Chapitre 17.
- Comment ça ?
- Tu m'as clairement fait comprendre que j'étais pas la seule à avoir des problèmes. Et tu as raison, tu sais plein de chose de moi et moi je sais juste que ton père est un connard prétentieux. Ça me fait rire.
- Tu as bien cerner le personnage. J'ai pas d'aussi gros problème que les tiens.
- Peut-être mais je peux pas le savoir si tu ne m'en parles pas.
Elle s'est adoucie, j'ai envie de me confier à elle moi aussi. Je l'ai jamais fait alors je ne sais pas comment m'y prendre. Elle reprend la parole, en se blottissant imperceptiblement contre mon torse.
- C'est à mon tour de d'écouter. Pourquoi tu donnes une image aussi différente de ce que tu es vraiment ?
- Tu trouves que je ne suis pas moi-même ? Je la sent hocher la tête.
- Je sais pas, c'est peut-être parce que j'ai pas confiance en moi. On m'a toujours rabaissé, je suis jamais assez bien. Alors j'imagines qu'avec le temps je me suis créé un personnage qui puisse plaire à tout le monde.
- Moi je déteste ce personnage. Je rigole.
- Je sais : « impétueux, arrogant et arriviste ». Je prends une voix de fille en disant ça, c'est ce qu'elle m'a dit Lundi quand on s'est disputé. Elle rit aussi.
- Hautain aussi.
- Tu as aussi dit que j'étais un beau gosse. Elle rigole.
- J'étais en colère ça compte pas. Ça me fait rire.
- Je sais que tu pensais chacun des mots que tu as prononcé. Mais pas moi, j'avais juste envie de te faire mal, j'avais pas envie que tu me repousses.
Je sais pas ce qu'il m'arrive, l'avoir dans mes bras me délivre d'un poids et ma langue se délit. Je me sent en confiance.
- Non, tu avais raison. Je me prends pour un super héros sans faille mais en fait je suis faible et je n'ai pas confiance en moi, ni en personne d'ailleurs. Tout le monde m'a toujours déçut. Et puis c'est vrai aussi que des fois j'ai envie d'échanger cette vie de merde contre une vie un peu plus normale comme la tienne et être un peu plus sociable comme toi.
- Tu sais, j'ai tout ce qu'il me faut matériellement. Mais j'ai jamais reçu ne serais ce qu'une once de l'amour qu'il y a ici. J'ai jamais connu cet esprit de famille solidaire.
- C'est vrai ? Sa voix semble attendri, je la serre plus fort contre moi.
- Ouais. Tu donnes plus d'amour à tes cousins que mes parents ne m'en ont jamais donné. Chez moi il n'y a que les apparences qui comptent. J'ai appris tout petit à devenir un hypocrite arrogant. On m'a élevé dans une sorte de paradoxe en disant que j'étais mieux que le reste du monde mais en me faisant comprendre que je restais une merde. Mon père nous frappait quand j'étais petit, ma sœur et moi... Ma voix se brise sur ces derniers mots.
- Et jamais personne ne t'a aidé ?
- Oh non, on a trop la classe pour que les services sociaux frappent à notre porte. Pas de voisin pour entendre nos cris.
- Ta mère n'a jamais rien fait ?
- Ma mère se fiche de nous, elle nous a mis au monde pour pouvoir profiter un peu plus de l'argent de mon père. Elle n'était jamais là. Ce sont des nourrices qui nous ont élevées mais elles ne restaient jamais longtemps à cause de mon père, surement. Tu vois j'ai aucun souvenir que ma mère m'ai prise dans ses bras un jour. Si je n'étais pas parfait j'étais punis.
Je sens qu'elle se blotti plus fort contre moi.
- Je savais pas, et j'aurais jamais pu imaginer ça. Excuses moi d'avoir été aussi désagréable avec toi. Je t'ai mal jugée.
- Quand on y réfléchit bien, tu n'as jamais été désagréable avec moi, juste avec l'image que je me donne. Tu es la seule qui m'ai vraiment cerné, tu m'as pas jugé.
- Elle est où ta sœur ?
- Aux Etats-Unis. On a jamais été vraiment proche et dès qu'elle a pu elle s'est barrée loin d'ici.
On reste un moment silencieux, accablé par le poids des révélations de l'autre. Mais aussi fatigués de s'être livrés de la sorte.
Si on m'avais dit ce matin que je passerais une partie de mon après-midi avec Eléonor dans mes bras, assis par terre, me livrant à elle. Je ne l'aurais pas crue. Je n'ai pas envie que ce moment s'arrête.
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