Chapitre 101.
- Elé, tu dors ?
Je sais qu'elle ne dort pas, je n'ai pas encore senti son corps être secoué par de légers spasmes. Je pose la question pour attirer son attention.
Il fait nuit depuis longtemps, la maison s'est endormie et tout est d'un calme plat, nous nous tenons dans son minuscule lit. Nous avons pris l'habitude de nous endormir encastrés l'un à autre. Je m'allonge sur le dos, le bras droit derrière la nuque, l'autre bras sert de repose tête à Eléonor qui se blotti contre moi, elle pose généralement son bras gauche sur mon torse sous mon t shirt pour me sentir contre sa peau et faufile une de ses jambes entre les miennes en la repliant vers le haut, souvent ma main droite finit par se balader dans ses cheveux ou sur son dos. Son chiffon immonde qui lui sert de doudou n'est jamais très loin, j'ai voulu le jeter mais elle m'a crié dessus... C'est ainsi que nous nous endormons mais ce n'est jamais de cette façon que nous nous réveillons, nous sommes toujours emmêlés mais la position est tellement en bordel qu'elle en est impossible à décrire. Malgré une journée éreintante et épuisante, ce soir le marchand de sable refuse de nous rendre visite.
- Non...
Murmure t elle.
- Tu penses à quoi ?
Il est rare qu'Eléonor mette du temps avant de trouver le sommeil, mais ce soir ses pensées l'empêchent de s'endormir paisiblement, je le sent. Avec elle, j'ai appris à communiquer autrement que par la parole, j'ai appris à reconnaître ses expressions de visages et j'ai appris à ressentir les choses afin de comprendre ses émotions et ce soir je ressent quelque chose d'inhabituel. Je sais aussi qu'elle a d'énormes difficultés à verbaliser ce qu'elle a sur le cœur, je sais qu'elle a du mal à se confier. Elle a souvent peur de ses propres sentiments ce qui l'oblige à appréhender leurs communications, comme si une fois dis, ces sentiments, devenaient plus réels. Je me suis adapté, je dois être plus à l'écoute, attentif ou encore observateur qu'avec les personnes qui ne refoulent pas leurs sentiments mais j'y arrive, en partie.
- Hum, rien de particulier...
J'ai surtout appris à ses côtés la persévérance et la patience , si vous voyez ce que je veux dire...
- Dis moi mon amour.
C'est à la fois une demande et un ordre, je passe ma main dans les mèches qui se sont échappées de la tresse desserrée qu'elle se fait pour dormir
- La chanson de tout à l'heure, tu pensais ce que tu disais ou s'était juste pour m'impressionner ?
- J'en pensais une grande partie.
- Adelphe il ne faut pas !
Il y a un peu de panique dans sa voix et je suis étonné par cette intonation. Il fait nuit, les lumières sont éteintes mais la lumière du bouton de la multi-prise ainsi que la demi lune, qui transperce les nuages, dehors, éclairent assez pour que mes yeux ce soient habitués à l'obscurité, je vois donc son visage se relever vers le miens. Le noir ne me fait plus si peur depuis que j'ai affronter mon propre démon, et la présence d'Eléonor est rassurante, de plus, elle prend soins de ne pas fermer le volet occultant du velux de sa chambre.
- Il ne faut pas quoi ?
- Te suicider si je mourrais !
Elle se redresse subitement et je suis instinctivement son geste, nous sommes maintenant assis l'un en face de l'autre. Je comprend alors que cette idée de suicide à la Roméo et Juliette qui transparaît légèrement dans la chanson de tout à l'heure la bouleverse. Mais je préfère être honnête avec elle.
- Elé, si tu quittais ce monde je n'ai aucune idée de comment j'agirais et franchement j'évite d'y penser. Je ne veux pas le savoir. Il y a une chose certaine c'est que je serais anéanti.
- Mais il ne faut pas que tu fasses une chose pareil, promets le moi...
- Pourquoi ?
- Parce que je ne veux pas être responsable de ça et je veux encore moins que tu meurs à cause de moi. Dit elle désespérée.
Sa plaidoirie me touche.
- Dans ce cas, je te le promets si tu me le promets aussi.
Je sais qu'il suffit de quelques mots pour la rassurer c'est pour cela que j insiste autant pour la pousser à me dire ce qu'elle ressent.
L'idée semble lui plaire et ...
- Promis, juré, craché...
- Non ! Craches pas dans ta main !
Trop tard... Je soupire exaspéré, elle sourit. Je lève les yeux au ciel... Parfois cette fille est insupportable.
- Allez à ton tour qu'on se frappe dans la main. C'est la tradition pour sceller un pacte! Dit elle enjouée.
- Hors de question que je fasse ça.
Elle lève les yeux au ciel.
- T'es vraiment qu'un petit bourgeois et puis tu voudrais pas que je me mette à pleurer, si ?
Je rêve, c'est ça son chantage ? Elle sait que je déteste la voir pleurer, je me sent trop impuissant. Elle ne pleurerait pas sur commande, je le sais et puis la malice dans ses yeux me font changer d'avis, ce qui ne m'empêche pas pour autant de râler.
- Tu me saoul et t'es la fille la plus chiante de la terre. Mais bon... Promis, juré, craché.
Elle frappe dans ma main, beurk. La prochaine fois j'assumerais mon côté petit bourgeois propre sur lui.
- C'est dégoutant !
- Genre ! On a fait pire, arrêtes de faire la chochotte.
J'essuie ma main sur son t-shirt. Enfin, à la base c'est le miens mais bon... Et puis de toute façon je ne mets pratiquement plus de t-shirt, je préfère mils fois les chemises maintenant, pas pour le style non... Non, non je vous assure que ça n'a rien à voir avec la mode, c'est simplement que j'aime énormément quand Elé me les déboutonnent, j'aime sa façon de faufiler ses doigts entre le tissus et ma peau, j'aime et ça m'excite instantanément. Je la trouve irrésistible quand elle s'affaire à cette activité, je ne vous parle même pas de ce que ça me fait quand elle replace un bouton dans la journée, ou le matin quand j'oublie intentionnellement de boutonner mon col...
Mon esprit divague à cette idée mais je n'en oublie pas de chercher ce qu'on a pu faire de plus écœurant que de se frapper dans nos mains remplies de cracha et je ne trouve pas.
- Quand ?
- Je te rappel qu'on échange tout le temps notre salive quand on s'embrasse, ou pas besoin ?
Je souris. Soudainement je me souviens, elle a fait pire qu' avaler ma salive mais ça elle oublie de le préciser...
- Ce n'est pas pareil.
- Bien sûr que si, c'est aussi dégelasse.
Je me penche vers elle et l'embrasse subitement, en passant mes mains sur sa nuque, à la naissance de ses cheveux.
- Alors tu vois, ce n'est pas si écœurant que ça?
- Recommence pour voir ?
Elle sourit. Je l'embrasse à nouveau plus longuement.
- Donc ?
- C'est presque pareil. Dit elle malicieuse.
Elle déteste avouer avoir tort. Elle part du principe qu'elle a toujours raison et que même quand elle a tord, elle a raison d'avoir tord...
- Et tout bibou, tu pensais à quoi ? Pourquoi tu ne dors pas ?
Elle caresse mon visage, s'attardant sur les petits poils de barbe naissant, je presse ma joue contre sa si douce main. Je ne suis pas le seul a être attentif, elle l'ai tout autant avec moi. Je trouve que nous réussissons de mieux en mieux à nous comprendre, à nous connaître. Ça me plait qu'elle se soucie de moi, de mes états d'âmes. Je songe à ce que je pensais en cherchant le sommeil.
- Je pensais à nous.
- Dis m'en plus.
Je plante mon regard dans le siens et attrape sa petite main pour la serrer entre les miennes.
- Je ne veux plus jamais qu'on se sépare bébé. Je veux passer toute ma vie avec toi. Je veux envisager mon avenir avec toi. Je veux faire des projets avec toi. Je veux avoir des enfants avec toi. Je sais que ça ne fait que quelques mois qu'on se connait, mais tu as tout chamboulé en moi et maintenant je ne veux vieillir qu'avec toi à mes côtés. Je veux être le dernier homme de ta vie et je veux que tu sois la derrière femme de la mienne. Parce que je suis convaincu que c'est toi mon âme sœur.
Je suis tellement convaincu par mes propos que j'en ai presque oublier de respirer entre chaque phrase. Je la regarde dans le fond de ses yeux magnifiques qui m'envoutent. J'y lis de l'affolement, est ce que je viens de lui faire peur?
- Tu penses ce que tu dis ?
- J'ai jamais été aussi sincère.
Je ne quitte pas ses prunelles, elle dois voir en moi que je ne ment pas.
- Mais si ça ne marche pas ?
Elle baisse le regard, elle doute. Je viens poser mon front contre le siens pour qu'elle relève la tête vers moi.
- Elé, t'es l'amour de ma vie. Ça marchera, on ferras tout pour. On ne baissera pas les bras. En tout cas pas moi, je ferais tout pour passer ma vie entière avec toi.
Elle sourit.
- Combien tu veux d'enfants ?
Sa question me désarçonne, pourquoi me demande t elle ça maintenant ?
- Euh... 5, pour faire une équipe de basket.
La réponse me viens assez naturellement même si jamais, auparavant, je ne m'étais posé la question.
- 5! Mais je ne vais jamais survivre ! Comment tu veux les appeler ?
- Hum... Par leur prénom.
- Adelphe, c'est sérieux, si tu veux qu'on fasse des projets ensemble, si tu veux être le premier et dernier homme de ma vie, autant commencer à rêver tout de suite.
Je souris, comment fait elle pour me rendre aussi heureux ? Je l'embrasse. J'ai compris son raisonnement, elle ne doute plus et elle a très bien entendu mes volontés, elle me fait comprendre à sa manière qu'elle les partages.
- On ne peut pas leur donner des numéros ? Ça serait plus facile.
Elle rigole, et nous reprenons naturellement notre position d'endormissement.
- Non, on ne peut pas faire ça.
- Alors, déjà, je ne veux pas de fille. Il faut trouver 5 noms de garçons.
- Tu ne veux pas de fille ? Dit elle surprise.
- Tu veux me tuer ? Sérieux Elé déjà, avoir un garçon c'est assez flippant mais une fille c'est encore pire ! Je ne supporterais pas qu'on la touche, qu'on lui fasse du mal et je supporterais encore moins qu'un mec couche avec elle.
Je m'emporte sans le vouloir, mais ça ne l'effraie pas, elle semble satisfaite de ma réponse.
- Je ne savais pas que tu étais aussi protecteur.
- Projettes toi cinq minutes et dis-toi que ta fille fait les choses que l'on fait tout le deux.
- Stop, c'est bon j'ai compris. Que des garçons !
Je souris. Puis je réfléchis un instant.
- Mon grand-père s'appelait Lucien, j'ai toujours aimé ce prénom.
- Le père de ton père ?
- Non, celui de ma mère.
- Lucien, j'aime bien, en plus c'est le vrai prénom de Gainsbourg.
- Alors on appellera notre fils comme ça.
- Et le deuxième ?
- J'aime bien Priam aussi.
- Comme le Roi de Troie dans l'Iliade ?
- Exactement. T'aime ?
- Hum, oui à réfléchir.
Elle est plutôt septique sur ce prénom. Je crois que nous faisons les choses un peu à l'envers mais c'est notre façon à nous de rêver, de construire des projets ensemble. Prévoir ce genre de chose est assez rassurant. Tracer notre avenir et convenir de ce genre de détail est réconfortant.
- Et toi ? Tu as une idée ?
- Oui. Bernard.
- T'es sérieuse ?
- A ton avis ?
Je sens, contre ma main posée sur une partie de son visage, un sourire traverser son visage et je comprends qu'elle déconne.
- Pauvre gosse.
- Hey ! Ça peut plaire à certain...
- Pas à moi.
- Et en prénom de fille ?
- Alors là tu rêves on n'aura pas de fille.
- On ne choisit pas vraiment.
- Bah je m'en fou on les noiera à la naissance.
Je suis plus ou moins sérieux.
- Mais t'as pas de cœur ! S'exclame t elle bien que notre conversation se fait d'une voix assez basse.
- Si justement ! Et je vais tout faire pour éviter les crises cardiaques à répétions.
Elle sourit, et semble réfléchir.
- Si par malheur ça arrive, on pourrait l'appeler Victorine ?
L'un des prénoms de sa mère...
- Si ça arrive, oui évidemment.
- Où est ce que nous vivrons avec notre équipe de basket ? Ici ?
- Hum je n'y ai pas pensé. En tout cas pas trop loin d'ici.
- On installera une tente dans le jardin.
Je rigole à cette remarque notre conversation est si sérieuse et légère à la fois. Elle passe de projets concrets à concepts complètements loufoques. Mais j'ai une petite idée sur l'endroit où nous pourrions vivre.
- C'est quoi ta maison de rêve ?
- Hum... Je ne sais pas, une maison avec une chambre où l'on pourrait mettre un grand lit ça serait déjà pas mal.
- Pas faux, mais c'est tout ?
- J'y ai jamais vraiment réfléchis en fait. L'idéal ça serait ici, mais en plus grand, pour que tout le monde puisse avoir sa chambre.
Ça va de soi que passer ma vie auprès d'Eléonor implique le fait de vivre et de m'intégrer dans sa famille, avec ses cousins. Je n'ai jamais imaginé les choses autrement. Si je la déracinait de cette maison, si je la coupait de ses origines, de ses souvenirs plus ou moins bon, une partie d'elle mourrait et je ne veux pas de ça. Puisque que je l'aime, je n'ai d'autre choix que de la prendre toute entière, avec ses attaches et sa vie. Jamais je ne lui demanderais de la changer pour moi, jamais je ne lui poserais un ultimatum dans le genre "c'est ta famille ou moi", pas que j'ai peur qu'elle ne me choisisse pas mais parce que ça ne la rendrais pas heureuse.
- La maison de ta voisine, elle est à vendre maintenant qu'elle est décède non ? Ou elle avait des enfants ?
- Madame Chauvot ? Euh, non elle n'avait pas d'enfant, elle vivait seul et oui je crois que la maison est en vente. Pourquoi tu me demande ça maintenant?
- Dans ce cas on pourrait l'acheter, faire quelque travaux pour relier ta maison et la sienne.
- T'es fou ! Avec quel argent?!
- Bah le miens banane ! Ça conviendrait à tout le monde tu ne crois pas ?
- Il faudrait peut-être attendre avant de faire ce genre de projet.
J'ai l'impression que notre petite projection dans l'avenir vient de se terminer, Eléonor vient de se refermer.
- Pourquoi !?
Je veux qu'elle me dise ce qui la dérange dans l'idée de vivre avec moi, dans un vrai chez nous.
- Parce que je n'ai pas encore de travail et que tu oublis que je ne peux pas encore participer.
Je vois, c'est une question d'argent et elle ne veut pas que tout tombe du ciel, ce n'est pas la première fois qu'elle pense profiter de mon argent.
- Mais bébé on s'en fou que tu participes ou pas.
- Non, on ne s'en fou pas, si on fait des projets c'est pour les réaliser ensemble, pas toi tout seul.
Je vois ou elle veut en venir et je ne peux qu'être d'accord.
- Mouais, mais avoue que c'est une bonne idée.
Elle sourit.
- C'est vrai.
Elle redresse la tête et nous nous regardons un petit moment, ses yeux me crient qu'elle m'aime. Le revers de mes doigts caresse l'arrête de sa mâchoire.
- T'entends ? Me dit elle.
- Quoi ?
Elle sort précipitamment du lit faisant valser la couette qui nous recouvrait et nous réchauffait pour se diriger vers la petite fenêtre de sa chambre.
- Viens voir !
Je sors moi aussi de ce lit petit mais douillet et la rejoint.
- Waw, il neige !
Quelques jolies flocons tombent délicatement de façon aléatoire sur la vitre, je me place derrière elle et l'enlace. Nous observons les étoiles glacées s'écraser sur la vitre en verre et fondre de façon poétique.
Voilà à quoi ressemble mon amour pour elle, à la promesse d'une vie meilleure remplie d'amour. Nous regardons les flocons tomber comme deux enfants, continuant de rêver heureux et amoureux...
Fin.
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Mes chers lecteurs, non ce n'est pas une blague, vous venez bien de lire "les trois lettres "FIN".
Le chapitre 101, est donc le dernier chapitre, n'y voyait pas de référence aux 101 dalmatiens en me prenant pour Cruela... ;)
C'est avec un certain pincement au cœur que je publie ce dernier chapitre, j'espère qu'il vous aura plu. Toutefois ceux pour qui la fin les laissent sur leur faim, un épilogue surprenant arrivera dans les prochains jours.
Une fois cet épilogue publié, je posterais une note pour prendre connaissance de vos avis et vous parler de l'éventualité de chapitres bonus ou de second tome. Mais rien n'est encore décidé ou écrit à l'heure qu'il est :)
Et puis je tenant à vous remercier, lorsque j ai publié le premier chapitre , jamais je n'aurait pu imaginer rencontrer un succès aussi impressionnant et extraordinaire. J'ai vécu à vos côtés, tout au long de cette publication, une aventure géniale est très enrichissante. Grace à vos lectures, votes et commentaires je suis persuadée que mon niveau d'écriture c'est amélioré. Alors MERCI pour avoir lu cette histoire jusqu'au petit mot FIN.
MERCI !
( Ps : Wattpad connaît quelques bugs en ce moment (notamment pour la lecture de certains chapitres).
Je me suis renseignée et il y a quelques solutions possibles:
- Se connecter puis se reconnecter.
- Enlever puis remettre l'histoire dans la bibliothèque.
(parfois seulement enlever l'histoire et lire le chapitre avant de remettre l'histoire dans la bibliothèque)
-Désinstaller puis réinstaller l'application wattpad.
- Changer d'écran (passer d'un portable à un ordinateur par exemple)
Désolée pour ces problèmes! Bonne lecture pour ceux qui les ont rencontrés, car l'une des solutions devrait fonctionner! Et je suis vraiment désolée pour ces fichus bugs... )
Ps bis: j'ai vraiment du mal à appuyer sur publier, j'appréhende et mon cœur se serre ...
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