Chapitre 38.
Le réveil d'Eléonor sonne. Elle l'éteint, je sens son regard sur moi, puis ses doigts effleurent mon œil.
- Bonjour. Elle sursaute.
- Bonjour. Tu peux encore dormir si tu veux. Murmure-t-elle.
- Hum, hum. Encore cinq minutes, après je me lève, je vais amener tes cousins.
- Tu n'es pas obligé. Je l'attire contre moi, pour un câlin matinal.
- Je sais.
- Tu n'as pas mal à l'œil ?
- Hum hum. Elle embrasse ma joue puis descend du lit.
Lors du petit déjeuner tous les regards sont tournés sur Alice. Eléonor la regarde et essaie de ne pas sourire, elle a placé sa main devant sa bouche. Mais c'est plus fort qu'elle.
- Alice qu'est-ce que c'est que ce truc ? Tu vas pas sortir comme ça ? Si ?
Elle rigole un peu, tout le monde se met à rire.
- Mais hier tu as dit que j'avais le droit.
- J'ai dit que tu avais le droit de te maquiller juste pour aujourd'hui. J'ai pas dit que tu avais le droit de te talocher le visage.
- T'es orange fluo ! Taquine Lucas. La petite est vexée.
C'est vrai qu'elle est orange, elle a deux gros cocards artificiels encore plus noir que le miens, et aussi du rouge à lèvre sur les dents.
- Aller viens, on va enlever tout ça. Je vais t'aider. Cléa m'a montré deux trois trucs dimanche.
- Pourquoi tu te maquilles jamais Elé ? Elles avancent toutes les deux vers la salle de bain mais j'entends quand même la réponse.
- Pour ne pas attirer l'attention sur moi...
Une fois les enfants déposés et les courses faites. Nous prenons la route pour la journée. J'ai oublié de prendre mon chargeur alors on passe par chez moi.
- Tu as fait le ménage hier ? Me demande elle en rentrant dans l'appartement.
- Non, pourquoi ?
- Ça sent le javel.
- Mes parents emploient une femme de ménage.
- Oh !
- Ouais, ils pensent que je ne suis pas assez mature pour le faire seul. J'imagines que c'est pour ça aussi que quelqu'un fait mes courses. Pour m'assister et pour montrer aux autres qu'on a de l'argent.
- Tu me fais visiter ton palace ?
- Ça t'intrigue ?
- Hum oui, la dernière fois tu as dit que tu n'avais pas fait la déco, seulement celle de ta chambre, alors je suis un peu curieuse...
- Viens. Je prends sa main. Là c'est la salle de bain. (Il y a une baignoire luxueuse et une douche à l'italienne)
- Waw ! C'est beau, j'ai jamais pris de douche dans une vrai douche.
- C'est vrai ? Même à la piscine, tu as sûrement dû y aller avec l'école ?
- J'y aller pas.
- Tu veux qu'on en prenne une maintenant ? Ses yeux s'écarquillent, effrayée et je comprends que non, c'est trop tôt. Elle secoue la tête. Je reprends sa main et la guide.
- Là c'est les toilettes. Et ici mon bureau.
Dans cette pièce qui pourrais être une chambre chez Eléonor il y a un grand bureau, avec un ordinateur de la célèbre marque au nom de pomme. Sur un pan de mur il y a une bibliothèque, fournie de livres, que je n'ai pour la plupart jamais lus. Dans un coin de la pièce il y a des placards fermés où je range mes classeurs et mes affaires de cours. Dans un autre coin il y a un fauteuil.
- C'est plus grand que ma chambre. Elle est impressionnée. Tu as lus tous ces livres ?
- Non pas tous.
- Le salon et la cuisine tu connais.
Alors il ne reste plus que la chambre, j'ouvres la porte et l'entraine à l'intérieur. Je la laisse observer en m'assoyant sur le lit, je me sent comme mis à nue. Elle ne fait aucun commentaire cette fois.
Il y a un grand dressing incrusté dans le mur fermé par des portes coulissantes. Face à lui il y a un grand lit, les draps sont gris et les coussins bleus. Ce lit est entourer de deux tables de chevet avec sur une, une enceinte qui reçoit mon iPod. Derrière la tête de lit il y a une barre de led. Les murs sont blancs sauf un qui est gris et contre celui-là il y a mon piano. C'est une chambre très simple, que l'on pourrait juger d'impersonnelle car il n'y a pas de photo ni de tableau, mais elle me ressemble au final.
Eléonor semble plus à l'aise ici que dans les autres pièces, elle s'assoit sans hésiter à côté de moi sur le lit, alors qu'elle met un temps fou à s'installer sur un des canapés.
- Personne n'ai jamais rentré ici. Tu en penses quoi ?
- C'est la pièce que je préfères. Personne ?
- T'es la première oui.
- Tu n'as jamais amené de fille dans ta chambre. Elle semble septique.
- Non c'est trop personnel.
- Je suis une privilégiée alors ?
- Ouais, estimes toi chanceuse. Dis-je en rigolant. Elle se blottit contre moi.
- Je suis contente que tu me laisses voir qui tu es vraiment.
Je ne réponds rien, parce que je n'ai rien à dire à ça. Je suis content qu'elle me permet d'être moi-même.
Elle se relève et s'avance vers le piano et fait sortir quelques notes pas mal exécutées.
- Tu joues du piano ? Je suis un peu surpris.
- Non, c'est juste que j'attends beaucoup à la gare et j'ai souvent l'occasion de pouvoir voir des personnes jouer, ils ont placer un piano dans le hall. J'avais jamais essayé.
- C'est plutôt pas mal.
Je la rejoint et je l'invite à s'assoir sur le banc avec moi.
- On va essayer de faire un truc, poses tes mains sur les miennes. Elle s'exécute.
- Hum, non, ça n'ira pas. Assieds-toi sur moi.
Elle s'assoit sur mes genoux, c'est mieux, je l'entoure de mes bras et pose mes mains sur le piano, elle place les siennes sur les miennes.
- Voilà parfait, maintenant laisse toi aller, oublis que ce sont tes mains, laisses moi te guider, essayes de les faires devenir toutes molles. Elle se concentre.
- Comme ça ?
Je secoue mes doigts et je ne ressent aucunes résistances. Ses doigts accompagnent les miens avec fluidité. Petit on m'a forcé à faire du solfège pour parfaire mon éducation, maintenant je joue de plusieurs instruments, comme la batterie. Mais le piano ça me calme.
- Parfait. On va voir si tu reconnais la mélodie.
J'entame les premiers accords. La pièce se remplit de musique. Et Eléonor se met à chanter timidement.
- Un jour j'irai à New-York avec toi. Toutes les nuits déconner. Et voir aucun film en entier, ça va de soi. Avoir la vie partagée, tailladée. Bercés par le ronron de l'air conditionné.
- Dormir dans un hôtel délatté. Traîner du côté gay et voir leurs corps se serrer. Voir leurs cœurs se vider et saigner. Oui, saigner.
Puis on reprend le refrain ensemble, je savais qu'elle connaissait cette chanson.
- Un jour j'irai là-bas. Un jour Chat, un autre Rat. Voir si le cœur de la ville bat en toi. Et tu m'emmèneras. Emmènes-moi!
Elle reprend seul tout en laissant ses doigts sur les miens.
- Un jour j'aurai New-York au bout des doigts. On y jouera, tu verras. Dans les clubs il fait noir, mais il ne fait pas froid. Il ne fait pas froid si t'y crois.
- Et j'y crois! Les flaques de peinture sur les murs ont parfois. La couleur des sons que tu bois. Et puis c'est tellement grand que vite on oubliera. Que nulle part c'est chez moi. Chez toi.
- Chez nous quoi.
- Chez nous quoi. Hum Hum hum... Elle fredonne.
- Toi non plus tu te souviens plus des paroles?
Elle rit doucement, son rire est plus beau que n'importe quel son qui pourrais sortir de cet instrument. J'arrête de taper sur les touches.
- Tu es plein de surprise Adelphe... Murmure-t-elle.
Elle se retourne et me regarde, son visage semble apaisé. Je l'embrasse, elle me rend mon baiser.
- J'ai plein d'astuce pour faire en sortes que les filles m'embrasse tu sais.
- Je veux bien te croire, mais gardes ces astuces pour moi tu veux bien? Sa voix est piquée par la jalousie.
- J'ai pas l'intention de les utiliser avec quelqu'un d'autre.
- Tant mieux. Elle sourit, choisissant de me croire.
- Tu as faim?
- Non pas encore et toi? Il n'est pas encore 11heures.
- Bof. Dis-moi quand tu auras faim, ce midi on va au restaurant.
- On peut aussi manger un sandwich assis sur un banc. Me dit-elle.
- Non. Je t'invites, j'ai l'intention de te draguer et de te courtiser. Elle éclate de rire.
- Tu n'as pas eu besoin de ça pour que je tombes dans tes bras...
- C'est vrai. Mais pour ma défense, tu aurais refusé. J'imagine même que tu m'aurais planté un couteau entre les deux yeux. Tu n'as même pas accepté que je t'invites à la fac.
- Pas faut, mais tu étais tellement arrogant en plus tu m'as embrassé de force. Dit-elle en souriant.
- Je suis sûre que tu as aimé. Dis-je en la taquinant.
- Peut-être. Répond-elle sincèrement en repensant au moment. Parce que je ne comprends toujours pas pourquoi je ne t'ai pas frapper de toute mes forces.
- Parce que je suis beau, intelligent, juste parfait.
Elle me pousse gentiment en rigolant.
- Dis pas n'importe quoi, t'es pas parfait! Tu ronfles quand tu dors. Elle me fait une grimace.
- Sérieux!?
- Non, tu ronfles pas vraiment, tu fais juste des petits bruits. Tu marmonnes des trucs.
- Des trucs de quel genre?
- Rien de compréhensible, tu fais un peu comme ça "mihouniame".
- Je savais pas.
- Personne ne te l'a jamais dit? Je secoue la tête.
- Non, t'es la seule avec qui j'ai dormi. Elle semble étonnée.
- J'ai déjà dormi dans les canapés, au sol, ou dans les baignoires des gens chez qui je faisais la fête, mais là je devais ronfler vraiment à cause de l'alcool. Pourquoi tu me regardes comme ça?
- Pour rien, en fait je suis contente d'être la seule que tu ais laissé entrer ici et la seule que tu ais laisser dormir avec toi.
- Tu es la seule aussi qui sait que je joue du piano. Il y a bien mon prof mais bon... Et toi qui est déjà entré dans ta chambre et avec qui tu as déjà dormi?
- Mes cousins sont déjà entrés dans ma chambre, ma grand-mère aussi mais plus depuis longtemps elle ne peut plus monter les escaliers. Et Cléa c'est tout.
- Damien? Cette fois c'est ma voix qui fait preuve de jalousie.
- Non! Jamais.
- Tu as déjà dormis avec quelqu'un d'autre que moi? Je ne sais pas pourquoi je veux savoir ça.
- Oui.
- Ah bon?
- Avec ma grand-mère pendant deux nuits après l'accident. Et avec chacun de mes cousins. J'ai souvent dormi avec Manon, elle fait des cauchemars la nuit depuis... enfin tu sais.
Je souris. Ça ne compte pas ça, c'est sa famille.
Je l'embrasse. Puis on part de chez moi, on se balade dans la ville, on s'arrête devant un mec qui joue de la musique sur des casseroles et des sceaux retournés. Il est l'heure de manger. Eléonor n'est pas à l'aise lorsque l'on rentre dans le restaurant. Je lui dis de se détendre et de ne penser qu'au fait que nous soyons ensemble sans se soucier de ce qui nous entoure. Ça semble marcher et elle profite de l'instant.
- Vous prendrez un dessert?
- Non merci. Dit Eléonor sans regarder la carte.
Je sais qu'elle est gênée que ce soit moi qui paie. Je sais qu'elle en a envie, elle est gourmande et mange toujours avec appétit.
- Si, si on va en prendre. Je prends la carte, puis je lis la carte des desserts. On va prendre: Du moelleux au chocolat. De la crème brulée. Une mousse au chocolat. De la tarte au citron meringuer. De la tarte au pomme normande. Des profiteroles sauce chocolat. Une dame blanche. Une tartelette à la framboise.
La serveuse acquiesce. J'ai énoncé tout ce qu'il y avait sur la carte.
- Tu vas manger tout ça?
- Tu vas m'aider. Je vois dans tes yeux que tu en meurs d'envie.
- Tu exagères Adelphe.
- Non ça me fait plaisir. La serveuse nous apporte les desserts qui sont vraiment appétissant. Il n'y a presque plus de place sur notre table de deux personnes, on goute à tout mais on arrive pas à tout finir.
- Lequel tu as le plus aimé? Lequel tu as le moins aimé?
- J'ai tout aimé. Répond-elle.
- S'il aurait fallu en prendre qu'un?
- Le fondant au chocolat ou la tartelette de framboise, la crème brûlé aussi. Ah non peut-être la tarte au citron. Elle réfléchit. Non en fait, j'arrive pas à choisir. Ils sont tous bon. Et toi?
- Tous aussi. Difficile de choisir.
Non avons toute l'après-midi devant nous maintenant et je n'ai aucune idée de ce que l'on va faire... en fait je me fiche de ce que l'on peut faire tant que je suis avec elle.
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