètres seulement.

J'accélérai ma cadence, puis tournai rapidement afin d'entrer dans une ruelle sombre. On n'y voyait quasiment rien, mais assez pour apercevoir une poubelle qui prenait bien la moitié de l'espace restreint entre les deux murs. J'allai m'y réfugiai le plus rapidement possible, puis m'accroupis afin de cacher chaque parcelle de mon corps derrière ce cube puant les déchets ménagers.

« Emily ? » m'interpella-t-il à l'entrée de la ruelle.

Je luttai contre moi-même afin de ne pas exploser de rire, ce qui m'aurait fait remarquer directement. Je retenais inconsciemment ma respiration afin de ne laisser aucun son me trahir, jusqu'à ce que je n'eus plus d'air dans mes poumons, et inspirai le plus fortement possible.

« Je savais bien que tu étais là ! » s'exclama-t-il avant d'accourir jusque moi.

J'allai me relever lorsqu'il me plaqua contre le mur, me regardant dans les yeux. Je pouvais apercevoir la clarté de ses yeux dans cette obscurité -quasi- totale ainsi que ses cheveux qui étaient mis, comme d'habitude, en bataille.

« Lâche-moi ! » ris-je.

« Pourquoi ? » me défia-t-il.

« Car je suis la Reine Emily, et que tu dois m'obéir ! » tentai-je.

Mauvaise réponse.

« Une reine ne se cache pas derrière une poubelle.. » sourit-il.

J'essayai de sortir de son emprise, mais il tenait fermement mes poignets qui étaient plaqués contre le mur derrière moi. Je me sentais vraiment faible à ses côtés. Si j'avais été un garçon, j'aurais pu m'extirper de ses muscles, mais là, je n'avais aucune chance.

Il commence à approcher son visage du mien, voulant certainement me faire peur, ce qui était réussi. Je n'avais pas peur qu'il me fasse du mal, non, je savais qu'il n'oserait pas, mais j'avais peur qu'il se venge -gentiment- après le coup que je lui avais fait quelques minutes plus tôt.

Alors que je sentais son étreinte de plus en plus envahissante, prise d'un élan de courage, je le poussais de toutes mes forces. Je réussis à l'éloigner de moi, puis je me mis à courir de nouveau pour enfin sortir de cette ruelle obscure et malodorante.

Une fois dans la jolie clarté du jour, je regardai à droite puis à gauche. Je ne connaissais pas beaucoup ce côté de la ville, car j'habitais dans les anciennes maisons, et ici était une nouvelle rue, fraîchement construite.

Je me mis à traverser la route pour enfin atterrir sur le trottoir d'en face, aussi glacé que le second. Le sol était jonché de verglas, et je devais me concentrer fortement pour ne pas trébucher. Ethan était en train de me rouspéter dessus, quelques mètres derrière moi, ce qui m'encourageait à accélérer. Je ne devais pas tomber. Le moindre faux pas et j'étais morte.

Soudainement, j'eus la mauvaise idée de traverser la route, alors que le bonhomme était rouge. Si j'avais su..

Je traversai le plus rapidement, et Ethan était juste à deux mêtres de moi désormais. Je pouvais l'entendre haleter dans mon dos, tellement le froid nous étouffait.

Je mis un pied sur la route, et commençai à accélérer. Je venais d'arriver sur le trottoir d'en face lorsque j'entendis un choc derrière moi. Je n'eus pas le temps de réagir, que l'inévitable se produisit.

Lorsque je me retournai, le spectacle était atroce.

Ethan était étendu sur le sol, jonchant dans son propre sang. Le liquide rougeâtre contrastait avec la blancheur des routes, et j'eus un haut de cœur lorsque j'aperçus qu'il avait une plaie ouverte ou niveau du bras. Je pouvais apercevoir - il me semblait - son os, ainsi que quelques filaments rosâtres qui me donnaient la nausée.

C'était ma faute.

La première émotion que j'eus ressenti était la peur, la seconde était la culpabilité. Si je n'avais pas traversé cette rue, jamais il n'aurait était étendu sur cette rouge, couvert de sang.

« Mademoiselle ! Appelez une ambulance ! » m'extirpa l'homme de mes pensées.

Je secouais la tête légèrement, montrant mon choc à cette situation, et mon incompréhension à ce qu'il venait de me demander. En effet, je n'avais pas très bien entendu ce qu'il venait de dire, mais je pus le deviner facilement.

« Une ambulance ! » répéta-t-il.

J'écarquillai des yeux, et me rendis -pour la première fois- compte que la situation dans laquelle Ethan était était décisive.

J'appelai difficilement les pompiers, tremblant de tout mon corps et bégayant comme si je n'avais jamais parlé de ma vie. Un camion vint chercher Ethan quelques minutes plus tard. Il devait certainement être en hypothermie. En effet, depuis quelques minutes, il venait de neiger, et sa plaie ne cessait d'être recouverte peu à peu de cette substance gelée.

Ma faute. Ma faute. Ma faute.

PDV ETHAN

J'ouvris difficilement les yeux, et la première chose que je ressentis fus une terrible douleur au niveau du bras. Je sentais comme des fourmis dans mes doigts, mais je savais que ce n'était pas normal.

Je mis plusieurs secondes à me rendre compte que je n'étais pas chez moi, dans mon lit, mais dans une chambre d'hôpital. J'étais seul, mais depuis combien de temps ?

Je voulus me lever, mais lorsque je me penchai en avant, une terrible crampe me prit dans le bas du dos, me forçant à me rallonger contre le coussin.

« Aïïouh.. » lâchai-je en me repositionnant correctement.

J'aperçus mes deux bras qui étaient reliés par des fils qui entraient dans ma peau, par lequel s'injectait un liquide transparent. Ce devait-être sûrement des anti-douleurs, ou alors de l'eau.

Mais non Ethan, pourquoi t'injecteraient-ils de l'eau dans le sang ?

Je roulai des yeux, me rendant compte de la sottise que je venais de penser.

« Ethan ? »

Je tournai la tête vers la voix qui venait de s'adresser à moi. Une femme venait d'entrer dans la chambre, en tenue d'infirmière, et vint poser sa main sur mon front.

« Tu te sens bien ? » me demanda-t-elle avant d'appuyer sur le bouton qui se trouvait à ma droite.

« J'ai mal au bras.. » me plaignis-je.

« C'est normal.. »

Je la regardai dans les yeux, mais je remarquai qu'elle évitait mon regard. Pourquoi ?

« Qui êtes-vous ? » demandai-je.

Elle sembla être étonnée de ma question, puis son visage se figea, et ne transmit plus aucune émotion. Elle esquissa un léger sourire -qui me paraissait hypocrite- avant de me répondre :

« Juste ton médecin. »

Bizarrement, je ne la crus pas, et remarquai un certain malaise entre nous. J'allai poser d'autres questions lorsque nous fûmes interrompus par deux autres médecins qui entrèrent dans la chambre et vinrent me voir :

« Ethan ? Tu es enfin réveillé ! » s'écria le premier.

« On a failli ne plus y croire ! » s'exclama le second.

La femme qui se tenait à mes côtés fit un regard désapprobateur aux deux médecins avant de concentrer son attention de nouveau sur moi :

« Désolé.. J'ai quelques questions à te poser.. C'est extrêmement important, et réfléchis avant de répondre.. Essaie de te souvenir. » me dit-elle sérieusement en passant ses cheveux derrière son oreille avant de continuer : « Te souviens-tu de ce qu'il s'est passé ? »

Ce qu'il s'était passé ?

J'essayai de me souvenir, mais je me souvins simplement d'une fête dans laquelle j'étais. Je dansais avec une fille, assez collé serré puis.. plus rien.

« Non.. »

L'un des médecins prit des notes sur un carnet avant de me regarder de nouveau, assez fixement.

« Quelle est la dernière chose à laquelle tu te souviens ? » me questionna-t-elle.

« J'étais à une fête.. et, une fille me chauffait.. Enfin.. on dansait très chaudement, puis elle m'a invité à boire un verre.. Et.. plus rien.. » grimaçai-je.

Dés le début, rien qu'avec l'expression que tenait la jeune femme, j'avais deviné que ce que je disais ne présageait rien de bon, et cela se confirma : 

« Bon.. il semble que tu ne te rappelles plus de ton accident. Ethan.. » Elle posa ses mains sur le bord de mon lit avant de se pencher légèrement sur moi. « Tu as été renversé par une voiture, il y a déjà 5 semaines. Tu étais dans le coma, et nous avions presque perdu espoir à ce qu'un jour tu ne te réveilles. Tu es sûr de ne pas te souvenir ? » 

« Bah.. je.. » J'essayai de me concentrer, mais aucune image ne vint. « Non.. »

Elle lança un regard aux médecins qui acquiescèrent d'un mouvement de tête. Ils partirent tous les trois de la pièce, me laissant seul au milieu de celle-ci.

« Mais attendez ! Expliquez-moi ! » m'exclamai-je.

Je n'eus aucune réponse. Seulement un claquement de porte assez violent, suivi d'un long silence pesant. Je pouvais entendre des gens marchaient et discutaient dans le couloir à travers les murs qui semblaient être assez fins et creux.

« Y'a quelqu'un ? » criai-je faiblement.

Je sursautai.

La porte venait de s'ouvrir en trombe, laissant une fille entrer dans ma chambre, et accourus jusque moi :

« ETHAN ! »

Elle me prit dans ses bras et me serra contre elle, me faisant gémir de douleur à cause de mon bras.

« Oh.. désolée.. » s'excusa-t-elle.

Je la dévisageai, lançant un regard qui voulait dire « Mais es-tu folle ? Qui es-tu ? »

« Tu es enfin réveillé ! Avec maman on est venu presque tous les jours ! » s'enthousiasma-t-elle.

« Maman ? » lançai-je.

Elle rit puis ajouta : « Bah oui Maman ! De qui veux-tu que je parle ? » sourit-elle.

Je la détaillai de mes yeux : Elle avait l'air d'avoir la douzaine d'année, elle la peau légèrement mate, les cheveux bruns ainsi que des yeux marrons très foncés. Elle devait faire aux alentours de 1m60 et était coiffée d'une queue de cheval qui élevaient légèrement ses cheveux.

« Pourquoi tu me fixes comme ça ? » demanda-t-elle.

« T'es qui ? »

Les mots sortirent tout seul. C'était peut-être maladroit, voire sûr, mais je devais comprendre. J'avais l'impression de m'être endormi des années et des années, et de ne me souvenir de plus rien. J'étais tellement fatigué que mes paupières se refermaient à moitié, et je luttais pour rester éveillé; sûrement l'effet des médicaments qui continuait à entrer peu à peu dans mes veines.

« Tu.. ne te souviens plus de moi..? »

Sa voix venait de se couper juste à la fin de sa phrase, montrant une certaine inquiétude ainsi qu'une tristesse qu'elle n'essayait pas de cacher.

Je répondis négativement d'un léger mouvement de tête. Je vis ses yeux commencer à briller, et je me rendis compte que je venais de lui faire mal. Je n'eus pas le temps de l'appeler, qu'elle était déjà partie hors de la chambre, laissant la porte ouverte derrière elle..

[Désolé désolé désolé du retard ! Je vous ai fait attendre, et je m'en excuse.. 

J'espère cependant que ce chapitre vous plaît ! (Enfin.. le lire..) Oui, car ce chapitre n'est pas des plus heureux, en effet.. :/ 

Alors, que pensez-vous de cet accident ? Qui est cette fille ? Qui est cette étrange infirmière ? Que pensez-vous d'Emily ? De son comportement ? Est-ce de sa faute ? Ahlala, tant de questions.. BREF, je vous aime ! A bientôt pour les prochains chapitres ! Bonne lecture ! *-* Bisous sucrés !]