Chapitre 1
- Mais c'est pas possible ça ! Fais chier ! Fais chier !
Ma conscience me dit de m'arrêter, ma flemme me dit de tracer ma route. Qui a besoin d'aide de nos jours ? Personne. J'ai juste envie de rouler un peu en campagne les fenêtres ouvertes avant de reprendre les cours. Profiter des derniers rayons du soleil. Enfin les seuls rayons qui nous sont offerts depuis le mois de juin. Encore un été pourrit. Du moins c'est ce qu'on m'a dit. L'été moi je me barre loin d'ici, au soleil. Je ralentis quand même. Par courtoisie.
- Un problème ?
Elle frappe dans la tondeuse qui semble ne pas vouloir démarrer.
- Non ! Me dit elle sèchement. Elle hurle sur sa tondeuse. Tu peux pas nous lâcher maintenant ! Aller démarre !
Elle tire un gros coup sur la ficelle de la tondeuse, j'ai l'impression que son épaule va se déboiter. Je décide de me garer sur le trottoir et de l'aider. Ma bonne âme me perdra.
Ouais c'est bon j'avoue, c'est qu'elle n'est plutôt pas moche. Elle porte un vieux short, qui semble avoir été arraché d'un ancien jeans avec les poches en tissus qui ressortent et un débardeur kaki très fluide. Elle est pleine de terre.
- Laisses moi faire.
Elle inspire profondément se retourne dans ma direction et pose sa main sur son front en visière pour ne pas être éblouit par le soleil, moi j'ai des lunettes.
- Qu'est-ce que vous comprenez pas dans : non ?
Elle est froide. Enervée.
- Je comprends que tu es trop fière pour accepter un peu d'aide.
Si elle veut être désagréable, moi aussi. C'est vrai quoi je fais ça gentiment... Bon d'accord aussi pour la mater un peu.
- J'en ai pas besoin.
Elle se retourne et retire à nouveau sur la cordelette de la tondeuse pour la démarrer. D'ailleurs ça existe encore ce genre de machine ? Tout le monde devrait avoir un mini tracteur électrique. Son épaule va finir par se retrouver chez le voisin si je n'interviens pas. Je retrousse mes manches, je n'ai pas envie de me salir. Je porte une chemise blanche, un pantalon chino gris et des bottines marron. Pas vraiment adaptée comme tenue. En même temps je suis invité à un mariage. Enfin, mes parents le sont.
- Et toi qu'est-ce que tu comprends pas dans : laisses moi faire ? C'est un travail d'homme, je vois même pas pourquoi tu le fais.
Elle lève les mains, je l'agace encore plus que sa tondeuse qui ne démarre pas.
- Très bien, je VOUS laisses faire.
Elle insiste fortement sur le vous, pour bien me faire comprendre que mon tutoiement ne lui plait pas. Elle se recule de la machine pour me laisser la place et pose ses mains sur ses hanches. Quelques mèches de ses cheveux bruns se sont échappées de sa queue de cheval, elle a un petit air de folle furieuse, c'est marrant. Avec le vent, ses mèches se retrouvent dans ses yeux, elle est énervée et c'est vraiment drôle. Elle les retires de son visage d'un revers de la main virulent. Je ne comprends pas pourquoi elle se met dans cet état pour une tondeuse.
Elle a de la terre sur les mains, le parterre semble avoir été nettoyé récemment je suppose qu'elle a dû jardiner un bout de temps. Certains outils trainent sur les pavés de l'entrée. Maintenant elle a de la terre sur le visage.
Je me positionne. Avant on avait ce genre de tondeuse. Quand j'étais petit, j'ai souvent vue notre jardinier la mettre en route. Alors je mime ses gestes. Je tire une première fois sur la cordelette, la tondeuse à gazon ne démarre pas. Je tire à nouveau plus fort cette fois, toujours rien. Une troisième fois. Brrr ça m'énerve ! Une quatrième ? Ah non toujours pas. J'entends un rire moqueur.
- A croire que le travail d'homme ne te conviens pas et que tu es aussi doué qu'une fille.
Elle a laissé tomber le vouvoiement pour mieux se foutre de ma gueule. Maintenant je comprends pourquoi elle se met dans cet état pour une tondeuse. Et puis pour qui elle se prend à me parler comme ça ! Tiens d'ailleurs, ça marche à l'essence ces trucs-là ? Non ? Je m'empresse de vérifier s'il le moteur est correctement approvisionné. J'ai peut-être une chance de lui clouer le bec.
- Comment veux-tu qu'elle démarre ta bécane si tu sais même pas qu'il faut mettre de l'essence ! Les femmes je vous jure, toujours à faire leur grande mais elles ne réfléchissent pas avant d'agir.
Bim !
Elle se sent toute bête d'un coup, vexée. J'ai eu de la chance elle a oubliée de mettre de l'essence. C'est peut-être pour ça qu'elle démarre pas cette putain de tondeuse. Elle se dirige vers le garage qui est ouvert et j'entends des insultes envers des objets. Elle pestifère. Je retrouves ma bonne humeur.
- Merde ! Fais chier !
Puis j'entends une porte claquée et plus aucuns sons. Quelques secondes plus tard elle ressort du garage. Pourquoi je trace pas ma route moi ? Peut-être que j'ai encore envie de jouer un peu. De l'humilier. Elle ne m'adresse aucun regard et descend l'allé puis démarre son chemin sur le trottoir un bidon en plastique vide à la main. Elle marche sans me prêter attention. Elle m'ignore, c'est vraiment amusant, elle est vexée, énervée et en colère. Irritée en quelque sorte.
- Où tu vas ? Je cris dans la rue.
- Dans ton cul !
Elle ne se retourne même pas, j'ai envie de rire
- Mais qu'est-ce que t'es vulgaire. Tu vas à la pompe à essence ?
Elle se retourne.
- Oh, mais comment tu as deviné ?
Elle me réponds ironiquement en me prenant pour un demeuré avec un air faussement surpris. J'aime pas ça, mais j'ai envie de jouer un peu. D'ailleurs j'aime pas les mariages, j'aime pas non plus être à l'heure et j'aime pas les mariés. Alors j'ai le temps. Je montes dans ma voiture et atteint son niveau.
- Montes je te dépose.
Elle lève un sourcil.
- Et puis quoi encore, je ne montes pas avec les inconnues.
- Ah mais t'inquiète pas t'es pas assez bien foutue pour que je te viole. Aller montes. On va chercher de l'essence, je te ramène, et je te prouve que je sais démarrer cette tondeuse.
- Alors comme ça monsieur muscle se sent complexé. Il n'aime pas perdre le pauvre chou.
Qu'est-ce qu'elle peut être désagréable.
- Je te laisserais essayer de la démarrer, si tu y arrives pas, ce qui arrivera à coup sûr, je le ferais et je gagnerais la manche.
- Et ça t'apportes quoi ?
- De la fierté et la possibilité de te fermer ta petite bouche.
Elle a l'air furieuse.
- De toute façon je suis sûre d'y arriver et ça me ferras bien plaisir de te prouver que les bourgeois ne sont pas fait pour être des hommes.
Ah ! Alors elle a remarqué que j'avais plus la classe qu'elle ? Tant mieux. Elle fait le tour de la voiture pour ouvrir la portière du côté passager. J'ai envie de la faire chier. Derrière il y a une vielle veste à moi, je l'attrape. Au moment où elle s'apprête à rentrer je lui tends la veste avec un sourire qui se veut hypocrite.
- Tiens assieds-toi là-dessus, t'es dégelasse, je ne voudrais pas que tu salisses mon siège.
Je l'énerve, pourtant elle s'assoit dessus tout de même. Mais en montant dans la voiture elle fait exprès de taper ses pieds avec force sur le sol pour y déposer de la terre. C'est de bonne guerre. Ça m'énerve mais ça me fait sourire.
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