Après un sommeil épuisant mais surtout ennuyeux, j'avais entendu une voix toute proche de moi m'appeler. On dirait la voix. Oui. C'était elle. Celle que j'avais entendu l'autre jour durant l'enterrement. Je rouvris mes yeux un par un. A ma plus grande surprise, une lumière extrêmement brillante était devant moi. Je plissai plusieurs fois des yeux pour m'y adapter. J'inspectai les alentours pensant que Nick ou une autre personne m'éclairait le visage avec une lampe, pourtant il n'y avait quelqu'un d'autre à part moi et cette.... Je ne savais même pas ce que c'était. Je restais immobilisée un long moment tout en la détaillant. Mon cœur tambourinait à une vitesse indéterminée lorsque je distinguai une forme humaine sous cette blancheur. C'était encore plus pire quand cette "créature" se mit à parler. Je paniquais sans bouger. La tête tourmentée, les yeux rivés sur cette "chose" dont j'ignore encore comment elle pouvait s'appeler, j'essayais tant bien que mal de parvenir à deviner la cause de son existence. J'entendais quelques bribes de ses paroles. Mais pourtant, je refusai d'y croire. Je décelais par ces gestes qu'elle voulait me rassurer. Je commençais alors à bégayer ce prénom qui m'était plus que chère.

          Elle continuait à me parler et je la répondais sans trop savoir ce que je disais. Au bout d'une dizaine de minutes, j'explosai en sanglots tout en répétant les même mots.... Les même excuses... Comme si Lesly pouvait m'entendre... Mes larmes rendaient flous tout ce que je voyais. Y compris ce visage triste devant moi. J'arrivais à peine à respirer tellement mes sentiments surpassaient tout mon être. Je ne pouvais jamais décrire ce je ressentais en ce temps précis. Tout était confus dans ma tête. Comment était-ce possible ? Comment pouvais-je la revoir alors que l'on venait de l'enterrer ? Je ne pouvais pas y croire. Non. Impossible. C'était impossible.

           Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour essuyer ces maudites larmes. Dès que mes yeux séchaient, il ne suffisait pas plus d'une seconde pour qu'ils s'humidifient. Une boule se forma dans ma gorge. Un nœud tordait mon estomac. Je respirais irrégulièrement. Je suffoquais à l'intérieur de moi et pourtant je ne laissais rien apparaître. Un mal de tête repris possession de mon cerveau. Je reportais mon regard vers cette "créature". Malgré sa clarté, je distinguai avec peine une lueur d'espoir. Son visage désormais gravé dans ma mémoire. J'étais perdue. Je ne savais plus si c'était la réalité ou un rêve. C'était pitoyable. Je suis pitoyable. J'avais honte de moi-même. Mes imaginations dépassaient vraiment les limites. Des bruits de pas me fit sursauter. Je m'assis rapidement en tailleur sur le canapé regardant autour de moi. Mes larmes cessèrent instantanément. Nick ouvrit la porte et me demanda ce qui s'était passé. Il retourna à son bureau dès que j'eus trouvé une excuse bidon, il me recommanda de reprendre des cachets pour arriver à trouver le sommeil. " J'ai sûrement rêvé à voix haute" me répétais-je à moi-même. Ces mots sonnaient si faux dans ma tête....

          Le lendemain, ne trouvant pas Nick à la maison, je partis pour récupérer Ozzy le chien de Lesly. Comme cela, sa compagnie pourrait me faire oublier ce vide qui était en train de me détruire petit à petit.... et de jours en jours.....

           Quelques instants après notre arrivée, le téléphone fixe de la demeure sonna. Mes sourcils se fronçaient à l'entente de la voix d'un homme à l'autre bout du fil.

"Allô ! Ici Fred. Lesly est-ce que c'est toi? Demanda-t-il.

-Non.... Je suis Anna sa meilleure amie, hésitais-je à répondre. Que voulez-vous monsieur?

-Ah.... Je m'appelle Frédéric Logan, le cousin de Lesly, je voudrais la voir pour lui donné ce qu'elle m'a demandé. Heu... Est-ce qu'elle est là ? Continua l'homme.

-Je.... Hum.... Elle... On ne vous a rien dit à son sujet?

-Non... Pas à ce que je sache... Qu'est-ce qui lui est arrivé? Où est-elle?

-Et bien.... Elle... Elle a eu un accident récemment. J'hésitais à continuer, une boule se reforma dans ma gorge. Elle... N'y a pas survécu...."

           A un moment donné, je crus entendre un cris étouffé. Puis, ce fût un silence angoissant qui régna. Au bout de plusieurs minutes, il reprit la conversation non sans prendre un grand souffle.

"En fait, Lesly et moi avions décider de se rencontrer pour que je lui remette des dossiers concernant son ex-petit ami. Je suis à Londres, mais je pourrais prendre un vol demain. Pourrions-nous nous rencontrer la matinée ? J'aimerai beaucoup vous parler.

-Je... Je vous donne un lieu de rendez-vous, prenez note", dis-je après maintes et une réflexion.

          Je lui avais donné une adresse de cafétéria plus éloigné du quartier.
Cette discussion m'avait laissé sans voix, Lesly avait confié des choses à une autre personne que moi. Ce devait être tellement grave pour qu'elle ne m'en a pas parlé. Plusieurs questions se fusaient. Et ça recommençait. Les questions sans réponses.

            En après-midi, Nick rentra. Voyant le chien qui aboyait, il pénétra dans la cuisine, furieux.

" Qu'est-ce que c'est que ça ? Hurla-t-il.

-Quoi donc?

-Ce chien! Comment oses-tu ramener ce chien dans cette maison sans ma permission?

-Depuis quand dois-je avoir ta permission pour ramener une chose dans MA maison?

-Sors-le d'ici! Tu sais bien que j'ai horreur des chiens! Je suis allergique!

-De puis quand? Ce n'est que le chien de Lesly. Il ne te fera rien. C'est la seule chose qui me reste d'elle. T'as déjà vendu tous ses objets valeureux et hors de question que je m'en débarrasse. Si tu n'es pas content va dans un hôtel, conclus-je.

-Tu es devenue agaçante. J'ai appelé Jeffrey mon ami psychiatre. J'ai pris rendez-vous avec lui, il est libre demain et tu viens avec moi.

-Comment ? Je ne suis pas folle et je n'irai pas!"

         Je sortis de la pièce avec ses derniers mots. Je n'avais pas l'intention de rencontrer ce soit-disant psychiatre. Depuis ce matin, je me suis rendu compte qu'un ange veillait à mon bien-être. Je n'avais plus à avoir peur. Et en plus, je devais voir ce cousin demain.

             Je couchai Ozzy dans le salon. Nick était parti depuis notre dispute, décidément, il n'aimait vraiment pas ce chien. Je montai rejoindre ma chambre pour dormir. Qui savait si je rêverai d'elle encore une fois?

Au bout de quelques minutes, j'entendis des bruits. Ma pensée se dirigea tout de suite vers mon chien. Pourtant, je distinguai que c'étaient des pas. Des pas lourds et lents. Ils s'approchèrent. Et d'un coup, le silence total. La poignée tournait et ma porte s'ouvrit sur une ombre noire sous une apparence d'un homme. Elle n'avait ni visage ni cheveux mais cependant, elle semblait me voir. Elle s'avança doucement vers moi. En quelques enjambées, elle était devant moi. La panique me reprit immédiatement dès qu'elle brandit une arme visée sur ma tempe. J'étais en sueur. Je ne pus retenir mes larmes lorsqu'elle mit son doigt sur sa bouche inexistante signe que je ne devais en aucun cas crier. Pourtant, je tentai de hurler à l'aide mais aucun son ne sortit. Je me mordis les lèvres quand elle s'apprêtait à tirer. Je pleurais silencieusement sachant que je n'avais plus d'issues. La mort viendrait tôt ou tard. Et surtout au moment où vous n'y attendiez pas.

Je fermai les yeux.

Son doigt appuya sur la détente et un bruit sourd retentit.