III - Troisième Noël
Troisième Noël.
Le réveil a été difficile pour Adelphe, mais quand je vois le visage radieux de ma famille, je suis heureuse de l'avoir secoué. L'arracher au sommeil a toujours été quelque chose de déchirant pour moi. Il est si beau quand il dort. La bouche ouverte et les cheveux en désordre. Il sent si bon, une odeur de dodo mélangée à son odeur masculine.
Pour Arthur, Noël c'est sacré alors même si nous sommes en vacances, il fallait qu'on se lève. Aujourd'hui, le réveiller n'a pas été aussi difficile que d'habitude. J'ai hâte que voir ses yeux lorsqu'il découvrira mon cadeau...
Cette année, pas de ballon de basket pourri, pas de livre pompeux retraçant la vie de Napoléon. Mais une lettre. Une simple lettre.
Alice, de plus en plus belle et grandissant bien trop vite à mon goût, distribue les cadeaux. Mes petits anges grandissent, c'est consternant, j'aimerais que ce ne soit pas le cas. L'enfance nous préserve, aussi moche soit-elle, de certaines souffrances dont nous n'avons pas conscience et j'aimerais, rien que pour ça, qu'ils restent à jamais des enfants. Mais je n'ai malheureusement pas le pouvoir de les protéger de tous ces maux. Ils m'apportent tellement de bonheur.
Quand vient le moment où Adelphe reçoit l'enveloppe il est d'abord surpris. Il l'ouvre et lorsqu'il comprends qu'elle vient de moi, il me regarde de façon énigmatique.
- Lis là.
J'anticipe ses questions, il n'y a pas de temps à perdre. Ses yeux parcourent attentivement le papier. Je me souviens de chaque mot inscris au fur et à mesure que les expressions changent sur son visage. Au commencement il sourit, plus les lignes défilent et plus ses yeux s'embuent. Il croque sa lèvre, mamamia, je me damnerais pour lui quand il fait ce geste. Ça semble lui plaire, je le vois.
J'ai relu cette lettre des milliers de fois, je la connais par cœur, je pourrais même la lui lire sans l'avoir sous les yeux.
" Mon Adelphe, mon amour, ma vie.
J'ai décidé de t'écrire cette lettre pour te déclarer tout ce que je n'arrive pas à te dire. C'est tellement simple pour toi de t'exprimer, de me dire ce que tu ressens ou que tu m'aimes et j'ai conscience que ce n'est pas mon cas. J'aimerais pouvoir être aussi claire que toi, j'aimerais pouvoir te crier mon amour entre deux tartines au petit-déjeuner, mais je n'y parviens pas. Les mots ne me viennent pas. Crois-moi, je le regrette amèrement, quand je vois dans tes yeux que je ne réponds pas à tes attentes, ça me tue. Alors j'ai décidé de mettre les choses au clair dans cette lettre, pour que jamais tu ne doutes de l'amour que je te portes.
"L'amour dure trois ans", du moins c'est que certains pensent, mais ce n'est pas le cas. Je te l'affirme solennellement. Quand l'amour est pure et véritable, l'amour est éternel. Pour des étudiants en histoire, être incapable de dater le début de notre relation, c'est un comble. Mais je me fiche de tous ces anniversaires. Tout ce qui compte c'est que tu fais partie de ma vie, de mon monde, de mon univers. Ou plutôt que tu es ma vie, mon monde, mon univers.
Je suis née il y a vingt-deux ans, mais ma vie a commencé il y a un peu plus de trois ans. Tu es venu bouleverser mes certitudes et chambouler mon avenir. Avant toi je n'étais rien d'autre qu'une enveloppe corporelle, tu m'as donné une âme en même temps que tu as pris mon cœur, celui qui avait arrêté de battre il y a bien longtemps. Tu as fait renaître l'espoir en moi, tu m'as donné la force de continuer à avancer, continuer à me battre contre le reste du monde.
Avant toi, rien n'était simple. La déception, l'amertume et le chagrin rythmaient mes journées. Avant toi, il faisait sombre. Mes jours, aussi bien que mes nuits, étaient plongés dans une profonde obscurité, ils ne représentaient que tristesse et désespoir. Je luttais seule contre mes fantômes, mes démons, mes doutes et mes peurs sans savoir pourquoi je continuais à avoir la force de le faire.
Et puis tu es arrivé dans ma vie, et j'ai compris. J'ai compris que si j'avais tenue jusqu'à là, avec autant d'affliction dans le cœur, c'était pour toi. Et ça m'a fait peur, ça me fait toujours peur d'ailleurs. Tout a changé. Mes journées ont été traversées par des lueurs chaudes de lumière. Je n'arrivais pas à y croire, je ne voulais pas y croire. J'avais peur de me brûler les ailes, comme Icare, en s'approchant trop près du soleil. Tu m'offrais l'espoir, tu m'offrais une existence pleine de sentiments, pleine d'émotions toutes plus fortes les unes que les autres, c'était effrayant.
J'avais trop souffert, j'avais décidé d'arrêter, alors je me suis refusais de t'aimer. Parce qu'aimer c'est souffrir. J'ai refusé de t'aimer à la seconde où je t'ai vue, je savais que si je ne te détestais pas je sombrerais dans quelque chose qui pourrait non pas me détruire, parce que je l'étais déjà, mais m'achever. J'ai lutté, j'ai voulu être distante, j'ai voulu t'éloigner pour ne pas t'éclabousser et te tacher de mon mal-être. Le destin en a décidé autrement, j'ai ressenti des choses inédites, des choses que, jamais auparavant, je n'avais lues dans les livres et toi, je ne sais pour quelles raisons, tu t'es accroché.
Tu as été un raz de marée géant, un tsunami. Ma vie qui n'avait plus aucune saveur, plus aucune odeur, avec toi reprenait des couleurs et des arômes. Tu es devenu mon phare, ma boussole, mon nord.
Je ne sais pas si tu te souviens de notre première nuit ensemble. Chaotique. J'étais épuisée après la disparition de mamie, tu n'avais plus les moyens de rentrer chez toi, je t'ai proposé mon lit. J'étais sensée dormir dans la chambre de ma grand-mère, mais je n'ai jamais réussi à y rentrer, alors je me suis assise dans le couloir attendant que le soleil se lève. Lorsque Arthur s'est réveillé au beau milieu de la nuit, tu t'es levé toi aussi. Tu été si paisible, si doux et je ne sais pas quel miracle tu m'as proposé de dormir avec toi. Tu ne savais pas encore ce qu'il s'était passé dans la chambre de mamie, tu ne savais pas pour mon blocage mais tu avais compris, sans que je ne t'explique, que je n'y arriverais pas. Est-ce que tu avais deviné ? Est-ce que tu voulais seulement m'avoir contre toi? Je ne sais pas, je ne veux pas le savoir. Tout ce qui m'importe c'est que ton geste a été d'un réconfort tellement grand que j'ai eu peur d'y prendre goût, de ne plus pouvoir m'en passer. Alors j'ai essayé d'être distante mais s'était trop tard. Je t'aimais déjà.
Ensuite il y a eu notre premier baisé, enivrant. Notre première dispute, désarmante. Mes aveux, honteux pour moi, déstabilisant pour toi. Notre rupture, peu glorieuse. Puis notre première fois, bouleversante. Notre première grande crainte, stressante. Et puis tous nos projets, toutes nos premières fois. Toutes ces choses, et bien d'autres encore, m'ont fait prendre conscience de la grandeur de mon amour pour toi.
C'est maintenant le troisième Noël que nous passons ensemble. Nous grandissons ensemble, nous nous construisons et nous nous aidons à panser nos blessures mutuelles. Alors je voulais te dire, que ces années passées avec toi sont tout simplement merveilleuses, qu'importe les cris et les disputes tout ce que je retiens ce sont les bons moments.
Je voulais que tu saches à quel point je t'aime et je voulais te remercier. Tu m'as sauvé. Sans toi, je n'aurais pas survécu plus longtemps, sans toi je ne serais pas aussi forte et sans toi je ne connaîtrais rien de ce sentiment magnifique qu'est l'amour.
Je t'écris cette lettre pour t expliquer tout ça, mais pas seulement. Je t'écris pour te prouver mon amour. Je t'ai fait part de mon envie de mariage il y a quelque temps et c'est un sujet de discorde entre nous. Alors j'y renonce et je vais t'expliquer pourquoi.
Pour toi, le mariage est un bout de papier, et je le conçoit, je le comprends. Jamais je n'ai désiré de cérémonial pompeux. J'aurais seulement aimé qu'il y ai une trace de notre amour. Qu'il soit inscrit dans un registre et que dans cent ans, ou un siècle des historiens prennent ces registres pour les utiliser comme sources. Personne n'aurait oublié que nous nous sommes aimé et dans ma tête s'était un moyen de nous offrir l'éternité.
Je voyais le mariage comme une promesse, celle de la fidélité. A la vie à mort. Je voulais t appartenir, toute entière, être ta femme pour toujours, quoi qu'il arrive et que tout le monde le sache. Mais tu as raison, nous n'avons pas besoin de nous marier pour nous promettre ce genre de chose et pour que je t'appartiennes.
J'aurais aimé que nous nous marions pour avoir le privilège de porter ton nom. Tu sais à quel point le mien me révulse et ça aurait été l'occasion de l'effacer.
Mais saches que je ne regrettes pas d'abandonner cette idée. Je t'aime, profondément, et ça m'est égale d'avoir une bague autour du doigt. Tant que tu es heureux, je suis satisfaite. Tant que tu m'aimes sincèrement, je ne peux qu'honorer ta volonté. Tout ce que je souhaite c'est de réussir à te combler. J'aimerais que tu comprennes que ce qui compte, ce n'est pas mon bonheur, c'est le tiens. Je ferais tout pour que tu sois heureux mon amour. Je suis prête à tout pour toi. Alors je t'en prie, ne te sens pas obligé de te marier avec moi, je refuserais.
Ma lettre s'éternise et je ferais mieux de la clôturer, au risque que tu ne puisses pas la lire en entier car Manon ou Arthur auront des tonnes de choses à te faire découvrir quand la lettre te parviendra.
Désolée, mon ange, mais cette année je n'ai que mon amour à t'offrir.
Je t'aime de tout mon être.
Ta Eléonor. "
Cette lettre l'émeut intensément. Lorsqu'il achève sa lecture son regard croise le mien avec tellement de douceur et d'amour que mon cœur se retourne. Il me tend ses bras, je ne résiste pas et me blottis contre lui. La tête posée sur son torse, j'entends son cœur battre, et je sais qu'il bat pour moi. Il me la dit, et je le crois. Sa main balaye mes cheveux, il embrasse mon front, tendrement.
- C'est le plus beau cadeau que je n'ai jamais reçu...
Ses mots sont remplis d'émotions et ils restent en suspens. À l'ordinaire, c'est moi qui suis sans voix quand il me déclare son amour, mais aujourd'hui les rôles s'inversent et ça me plait. Toute ma famille s'agite autour de nous mais nous restons soudé l'un à l'autre, impossible de nous séparer tout de suite.
La reste de la journée se passe merveilleusement bien. J'aime me retrouver entourée de tous les membres de ma grande famille. J'aime les cris, les rires, les débats, les discussions qui se mêlent aux odeurs de nourritures et à la musique. J'aime quand la maison ressemble à un cœur qui bat, ça me donne envie de vivre plus fort.
Cette année tous ceux que j'aime sont là, c'est avec un énorme pincement au cœur que je prends conscience que, peut-être, ça ne sera plus jamais le cas. Quand j'observe ma grand-mère une boule de douleur se coince dans ma gorge.
La vieillesse a mangé ses traits et les rides creusent son visage, mais elle ressemble toujours à la femme qui m'a élevé, qui m'a vue grandir, à cette femme qui a été la figure maternelle de ma vie. Assise dans son canapé, apathique, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne ressent plus rien, ni tristesse, ni nostalgie puisque sa maladie lui a chapardé son passé. Elle ne se laisse pas mourir, elle attend juste que la mort vienne à elle, n'ayant plus la soif de vivre. Les yeux dans le vide, il est rare, maintenant, de l'entendre parler. Parfois, enfermée dans son état aboulique, elle réussit à sourire, quand elle entends la musique, quand je lui lis une histoire ou quand je lui caresse les mains. Personne ne sais ce qu'il se passe en elle. Personne ne sait à quoi elle pense. Elle est comme un bébé, il est impossible de connaître ses états d'âme on ne peut que les deviner. Je suis convaincue que passer du temps avec elle, même si elle n'en ressent plus le besoin, lui fait du bien.
Sa dépendance est tellement forte que mon oncle a songé à l'enfermer dans un mouroir, jamais je ne laisserais ma grand-mère finir sa vie dans ce genre d'endroit. Elle mourra dignement, chez elle, dans sa maison, avec le peu de souvenir et d'habitude qui lui reste dans cet endroit. Je refuse de l'arracher à ses origines. Plusieurs personnes nous viennent en aide, pour la toilette, les repas et tout le reste. Cette année, je passe le CAPES d'Histoire ça me réclame beaucoup de temps et Adelphe prépare ses concours de journalisme alors c'est difficile d'être toujours présent à la maison. Mais j'arriverais à la garder ici jusqu'au bout. Elle a accompagné mes premiers pas, j'accompagnerais ses derniers.
La fête s'éternise. Les enfants sont en vacances, Patrick, qui a retrouvé du travail, l'est également. Cécile fait maintenant partie de ma famille, et cette année, elle nous a annoncé qu'elle avait trouvé quelqu'un. Adelphe veut le rencontrer avant de se réjouir, j'imagine qu'il a peur qu'elle tombe sur un connard comme son père. Pour moi, ça ne peut que lui faire du bien, elle respire la vie et à besoin de partager des choses avec quelqu'un. D'après ce que j'ai compris, ils se voient quand ils en ont envie, je suis heureuse de savoir qu'elle n'est plus seule. J'aimerais que mon oncle se décide à sauter le pas lui aussi, mais c'est peut-être plus difficile pour lui.
Nous quittons précipitamment la soirée. Le père Noël nous a apporté une soirée aux chandelles et une nuit au Château de Beaulieu. Adelphe tiens absolument à ce qu'on y aille ce soir, il m'a offert une robe sublime qu'il m'a demandé de porter pour l'occasion.
Lors du repas, je n'ai pas faim puisque j'ai mangé toute la journée, mais Marc Merin est un chef cuisinier cinq étoiles et je fais honneur à ses mets délicieux qui font exploser mes papilles. Adelphe me regarde manger, il a l'air tellement obnubilé qu'il en oublie de se nourrir. Il fut un temps, où porter ce genre de robe et accepter de venir dans ce genre d'endroit majestueux n'était pas concevable mais puisque l'idée lui tenais à cœur je ne pouvais qu'accepter. Pourtant, depuis que nous sommes arrivés il semble vraiment étrange. J'imaginais que je serais la plus gênée en venant dans ce lieu où les toilettes sont équipés de parfum de luxe, mais visiblement ce n'est pas le cas, il l'est bien plus que moi.
- Qu'est ce qui se passe Adelphe ?
L'espace d'une seconde ses sourcils se froncent. Mais la seconde d'après, la fossette qui creuse ses pommettes réapparaît dans un sourire.
- Rien, t'es tellement belle.
Je souris.
- Ne dis pas n'importe quoi.
C'est lui qui est beau, je ne comprends d'ailleurs pas comment j'ai fait pour lui plaire. Ses yeux sont envoûtants et son visage mûri avec charme. Il est si élégant avec ses chemises et sa barbe de trois jours. Pourtant il ne paraît pas guindé, au contraire il est toujours décontracté. Je ne me lasserais jamais de le regarder. Je mesure la chance que j'ai, jamais je n'aurais pu espérer qu'il m'aime. Yeux dans les yeux, nous continuons à nous délecter du moment. Le restaurant feutré est plein, mais c'est calme, beaucoup plus calme et doux qu'à la maison.
Lorsque le repas s'achève, nous découvrons la chambre. Sublime, avec un grand lit et une terrasse qui donne sur un magnifique jardin romantique que j'observe avec attention. Je sens la présence d'Adelphe tout prêt de moi. Lorsqu'il se colle à mon dos en passant ses bras autour de ma taille, je suis enivrée par son odeur. Il dépose un baisé sur ma nuque qui me fait frissonner.
- Tu as froid ?
Je souris même s'il ne peut pas le voir.
- Pas vraiment, ça serait plutôt l'inverse.
Je me retourne pour lui faire face, son regard est brûlant mais je ne le vois pas longtemps puisque ses lèvres viennent se poser sur les miennes pour m'offrir un baisé envoûtant. Mes mains se baladent dans ses cheveux, puis sur son corps jusqu'à ce que j'accède aux boutons de sa chemise. J'essaie de prendre mon temps pour lui enlever, mais la vague de désir qui me submerge n'en est pas de cet avis. Comment peut-il réussir à avoir cet effet là sur mon corps?
- Elé, attends.
Sa voix est rauque, pourquoi veut-il attendre? Ce n'est pas son genre, quand il a envie de moi, rien ne le retient. J'approche mes lèvres de son cou.
- Pourquoi?
C'est un murmure qui se perd contre sa peau. Ses deux mains viennent agripper mes cheveux pour m'embrasser plus ardemment. Rapidement, il me soulève pour me plaquer sur le lit. Sentir son corps puissant sur moi ne me fait plus que du bien, j'aime quand il veut me posséder. Je lui fais confiance. Le baisé s'éternise, j'en veux plus. Quand j'essaie de faire valser sa chemise, ses mains viennent bloquer les miennes au-dessus de ma tête.
- Attends Elé. Parce que je dois te parler.
Sa voix est beaucoup trop sexy pour m'inquiéter mes ses yeux tourmentés ne me rassure pas. Des petits baisés partent de mon cou pour tracer un chemin jusqu'à la naissance de mes seins. Est ce qu'il va finir par m'ôter cette fichue robe où je vais devoir le faire toute seule?
- Ça ne peut pas attendre? Dis-je essoufflée de désir.
Il se redresse, et lâche mes mains, créant une distance entre nos deux corps. En équilibre sur ses avants-bras il me regarde et sourit.
- Non. Ça ne peut pas attendre. Je veux te donner mon cadeau, maintenant.
Je perds patience. J'ai envie de lui. Maintenant.
- Tu me l'a déjà offert. Laisse nous en profiter pleinement s'il te plait.
Il rit doucement, et rompt tout contact avec mon corps pour se mettre debout sur le lit.
- Tu te doutes bien que le restaurant et l'hôtel n'est pas mon vrai cadeau, rassures-moi ?
- Bien sûr que si!
Je ne sais pas où il veut en venir. Je me redresse pour m'assoir sur le lit. Il gesticule et se débat avec son jeans, étrange, puis vient s'assoir face à moi.
- Bien sûr que non. Donnes-moi ta mains mon amour.
Je le sens inquiet, peut-être même angoissé. Je tends ma main, il y dépose un minuscule sac en velours bleus foncés fermé par un ruban.
- Qu'est-ce que c'est?
Question débile. Je sais pertinemment qu'il va me dire de regarder par moi-même, ça va de soi. Mais j'essaie de gagner du temps. Je n'aime pas les surprises, la dernière fois il m'a offert une putain de bagnole, même si je l'aime bien, je lui en veux toujours pour cette idée à la con.
- Ouvres. Tu verras.
Qu'est-ce que je disais? Il sourit. Lorsque je défais le nœud son rictus se transforme en grimace. Une grimace de crainte. Qu'est ce qu'il y a là-dedans!? Lorsque je fais glisser l'objet dans la pomme de ma main, je ne comprends pas. Je suis certaine que mes sourcils se froncent. Avant que je ne dises quelque chose, il pose son doigt sur ma bouche.
- Attends, ne dis rien. Laisse-moi parler, contentes toi d'écouter.
Je le sent vraiment stressé. Alors intriguée, je lui laisse la parole alors que des milliers de questions m'assaillent . Il s'éclaircit la voix.
- Bon, je t'assure que ça fait des semaines que j'imagine ce que je vais te dire. Mais là, ça part dans tous les sens dans la tête.
Son stress est vraiment palpable. Je le laisse prendre le temps de sélectionner ses mots.
- J'essaye de te le dire depuis tout à l'heure mais tu ne m'as pas facilité les choses...
Qu'est-ce que j'ai fait? Je le regarde, sans comprendre, la main contenant l'objet tendue face à moi, entre nous. Lorsqu'il le remarque il prend l'objet entre ses doigts. Je le fixe tellement fort qu'il fuit mon regard. Sa main attrape la mienne. Il fixe l'objet comme pour essayer de se rassurer.
- Ce n'est pas une simple bague Eléonor. Je veux que nous nous marrions.
Sa voix est tremblante. J'ai l'impression de le voir aussi vulnérable pour la première fois de ma vie. Mais moi je ne comprends pas un mot de ce qu'il me dit.
- Mais, je ne comprends pas, tu m'as dit que c'était de la merde le mariage, tu m'as expliqué en détail pourquoi tu ne voulais pas. Je t'ai même expliqué que j'y renonçais.
Il soupire.
- C'était de la connerie tout ça. Ça fait des mois que je te mens, je voulais que tu sois surprise. Je me rends compte que s'était carrément débile cette idée.
- Mais je ne comprends plus là. Tu veux te marier vraiment? Ou c'est pour me faire plaisir?
Il sourit.
- J'en ai envie depuis qu'on en a parlé. Vraiment envie. D'ailleurs si tu dis non, attends toi à ce que je découpe en morceaux pour me venger.
Il a l'air plus détendu, mais je sens qu'il reste inquiet.
- Mais tu m'as dit que...
Une fois de plus, il place son doigt sur ma bouche.
- Chut Elé. Je sais ce que je t'ai dit. Mais c'était des mensonges. Tu n'imagines même pas à quel point j'ai envie que tu me dises oui. Quand j'ai lu ta lettre tout à l'heure, j'ai failli abandonner cette idée débile que j'ai eu il y a plusieurs mois. Je voulais te faire une demande romantique, j'étais persuadé que c'était le rêve de toutes filles. Mais quand j'ai lu ta lettre, je me suis rendu compte à quel point t'en avait rien à foutre de tous ces chichis.
Il marque une pause. Je suis incapable de le couper, beaucoup trop chamboulée.
- J'ai été con, j'aurais dû le comprendre plus tôt. En tout cas, saches que ce que je t'ai dit sur le mariage, comme quoi ça servait à rien et tout ça. Je le penses. Mais seulement en partie. Parce que si je veux me marier avec toi, ce n'est pas pour te faire plaisir. C'est parce que je t'aime comme un fou. J'ai besoin que tu m'appartiennes, j'ai besoin de t appartenir. J'ai besoin que tu puisses dire aux mecs qui viennent te demander ton numéro "Va te faire foutre, je suis mariée". Je n'ai vraiment plus envie qu'on t'appelle Mademoiselle Novak. Je rêve que tu portes mon nom... Putain, Elé j'aurais dû te dire tout ça avant. Si je penses que le mariage sa ne sert à rien, c'est parce que tout le monde divorce, ça n'a plus aucune valeur. Mais si on se mari toi et moi, je sais que ce sera pour toujours, et là ça a du sens.
Ses mots m'étonnent, je suis sans voix. Je n'arrive pas à réagir à ses propos. Depuis des mois il insiste sur le fait qu'il ne veut pas se marier. Mais là, il met tellement de conviction dans sa tirade que je ne sais plus...
- Alors tu me mens depuis tout ce temps ?
L'inquiétude réapparaît sur son visage.
- Ouais, je suis désolé, j'ai cru bien faire. Pardon...
Il est de nouveau vulnérable. Il ne sourit plus. Il a peur, depuis tout à l'heure il a peur. Je décide de l'aider. Ma main se pose sur son visage.
- Poses moi la question.
Ma voix est douce, ce n'est pas un ordre. C'est une simple demande. La commissure de ses lèvres se redresse légèrement.
- Ça te dis de m'épouser ? De devenir MA femme même si je suis chiant et que je range pas mes chaussettes au bon endroit?
J'explose de rire. Son sourire s'étire.
- Adelphe, pourquoi tu me parles de chaussettes dans un moment pareil?!
Bien sûr, ça ne me gêne pas, c'est tout lui cette demande, ça lui ressemble.
- Pour faire baisser la pression. Alors c'est oui? Parce que si c'est non il faut que je m'organise pour rendre la bague.
Son sourire est tellement étiré que je me demande s'il ne va pas sortir de son visage. Mes yeux pétillent.
- Ça va être trop compliqué tout ça, je préfère dire oui.
- Oui, tu veux m'épouser ?
Je ris de bon cœur.
- Oui.
Il embrasse rapidement mes lèvres. Et s'apprête à enfiler la bague sur mon doigt. Mais son regard croise le mien, avec une certaine panique.
- Bébé, il faut que tu m'aide, je me suis jamais demandé sur quel doigt et sur qu'elle main il fallait la mettre.
Et sincèrement, j'y réfléchi moi aussi...
- Je sais que c'est sur l'annuaire. Et je pense que c'est du côté du cœur, donc sur la main gauche.
Il m'embrasse une nouvelle fois, chastement.
- Merci, heureusement que t'es là.
Je n'arrive pas à ne pas sourire même si je ne réalise pas vraiment ce qu'il se passe. Je le trouve tellement beau avec sa chemise ouverte et ses yeux brillants.
Délicatement la bague glisse sur mon doigt. Elle n'est ni trop grande, ni trop petite, et elle est superbe.
- Ouf ! T'imagines elle ne serait pas rentrée? On aurait bien eu l'air con, commente Adelphe.
Je l'embrasse, longuement.
- Est-ce qu'on peut continuer ce que nous avons commencé où faut-il que nous nous réservons avant le mariage?
- Alors là, n'y penses même pas, sinon je reprends la bague, pas de sexe pas de mariage, répond t il en riant. Je ne t'ai pas amenée ici pour rien. J'ai l'intention de faire l'amour toute la nuit à ma futur épouse.
"Ma futur épouse", dans sa bouche, ça sonne vraiment bien, si je m'attendais à ça? Non.
Mes lèvres rejoignent les siennes, nos langues s'emmêlent, et enfin il enlève ma robe. Qu'est-ce que je l'aime, jamais je ne pourrais vivre sans lui. Lorsque mes mains se perdent dans sa chevelure, mon œil est attiré par ce bijoux qui orne désormais ma main. Cette promesse d'une vie ensemble, pour toujours.
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Voici un très long chapitre. Le premier du point de vue d'Elé. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire même s'il est assez fleur bleue. J'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous permettra de mieux saisir le personnage d'Eléonor.
Je tenais à m'excuser de prendre autant de temps à écrire les chapitres bonus. Mais pour moi l'histoire est fini depuis l'épilogue alors, même si les idées ne manquent pas, j'ai d'autres projets qui me tiennent à cœur et très peu de temps.
En tout cas, merci à vous, du fond du cœur ! Je me suis dit que tout s arrêterais lorsque j'arrêterais d'écrire. Mais non, il y a toujours de plus en plus de lecteurs et c'est incroyable d'atteindre plus de 1,4M de vues, alors merci merci merci !
Vos commentaires sont les bienvenus ! N'hésitez pas! Désolée pour tous ceux à qui je n'ai pas répondu. Il y a eu de gros bug ...
À bientôt !
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