Chapitre 86.
Ma mère fait la navette entre chez Eléonor et chez moi. Elle dort dans mon appartement mais passe ses journées avec les enfants, parce qu'apparemment Elé n'est pas en mesure d'aider son oncle, et ça dure depuis deux semaines, deux putains de semaines. « Deux semaines !? Presque quinze jours ! » répliquerait Eléonor en imitant la voix de Jeff Tuche si je n'avais pas été aussi con. Mais je l'ai perdu et j'en suit le premier responsable. Je comprends mieux Patrick, comme lui, j'ai envie de noyer ma douleur dans l'alcool.
- Adelphe ?
- T'es déjà rentrée ?
- Je m'inquiète pour toi.
Je hausse les épaules et croise le regard de ma mère, c'est la seule qui ne m'a pas complétement tourné le dos.
- Comment elle va ?
- Aussi mal que toi.
Je soupire, toujours la même question, toujours la même réponse, ce qui est différent c'est que ça me fait encore plus mal à chaque fois.
- Vous avez vos partiels à passer tous les deux et il faut vous remuer.
- A quoi ça sert ?
- Pour avoir un avenir.
- Si tu savais comme je m'en fou. Mon avenir s'était-elle. Maintenant j'attends juste de vieillir et de crever.
Déjà que j'ai détruit son cœur, ça serait criminel de détruire son avenir, alors je ne vais plus en cours, car je sais qu'elle ne viendrait plus si c'était le cas. Et je n'ai pas le droit de lui faire ça, je n'y arrive pas, j'en ai assez de la faire souffrir.
Tous les soirs c'est la même rengaine, c'est devenue une routine. Ma mère me prend dans ses bras et essaie de me convaincre de réagir, en m'expliquant que ma mine affreuse et mes cernes se doivent de disparaître. Mais je n'ai vraiment plus la force. Je l'ai harcelé, je suis allé chez elle, je me suis excusé par tout les moyens possible pendant des jours, mais c'est finis. Je l'ai vue dans ses yeux. Je lui ai crié mon amour, je l'ai supplié de me pardonner, je lui ai promis de me rattraper, je lui ai juré que j'étais capable de tout pour effacer ça, je lui ai imploré une nouvelle chance. Mais elle est si blessée que sa détermination à m'ignorer est sans faille, alors je me suis résigné devant son silence et maintenant je déprime. Je le mérite, j'ai conscience qu'Eléonor doit souffrir encore plus et ça me détruit, ça m'afflige profondément.
Je me suis résigné, j'ai abandonné l'affaire, j'aime Eléonor, je l'aime comme je n'ai jamais aimé. Mais je ne peux rien faire de plus sans avoir une injonction du tribunal me stipulant de me tenir à plus de trente mètres d'elle faute de quoi, je serais contraint de passer mes nuits en prison pour harcèlements. J'ai même penser à contacter Chloé pour qu'elle tente quelque chose pour faire revenir l'amour de ma vie mais j'ai abandonné sachant pertinemment que ça serait pire que mieux. Je n'ai pas la solution pour la faire revenir à moi, j'ai tout essayé, je me suis battu pour elle. Elle s'est battue contre moi et je me suis résigner à la laisser gagner. Mon existence lui fait mal, et je n'ai pas la force de la faire souffrir d'avantage en lui rappelant constamment que j'existe, que je l'aime et qu'elle est toute ma vie. Alors je passe mes mornes jours amorphe dans mon canapé. Si j'arrive encore à tenir debout c'est parce que j'espère, j'espère encore qu'elle revienne. J'espère que le destin à prévu pour nous autre chose qu'un amour détruit prématurément par la tentation, la peur d'être heureux, la crainte d'aimer à en perdre la raison.
- Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de faire ça. Pourquoi je suis aussi con ? Tu peux me dire ?
- Un psy te dirait que c'est la faute de ta mère. C'est toujours la faute de la mère. Dit elle en rigolant.
Je souris légèrement, au moins Eléonor m'aura permis de connaître l'amour maternel. Grâce à elle, ma mère est présente dans ma vie maintenant. Et elle essaie de me remonter le moral tant bien que mal.
- Tu devrais essayer de passer à autre chose. Tente elle.
- Dis pas n'importe quoi, je n'en suis pas capable. Ce n'est pas ce que veux.
- Elle, c'est ce qu'elle essaie de faire.
- Quoi ? Elle a un mec ?
L'idée me déchire les entrailles, si c'est ce que je crois comprendre alors je perds tout espoir.
- Je ne sais pas trop. Il y a un certain Matt ou Mathieu qui vient la voir, elle a passé plusieurs soirées avec lui. Je ne voulais pas te le dire pour ne pas...
- Putain le fils de pute, je vais étriper ce mec ! Et elle aussi par la même occasion ! Qu'elle salope, elle m'oublie bien vite !
Voilà, je ne suis plus amorphe dans ce canapé, je suis en pleine forme, et la colère me gagne. Non ! Elle ne peut pas, je refuse qu'elle passe aussi vite à autre chose. Non ! Non ! Non !
- Hey ! Déjà tu te calmes, je les ai jamais vue s'embrasser et elle ne le regarde pas comme elle te regardait. Il ne la touche pas mais je vois bien qu'il a une idée derrière la tête. Du coup il est temps que tu te bouges un peu mon fils ! Avant que ça ne soit trop tard.
- Ouais t'as raison. Files moi les clés de chez elle.
- Non ! Je lui ai promis. Je te l'ai dit mille fois ! Et puis elle n'est pas chez elle ce soir.
- Ok, très bien ! Elle est avec cet enculé ? Dis je en essayant de contenir la colère en moi.
Ma mère ne répond pas et baisse les yeux. Je prends mes clés et sort, je suis convaincue qu'elle est avec ce mec. Une fois sur l'autoroute je slalome entre les voitures. Je ne sais pas pourquoi cette nouvelle me met hors de moi, je sais que c'est égoiste de vouloir la garder pour moi, de ne pas vouloir qu'elle m'oublie. Je suis peut-être, ou alors surement, quelqu'un d'affreux de préférer qu'elle souffre plutôt que de la voir continuer à vivre un semblant de vie normale mais il est hors de question que je me réjouisse de cette nouvelle.
****************************
Mes chers lecteurs, je voulais juste vous prévenir que puisque le chapitre était trop long j'ai décidé de le couper, mais comme les deux suivants étaient petits j'ai décidé de les rassembler, pour un meilleur équilibre. J'espère aussi que le fait que je passe deux semaines ne vous choque pas mais j'ai préféré passer sur les longs moments qui suivent une rupture et vous laissez imaginer ça, je crois que je me serais ennuyé à écrire ces chapitres de déprime et par conséquent vous aussi en les lisants. Merci à vous!!!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro