Chapitre 43.
- Adelphe, attends...
C'est presque un murmure. Je me retourne pour être certain d'avoir bien entendu. Elle est maintenant à quelques pas de moi. Elle avance pour rompre la distance qu'il y a entre nous, puis me prend dans ses bras à ma grande surprise. Elle enfuit son visage dans mon cou. Le silence règne quelques secondes et elle le brise après une grande inspiration pour se donner du courage.
- J'ai peur Adelphe, ça me paralyse ce que je ressens pour toi. Je sais pas quoi faire, ni comment faire. Mais je veux plus que tu partes, depuis que ton départ je me sent toute bizarre, comme si s'était vide en moi. Ça me fait peur, vraiment, ça m'effraie.
Je prends le temps pour m'imprégner et réagir à cette parole.
- Elé regardes moi.
Elle se recule un peu, mais je la retient par les hanches. Quand son regard se plante dans le miens, je me sent fébrile.
- Je suis tétanisé par ce qu'il se passe entre nous. Mais je veux pas que ça s'arrête, jamais.
- J'ai peur que ça nous détruise.
- Moi aussi, mais je suis prêt à prendre ce risque pour être avec toi.
- Je penses que moi aussi. Ses yeux sont tristes.
- Sérieusement ? Je pose ma main sur son visage, j'ai envie de la toucher. Non j'en ai besoin...
- Je suis plus vraiment moi même quand t'es pas là...
- Je veux pas lutter contre mes sentiments pour toi, je veux me battre pour nous.
- J'arrive plus à lutter contre les miens.
- Alors lâche prise Elé.
Elle me regarde intensément et semble ne plus réfléchir. Elle m'embrasse. Je suis tellement surpris que je ne réagis pas. Elle arrête et se recule.
- Pardon, j'aurais pas dû.
Je lui sourit et la serre contre moi, je pose mon front sur le sien, son odeur m'a manqué. Je l'embrasse doucement, elle répond à mon baisé par quelque chose de plus pressant, de plus fort, de plus profond.
Un baisé qui vient de loin, un baisé qui fait mal, un baisé qui soulage, violent, terrifiant, obscur, ardant.
Un baisé qui m'enivre, me désoriente, me bouleverse.
Un baisé comme un remède, comme une source de vie, comme un antidote à nos blessures.
Un baisé qui nous empoissonne de sentiments forts, déstabilisants, puissants.
Un baisé capable de nous anéantir s'il prend fin, un baiser capable de nous rendre invincible ensemble.
Un baisé impossible à décrire.
Je perds l'équilibre, je la rapproche d'un mur pour pouvoir me presser plus fort contre elle, mon corps est chaud, bouillant. On interrompt ce baisé, non pas brutalement, mais par étape, avec de petits baisés succincts, de plus en plus doux. Nous sommes essoufflés, elle me regarde, comme elle ne m'a jamais regardé, avec une lueur nouvelle dans les yeux.
- Ne pars plus Adelphe...
- J'y arriverais pas.
Elle grelotte, l'hiver est proche, et il fait nuit maintenant, alors il ne fait pas chaud. De plus après l'effort son corps s'est refroidi, et elle ne porte presque rien. Je la sert plus fort.
- Tu veux qu'on rentre ?
- Oui, il faut que je me lave et que je me change.
On entre dans la maison, elle rentre dans la salle de bain après avoir pris des vêtements chauds de rechange.
- Dépêches toi Elé.
- Pourquoi, tu dois partir ? Dit-elle derrière la porte.
- Non, j'ai juste envie de te voir et de te toucher.
- Laisses moi dix minutes.
Elle doit faire plus vite que ça mais je trouve le temps long.
- Voilà.
Elle ouvre la porte de la salle de bain, elle porte un leggings noir qui semble vraiment très chaud et un sweat à capuche gris trop large, trop grand qui cache ses fesses et ses jambes jusqu'au milieu de ses cuisses, une grosse paire de chaussettes et des bottes en fourrure noir. Elle sort deux écharpes du placard.
- Tiens, prends mon écharpe, tu risques de prendre froid.
Elle met la capuche de mon sweat sur ma tête et enroule le tissus autours de mon cou, le noue et rabat la capuche.
- On retourne au feu de camps ?
- Tu ne veux pas ?
- Bah, il y a Damien...
- Et ?
- J'aime pas comment il te regarde.
- C'est Cléa qui l'a invité, je crois qu'elle l'aime bien.
- Mais lui il t'aime bien toi.
- Non, ils se cherchent tous les deux. C'est pour rendre jaloux Cléa qu'il fait comme si je lui plaisait.
- Mouais, pas du tout convaincus par ton argument.
- Tu verras que j'ai raison, ils vont finir par se mettre ensemble.
- Il peut pas partir ?
- Non... C'est mon ami, et j'ai envie qu'on passe cette soirée tous ensemble.
- Je suis jaloux quand il est là, c'est plus fort que moi... Je l'avoue honteusement.
- Montres lui que je suis à toi...
- T'es à moi ?
- Oui, je penses que pour éviter de se fâcher l'un contre l'autre, il faut qu'on se dise les choses, que l'on communique, sans tabou. Enfin je vais essayer de te formuler plus souvent ce que je ressens...
- Tu ressens que tu es à moi ?
- Non, je veux être à toi.
- Parfait tu es donc MA Eléonor. Elle sourit. Que ce soit clair pour tous les deux, on est ensemble maintenant, tu es MA copine. Le "et" dans « toi et moi » c'est plus qu'une forme d'addition, c'est le « et » qui est un tout, qui forme un ensemble. D'accord ?
- On y va ?
- Oui.
- J'espère que tu aimes les pommes de terre cuitent dans les braises, les chips et le poulet rôti. Ça doit être prêt on va arriver pour manger.
- Je crève la dalle.
Elle me prends dans ses bras et on se câline un moment puis nous prenons la route du champs.
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