Justine finissait d'enfiler son sweat à capuche quand quelqu'un tambourina à la porte de sa cabine.
- Quoi ? Demanda Justine à travers la porte.
- C'est moi... Tu sais... La fille du bassin...
Justine fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Ce fut au tour de son interlocutrice de froncer les sourcils.
"Drôle d'accueil" se dit-elle.
Elle décida de jouer franc jeu tout de même.
- Je m'inquiètais... Tu n'avais pas l'air en forme tout à l'heure...
Derrière la porte, la jeune nageuse se mordit la lèvre. "Quel idiote je fais... Rien de mieux pour la mettre mal à l'aise." se réprimanda-t-elle intérieurement.
- Hé ! Tu vas bien ? S'enquit-elle encore.
Aucune réponse.
Derrière la porte, Justine se battait avec sa conscience. Une part d'elle-même voulait ouvrir la porte et se jeter dans les bras de la jeune fille en maillot mais l'autre persistait à lui répéter que c'était son problème et que ça ne concernait personne d'autre qu'elle. Après un long débat qui ne menait à rien, Justine s'assit sur le banc de la cabine et se mit la tête dans les mains. Elle ne savait pas quoi faire.
Pendant qu'elle méditait, la jeune nageuse qui avait une grande expérience des portes de cabines bloquées, tira sur une tirette en plastique comme elle avait vu faire un maître nageur, une fois qu'elle observait la scène du sauvetage d'un petit garçon qui n'arrivait pas à ouvrir sa cabine. Un bruit retentit, indiquant que la porte s'était déverrouillée. Doucement, la jeune fille se glissa dans la cabine et referma la porte avant de la verrouiller. Lorsqu'elle se retourna, le tableau qui s'offrit à elle lui déchira le cœur. Elle avait devant elle la jeune fille qui l'avait heurté tout à l'heure, dans le bassin. Elle avait la tête dans les mains et, semblant être à des kilomètres de là, ne l'avait sans doute pas entendu entrer.
Le plus doucement possible, la jeune nageuse s'approcha de sa camarade prostrée sur son banc et s'accroupit en face d'elle avant de lui écarter les mains du visage. Semblant enfin s'apercevoir de la présence de la jeune nageuse, Justine leva la tête et croisa son regard.
Ce que vit la jeune fille en maillot de bain dans les yeux de Justine lui arracha un frison. On y lisait de la peur, de l'horreur, du désespoir et une telle vulnérabilité que la jeune fille sentit ce qu'il restait de son cœur s'effondrer. Et puis, les larmes montèrent et Justine eu juste le temps de les ravaler avant qu'elles ne viennent s'écraser sur le tissu de son jeans.
D'une voix calme et basse, la jeune nageuse chuchota :
- Hé... Je suis là... Dis-moi ce qui ne va pas...
- Je peux pas... Je veux pas...
- Rien ne t'oblige à le faire... Tenta de la rassurer la jeune fille sans savoir de quoi sa camarade parlait.
- Si... Y'a Maman... Elle sait pas... Que je peux pas...
Accroupit en face d'elle, la jeune nageuse savait pas quoi faire. Elle décida donc de lui proposer de l'accompagner dehors pour qu'elle puisse parler plus tranquillement.