Chapitre 94.
Aie ! Mais putain qui c'est le con qui me lance des trucs sur la tête !? Je me retourne, en voyant au passage que l'objet qui a fracassé mon crane n'est rien d'autre qu'une chaussure ? Je la ramasse pour en être certain. Oui une chaussure. Celle d'Eléonor.
- Reviens ici ! Cri t-elle du fond du couloir de l'université.
- Je ne suis pas ton chien.
- Grrr, tu m'énerves ! Grogne t elle en se rapprochant de moi.
Elle plante son regard dans le miens, défiante et pleine d'aplomb.
- C'est quoi ton problème?! Dis je en brandissant la chaussure.
- Rends moi ma pompe !
- Non.
Elle croise les bras sous sa poitrine, très jolie poitrine d'ailleurs.
- Tout de suite, Adelphe, je compte jusqu'à trois ! Un... Deux...
J'explose de rire.
- Parce que ça te fait rire !? Hurle t elle.
- Regarde nous ! Sérieux, on a vraiment l'air con là ! Et puis quoi, tu comptes jusqu'à trois et après je vais au coin, comme Arthur ?
Ma phrase est ponctuée par le son de mon rire incontrôlable. Elle sourit malgré elle. Partagée entre la volonté de rester énervée contre mon comportement puéril et la volonté de rire à son tour de la situation vraiment ridicule.
- Bon allé, rends moi ma chaussure.
Elle tend la main mais je place sa pompe derrière mon dos.
- Il n'y a rien entre ce mec et toi ?
Elle roule les yeux et soupire face à cette jalousie maladive.
- Si, on se mari dans deux jours. Dit-elle ironiquement, exaspérée.
- Ah ah très drôle. Alors pourquoi tu es partie de cette salle précipitamment ?
- Parce que je n'arrive pas à y rester. Je ne vois pas ce que je fou là, avec tout ce qui se passe en ce moment. Je ne sais pas où j'allais mais je préfère être ailleurs.
Je soupire à mon tour, j'ai trop facilement tendance à me faire des films complétement à côté de la plaque. Elle a raison, ce lieu est tellement hors de notre réalité, nous sommes perdus dans la masse et en ce moment nous avons besoin de nous retrouver seul.
- De toute façon, on doit aller voir un Médecin, autant y aller maintenant.
- Mouais, t'as pas une meilleure idée, un truc qui arrête de me faire penser à ça ? Râle-t-elle.
- Hum, si.
- Dis moi ! Sourit-elle, pleine d'espoir.
- Je peux très bien te faire l'amour toute l'après-midi.
Elle rougit.
- Adelphe !
Je souris malicieusement.
- Bah quoi !? J'ai le droit, en plus j'en ai envie.
- C'est pas le moment de penser à ce genre de truc, et puis c'est ça qui nous fou dans cette merde, rappelles toi. Dit-elle gênée avec un ton moralisateur.
- T'as pas aimé c'est ça ?
J'ai perdu mon sourire, je suis persuadé ne pas avoir été à la hauteur. Elle semble étonnée.
- Pourquoi tu penses ça?
- Je sais pas, peut-être parce qu'après tu t'es enfuie et que maintenant tu ne veux pas recommencer. Dis-je comme si s'était une évidence. Parce que ça l'est.
- Et bah non, tu as tords.
Cette fois c'est moi qui roule des yeux. Pourquoi j'ai autant de mal à la croire ? C'est bien la première fois que je doute de mes performances. La première fois que je me sent si vulnérable. La première fois que ça a de l'importance.
- Ne me dis pas qu'il va falloir que je te rassure sur ça, parce que vraiment, revenir la dessus, ça me gêne.
Elle est toute rouge. Je la regarde fixement en silence, pour qu'elle continue la phrase qu'elle vient de commencer.
- Et puis c'est toi qui doit savoir ce genre de chose, t'es expert en la matière.
C'est comme ça qu'elle me vois alors ? Comme un mec qui sait ce qu'il fait. Elle ne comprendra jamais que je ne sais rien ? Que quand elle est là, je ne sais plus rien, elle bouleverse toutes mes certitudes dans ce monde. Tout ce que je savais a été chamboulé depuis qu'elle fait partie de ma vie. Tous mes préjugés et mes acquis ont été démentis. Je suis loin de savoir. Je ne sais jamais ce que je fais avec elle. Je ne sais jamais si c'est bien ou mal. Parfois sa petite tête est tellement blindée que je n'arrive pas à y rentrer. J'essaye de la comprendre, de comprendre ses raisonnements. Mais c'est tellement compliqué et différent dans son esprit que ça en est impossible. Elle garde tellement de chose en elle.
Ce n'est pas simplement le fait qu'elle ne veuille pas me dire si elle a aimé qu'on fasse l'amour ou non. C'est un tout. Même avant qu'on ne joue à se détruire. Je ne la comprenais et ne la comprend jamais. Jamais comme j'aurais envie de la comprendre. J'aimerais que les choses soient plus simple. Qu'elle soit un peu plus expressive. Je crois que l'épisode Chloé ne nous aidera pas sur ce point. Je la sent encore plus distante, enfin pas physiquement, mais mentalement. J'ai l'impression qu'elle enferme les choses qu'elle ressent au plus profond d'elle-même. Dans une cage, gardée par des murs blindées et des soldats en armures. Le Mur de Berlin Est... J'en suis responsable, je l'ai blessé, et elle doit se protéger. Mais ça ne me plait pas qu'inconsciemment elle se sente obligée de se méfier de moi, obligée de s'emmurer pour éviter que je la fasse souffrir. J'aimerais parfois qu'elle se mette à ma place, qu'elle fasse des efforts. J'ai conscience qu'elle en fait pour rester avec moi et essayer de passer au-dessus de ce qu'il s'est passé il y a deux semaines. Mais j'aimerais simplement qu'elle se mette à ma place, ne serait-ce qu'un petit moment, elle n'est pas la seule à ressentir de nouvelles choses bouleversantes, elle n'est pas la seule à douter constamment.
Je soupire, ce constat m'attriste et je n'ai pas de solution. Je fouille dans la poche avant de mon sac à dos.
- Tiens, prends les clés de l'appart. Rentres, je te rejoins.
Elle me regarde sans comprendre. J'embrasse son front. Elle attrape les clefs et la chaussure que je lui tend de façon mécanique.
- J'ai besoin d'être un peu seul.
C'est la vérité...
- Oh.
Je la laisse dans le couloir, interdite, ne comprenant pas ce qu'il vient de se passer. C'est simple Elé, je fuis... J'ai besoin de fuir toutes ces questions et cette situation. J'ai besoin d'être un peu loin de toi. Je vais revenir, du moins je l'espère. J'ai seulement besoin de temps pour digérer tout ça. Pour faire le point sur mon comportement, sur nous. Du temps pour me reconcentré sur moi-même car je suis perdu. Je me sens perdu. Je ne sais plus ce que je fais, ni qui je suis. Je me suis perdu.
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Mes lecteurs chéris, vous êtes géniaux ! J'espère que ce chapitre vous aura plus, n'hésitez pas à me faire par de vos avis, que pensez vous du comportement d 'Adelphe ?
Je tenais à vous informer, on m'a contacté pour participer à un concours, ça s'appel les Awards du mérite 2015 entre 100k et 500k de @zazouvivi, si vous le voulez et si vous avez le temps, n'hésitez pas à voter pour cette histoire ! Mais je ne vous y oblige pas, je n'ai pas l'âme compétitrice ;)
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