Chapitre 73.
Eléonor se fige, et lâche les quelques assiettes qu'elle tient dans les mains, elles se fracassent en un bruit assourdissant.
- Oh non pas ça.
Murmure Eléonor avant de se diriger à la hâte vers la sortie en me bousculant au passage. Je n'avais plus vue ce visage inquiet depuis la fois où sa grand-mère c'est égarée.
- Qu'est ce qui se passe ?
Je regardes Lucas, Tom et ma mère qui ne comprennent pas non plus. Nous la suivons après un bref moment de réflexion.
Et là l'horreur. Mon cœur loupe un battement. Un homme a posé un immense couteau sous la gorge d'Alice et Eléonor se tient devant eux, tétanisée de peur. Alice hurle et pleure mais ne peux se débattre, impuissante.
- Merde ! Dit Tom en s'arrêtant dans sa course à quelques mettre de la scène horrifié et en colère.
Je m'arrête près de lui, totalement stupéfait et désarmé face à la situation.
- Alice ma chérie calmes toi. Dit Eléonor mais ses larmes coulent et elle-même n'applique pas ce conseil. Je m'approche d'elle pour trouver un moyen de contrer l'homme.
- Lâches là ! Hurle Eléonor sur l'homme.
- C'est elle ou toi, Eléonor ! Hurle à son tour l'homme avec un accent de l'est.
Putain ne me dites pas que c'est son père !? J'y réfléchit deux secondes, il est plutôt grand, j'arrive à lui trouver un certaine prestance malgré la situation. Je ne sais pas si c'est le couteaux sous la gorge de cette petite fille mais cet homme semble imposant, son corps est massif. Ses yeux sont bleus et pourtant ils sont différents de ceux d'Eléonor, je dirais qu'ils sont plus perçant et froid. Son visage est creusé par le temps, des rides le rende machiavélique. Il me fait froid dans le dos.
- Ne la touches pas ! Siffle t elle.
- Alors viens avec moi.
Le ton vicieux et pervers de l'homme me secoue, et je suis maintenant certain qu'il s'agit du père d'Eléonor. La rage monte en moi.
- Non ! Tu la lâches et tu t'en vas.
Elle essaie de rester forte face à son pire cauchemar mais je vois que ce n'est pas chose facile. Putain si seulement j'avais une arme sur moi ! J'y ai pensé mais c'est beaucoup trop tôt, je n'ai pu élaborer aucuns des plans auxquels je réfléchissais, bordel ! Il joue avec la lame de son couteau sur le visage d'Alice, Eléonor tremble tellement, j'ai l'impression qu'elle va se briser.
- Tu as le choix, tu sais très bien ce que je peux tirer d'une si jeune et jolie demoiselle.
La douleur se lit sur les traits d'Eléonor. Elle s'avance résignée et moi je suis planté là comme un con, n'osant pas la toucher, paralysé par la peur d'agir. Par la peur que mes actes se répercutent sur l'enfant innocent que le monstre tient entre ses griffes affutées.
- C'est bon, c'est bon, lâches là je viens avec toi mais je t'en supplies lâches là. Tout son corps tremble.
- Moudré rozhodnuti. Répond son père en Tchèque avec un sourire sadique.
Je ne comprends pas, mais Eléonor déglutit et semble écœurée. J'attrape le bras d'Eléonor, hors de question qu'elle parte avec lui. Je lui ai promis qu'il ne pourrait pas l'atteindre.
- Non !
- Tu crois vraiment que je vais laisser Alice subir ce qu'il m'a fait. Lâches moi ! dit-elle.
Déterminée, avec un regard qui a perdue toute vie. Sans aucune hésitation. Les yeux aussi froid et perçant que ceux de son père. L'homme lâche l'enfant qui court se réfugier dans les bras de Tom, où est Zélie ? Je cherches du regard, elle est cachée derrière un buisson. J'ai eu peur. Le père d'Eléonor, Pavel je crois, se précipite vers ma copine. Quand il la touche j'ai l'impression qu'elle va se briser, se facturer, se casser en une infinité de morceaux tellement c'est douloureux pour elle. J'arrêtes de réfléchir et j'agis. Plutôt crever que de la laisser dans les mains de cet immonde enfoiré .
- Adelphe, non !
Trop tard je me suis rué sur lui pour qu'il la lâche, je peux faire le poids contre cet homme avec un peu d'adrénaline même s'il est beaucoup plus grand et massif que moi. J'ai envie de croire que l'amour que je porte pour sa fille peut me conférer de supers pourvoirs. Mais j'ai oublié le couteau, il me le plante avec force dans l'abdomen, putain ça nique ! Rien à faire, j'ai une promesse. Oublis la douleur Adelphe, même si ça saigne oublis et laisse la colère prendre possession de ton corps. Penses à ta promesse. Penses y de toutes tes forces. J'ai promis à mon amour que son père ne lui ferrais plus jamais de mal. Alors je dois continuer de me battre contre lui en essayant d'oublier la souffrance de cette blessure.
Dans cette lutte acharnée le couteau a fini par valdingué quelque part. Ce n'est plus de la colère c'est de la haine, que dis-je, c'est de la rage qui coule dans mes veines. J'arrives à donner quelques coups bien placés mais ce fils de chienne est fort. On a traversé la rue en se battant, tout ce passe si vite et pourtant si lentement. J'ai l'impression de suivre la scène au ralenti tant la totalité de mes sens sont aux aguets. Je veux tuer cet enfoiré, froidement, de mes propres mains.
Soudain il me prend à la gorge, m'empoignant si fort que mon souffle se bloque. Apparemment, je ne suis pas le seul à vouloir que mon adversaire meurt, je lis dans ses yeux l'envie qu'il a de m'anéantir pour continuer à faire du mal à la femme que j'aime. Son regard est glacial et inhumain. Je sens mes dernières forces me quitter mais dans un dernier élan de courage j'arrive à le repousser violement sur la route. Au même moment une voiture passe à grande vitesse, le conducteur n'a pas eu le temps de freiner et je suis sûr qu'il n'a pas pu voir arriver son père. Il freine brusquement mais c'est trop tard. Le corps percuté de Pavel s'envole dans les airs pour mieux s'écraser au sol. La voiture me cache et je ne peux voir ni Eléonor, ni sa famille.
- Adelphe ! Hurle-t-elle. Non Adelphe !
Elle cour vers le corps. J'essaie de rester debout, m'appuyant essoufflé sur la grille délimitant la propriété des voisins. Putain ce que j'ai mal, je pose ma main sur l'entaille de mon ventre pour l'empêcher de couler. Je suis dans un sal état.
- Eléonor ! Elle se retourne en m'entendant et cour jusqu'à moi. Elle me saute dans les bras et me caresse vigoureusement le visage.
- Oh mon dieu ! J'ai cru que c'était toi sur la route, tu vas bien? Adelphe tu m'as fait tellement peur.
- Tout vas bien bébé. J'espères juste qu'il soit mort.
Elle me regarde, regarde le corps, comprends que c'est son père sur la route et semble comme soulagée. Le conducteur sort de sa voiture sous le choc.
- Oh putain ! Oh putain ! Faites qu'il soit vivant. Dit-il en s'approchant du corps. Si tu savais mec, toi aussi tu souhaiterais sa mort.
Eléonor le suit. Hésitante, comme si en s'approchant le corps manifestement inerte et salement amoché allait rebondir brutalement. Elle s'accroupi près du corps inanimé de son père, je vois qu'elle essais de prendre son pouls, et de voir s'il respire, mais d'où je suis je peux voir une mare de sang.
Elle me regarde déstabilisée, je lis sur ces lèvres « il est mort », je ne sais pas si elle sourit mais elle s'assoit par terre à côté de lui et se met à pleurer, pas des larmes de douleurs, pas vraiment. Elle sanglote, mais ce sont des larmes de délivrance. Ses sanglots se transforme en rire, un rire nerveux. Le conducteur est en panique et ma mère est au téléphone avec les secours qui ne tardent pas à arriver.
La scène est chaotique, il est impossible de calmer : Alice, la panique du conducteur, le sang qui coule de mon ventre, les larmes ainsi que les rires d'Eléonor. Mais je me sent bien, terriblement bien, ce fils de pute est mort, je n'imaginais pas que ça serait aussi facile. Je ne sais pas à quel moment je me suis écrasé au sol.
- Monsieur, vous m'entendez ?
Je suis désorienté, je suis au bout de mes forces. Eléonor est de nouveaux près de moi. Mais tout me semble tellement floue autour de moi, mes yeux se ferment.
- Oui. Je suis fatigué. Seuls des murmures sortent de ma bouche.
- Ne vous endormez pas. On l'amènes, vite, coup de couteaux à l'abdomen.
- Adelphe, dis-moi que ça va ?
- Oui bébé, restes avec Alice, c'est qu'un petit bobo.
J'emploie mes dernières forces à la rassurer.
- Je viens te voir dès que je peux d'accord, je t'aime alors me quittes pas compris.
Elle pleure, la peur est revenus sur son visage, la peur de me perdre.
- Promis. Je tiens toujours mes promesses. Dis-je en fessant allusion à son père.
Elle me sourit. Je lâches sa main quand ils m'embraquent sur un brancard. Le bruit des sirènes, les cris, les pleurent s'éloignent, les instructions des pompiers, sont lointain. Mon corps sombre et je perds connaissance.
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