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Changkyun me conduit dans son appartement, après de longues, mais agréables, minutes de marche. Après avoir monté deux étages, il s'arrête devant une porte, sors sa clé et l'introduit dans sa serrure.
Il allume la lumière, et devant moi se tient un petit, mais joli appartement. À gauche, il y a une cuisine, avec la salle à manger au fond. Le salon est à droite, derrière, une porte coulissante laisse sûrement place à la chambre.
Changkyun enlève son manteau et le pose sur son canapé. Il me propose de poser le mien, donc je lui donne.
« - Changkyun, il y a un problème.
- Lequel ?
- Je n'ai pas mes affaires...
- Ce n'est pas grave ! Je te prêterai des habits à moi.
- Oh, c'est gentil. »
Je souris, lui aussi, il me demande de le suivre, puis il se dirige vers la porte coulissante. Il l'ouvre, ce qui nous conduit effectivement à sa chambre, avec une autre porte en face de nous, qui est une salle de bain.
« - Mais il n'y a qu'un lit ?
- Oui, deux places, ça te gêne qu'on dorme ensemble ?
- Euh...
- Sinon je peux dormir sur le canapé, pas de problème !
- Et bien... Non ça ne me dérange pas, pourquoi pas ?
- Super alors ! »
Il me sourit, puis il prend des vêtements dans son armoire et les pose sur le lit:
« - Je t'ai sorti plusieurs pyjama, choisis-en un ! En attendant je vais me doucher, fais comme chez toi.
- D'accord. »
Il prend quelques affaires à lui, puis il part dans la salle de bain. Quand j'entends le son de l'eau qui coule, je regarde les pyjama de Changkyun. Il y en a quatre, après réflexion, je prends un débardeur blanc avec le bermuda noir assorti. Alors que je déplie le haut, je le fais tomber, puis il glisse sous le lit.
Je me baisse pour aller le chercher, il fait tout noir, je ne vois pas le pyjama. J'étire mon bras et tâtonne, et je tombe sur quelque chose, je le prends et la ramène vers moi.
C'est une boîte, je me suis trompé. J'ai une envie irrésistible de l'ouvrir. Non Kihyun, ce ne serait pas bien, je n'aimerais pas que Changkyun fasse la même chose pour moi. Pourtant, j'ai le sentiment que si je ne le fais pas, j'allais le regretter toute ma vie.
Sans réfléchir, je souffle dessus en raison de nombreux moutons de poussières qui recouvrent le carton.
Je l'ouvre, et je découvre un grand carnet rouge, épais, sans écriture. J'ouvre le cahier par hasard, vers la fin, et je lis:
« Quand je t'ai vu, sous la pluie battante, ton corps inanimé, tes yeux fermés pour toujours, j'ai cru que j'étais dans un rêve. Ou plutôt un cauchemar, qui se répète en boucle.
Chaque seconde où je pense à toi est comme une lame tranchante, tailladant lentement ma peau, qui s'accélère quand nos heureux souvenirs me reviennent en mémoire. Ce manège infernal, qui ralentit, s'accélère, s'arrête un court instant, puis repart, revient tous les jours, même la nuit.
Depuis que tu n'es plus de ce monde, aucune personne ne m'intéresse , je n'ai envie de connaître personne, car si je vais trop loin, je risque de tomber encore une fois, qui serait peut-être la dernière.
Je ne veux plus connaître ce sentiment qui fait si mal, qui tant d'années m'a fait vivre, et qui en quelques instants a tout inversé.
Tout le monde dit que l'amour nous faisait vivre, et qu'on finirait par trouver notre "âme sœur ".
Seulement, c'était toi la personne qui me complétait, qui était faite pour moi.
Moi, je vois l'amour comme un poison, au début tu es heureux, tu te sens vivant, comme tu ne l'as jamais été, et petit à petit il te détruit de l'intérieur, sans pitié.
Toi seul avait donné un sens à ma vie, tu m'avais fait croire en mes rêves, en moi-même. Je suis perdu maintenant, dans une forêt sombre, sans lumière, sans étoile pour me guider. Je ne fais que tomber, trébucher, me faire mal, donc je reste couché, en attendant que quelqu'un vienne. Mais qui m'aiderait ?
Pendant des années je t'ai aimé comme un fou, à en perdre le sommeil, sans pouvoir te le dire. Et quand cet être extraordinaire qui était tout pour moi a quitté ton corps, je vis chaque seconde avec des remords, avec la même scène qui se répète encore et encore.
Tu es mort sans savoir que je t'aimais de toute mon âme, et sans que je sache si tu m'aimais en retour.
Je ne suis qu'un pantin abimé, cassé, torturé par la vie. Je n'attends plus rien d'elle, au contraire, j'attendais la mort.
J'ai voulu essayer plusieurs fois, mais je n'avais pas la force. Je ne savais pas pourquoi quelque chose m'empêchait de mettre fin à ma souffrance. Tu croyais à l'au-delà, non ? Tu croyais aux anges, aux signes de la vie qui nous guidaient pour une vie meilleure.
Tu pensais que chaque étoile incarnait chaque défunt, donc pendant la nuit, je regarde le ciel, me demandant laquelle était la tienne. Tu disais que chacune veillait sur un vivant, est-ce toi qui veille sur moi ?
Je voulais y croire, mais petit à petit je perdais espoir. Es-tu là Kwangji ? Es-tu mon ange ? Mon étoile ?
C'est étrange mais, en une soirée, une personne, sans qu'elle ne la sache, m'a donné espoir, m'a fait croire de nouveau à tout ce que tu croyais.
Comme un ange tombé du ciel, cette personne m'a bouleversé au plus profond de mon âme.
Serait-ce un de tes signes ? Changerait-elle ma vie ?
Je crois que la réponse est oui, j'ai peur de cette amitié, pourtant elle m'attire dangereusement. J'ai peur, même si je l'oublie quand je suis avec elle, elle revient chaque soir, suivi de nombreuses larmes que personne ne peut sécher, sauf moi-même, aussi perdu qu'un enfant loin de sa mère.
Je me sens bien avec elle, aussi bien qu'avec toi, je me sens affreusement coupable. Coupable de t'oublier petit à petit, contre ma volonté.
Tout est de ma faute, je n'aurais jamais dû prendre cette route... »
« Kihyun ? »
Je sursaute, je me retourne et je vois Changkyun, vêtu de son pyjama, les yeux ronds. Je ne savais pas quelle émotion il ressentait en ce moment même, mais je pose le carnet sur le lit:
« - Changkyun je...
- Pourquoi tu as fais ça Kihyun ?
- Changkyun, ne te mets pas en colère, s'il-te-plaît laisse-moi parler...
- Je te faisais confiance !
- Mais tu me fais confiance, pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?
- Tu crois que c'est si facile ? Tu ne peux pas comprendre.
- Mais bien-sûr que si ! Moi aussi j'ai perdu celle que j'aimais !
- Il n'y a pas que ça Kihyun !
- Mais dis-moi Changkyun ! Tout ce que je veux, c'est t'aider !
- Pars Kihyun ! Sors de ma vie et ne reviens plus jamais !
- Mais...
- Je t'ai demandé de partir ! On sera bien mieux sans l'autre. »
Sans dire un mot, je sors de la chambre, je prends mon manteau et je ferme violemment la porte.
Je descends rapidement les escaliers. J'ai failli tomber plusieurs fois à cause des larmes qui brouillent mes yeux.
« Je te faisais confiance... »
« Sors de ma vie... »
« Ne reviens plus jamais... »
« On sera bien mieux sans l'autre... »
Ces quatre phrases tournent sans arrêt dans mon esprit.
Je cours, à bout de souffle, jusqu'à mon appartement. Le froid transperce mes vêtements, mais je continue. J'ai besoin de rentrer chez moi.
Arrivé au bout de l'escalier, je sors prescipitemment ma clé, pour ouvrir la porte. Je le referme violemment derrière moi, et je m'effondre, incapable de continuer.
Je pleure pendant des heures, sans pouvoir m'arrêter. Des milliers de questions se bousculent dans ma tête, comme d'habitude. Je m'insulte, moi, Changkyun, mes amis, le monde entier.
« Sors de ma vie, ne reviens plus jamais... »
Je revois cette douloureuse scène, toutes les phrases qu'il a écrites qui me reviennent en tête.
Je ne mérite pas de vivre. Tout est de ma faute.
Je n'aurais jamais dû le rencontrer, je n'aurais jamais dû aller au parc ce soir-là.
À cause de moi je nous ai blessé plus qu'on ne l'était. D'énormes sanglots m'empêchent de respirer, les larmes traversent mon tee-shirt, comme de fines lames glacées.
Changkyun avait raison dans ce qu'il avait écrit : l'amour est un poison qui te consume peu à peu. Je ne suis qu'un pantin torturé par l'amour, au coeur déchiré en morceaux, un enfant perdu dans le noir, dans l'attente d'un miracle, même si il n'y croyait plus.
J'avais perdu tout espoir, alors que Changkyun m'avait fait revivre, et croire à nouveau.
Aurai-je la force d'y croire à nouveau ?
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