J'ai découvert saint Sébastien par l'intermédiaire de Yukio Mishima. Dans son roman autobiographique Confession d'un masque, Mishima raconte comment, adolescent, il a développé une fascination (érotique) pour la figure de saint Sébastien après avoir découvert dans un livre d'art le portrait qu'en a fait Guido Reni. Fascination qui ne l'a jamais quitté puisque deux ans avant sa mort, il s'est fait photographié reproduisant le fameux tableau de Guido Reni !

(Le tableau de Guido Reni en question)

Cette anecdote, plutôt marrante, s'inscrit dans une longue tradition artistique : saint Sébastien, à partir de la Renaissance, passe d'une iconographie de martyr chrétien tout ce qu'il y a de plus normal à une iconographie de plus en plus... homoérotique. Le sujet s'y prête : on le représente le plus souvent comme un bel éphèbe, les mains attachées à un arbre, le corps percé de flèches, ce qui permet des représentations plutôt sensuelles.

J'aime bien saint Sébastien. J'aime bien son histoire, autant celle de sa légende que celle de son iconographie changeante au cours de l'histoire de l'art. Ses attributs sont facilement reconnaissables, il donne l'occasion de s'exercer à l'anatomie et à des positions gracieuses. Donc j'en ai dessiné quelques uns !

Celui-ci, recopié au Bic d'après le Guido Reni montré plus haut. (Le visage est différent, c'est normal, je l'ai adapté pour lui donner les traits d'un de mes OCs plus ou moins associé à saint Sébastien.) Pour un truc fait sur un coin de feuille sans passer par un croquis au crayon de papier, il s'en sort plutôt pas mal !

Celui-ci, réalisé sur une feuille de brouillon (qui explique les mochetés autour) d'après photo. Je l'aime vraiment bien. J'avais essayé de le reporter au propre, en plus grand, malheureusement les proportions ont souffert du transfert - peut-être que je vous le montrerai un de ces jours, reporté au propre, dans un autre chapitre ?

Celui-ci diffère un peu des autres. Je l'ai réalisé dans le cadre du concours de dessin de @miayukki , qui portait sur le thème "blessure". L'idée vient d'une nouvelle que j'écris (qui tourne autour de l'OC que j'ai évoqué un tout petit peu plus haut), et qui comporte un passage au cours duquel le narrateur (jeune homme un peu tordu qui s'identifie à Mishima) rapproche l'image d'un junkie en pleine overdose d'héroïne à l'iconographie de saint Sébastien, dans une version où les flèches auraient été remplacées par une seringue et les cordes par la ceinture avec laquelle l'héroïnomane a garrotté son bras pour se piquer.

(Petit close-up haut du corps. La forme du visage est "meh" à cause de l'angle mais j'aime bien les grosses larmes qui coulent du coin des yeux. Le côté "révulsé" des yeux était plus difficile à obtenir que je ne l'avais anticipé, les pupilles étaient toujours soit trop cachées sous la paupière soit pas assez. Je regrette juste d'avoir oublié de lui mettre un peu de salive au coin de la bouche, pour vraiment renforcer le côté glauque de l'overdose.)

Pas de référence pour cette image-là, et malheureusement, ça se sent. Mais je l'aime bien quand même, parce que l'idée est plutôt originale. Je l'ai fini à quelque chose comme 22 h 30 la veille de la fin du concours, alors je n'ai pas eu le temps d'en faire une meilleure version, plus propre (impossible de prendre une photo plus clean que ça d'ailleurs), mais j'aimerais bien le passer à l'aquarelle ou au digital un de ces jours...

C'est tout pour moi ; j'ai encore quelques autres saint Sébastien dans ma galerie, essentiellement faits dans des marges de cahier et pas tous très convaincants, mais je vous ai en sorti trois que j'aime bien. La prochaine fois, peut-être en aurais-je transféré un au digital ?

En attendant, prenez soin de vous, et à la prochaine !

16/11/24