Elle rentre, transpirante et enlève des gants de boxe. Attrape le petit derniers et se dirige vers la salle de bain. Elle revient et le petit est en pyjama. Elle l'installe dans le canapé. Le policier est toujours là et parle dans sa radio. Tous les enfants s'installent eux aussi dans le canapé. Son oncle a dû s'endormir à l'étage puisque je ne l'ai plus revue. Elle m'invite à prendre place avec eux sur les canapés. Il est déjà 19 heures. Elle zappe met gulli pour les enfants. Elle s'installe avec nous et prend la petite qui ne parle jamais sur ses genoux, elle doit s'appeler Manon si j'ai bien compris. Elle la berce un moment puis se lève. Elle bricole dans la cuisine puis amène Manon dans la salle de bain pour lui mettre son pyjama.

Toujours pas de nouvelles de la grand-mère. Elle nous demande de passer à table, on mange sans appétit. Je reste avec les amis de l'oncle et le policier quand elle monte accompagnée des enfants pour en coucher quelques-uns. Le temps d'une histoire puis Arthur et Manon dorment. Zélie fatigue et somnole dans le canapé. J'ai l'impression qu'Eléonor veut faire bonne figure mais qu'elle va bientôt craquer.

L'attente est longue, interminable. Il est 21 heures quand le policier reçoit un appel radio. Deux minutes plus tard une sirène de pompier se fait entendre et un camion rouge passe à toute vitesse devant la maison. La panique la gagne, elle sort de la maison tout en claquant son élastique. Les amis de la famille retiennent les enfants, moi je la suit dehors avec le policier. Et puis là elle craque.

- Vous l'avez retrouvez ? Elle cri sur le policier. C'était elle dans le camion ? Elle va bien ?

- Oui mademoiselle on l'a retrouvé, on l'amène aux urgences elle n'est pas consciente mais elle a été prise en charge à temps.

- Je veux la voir ! Elle se met à pleurer. Je sais pas ce qui me pousse à faire ça mais je la prend dans mes bras doucement.

- Calmes toi, ils l'ont retrouvé, ça va aller maintenant. Pleures pas. Soit forte, les petits vont croire qu'il lui ai arrivé quelque chose de grave.

Je parles doucement. Elle inspire puis sèche ses larmes. Sort de mon étreinte gênée.

- T'as raison. Elle rentre. Je la suit. Comment fait elle pour réussir à reprendre une bonne contenance en si peu de temps ?

- Ils ont retrouvé mamie. Elle est vivante, ils l'ont emmené à l'hôpital pour la soigner.

- Elle va mourir ? Demande Zélie. Eléonor n'arrive pas à répondre. Alors je prends la parole.

- Non, elle va bien, il vont juste l'examiner, elle va vite revenir. Les enfants semblent soulagés, les amis aussi. Je m'approche d'Eléonor.

- Tu veux que je t'amènes la voir ? Elle hoche la tête.

-Je peux pas prendre tout le monde.

- Je sais, je ne veux pas qu'ils viennent de toute façon. Leur place est ici, pas dans cet endroit de malheur.

- Ça me va.

- Tom, Lucas, Zélie, Alice ? Réunion de famille dans le canapé ! Ils accourent dans le canapé et Eléonor attrape un objet sur la table de salon.

- J'ai le totem alors je commence à parler. Bon, je vais aller tenir compagnie à mamie. Vous allez rester ici avec Monique, Pierre et votre père. Ça serait bien que vous alliez dormir. Je vais tous vous préparer un lait chaud au miel avant de partir. Je sais pas à quelle heure je vais rentrer, ne m'attendez pas. Si j'ai du nouveau je me débrouillerais pour appeler Monique et vous tenir au courant. Ne tardez pas à aller vous coucher. Ça va aller, mamie va bien. Qui veut le totem ?

Elle est pleine d'assurance et semble maitriser les choses même si quelques minutes plutôt elle était bouleversée.

- Moi. Elle le donne à Lucas. On va à l'école demain ?

- Je penses oui, on verra bien.

- On y a pas été ce matin.

- Je vous ferrais un mot en rentrant, ou demain matin. Il tend le totem en l'air et la petite Zélie lui prend.

- Tu peux dire à mamie que je l'aime ?

- Moi aussi !

- Moi aussi ! Enchérissent les trois autres enfants.

- Bien sûr sans problème. Autres chose ?

Le totem , enfin l'objet de décoration, retrouve sa place initiale. La discussion est close. Elle se lève et part préparer quelque chose dans la cuisine. Elle revient avec un plateau avec des bols fumants, embrasse chacun d'eux en leur souhaitant une bonne nuit.

Je l'accompagne jusqu'à la sortie, il fait déjà noir, je fatigue un peu. Je mets en route le GPS. Puis nous démarrons. Son angoisse de la voiture est toujours présente elle est redevenue pâle et maltraite son élastique. En regardant dans le vide. J'ai envie de la toucher pour la soutenir mais je me dis que c'est une mauvaise idée... Elle prendrais peur du fait que je lâche le volant.