Lorsque je repris mes esprits, je me sentais un peu mieux, mais je n'avais pas bougé de l'endroit où je me trouvais avant que je ne m'évanouisse.

Je ne souffrais plus autant que pendant l'opération, mais j'avais l'impression de ressentir quelque chose. D'après le vocabulaire qui m'a été intégré, il s'agit d'une cicatrice. J'espèrais que cela n'entraverait pas mes capacités, car je risquerait d'être moins apprécié par les Hommes, donc je changerai probablement plus souvent de propriétaire, ce qui n'est pas l'idéal, soyons bien clair.

Un peu plus tard, je me retrouvais une nouvelle fois dans le magasin, et, même manège que d'habitude, pas besoin de vous le refaire, j'arrivais chez quelqu'un.

Fort heureusement pour moi, cette nouvelle personne ne mis qu'une minute à me mettre en place. La première chose qu'il fit en m'allumant fut de me reprogrammer. Il s'attaqua surtout à mon système de défense contre le piratage informatique, qu'il rendit bien plus efficace qu'il ne l'était avant. Il avait l'air très expérimenté. La preuve, c'est qu'il tapait plus vite que les gens qui nous ont conçu. Il écrivait sans s'arrêter.

Puis il commença à faire des choses qui m'inquiètaient un peu plus: il commença à créer des logiciels programmés pour s'infiltrer dans l'ordinateur de ceux qui cliquaient dessus et pour récupérer toutes leurs informations.

Ensuite, il se créa une adresse mail, puis il commença à envoyer des mails à n'importe qui:

"Bonjour,

Voici ci-joint le fichier qui correspond à la liste..."

Bref, en gros, ça ressemblait à ça, et celui qui cliquait malencontreusement ne pouvait plus utiliser son ordinateur, se faisait pirater sa boîte mail ainsi que toutes ses relations avec Internet.

Au début, personne ne répondait mais un signal sonore se fit entendre lorsque la première personne, innocente et pas très prudente, cliquai sur le dossier joint et perdit le contrôle de son ordinateur.

Mon propriétaire pris donc le contrôle d'un autre ordinateur grâce à moi. Je me sentais mal d'avoir permis la destruction d'un de mes congénères, d'autant que je sentais que cela allait prendre une dimension phénoménale. Et j'avais raison !

Le pirate s'empara donc de l'adresse mail de sa victime et envoya le même mail à toutes les personnes avec lesquelles il semblait proche:

"Salut,

Je suis vraiment dans la merde. J'ai besoin que tu me files rapidement 100€. Je te promet que je te les rendrais vite, mais là c'est urgent."

L'objectif de cette attaque assez classique est que le plus de personnes possible envoient de l'argent par internet, et ainsi que le pirate puisse tout récupérer.

Étant donné que personne ne tombait dans le panneau, il passa à la personne suivante qui avait cliqué sur le fichier joint, s'empara de son adresse et refit la même chose, c'est à dire renvoya le même mail. Au bout d'un moment, quelques personnes envoyèrent la somme demandée, que le pirate plaça sur un compte bancaire via Internet.

En à peine une journée, le compte avait vu ses chiffres grossir de manière démesurée, à tel point qu'un banquier lui envoya un mail pour lui demander de lui expliquer, mail auquel il ne répondit pas.

Le pirate tenta d'autres pratiques illégales, et avait l'air d'en savoir un rayon car il n'hésitait jamais, et ne se faisait pas avoir. D'ailleurs, je préfèrais qu'il ne se fasse pas avoir, car, d'après ce que je connais de la ciber-justice, ça n'allait pas bien se passer pour moi.

Dans mon propre intérêt, je le laissait donc faire grossir son compte bancaire au fil des jours.

Un deuxième mail arriva, de la part du banquier, qui demandait à ce qu'on lui explique d'où venait tout cet argent. Comme la dernière fois, le pirate ne répondit pas. Cependant, le mail contenait aussi une menace, celle de le poursuivre en justice si il n'avait pas de justification très claire.

À mon avis, même si je ne sais pas comment marche le cerveau humain, à ce moment là, il se demandait si il ne devrait pas pirater le banquier pour éviter tout problème pouvant le ralentir dans sa quête du contrôle total d'Internet. Cependant, après mure réflexion, ce n'était pas une super idée, car il serait d'autant plus soupçonné si il piratait un banquier. Donc, dans tout les cas, il était fichu. Sauf si il arrivait à baratiner assez intelligemment pour inventer quelque chose qui faisait gagner de l'argent sans être déclaré. Ou alors, une autre solution serait de faire semblant d'être parti en vacances jusqu'à ce que cette histoire se calme...

Mais le fait est que je ne sais pas réfléchir comme les Hommes, en tout cas pas comme lui, car il envoya un mail au banquier en lui disant qu'il avait reçu des dons, que c'était dans le domaine du privée et que le banquier n'avait pas à se mêler de ses affaires.

De mon point de vue, ce mail était assez provoquant, mais peut-être que ça pouvait marcher. C'était possible, dans la mesure où le banquier ne cherche pas trop à fouiner dans la vie des gens et se montre compréhensif face à la réponse plutôt bien trouvée du pirate.

Le banquier ne répondait pas, alors il commença à pirater, mais sans gagner de l'argent, juste pour le plaisir. Cette pratique me révoltait, car en me mettant à la place de ses victimes, je me doutais que ça ne leur plairait pas. Il est certain que j'avais raison, même si je ne pense pas en humain. C'est le principe d'énerver les gens juste pour le plaisir, et pour passer le temps. Vous aimez les gens comme ça ?

Pas moi. Je me demandais comment il fallait que je réagisse, si il fallait que je plante, ou que je lui envoie un message pour lui dire de ne plus faire ça... Je choisis de lui envoyer un mail, soi-disant d'un autre compte d'une de ses victimes, et je lui dis que quelqu'un a trouvé le moyen de le retrouver, et que ce n'est plus qu'une question de temps, mais que ce ne sera pas long.

Je suis assez fier de ça, car j'ai réussi à ressembler à un Homme, en analysant leur style d'écriture et en essayant de la reproduire. De ce côté là, on peut parler d'un exploit technologique. J'espèrais que j'allais révolutionner le monde.

Comme pour confirmer mes propos, il lâcha un :

- Merde !

Il commença à paniquer, à remodifier mes codes pour les remettre comme avant, se deconnecta, puis me pris sous le bras avant même de m'éteindre et m'emporta quelque part. Mais ce n'était pas dans un bâtiment, ou autre, c'était dehors.