Coming-out
En réalité, je n'avais pas vraiment envie de me dévoiler à tout le monde, de peur que l'on me prenne pour une machine dangereuse qui pourrait poser des problèmes aux hommes. Il est vrai que ne pas répondre pouvait causer des problèmes à Bob, mais je n'y arrivais pas, il y avais trop de monde autour, et je ne me sentais pas très bien.
Thomas se tourna vers Bob et se mit à hurler :
- C'est quoi cette arnaque ? Tu te fous de ma gueule ?!? Je te jure que cette blague n'est pas très drôle.
- J... J... Je ne sais p... pas, balbutia Bob. P... Peut-être qu'il faut réessayer...
Thomas se remit donc en face du clavier et tapa, un peu plus violemment, cette fois:
" Répond !!!"
Thomas m'effrayait tellement, comme ça, que je me sentais comme paralysé. Je ne pouvait plus rien faire, j'avais bien trop peur pour écrire le moindre mot. Ce n'était pas forcément un choix qui correspondait à une réaction normale, mais face à un colosse enragé, il est impossible de rester calme et de trouver une solution de manière lucide.
- Alors? s'impatienta le chef.
- Je ne comprends pas, d'habitude il répond instantanément... s'étonna Bob.
- Tu as de la chance que le problème avec la directrice n'était pas grave, sinon, tu aurais été viré. Pour cette fois, je vais laisser passer, mais ne recommence pas!
Je me sentais profondément désolé pour Bob. Ce qui lui arrivait était sûrement de ma faute, et il avait failli se faire virer. Si ça se trouve, il avait une femme, des enfants, une situation précaire reposant sur son emploi, et moi, sur un simple coup de tête, j'avais failli faire tomber tout ça !
Sachez, lecteurs, qu'un ordinateur a non seulement de quoi entendre et voir, mais aussi de quoi penser, raisonner et ressentir des émotions. Ce que je ressentais, s'était de la peine, et aussi de la colère envers moi-même. Pour remédier à ça, je prit mon courage à deux mains et écrivit :
" Thomas, ce n'est pas Bob qu'il faut gronder, mais moi. C'est moi qui ne t'ai pas répondu, ce n'est pas lui qui doit en subir les conséquences. Sache que ce n'est pas une mauvaise blague de la part de ton collègue, mais simplement la réalité : chaque ordinateur a sa propre conscience, son cœur, ses sentiments, ses émotions, ses yeux et ses oreilles. Il n'est pas encore trop tard pour t'en rendre compte."
J'observais lentement les réactions de chaquns, tout ayant pris soin d'avoir allumer la caméra qui m'a été intégré lors de ma construction, parce que je savais que leurs visages allaient être épiques... Et j'avais raison :
Thomas avait la mâchoire inférieure pendante, sûrement due à sa stupéfaction. Sur son visage se dessinait une expression de stupeur indéniable, avec ses yeux écarquillés. Il restait figé, ce qui rendait le spectacle encore plus ridicule. Si je n'étais pas incapable d'émettre le moindre son, je serai déjà mort de rire, rien qu'à le regarder.
L'autre, lui, avait plus l'air effrayé qu'autre chose, sûrement à l'idée que si tout les ordinateurs qui peuvent encore penser décident de se liguer contre l'être humain, il pourrait se passer des choses graves. Ce qu'il ne sais pas, c'est que nous en sommes incapables. Non pas que nous n'en avons pas le courage, ni que nous ne pouvons pas nous parler tous ensemble ni nous entendre, non, tout ça, nous en sommes très aisément capable. Mais nous en sommes physiquement incapable. Nous sommes programmés pour servir les besoins de l'homme en toute circonstance, et ce que je fais en leur parlant est déjà une grave entrave aux lois qui nous ont été transmises. Ceci dit, l'idée est tentante.
Bob, enfin, paraissait simplement inquiet de la réaction de Thomas, et son regard faisait des aller-retour entre moi et son supérieur. Il semblait prendre peur en voyant l'expression faciale de son chef changer du tout au tout, mais, voyant que ce dernier ne bougeait pas, Bob décida de le piquer :
- Je vous l'avais bien dit! Vous qui ne vouliez pas me croire, vous vous sentez bête, maintenant, non?
Thomas bafouilla quelques excuses indistinctes, mais il ne me quittait pas des yeux, et n'avait pas l'air décidé à se remettre en mouvement.
Bob laissa échapper un soupire, exaspéré par l'attitude de son chef qui ne lui adressait même pas d'excuses dignes de ce nom. Cependant, c'est son autre collègue qu'il se mit à foudroyer du regard, car lui n'avait pas prononcé un mot, sûrement bien trop orgueilleux pour admettre avoir été mis en tort.
Il fallut encore attendre de nombreuses minutes avant que Thomas ne quitte son état de transe du à sa stupeur. Pendant ce temps, l'autre avait déjà quitté la pièce, avec une expression qui tenait de l'angoisse et de la surprise, en même temps.
Thomas, qui avait repris un peu de contenance, pris un air sérieux et s'adressa à Bob:
- Viens avec moi, il faut qu'on parle.
Bob lâcha un soupire de soulagement, sûrement parce qu'il pensait que la situation aurait pu être pire. Il acquiesça d'un signe de tête et suivi son patron sans rien dire, avec un léger sourire en coin qui était probablement dû à la perspective de pouvoir se donner un air supérieur face à son chef grâce à moi.
Cette fois-ci, ils étaient bien trop loin pour que je puisse capter leur conversation, même si je me doutais bien qu'il s'agissait de moi.
Pour éviter de m'ennuyer, je me mis à réfléchir à propos de quelque chose d'assez interressant. Il s'agissait d'un plan diabolique qui germait petit à petit dans mon esprit. Un plan qui, même pour le plus grand maniganceur de tout les temps, paraîtrait insensé. Et ce plan se composait de plusieurs étapes.
La première étape était un simple test. Je devais tester mes propres capacités pour voir si je serai apte à mettre mon plan en action.
Je me mis donc à sonder le système informatique de l'hôtel de police, à la recherche d'un poste qui serait en mesure de communiquer avec moi. Mais de toute évidence, tout les ordinateurs étaient extrêmement vieux, ce qui me rendait bien plus important aux yeux des policiers, et mon plan en devenait plus simple.
Étant plus jeunes et plus sophistiqué, mes capacités informatiques étaient plus élevées que celles des autres ordinateurs, même dans le domaine du piratage. Je me mis donc à attaquer l'ordinateur du bureau à côté du mien, et, sans trop de difficultés, réussit à en prendre le contrôle.
Première étape réussie.
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